Commentaire de Jonas
sur ROME : Basiliques de SAINT-PIERRE du Vatican et SAINTE MARIE du Trastevere


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Jonas Jonas 31 décembre 2020 10:41

« Statue de Giordano Bruno, brûlé vif et nu (après qu’on lui ait cloué la langue) le 17 février 1600 au Campo de’ Fiori. C’était un génie, martyr de la liberté de penser. »

Un génie, il ne faut pas exagérer. Giordano Bruno est un prêtre dominicain hérétique ayant vécu à la fin du XVIème siècle qui a blasphémé contre la Sainte Trinité, Jésus Christ et la Vierge Marie. Excommunié de l’Église catholique, il a cependant continué à propager ses hérésies pendant plus d’une dizaine d’années à travers toute l’Europe malgré les avertissements répétés de l’Église.
Giordano Bruno n’était ni mathématicien, ni physicien, il rejette la trigonométrie naissante, et considérait la rigueur des mathématiques appliquées aux astres et à la nature comme une hérésie et un mensonge.
Bruno paraît donc d’accord avec Aristote pour faire des mathématiques une science facilement accessible à l’esprit humain mais abstraite, qui ne permet pas de connaître les choses naturelles, et dont la pratique est vaine pour qui cherche à comprendre la substance des chose. Le Cantus Circaeus affirme ainsi l’inutilité de l’abstraction mathématique :
« Les sujets purement mathématiques ne peuvent être d’aucune utilité, dans la mesure où ils sont abstraits ».
Pour Giordano Bruno, l’Univers se caractérise par des rapports et des liens magiques, mêlant alchimie et ésotérisme, héritage de théories hermétiques absurdes sans queue ni tête et évidemment non rationnelles, qu’il utilise pour discréditer l’Église Catholique et tromper les bonnes âmes en Europe, dans des ouvrages tout aussi délirants les uns que les autres, comme « De la magie », où il explique comment les démons nous parlent, tout en propageant une doctrine moniste où tous les objets, des pierres aux plantes ont une âme. Ce qui empêche tout raisonnement rationnel et scientifique :
« Il y a analogie avec la situation de qui désire éveiller l’attention : à une certaine distance, il doit élever la voix, afin que ses propos parviennent par la voie auditive au sens interne de l’autre : alors que de près, il suffit de murmurer à l’oreille. Un démon n’a pas besoin de la voix, ni même du murmure : il pénètre directement le sens interne, comme on l’a dit. C’est ainsi que les démons envoient des songes, font entendre des voix et voir des choses étranges, mais aussi suggèrent à l’état de veille certaines pensées dont nous ignorons qu’elles nous sont dictées par une force extérieure, tantôt inculquant une vérité par énigmes, tantôt la signifiant plus nettement ; s’appliquant peut-être, d’autres fois, à nous tromper. »
« Venons-en maintenant à des questions plus précises. Les mages ont pour axiome qu’il faut, en toute œuvre, garder à l’esprit que Dieu influe sur les dieux ; les dieux, sur les corps célestes ou astres, qui sont des divinités corporelles ; les astres sur les démons qui sont gardiens et habitants des astres - au nombre desquels est la Terre ; les démons sur les éléments, les éléments sur les corps composés, les corps composés sur les sens, les sens sur l’animus, et l’animus sur l’être vivant tout entier : ainsi descend-on l’échelle. »
Giordano Bruno n’est donc pas un scientifique, il propagera tout un tas de théories irrationnelles en mélangeant science et religion, qu’il voudra faire passer non pas comme des hypothèses, mais comme une vérité absolue.
Les thèses de Giordano Bruno peuvent aujourd’hui prêter à sourire, mais à l’époque, elles constituaient un obstacle considérable à l’avancée de la connaissance scientifique.

Il est tout à fait ironique de constater que Giordano Bruno, icône censée incarner auprès des franc-maçons, athées le combat de l’esprit scientifique contre l’obscurantisme de l’Église catholique, « un génie, martyr de la liberté de penser », soit en fait un véritable adorateur des mages, pratiquant l’alchimie, l’ésotérisme et la sorcellerie, puisque il se vantait de pouvoir communiquer avec les démons.
Votre photo représente la statue de Giordano Bruno, érigée par le sculpteur et Grand-Maître du Grand Orient d’Italie, Ettore Ferrari, sur la place Campo de Fiori à Rome en 1889.

Giordano Bruno est aujourd’hui une représentation caractéristique de l’errance de l’athéisme.


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