Commentaire de Taverne
sur Thomas Nagel : « La pêche ou le gâteau au chocolat ? » (réflexion sur le « libre-arbitre »)


Voir l'intégralité des commentaires de cet article

Taverne Taverne 13 octobre 2020 18:36

Les justifications a posteriori sont distinctes des motivations pensées a priori.

Ainsi, vous écrivez ceci :

« Il serait vrai que rien ne vous aurait empêché de prendre une pêche, si c’est une pêche que vous aviez choisi au lieu du gâteau. Mais avec ces »si« là, vous ne dites pas la même chose que lorsque vous affirmez que vous auriez pu choisir une pêche tout court. »

C’est tout-à vrai. Les justifications qui viennent après le choix ne sont pas de même nature que les motivations réfléchies avant le choix. Certaines motivations ont déterminé des choix généraux : tu n’agresseras pas les gens. Je ne mangerai pas de dessert sucrés sauf si…(si j’en ai envie, si je n’ai pas trop mangé, si j’en ai les moyens...)

Voilà un « si » qui prend un autre sens, celui d’une règle assortie d’exceptions fixées par avance. Le « sauf si » est inclus dans la règle. C’est donc bien un choix libre, simplement il est fixé à l’avance tout en tolérant une marge de choix de dernière minute. Il y a double choix, il y a double recours au libre arbitre.

Je ne crois pas à un être humain balloté par ses instincts et le déterminisme. Il décide tout le temps de sa vie. S’il était aussi bête que certaines théories le disent, dans l’exemple donné il se jetterait sur le gâteau et sur la pêche !

Or, il conçoit une infinité de choix possibles. Rien ne l’empêche par exemple (absurde mais inclus dans sa liberté) d’écraser le gâteau sur la figure de l’autre ou de jeter la pêche par la fenêtre, d’en faire cadeau à quelqu’un d’autre, etc.

L’être humain est tellement habité par la liberté qu’il entrevoit tous les cas de figure possibles et se les autorise s’il le veut et quand il veut (il peut fixer son choix définitif par avance ou déléguer une part de ce choix à son jugement qui s’exprimera à un moment donné).

En résumé, c’est parce que les possibilités d’actions sont infinies que toutes les règles ne peuvent pas être fixées à l’avance une fois pour toutes. Sinon, on tombe dans l’excès de Kant qui interdit le mensonge même dans le cas où il doit répondre à la police qui vient à son domicile chercher un ami qui s’y trouve. Ou un parent, un proche !

Donc, il existe bien des règles fixées à l’avance. Ce qui prouve le libre arbitre. La dérogation à la règle est aussi anticipée par avance (scénario des exceptions à la règle) donc là aussi libre arbitre. Je peux choisir le gâteau en vertu de la règle de l’exception que j’ai fixée à l’avance (exception appliquée à des cas donnés ou exception du jugement de dernière minute ou du carpe diem).


Voir ce commentaire dans son contexte