Commentaire de filou1
sur Quand le syndicat du livre casse la presse française


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filou1 (---.---.234.2) 30 mars 2007 12:58

Oui les ouvriers du syndicat du livre sont bien payés. Mais s’ils le sont c’est qu’a chaque restructuration ils ont su imposer à l’entreprise un partage minimum des bénéfices de l’opération. A l’heure des nombreuses délocalisations dont nous sommes les témoins, cette manière de faire devrait plutôt être un modèle pour tous les salariés. Comment reprocher à une groupe de salariés d’avoir su se fédérer pour se battre et se défendre ? A moins que vous ne souhaitiez supprimer le syndicalisme en France. A titre d’information la France est le pays de l’OCDE où il y a le moins de syndiqués (il y a 7 fois plus de grêves dans certains pays nordiques que chez nous). Alors certes on peut les montrer du doigt à tous ceux qui travaillent et vivent aux limites de la misère. Mais pensez vous vraiment que si ces derniers en sont là, se soit à cause de salariés bien (normalement) payés ? Pensez vous vraiment que dans un pays dit moderne la référence doive être le smic ? Pensez vous qu’il soit honnête de dire à ces salariés que s’ils gagnent si peu c’est parce que ceux d’à côté gagnent tant alors que dans le même temps, actionnaires et entreprises ont multipliés leurs profit par 10 voir 100 ? Ce n’est pas en nous alignant sur la misère que nous nous en sortirons ! Nous devons partager la richesse ! Et c’est cela que les ouvriers du livre ont su imposer aux patrons d’entreprises de presse jusqu’alors florissantes. Certes, les choses ont changé. La presse, et plus précisément la presse écrite quotidienne, ne rapportent plus autant qu’avant c’est vrai. Elle connaît une crise. Alors regardez les mutations profondes que traversent le syndicat du livre. Regardez la diminution de ses effectifs, regardez comment ici et là ils accompagnent le développement de leurs entreprises, regardez comment ils ont su intégrer dans leur revendication la logique économique et en tiennent compte afin de continuer à jouer leur rôle de défense des droits des salariés. Mais n’oubliez pas aussi de regarder où sont les vrais blocages dans la réforme nécessaire de la presse. Regardez chez vous messieurs les journalistes, regardez vos clauses de cessions, regardez l’organisation de vos rédactions, regardez votre frilosité devant la mutation numérique, regardez votre silence devant la presse gratuite et tant d’autres choses. Chacun doit prendre sa part dans la mutation que connaît notre société et ce n’est pas en montrant du doigt le voisin que vous ferez l’économie de la réflexion sur vos propres positions. Ce n’est pas non plus en se voilant la face, en refusant de prendre position sur les mutations que nous traversons sous prétexte que ce n’est pas votre problème, en vous protégeant derrière de votre soi disant devoir de réserve et d’objectivité. La véritable objectivité du discours ne transparaît que lorsque l’on connaît la subjectivité de celui qui parle, afin de savoir de quelle manière ce discours et susceptible d’avoir été inconsciemment influencé. A vous poser au dessus de la mêlée, vous vous interdisez d’agir, de pénétrer le champs du social, de faire corps avec la société. Elle est peut être là la crise de la presse. La non action est revendiquée par les intellectuels et elle l’est maintenant par les journalistes. Ne mélangez pas tout ! Un journaliste peut être un intellectuel, bien que cela ne soit pas tout le temps nécessaire, mais il ne peut pas être détaché de l’action car le quotidien n’est fait que de ça, que pour ça. Il faut se salir pour pénétrer les choses, prendre le risque de les influencer, prendre le risque de se tromper. Ne reprochez pas à ceux qui se sont battus pour faire respecter leur vie et qui croient encore qu’un avenir est possible, de continuer à se battre pour défendre leurs droits... que plus personnes ne défend.


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