lundi 26 novembre 2018 - par rosemar

Un de ces miroirs était une psyché à l’antique...

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Il est des pays où l'on peut croire encore en la magie, où règnent encore des croyances anciennes, où l'on peut être ébloui par des miroirs magiques...

Un de ces miroirs était une psyché à l'antique, avec son support de bois ouvragé, il avait une particularité étonnante, car il reflétait l'âme de ceux qui s'y contemplaient : à une belle âme, le miroir renvoyait un beau visage, empreint d'harmonie. A une âme pervertie, il était donné de voir un visage infâme, couvert de plaies et de bosses.

Ainsi, le miroir était comme le révélateur de l'âme de chacun : il parvenait à percer le mystère des âmes les plus sombres.

Un seigneur des environs, nommé Langolfe, passant par là, ayant entendu parler de ce trésor, voulut s'emparer du miroir, afin de percer les secrets de tous ceux qu'il côtoyait...

Il convoitait l'objet et décida de le voler, et comme le miroir n'était pas surveillé, il parvint facilement à le dérober.

Il fit, ensuite, défiler chacun de ses voisins et amis devant le miroir magique : il découvrit, ainsi, toute la noirceur humaine, la méchanceté, la bêtise, la veulerie de ceux qui l'entouraient.

Il fit, aussi, l'expérience de la bonté, de la délicatesse et de l'amabilité pleine de tendresse de certains.

Il eut bien des surprises, car de vils courtisans se cachaient sous des apparences trompeuses, et le miroir dévoilait leur duplicité : des visages déformés, hideux apparaissaient dans la lucarne de la psyché.

Par ailleurs, des gens qui lui avaient paru antipathiques et lointains révélaient des visages pleins de bonhommie et de charmes.

Ainsi, il tria le bon grain de l'ivraie, il n'accepta dans son cercle d'amis que les gens dont le miroir renvoyait une image sympathique et accueillante.

Il se fit bien des ennemis, car ceux qui avaient été écartés lui vouaient, dès lors, une haine farouche. Certains rêvaient, déjà, de lui dérober le miroir magique.

Le seigneur Langolfe prit des précautions infinies, afin de protéger son miroir d'une quelconque avidité. Il posta des gardes devant la chambre où était enfermé le miroir, il leur imposa de veiller sur ce trésor, pendant de longues nuits, il les menaçait de mort, si l'objet était dérobé.

Une nuit, une tentative d'effraction se produisit : un rôdeur essaya de pénétrer dans la chambre, il avait réussi à assommer un des gardes, tandis que l'autre s'était absenté pour un besoin pressant...

Mais, par miracle, le garde revint à son poste, pour faire fuir le voleur et empêcher le vol de l'objet précieux.

Quand il apprit cet incident, le seigneur Langolfe entra dans une colère noire contre ces gardes qui avaient presque failli à leur mission... Il décida, même, de les punir, l'un pour avoir été assommé si facilement et l'autre pour s'être absenté au mauvais moment.

Le châtiment fut terrible : des coups de fouet leur furent infligés, si violemment qu'ils en gardèrent des cicatrices pendant une année entière.

Mais le miroir avait fait son oeuvre : le seigneur Langolfe eut la malencontreuse idée de regarder son image dans le miroir : il y vit un monstre aux traits déformés, hideux, il y vit la colère, la méchanceté, la jalousie, la haine !

Pris à son propre piège, le seigneur Langolfe comprit, alors la leçon : il était allé trop loin dans son désir de possession du miroir, il s'était perdu lui-même, avait rêvé d'une sorte de pouvoir absolu que lui conférait cet objet...

Il revint, alors, à des moeurs plus pacifiques, il fit amende honorable, demanda pardon aux deux gardes et se jura de se montrer, dorénavant, plus humble dans son comportement.

