Commentaire de Jean Dugenêt
sur La Grande Terreur en URSS


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Jean Dugenêt Jean Dugenêt 7 décembre 2022 10:59

@Martin
Bonjour Martin,
A force de nous rejoindre l’un et l’autre nous finirons bien par être ensemble.
Je te rejoins en effet quand tu dis :
" il y a dans certaines entreprises, petites ou moyennes entreprises, qui sous l’impulsion du patron, cherchent à améliorer la qualité de travail et le salaire des employés (tout dépend de l’engagement dudit patron, cela même dans un système capitaliste)"

C’est assurément vrai au moins pour des petites entreprises. Je connais des cas où indéniablement des patrons ont davantage œuvré pour le socialisme que pour le capitalisme. D’ailleurs Engels avait hérité d’une entreprise familiale et a été lui-même patron. J’ai rompu avec une organisation politique qui a depuis présenté un petit patron à l’élection présidentielle (Schivardi). Je suppose (j’espère) qu’il ne cherchait pas particulièrement à exploiter ses employés. J’ai connu, il y a bien longtemps, un dirigeant d’une organisation de jeunesse révolutionnaire (l’AJS) qui est devenu producteur de cinéma. Il a notamment produit « La Passante du Sans Soucis ». C’est assurément un patron car, quand il produit un film, il embauche une quantité de personnes et pas seulement des acteurs...

Il y a eu mille cas de tentative d’autogestion plus ou moins réussie. Celle que j’ai connue a été un énorme échec où finalement les syndicalistes-patrons ont spolié les travailleurs en leur demandant d’acquérir des actions au moment où l’entreprise coulait. Ces syndicalistes-patrons s’en sont tirés avec du fric dans les poches alors que les salariés ont tout perdu.

Mais, si on parle de la tendance générale, car c’est bien ce qui nous intéresse, nous voyons le niveau de vie des travailleurs évoluer dans le temps (en fonction des périodes) et dans l’espace (en fonction des pays) et il faut bien constater que c’est la lutte des classes qui permet toujours à telle période dans tel pays d’obtenir des garanties pour l’ensemble des travailleurs. A quel moment les ouvriers ont-il obtenus des congés payés, des retraites, la sécurité sociale ?

Dans les périodes de « calme social », le patronat, avec ses énormes moyens de propagande, impose l’idée qu’il est impossible que la société fonctionne avec ces dépenses inconsidérées que sont les retraites, les congés... Quand un fort mouvement social vient ébranler les bases de leur système d’exploitation et qu’ils prennent peur, risquant de tout perdre, ils s’aperçoivent soudainement que tout ce qui était impossible la veille devient immédiatement réalisable avec en plus un facteur multiplicatif.

Quand tu emploies une expression comme la suivante, je pense que tu n’as pas suffisamment réfléchi à ce qu’est l’économie c’est-à-dire l’exploitation :

"D’autre part le capitalisme fait beaucoup d’argent, et dans nos sociétés, si les luttes sociales dont tu parles ont pu avoir « satisfaction » c’est qu’il il y avait de l’argent, beaucoup d’argent."

Il faudrait sans doute reprendre les bases du marxisme. Je ne te propose pas de lire le Capital. Je ne l’ai pas lu en entier. Mais un petit fascicule comme « Salaire, Prix Profit » permet d’y voir un peu plus clair. Que veut dire « Le capitalisme fait beaucoup d’argent » ? Qu’est ce que « l’argent » ?

Assurément, les capitalistes trouvent toujours suffisamment d’argent pour maintenir leur système d’exploitation.

C’est la nature même du capitalisme d’extorquer de la plus-value. Pour faire vite, la valeur d’un objet est la quantité de travail qu’il faut pour le produire en totalisant tout le travail nécessaire pour produire l’objet lui-même et chaque composant, l’énergie des machines utilisées... Un capitaliste qui a une entreprise qui produit des objets ne donne aux employés en salaire (argent) qu’une partie de la valeur qu’ils ont produite en fabriquant ces objets.

