mardi 30 avril 2019 - par Sylvain Rakotoarison

500 ans après Léonard de Vinci

« La peinture est une poésie muette, et la poésie est une peinture aveugle. ».



Je crois que c’était en 2006. Un soir doux de juillet, toutes les rues de Paris étaient désertes. C’était la finale de la coupe du monde. Tout le monde était devant son téléviseur. La France était présente. Par chance, c’était nocturne au Louvre. J’en ai profité pour y aller et admirer celle que je n’avais jamais vraiment pu admirer sereinement lors de mes précédentes visites au Louvre : La Joconde. Cette nuit-là, je l’avais eue presque pour moi tout seul. Enfin, je l’ai partagée avec dix ou quinze autres personnes, principalement des touristes chinois et japonais, il me semble, qui ne se préoccupaient guère de football. J’étais presque déçu, elle était enfermée dans sa cage de verre, toute petite, je voyais surtout des reflets, et la distance d’observation n’était pas très commode pour le myope que je suis.

La Joconde, réalisée entre 1503 et 1506, c’est probablement la plus belle œuvre d’art du monde de tous les temps. Je dis "probablement" car cette idée est sans doute partagée par un grand nombre de personnes au monde, mais je le dis avec une certaine réticence puisque d’autres œuvres m’ont beaucoup plus émerveillé et ému. C’est peut-être une sorte de lassitude du classique et du célèbre. Trop gâté ? Il n’y a plus l’étonnement ni la transgression, et pourtant, cette Joconde est bien mystérieuse, avec ses allures androgynes.

J’ai commencé par la Joconde parce qu’elle est forcément associée à son auteur, Léonard de Vinci, qui est mort il y a exactement cinq cents ans. Il y a cinq siècles, un demi-millénaire ! À Ambroise, en Touraine, dans son château, le 2 mai 1519 à l’âge de 67 ans après plusieurs mois de maladie, sans héritier puisqu’il a toujours été célibataire (il est né le 15 avril 1452 à Vinci, en Toscane).

Il n’est pas ici voulu d’évoquer sa très dense et riche existence. J’ai le souffle coupé à imaginer l’énumération de ses activités : scientifique et artiste ? Génie paraît probablement le seul véritable mot qui puisse englober l’ensemble. Le même mot qui signifie ingénieur, d’ailleurs. À la limite, on peut ajouter : génie universel de la Renaissance.

Faisons un peu d’uchronie. J’imagine Monsieur Léonard de Vinci vivant à notre époque. Il aurait pu déposer des centaines de brevets (il a réalisé des inventions qui ont tout de même été utilisées dans certaines "manufactures" de son époque, notamment en optique, génie civil et hydrodynamique). Il aurait trouvé des nombreux sponsors, comme il en avait déjà trouvé à l’époque : Laurent de Médicis, François Ier, etc. En 2018, cela aurait été Bernard Arnault ou François Pinault pour les commandes de ses œuvres d’art. Peut-être Serge Dassault pour ses conceptions aéronautiques. Peut-être Sanofi pour ses réflexions anatomiques ? Il aurait eu des supports de presse, forcément, un mensuel ou un hebdomadaire pour présenter toutes ses idées. "Vinci Magazine" peut-être. Au moins, une multinationale française n’aurait pas volé son nom, quitte à avoir exploité nos autoroutes et nos aéroports !

En effet, Léonard de Vinci a fait des centaines de métiers en même temps. Il a été d’un côté architecte, ingénieur, mathématicien, physicien, astronome, mécanicien, opticien, biologiste, anatomiste, botaniste, etc., de l’autre côté peintre, dessinateur, sculpteur, musicien, compositeur, écrivain, poète, etc. À cela s’ajoutent le philosophe, le professeur, le diplomate, le viticulteur, etc. Léonard de Vinci a cultivé une "connivence intime" avec Machiavel (1469-1527) par échanges de correspondance. De Florence, Milan, Rome, Bologne et Venise à la France pour les dernières années de sa vie, Léonard de Vinci est un polyvalent global impressionnant. Il est le meilleur représentant de ce qu’on pourrait appeler un "savant". Il fut l’auteur de cinquante mille documents de diverses formes (carnets manuscrits, croquis, dessins, etc.), dont les deux tiers furent malheureusement détruits ou perdus.