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Le blog :

http://rosemar.over-blog.com/2015/12/un-de-ces-miroirs-etait-une-psyche-a-l-antique.html

 

Illustrations : Tableaux de Berthe Morisot et de Jacques Emile Blanche

 



10 réactions


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 novembre 2018 18:35

    Miroir oh miroir, dis-moi qui est la plus belle ? Le miroir de répondre : La réponse est dans la question.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 novembre 2018 18:53

    Les affinités sont juste des questions d’atomes crochus (vilain mot), et le fruit de notre histoire personnelle. Je viens de ma faire éjecter d’un article qui m’a mise de mauvaise humeur sur Bashung. Et il se confirme, comme par hasard que la personne déprécie mes commentaires qu’ils trouvent ineptes. Comme quoi, effectivement, il s’est révélé que nous n’avions pas d’atomes communs. Dois-je en conclure que son âme est moins belle que la mienne ? Non. Nous apprenons souvent plus de nos « ennemis » que l’inverse. Il ne faut négliger personne dans la vie. 


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 novembre 2018 19:03

    Si l’âme c’est juger ce qui se trouve dans notre inconscient, alors nous nous valons tous et avons les mêmes pulsions. C’est la capacité qu’a la personne de sublimer ou transformer ses monstres qui différencie les humains. alors, il ne s’agit plus d’âme mais de prise de conscience.


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 novembre 2018 19:44

    Rosemar, pas de chance pour votre article qui ouvre pourtant de nombreuses réflexions (si je puis dire). Se regardez dans on miroir (mot qui vient de spéculum). Amusant quand on connait l’usage qui est fait de l’instrument. Donc Messieurs, si vous voulez connaître l’âme d’une femme, vous savez ce qu’il vous reste à faire...


  • rogal 26 novembre 2018 20:24

    C’est Nabum, sors de ce miroir !


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 26 novembre 2018 20:55

    L’âme est sensée être détachée du corps. Elle ne peut que se révéler (étant associée au souffle) après la mort. Nous entrons dans un sujet très philosophique et un miroir me semble-t-il ne peut rien refléter. Même si le dernier souffle reflété souvent par un miroir contiendrait celle-ci. 


  • Étirév 27 novembre 2018 09:19

    La grande Déesse Vénus-Hemœra a été surnommée spéculative ; on la représente un miroir à la main, et le miroir s’appelle spéculum.
    On sait que c’est parce que l’homme copia la Femme qu’on mit dans la main des Déesses un miroir magique qui lui montre son image et qui semble lui dire : « Tu as le reflet de mon Esprit, tu me copies, et maintenant tu me supprimes et attribues à des hommes toutes, mes découvertes scientifiques. »
    Et le mot spéculation (copie) restera dans le langage philosophique des hommes. En réalité, il signifie « celui qui imite ». Mais, comme l’homme qui s’attribue la science en fait un commerce, le mot spéculation prendra en même temps une signification qui indiquera que c’est aussi une affaire d’argent.
    Un autre mot remplacera quelquefois le mot spéculation : c’est écho. L’homme qui, chez les Celtes, copie la Déesse et prétend faire des choses extraordinaires, mettant sur le terrain concret ses pensées abstraites qu’il n’atteint pas, cet homme-là s’appelle Hecho ou Hechicero, d’où est resté, dans les langues modernes, le mot écho (ce qui répète).
    Les Grecs, qui changent toujours les sexes, feront d’Echo une nymphe, qui cherche à attirer un jeune éphèbe, fils du fleuve Céphise, qu’ils appellent Narcisse. Le fond de cette légende est pris aux Celtes. Narr veut dire sot et kiss baiser. Ce nom signifia embrasser son image dans l’eau. De Narr et Kiss les Grecs ont fait Narcisse.

