Commentaire de Luniterre
sur Sous les Macron-Trogneux la France à l'avant-garde du banco-centralisme


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Luniterre Luniterre 25 janvier 17:43

Pour ceux que le débat de fond sur ce thème intéresse vraiment, ma réponse, complémentaire, à Marc Dugois : https://www.agoravox.fr/commentaire6797610

« Nous sommes rentrés dans un monde aberrant où il est de plus en plus difficile de gagner de l’argent par son travail et de plus en plus facile d’en utiliser par ceux qui ont accès à l’emprunt. Nous sommes passés d’un monde où l’argent limité n’était que l’intermédiaire pour échanger deux productions, à un monde où un argent illimité remplace une des deux productions échangées en faisant croire à la richesse de l’autre pendant que la création de celle remplacée par l’argent, est laissée au futur grâce à la montée permanente d’une dette d’un argent sans valeur qui sera détruit dès remboursement, sans que personne ne sache comment globalement rembourser. »

 

En fait vous résumez ainsi assez bien ce qui s’appelle le monde banco-centraliste qui a pour l’essentiel d’ores et déjà remplacé le monde capitaliste « classique » pour lequel vous exprimez carrément une sorte de nostalgie passéiste assumée. 

 

Ce que vous semblez avoir du mal à comprendre c’est que pour « échanger deux productions », au sens classique du travail où vous l’entendez, il faut donc, pour chaque échange, qu’il y ait au moins deux producteurs des marchandises et/ou services échangés.

Ce qui est en pratique devenu tout à fait impossible dans un monde où le secteur tertiaire occupe 80% de l’activité économique et sociale et le productif seulement 20%, et encore, selon les chiffres officiels.

Même s’il développe une activité économique en apparence « équilibrée » entre ses acteurs, le secteur tertiaire n’en a pas moins besoin, pour simplement survivre, de productions industrielles, agricoles et du bâtiment.

 

L’essentiel de ce qu’il « consomme » pour ses besoins ne provient donc pas, en valeur d’usage totale, du « travail » des 20% encore actifs dans le secteur productif, mais en partie majoritaire, de la production automatisée et robotisée de l’industrie moderne.

« L’échange » ne se fait donc plus, en partie désormais majoritaire, « entre producteurs » mais entre « consommateurs », d’un côté, et lignes de production robotisées de l’autre.

 

L’amortissement des investissements en capital fixe que représente cette infrastructure industrielle moderne ne peut donc pas venir, pour l’essentiel, de la valeur ajoutée par le travail mais bien de la création monétaire « ex nihilo » qui se retrouve, in fine, dans la dette globale, et en grande partie, même si indirectement, par le truchement de la spéculation financière, dans la dette publique.

 

Il faut donc arrêter de « moraliser » sur les nouveaux rapports de production, qui sont inhérents à l’évolution technologique moderne, et donc irréversibles, sauf effondrement généralisé de la « civilisation industrielle ».

 

Ces nouveaux rapports de production, qu’ils nous plaisent ou non, ne sont désormais maîtrisables que par ceux qui ont le contrôle du crédit et donc de la création monétaire, c’est-à-dire actuellement, in fine, les Conseils de Gouverneurs des Banques Centrales, soit une poignée d’individus, dans ce monde.

 

Même la classe capitaliste monopoliste des Gafam est dans la dépendance du bon vouloir de ces messieurs-dames, comme l’a montré l’épisode Zuckerberg-facebook avec sa monnaie « Libra », renvoyée dans ses cordes avec une claque à plus de deux cent milliards…

 

Même Musk, « l’homme le plus riche du monde » n’est riche que des opérations spéculatives « couvertes » par la Fed pendant des années avant qu’il ne puisse atteindre un seuil de « rentabilité » qui reste donc illusoire et soumis à d’éventuelles « variations » de la politique monétaire de la Fed.

D’où l’insistance de Trump dans ses manœuvres pour reprendre pied dans le contrôle de cette « institution », en réalité le cœur véritable de « l’Etat profond ».

 

Est-il possible, dans le monde actuel, de reprendre démocratiquement le contrôle du crédit et de la création monétaire, c’est donc la seule question qui vaille réellement, en termes d’alternative au banco-centralisme.

 

La réponse est incertaine mais passe d’abord, de toute façon, par une prise de conscience de la réalité actuelle des rapports de production, et non par une nostalgie stérile d’un monde désormais irréversiblement révolu.

Luniterre


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