mardi 2 février 2021 - par rosemar

Les cimes neigeuses étaient immobiles à l’horizon...

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"Puis il tourna autour d'un château médiéval, perché en haut d'une colline de sapins noirs ; de la brume blanche encerclait le burg sinistre, et les cimes neigeuses étaient immobiles à l'horizon, une muraille rose et grise."

C'est ainsi que JMG Le Clézio décrit un château assez effrayant, entouré de hauteurs, de cimes vertigineuses, dans son recueil de nouvelles, intitulé La fièvre.

Le mot "cime" suggère tant d'images !

La cime, le sommet des arbres, d'une montagne, d'un rocher, nous élève vers des hauteurs célestes, elle nous enivre de visions aériennes, d'envolées de bleu, elle nous fait regarder le ciel, ses parures diverses, des nuées qui s'étirent à l'infini, des bleus d'azur, des soleils éblouissants...

 

Le mot lui-même nous montre un infini avec sa voyelle "i", pleine d'acuité, sa douce sifflante initiale, la labiale "m" pleine de promesses...

On est ébloui par des images : les cimes des arbres qui forment des ballets, sous les vents tempétueux de l'hiver, vagues déferlantes d'écumes de branches dénudées, houles d'entrelacs qui bruissent et s'agitent, suivant le rythme du vent.

On admire des sommets de colline et de montagnes abruptes, on respire un air de liberté, on se délecte de ces vertiges de hauteurs.

 

On est séduit par des teintes de neige qui reflètent la lumière, des embruns étincelants, des miroirs aux pentes vertigineuses.

 

La cime s'enfle comme une vague, elle domine et envahit le paysage.

La cime, c'est le flot qui gonfle, c'est le bourgeon qui pousse...

Tant d'images contenues dans ce mot ancien !

Issu du grec "kuma", "la vague", d'un verbe "kuo" qui signifie "enfler", le nom "cime" suggère la vie, le mouvement, un débordement sinueux, plein de charmes.

 

La cime des arbres ! Tout un paysage, tout un univers qui frémit, parle, bruisse, virevolte et touche l'infini du ciel ! Verdures frémissantes, chaloupes de verts !

La cime des montagnes nous raconte toutes les beautés du monde : escarpements rocheux, dégringolades de pins sur les ravines, étagements de cyprès sur les pentes !

Vertiges de paysages aux rochers tumultueux, pins qui s'accrochent sur les pentes, falaises calcaires, calanques abruptes de pierres blanches.

La cime des montagnes, joli bevédère éblouissant de lumières, nous offre des paysages infinis, des rivières, des plaines apaisées, des toitures aux teintes variées, des champs, des ciels, des jardins...

 

La cime nous fait voir, aussi, des roulis de vagues, des écumes ondoyantes, des flots qui s'emportent et se soulèvent, les crêtes acérées des ondes en fureur, des tempêtes, des embruns éclatants !

La cime embrasse le monde et le contient... Elle est onde, rocher, arbres, ciels, elle est et rassemble l'univers.

 

Ce mot si ancien qui nous fait remonter aux origines de notre langue, qui nous relie à une culture millénaire, à un passé prestigieux, nous entraîne vers des vertiges et des abîmes éblouissants....

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Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2015/10/les-cimes-neigeuses-etaient-immobiles-a-l-horizon.html

 



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