Restons, après la Joconde, avec le peintre pour revoir La Cène, fresque murale "phare" de près de neuf mètres de longueur, réalisée entre 1495 et 1498 pour le réfectoire du couvent dominicain de l’église Santa Maria delle Grazie à Milan (commandée probablement par le duc de Milan, Ludovic Sforza). Scène de l’Évangile, le dernier repas avant la Passion du Christ, ce dernier dit aux apôtres : « En vérité, je vous le dis, l’un de vous me livrera. » et Léonard de Vinci a peint les douze apôtres réfutant cette idée de trahison.

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Judas (le traître) est représenté comme les autres apôtres, de face (ou plutôt de profil), mais pas de dos comme c’était généralement la tradition. Les Dominicains souhaitaient rappeler le libre-arbitre qui permet à chaque humain de choisir entre le bien et le mal. Citée par Wikipédia (malheureusement, je n’ai pas retrouvé la citation exacte), dans ses lettres d’Italie à Jean Posternak (publiées chez Gallimard), la philosophe Simone Weil, qui a fait le tour d’Italie en touriste insouciante en 1937 et 1938 (elle fut impressionnée par la propagande fasciste), avait pensé découvrir le secret de la composition de La Cène, peinture réalisée sur plusieurs plans : « Le point placé exactement dans la chevelure du Christ, et vers lequel convergent toutes les droites qui dessinent le plafond, implique une composition dans l’espace à trois dimensions, les lignes qui, de part et d’autre, lient les mains es apôtres [implique au contraire une composition dans l’espace à deux dimensions]. ».

Ces deux peintures, La Joconde et La Cène, sont probablement les plus universellement connues dans le monde. Génie de la peinture, Léonard de Vinci fut seulement égalé, à la Renaissance, par ceux qu’on pourrait considérer comme des rivaux, Michel-Ange (1475-1564), ce qui était le cas, et Raphaël (1483-1520), même si ces deux derniers sont d’une génération plus tardive (Raphaël n’a toutefois survécu qu’une année après Léonard de Vinci).

Si le peintre est très connu, le génial "inventeur" (on dirait de nos jours l’ingénieur innovant) l’est également. Léonard de Vinci a conçu de très nombreuses machines, les plus sophistiquées les unes que les autres. La plupart n’ont jamais été réalisées, mais il faut se remettre dans le contexte : fin du XVe siècle et début du XVIe siècle ! Avant même la Bataille de Marignan, pour la plupart ! C’est cela qui est impressionnant chez lui. La grande vision technologique, la grande anticipation du progrès du monde.

Ainsi, Léonard de Vinci aurait inventé le char d’assaut, le sous-marin, le scaphandre, l’hélicoptère, l’avion, l’automobile, le parachute (en forme pyramidale), etc. J’ai mis la phrase au conditionnel par prudence car parfois, c’étaient des améliorations d’inventions déjà existantes et en plus, Léonard de Vinci ayant marqué les esprits pendant ces cinq derniers siècles, on lui a parfois prêté des inventions qu’il n’a pas faites (on ne prête qu’aux riches).

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Au-delà de la performance technologique, il faut vraiment insister sur le génie conceptuel : imaginer par exemple le principe du parachute, cela signifie presque avoir déjà imaginé le principe de l’avion, c’est donc très fort. Souvent, l’invention telle que décrite par Léonard de Vinci ne suffirait pas à faire ce qui était promis à cause d’une difficulté technologique fatale non étudiée (le parachute pyramidal n’aurait jamais fonctionné).

Prenons l’hélicoptère par exemple. Entre 1487 et 1490, il a dessiné dans ses carnets un croquis représentant un aéronef à hélice pour un vol vertical. L’idée était de tourner l’hélice et la pression de l’air devait faire soulever la partie portée par l’hélice, comme on utilisait la vis d’Archimède pour remonter de l’eau : « Si cette vis peut forcer l’eau à se déplacer au contraire de son sens naturel, c’est-à-dire du bas vers le haut, il est probable qu’une vis adaptée puisse se déplacer de la même manière dans cet autre fluide qu’est l’air qui nous environne. ». À la condition d’imaginer aussi le principe de Newton qui a été énoncé …seulement en 1687 (dans "Philosophiae naturalis principia mathematica") et que Léonard de Vinci a proposé avec ses mots ainsi : « La force avec laquelle une chose va contre l’air est égale à celle de l’air contre la chose. ».

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Évidemment, ce n’était que théorie. L’hélice qu’avait imaginée Léonard de Vinci (de diamètre 10 mètres) était bien trop grande pour pouvoir la tourner assez rapidement avec les moyens mécaniques de l’époque : il aurait fallu aussi inventer le moteur (la force motrice était d’ailleurs le joker habituel des inventions de Léonard de Vinci). Mais cette idée, qui est l’idée générale de l’hélice dans l’air, est, en elle-même, géniale. De plus, la vis était insuffisante, il fallait une "queue" pour éviter un tournoiement en toupie.

