Commentaire de velosolex
sur France inter : La loi des 5 W, et la mort de John Le Carré


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velosolex velosolex 15 décembre 2020 15:05

@Aita Pea Pea

l’éphéméride des jours est tout de même très inquiétant. Plus de grands projets. Peut être gagne t’on en retour à apprécier les choses les plus simples. J’adore les histoires du quotidien, celles des gens de l’ordinaire qui ne le sont jamais. Ce matin, à la poste, je me suis dit que j’aurais pu écrire un billet, en écoutant les gens. Faut dire que j’habite un petit village du Finistère, où le temps s’est un peu arrêté, et qui est resté dans le jus des années 70, l’époque où j’avais lu ce beau livre de Pérec. « la vie mode d’emploi » 

La dame de la poste, Martine, prend son temps avec chaque client. Toujours un petit mot à chacun, un art de prendre des nouvelles, de faire des recommandations et de rebondir. Une intermittente du spectacle de la poste à temps complet. C’est un plaisir de l’écouter. Elle tente toujours d’imposer les timbres de collection, si l’on peut dire ainsi. Mais l’image de Notre dame sur l’un deux la fait promotionner cet exemplaire à tous ces clients.

Martine possède ce talent qu’avait les boutiquiers dans le temps de magnifier le moindre objet en vitrine. Un client, un sexagénaire brut de coffrage, pas rasé comme on en voit pas mal ici, est venu chercher un colis, son masque sur le nez 

« C’est mon cadeau de Noël, ma sœur qui l’envoie ! Y en a pour 200 euros ». 

« Ah bon ! mais il faut attendre Noël pour l’ouvrir ! Votre sœur serait pas contente si vous l’ouvrer avant. »

« J’peux pas. C’est des médicaments....

Bon...Martine a piqué un peu du nez..

Mais c’est vite reprise. Lui a dit qu’il pouvait être content d’avoir une sœur qui tenait tant à lui. Il a acquiescé. Il y avait deux ou trois clients qui souriaient dans la poste trop grande pour ce petit village, qui tient à ses services publics.

C’était comme une nouvelle de Tchekhov. Un auteur plein d’humanité aussi. La lecture est un formidable outil de survie et de résilience. On peut dépasser les doses prescrites. 

Moi je venais envoyer une part de pudding à une copine de Quimper, car une amie anglaise me l’a confié afin de le partager à mes connaissances. Je peux pas t’ en envoyer un bout mais le cœur y est. Mon histoire a réconcilié Brigitte aussi avec les colis de Noël. Le pudding c’est une gourmandise, et un médicament de l’âme qui se conserve bien, et qui peut être envoyé par la poste. 

 »Je vous met des timbres de collection ? Comme ça votre amie sera doublement contente " m’a t’elle dit.

Je pouvais pas refuser. 


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