Commentaire de Jean-Paul Tisserand
sur De la crise du coronavirus à la crise de la dette ?


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Jean-Paul Tisserand Jean-Paul Tisserand 27 avril 2020 11:55

@Spartacus
Vos arguments sont intéressants et me donnent l’occasion de préciser ma pensée, en particulier en réaction à l’article que vous citez. Simone Wapler peut faire des observations intéressantes sur la situation économique, mais elle ne débouche jamais sur des propositions constructives :

son graphique des taux d’intérêt remontant jusqu’à l’Antiquité doit en lui-même inspirer des doutes sur le sérieux de son propos. Au demeurant, une époque comme le Moyen-Age, qui interdisait le prêt à intérêt et raisonnait à très long terme (les cathédrales...), aurait dû avoir des taux très faibles ;
les obligations à cent ans ne doivent pas être un placement pour les particuliers et les investisseurs, mais un produit réservé aux Banques centrales, pour amortir la dette. Elles ne doivent donc être en aucun cas un produit de placement pour les livrets A. La pratique observée aujourd’hui et évoquée dans cet article est en effet très contestable et je ne la préconise pas ;
en conclusion , Simone Wapler recommande pratiquement le retour à l’étalon-or, qui fut le facteur majeur d’aggravation de la crise de 1929. Que voilà une idée belle et novatrice pour finir de mettre par terre l’économie mondiale !
Quant à votre question, la Banque centrale crée de la monnaie pour racheter les obligations d’Etat. En sens inverse, elle reçoit les remboursements de l’Etat au titre de celles de ses obligations qu’elle détient, ce qui ponctionne de la monnaie. Si les remboursements sont réduits à presque rien par la conversion des titres en titres à cent ans, il y aura un risque de création monétaire sans mouvement inverse, et donc de trop forte inflation. Nous en sommes loin ! Mais cela justifie une réduction des dépenses publiques, pour ne pas reproduire le cycle de l’endettement public que nous connaissons depuis 1974.


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