Oui le capitalisme par nature produit de la plus-value et il peut toujours trouver des moyens énormes (de l’argent) pour assurer sa survie. Combien de milliards les américains ont donné à Eltsine pour l’aider à réintroduire le capitalisme en URSS à un moment où, maintenant, les poutinolâtres voudraient nous faire croire que la préoccupation des USA était d’étendre l’OTAN vers l’Est ? Combien de milliards ont-ils dépensé en vain pour réintroduire le capitalisme à Cuba, en Chine, en Iran ? Nous pouvons dire que leurs moyens, pour ces objectifs, sont quasiment illimités... Oui le capitalisme dispose de beaucoup d’argent pour dominer et en même temps pour emmener l’Humanité vers sa perte. Car c’est ça le plus important. Combien de milliards dans les bombes atomiques opérationnelles pour détruire plusieurs fois l’humanité ? J’ai déjà écrit plusieurs fois ce que je pense à ce sujet. Je fais un copier/coller.

Le maintien en place du capitalisme mène à une régression voire une disparition de l’humanité. C’est ce qu’expriment les marxistes en disant que les forces productives de l’humanité ont cessé de croitre. Les forces productives de l’humanité sont la capacité de l’humanité à produire, à partir de la nature, des biens qui permettent aux hommes de vivre mieux c’est-à-dire plus longtemps, en meilleure santé, avec un meilleur épanouissement intellectuel, plus de loisirs… L’affirmation que ces forces productives ont cessé de croître a été maintes fois contestée car les progrès des sciences et des techniques sont incontestablement énormes. Cependant, dans notre société, ils ne permettent plus un meilleur développement de l’ensemble des forces productives. Pour quelques-uns d’entre nous cela n’a rien d’évident. En France et dans d’autres pays d’Europe, une amélioration de la qualité de vie est certaine de génération en génération. Je vis mieux que mes parents qui eux-mêmes ont mieux vécu que mes grands-parents. L’électroménager a facilité la vie des ménages. Nous avons la télévision, des téléphones portables, des micro-ordinateurs, des automobiles toujours plus automatisées et plus confortables... Toute cette technologie est un progrès mais il n’échappe à personne que ces progrès techniques sont aussi souvent utilisés par les puissants pour asservir les hommes (télévision, réseaux sociaux…). J’ai pu faire des études, prendre ma retraite à 58 ans… Ce n’est pas le cas pour tout le monde même en France. Mais surtout, l’histoire de l’humanité ne se limite pas à notre environnement proche : la France, l’Europe. Si les forces productives de l’humanité ont bel et bien cessé de croitre c’est parce que le capitalisme ne peut plus survivre qu’en détruisant d’énormes quantités de forces productives. Il a fallu les millions de morts et toutes les destructions des deux guerres mondiales pour que le capitalisme soit encore en place et, sous nos yeux, l’impérialisme, phase suprême du capitalisme, vient de semer le désastre et la désolation en Lybie, en Irak, en Syrie, au Liban, en Afghanistan… Le capitalisme crée ainsi les conditions d’une nouvelle accumulation des capitaux et d’une relance de la production en appauvrissant une masse croissante d’hommes, de femmes et d’enfants qui n’ont même plus le minimum garantissant leur survie. A nouveau, la famine menace dans plusieurs pays. Les capitaux sont accumulés dans les pays capitalistes les plus puissants, avec une création massive de « capitaux fictifs et spéculatifs (crédits actions) » qui ne correspondent pas à une réelle production de marchandises. L’accumulation d’armement permettant de détruire plusieurs fois l’humanité n’a rien à voir avec les forces productives de l’humanité. Il s’agit bien plutôt de l’inverse : les forces destructrices de l’humanité finiront-elles par l’emporter ? D’ailleurs la recherche effrénée du profit amène aussi à détruire les éléments vitaux que sont l’air et l’eau et à terme l’existence de la planète est menacée. Il n’y a aucune solution d’ordre purement « écologique » possible avec le maintien du capitalisme.


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