Commentaire de Nicolas Cavaliere
sur « Un Jour Sans Fin » : conquête du temps, amour et liberté


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Nicolas Cavaliere Nicolas Cavaliere 15 mars 2021 19:19

@perlseb

Je vous suis sur le premier paragraphe, et autant sur le second, car l’effort théorique est important et MORAL, découlant d’une volonté de comprendre le monde et de l’améliorer.

Si récupérer exactement ce qui nous revient ne fera jamais rêver, alors effectivement, on ne pourra jamais se passer du profit... dont l’existence est fixée, non dans l’échange de la monnaie, mais dans son rendu même. Le profit existe quand l’échange laisse de la monnaie. Si nous nous contentions d’échanger des pièces d’1 euro contre une baguette de pain sans récupérer 20 centimes parce que le vendeur a fixé le prix de l’unité à 80 centimes, le reste de la transaction ne pourrait pas être investi ailleurs. Le profit ne doit pas être observé du côté du vendeur, mais de ce qui est laissé à l’acheteur quand il récupère la monnaie. Ce qui crée la croissance économique, c’est ce qui est rendu, ce qui permet le réinvestissement, pas ce qui est donné. Le vendeur et l’acheteur s’imaginent, l’un qu’il fait un profit, l’autre qu’il dépense, alors qu’il sont contraints par les conditions induites par l’objet monnaie.

La monnaie n’est pas artificielle dans le sens où elle participe de la nature humaine - elle est une création humaine - mais elle a créé par artifice les moyens de légitimer la domination des uns sur les autres en prétextant la légitimité supérieure du nombre sur la lettre. Le profit qui devrait être celui de la société tout entière, car chaque pièce de monnaie laissée part indifféremment et selon le hasard des goûts de chacun vers tel ou tel autre membre de la société, ne peut pas l’être car la lettre est et restera supérieure au nombre. Les naissances et les morts, les alliances et les conflits, sont tout ce qui définit la marche de l’histoire. Le crédit bancaire pourrait sembler être une exception à ce point de vue, mais il participe du même principe de domination d’une communauté sur une autre, en imposant une dette qui restreint la liberté et le développement de la capacité d’agir du surnommé débiteur. Le surnommé créditeur de son côté devra rester banquier toute sa vie, condamné à récupérer « son dû ». Enchaîné lui aussi à son contrat, à sa profession. Le poids des héritages peut se faire très lourd. Et comme nous voulons toujours faire plus ou mieux ou autant que nos parents !


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