    [...]
    « La critique moderne a parfois cherché et naturellement elle a trouvé dans l’Amour et Psyché une profonde allégorie philosophique  », dit Paul Monceau.
    C’est que le roman d’Apulée ainsi intitulé (L’Amour et Psyché) résume le combat des deux impulsions sexuelles.
    Psyché, c’est le nom grec de l’âme. Les aventures de la pauvre Psyché symbolisent les souffrances de l’âme féminine à la recherche du vrai, du beau, du bien, qu’elle veut trouver dans l’homme qu’elle aime. Tant qu’il lui reste attaché, il est le reflet de son esprit, il garde sa foi en elle. Mais aussitôt que le lien se relâche, le désaccord surgit ; il manifeste sa pensée retournée ou renversée, qui est la contradiction de celle de la Femme. En face d’elle, il garde l’apparence du serviteur fidèle, mais ses paroles prennent une expression nouvelle ; c’est l’ironie, le sarcasme ; il semble toujours affirmer sa foi, mais le ton qu’il y met est un démenti donné à ses paroles : c’est la mauvaise foi qui commence ; elle est d’abord cachée dans la ruse, plus tard elle deviendra cynique dans le mensonge.
    L’évolution de son sexe donne à l’esprit de l’homme une direction inverse de celle de la femme ; il évolue de haut en bas ; parti de la spiritualité, il va vers la sexualité. Alors tout, pour lui, prend un caractère nouveau, il dénature les idées spirituelles et en fait des idées sexuelles ; c’est un langage spécial qu’il créé : en changeant la signification des mots, qu’il ne comprend plus comme la femme les comprend. Et à cette impulsion se mêle un peu d’envie et beaucoup d’ignorance ; il veut croire que la Femme descend comme lui dans les abîmes du sexe, ou, s’il ne le croit pas, il feint de le penser. C’est ainsi que les langues se transforment et qu’un nouveau langage apparaît, en même temps qu’un nouveau genre de littérature : le masculinisme ironique.
    Monceau dit encore :
    « La fantaisie milésienne ne toucha plus à l’épopée et à l’histoire que pour les railler en passant.
    « On vit naître des recueils de contes milésiens. Le plus populaire semble avoir été celui que rédigea au XIème siècle avant notre ère Aristide de Milet. C’est du moins la mine où puisèrent à pleines mains les auteurs grecs et latins. L’ouvrage prit place dans toutes les bibliothèques de lettrés ; le recueil était considérable, car nous voyons le grammairien Charisius citer des fragments du XIIIème livre.
    « Ces fables milésiennes, bien des gens les connaissent aujourd’hui, qui ne s’en doutent guère. Ils les ont admirées dans nos fabliaux ou nos farces du moyen âge, dans Boccace, l’Arioste ou Shakespeare, dans La Fontaine, Corneille ou Molière ; ils les ont applaudies au théâtre, au son de la musique, dans Psyché ou la Belle Hélène. Depuis longtemps, ces inventions gracieuses ou bouffonnes sont entrées dans le domaine commun de la littérature et de l’art moderne.
    « Mais suivez pieusement le cours des âges en remontant de l’effet à la cause, du fleuve à la source, vous arriverez souvent vers la côte d’Asie Mineure, aux cités d’Ionie. Là-bas, dans la lumière, ont germé presque tous nos arts et nos genres littéraires. C’est là aussi que fut inventé le conte.  »
    Et c’est avec ces récits, qui ont la même valeur que les opérettes modernes, qu’on a écrit l’histoire grecque.
    Les contes de « MA MÈRE L’OYE »


  • Mélusine ou la Robe de Saphir. Mélusine ou la Robe de Saphir. 27 novembre 2018 10:21

    Merci Etirev pour votre commentaire que je plussoie. A la différence que cette âme pour moi n’est spécifique de l’homme ou la femme. L’âme, ce mystère, cette intériorité qui n’est pas plus accessible à l’homme qu’à la femme. Lire l’article de Nabum. Spéculer ou avoir l’espoir que notre investissement grossisse ou double en mettant une pièce en or devant un miroir et comme la boucle d’oreille de la « vache qui rit » se reflète à l’infini. Cet Obscur Objet du désir (Anicée Alvina) n’est pas celui que l’homme (ou la femme) s’imagine,....La parole est d’argent et le silence est d’or.


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