Commentaire de Voltaire
sur Energie : le « miracle » nucléaire s'évanouit


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Voltaire (---.---.65.37) 21 juin 2006 14:26

Dommage que sur ce sujet si important, la mauvaise fois l’emporte généralement...

La présentation de Mr Lhomme est effectivement largement biaisée. Mais il ne faut pas non plus faire dans l’angélisme à propos du nucléaire.

- Le problème le plus urgent est celui du possible réchauffement climatique. Non pas que l’homme ne saurait pas s’y adapter, mais le coût serait très important et frapperait, comme d’habitude, d’abord les populations les plus pauvres. Or ce problème est à brève échéance : si on continue sur ce rythme, les modèles climatique nous prévoient une situation irréversible dans moins de 50 ans.

- Il faut donc réduire nos émissions de gaz à effet de serre rapidement. En ce qui concerne la production d’électricité, il n’y a pas d’autre alternative à court terme que le nucléaire. On peut aussi réduire l’émission de CO2 produite par les centrales classiques (Gaz, pétrole, charbon) par séquestration mais cela demande des investissements très importants et présentent des problèmes de responsabilité des opérateurs (que se passe t-il s’il y a fuite du réservoir où est stocké le CO2 10 ans après, qui est responsable etc..). Et comme l’on signalé plusieurs intervenants, Mr Lhomme aurait dû indiquer que la part du nucléaire dans notre production d’électricité est de 75%, regarder la part du nucléaire dans l’énergie totale ne veut rien dire.

- Pour rassurer quelques autres intervenants, il n’y a pas de risque de pénurie d’Uranium à court-moyen terme (dans les 50 ans). On peut aussi extraire de l’uranium de l’eau de mer, c’est plus cher bien sûr, et on peut espérer qu’à ce moment là on n’aura plus besoin du nucléaire.

- Il n’y a pas d’alternatives réalistes à court terme pour couvrir nos besoins d’électricité, notamment pour les pays en voie de développement (et ne venez pas me dire qu’ils n’ont pas le droit de se développer comme nous l’avons fait avant eux ! eux aussi ont le droit à une énergie bon marché et à aspirer à des conditions de vie identiques aux nôtres !), même si le solaire (mais pas vraiment l’éolien par contre, sauf de façon marginale) est une solution intéressante à moyen terme pour une partie de la consommation d’électricité au niveau individuel (mais pas industrielle) (conclusion notamment de la conférence organisée par le forum mondial de la science de l’OCDE les 17-18 mai derniers, http://www.oecd.org/document/51/0,2340,fr_21571361_36212413_36212633_1_1_1_ 1,00.html).

- Le problème des déchets nucléaires est en effet sérieux. Il existe des pistes scientifiques pour un retraitement au moins partiel, et la solution du stockage à très long terme sans récupération possible me semble une grave erreur (je préfère une solution qui permette de récupérer, pour les retraiter plus tard, les déchets).

- La problème des transports est en effet aussi important ; on ne peut pas remplacer de façon réaliste le pétrole. Les biocarburant ne sont énergétiquement rentables que dans certains cas (éthanol à partir de canne à sucre) mais ne représente pas une solution viable pour la plupart de nos véhicules dans nos pays (les autres biocarburants ne sont pas des solutions énergétique, uniquement des outils de politique agricole). Quant à l’hydrogène, il faut de l’électricité pour le produire, et à moins de construire massivement de nouvelles centrales nucléaires (mais je crois que Mr Lhomme y serait opposé), cela ne représente pas une solution pour l’effet de serre (mais ce serait plus sympa pour nos poumons j’en conviens). En revanche, rien n’empêche de fixer des normes de plus en plus strictes d’émission de CO2 et de consommation de carburant pour nos véhicules ! Il s’agit là de volonté politique face aux lobbies des transporteurs, des constructeurs, des automobilistes etc... car les solutions techniques existent.

- Comme l’a donc indiqué Mr Lhomme, l’une des solutions est bien dans l’économie d’énergie. Transports, construction, procédés de fabrications, tous peuvent être optimisés pour consommer moins. Mais cela a un coût.

Ma conclusion sera donc un peu différente de Mr Lhomme : « De toute évidence, pour véritablement laisser aux générations futures une Terre habitable, il faut simultanément lutter contre le réchauffement climatique ET développer le nucléaire (au moins à court terme). Il faut un développement à grande échelle des économies d’énergie - principalement dans les pays riches - et des énergies renouvelables, partout sur la planète. Cela nécessite de sérieux efforts de R&D dans l’énergie et de la volonté politique. Utopique ? Au contraire, c’est le seul choix réaliste, la seule voie d’avenir. »


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