Je termine ce tour très très modeste de Léonard de Vinci par deux croquis très connus.

Le premier est L’Homme de Vitruve, qui daterait de 1490 et qui est une reprise d’un document (un traité d’architecture) rédigé par l’ingénieur romain Vitruve à l’époque de l’empereur Auguste (en 15 avant J.-C.) : « Pour qu’un bâtiment soit beau, il doit posséder une symétrie et des proportions parfaites comme celles qu’on trouve dans la nature. ». Cela donne la clef du rapport entre architecture et anatomie.

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Ce dessin, stocké à Venise, à la Gallerie dell’Accademia (seule une copie est visible du grand public), représente les proportions considérées comme idéales de l’être humain, dont le corps serait circonscrit dans un cercle avec le nombril pour centre et dans un carré avec le sexe pour centre (milieu des diagonales). Ce dessin ultra-connu aurait dû avoir son siècle de gloire interplanétaire au XXe siècle si c’était lui qu’on avait choisi d'envoyer dans l’Espace pour décrire aux extraterrestres qui nous étions. Il est en effet le symbole de l’humanisme triomphant de la Renaissance, qui donna plus tard le Siècle des Lumières.

Enfin, c’est le dernier document proposé ici, celui de l’embryon humain dans l’utérus de sa mère (plutôt le fœtus, en réalité). Léonard de Vinci était très savant aussi en physiologie, médecine et anatomie. Il a fait de nombreux croquis du corps humain mais aussi du corps d’animaux (chevaux, vaches, singes, ours, grenouilles, oiseaux, etc.), leurs muscles, leurs organes, etc. Pour apprendre à peindre, on apprend forcément l’anatomie, la disposition des muscles, tendons, etc. Il faut imaginer Léonard de Vinci empruntant quelques cadavres de criminels, les disséquant en toute discrétion et hors de toute hygiène, pour connaître la réalité du corps humain. Un peu plus tard, sa notoriété lui a même permis de diriger des autopsies dans des hôpitaux à Milan et à Rome.

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Léonard de Vinci a eu des observations de génie, comme celle de constater qu’il y avait quatre cavités dans le cœur, mais il ne savait pas qu’il existait tout un circuit sanguin (l’appareil cardio-vasculaire). Il a fait beaucoup d’études anatomiques comparatives entre humain et animaux (qu’il disséquait aussi). Cependant, il n’a pas terminé le traité d’anatomie qu’il voulait faire, pour devenir une référence encyclopédique (même si le concept même d’encyclopédie est né seulement cent cinquante à deux cents ans plus tard).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (29 avril 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Roland Garros.
Léonard de Vinci.
Chu Teh-Chun.
L’année Pierre Soulages au Louvre.
Alfred Sisley.
Salvador Dali.
Jean-Michel Basquiat.
Dernières heures parisiennes pour Egon Schiele.
Pierre Soulages, l'artiste mélanthrope, a 99 ans.
Rotraut Uecker.
Egon Schiele.

Banksy.
Marcel Duchamp.
Pablo Picasso.
Le British Museum et le monde des humains.
Yves Klein.
Le Tintoret.
Gustav Klimt.
Georges Méliès.
David Hamilton.
Paula Modersohn-Becker.
Auguste Rodin.
Margaret Keane.
Rouault et Matisse à Paris.
La garde rapprochée du Premier Empereur de Chine.
Un Renoir de la Côte d’Ivoire.
Magritte.
Daniel Cordier.
Boulez à Paris.
La collection Cordier à Rodez.
Soulages à Rodez.
Claude Lévêque à Rodez.
Caillebotte à Yerres.
Goya à Paris.
Brueghel à Paris.
Chagall à Paris.
Dali à Paris.
Van Gogh à Paris.
Hiroshige à Paris.
Manet à Paris.
Rembrandt à Paris.
Boltanski, artiste contemporain.
Boltanski au MacVal.

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7 réactions


  • Christian Labrune Christian Labrune 30 avril 2019 17:04

    @Sylvain Rakotoarison

    Pour voir la Joconde, il faut avoir la carte des Amis du Louvre qui permet de ne pas faire la queue, et se trouver à l’entrée du musée dès son ouverture. En courant un peu pour arriver à la salle des Etats, on a cinq ou six minutes pour l’apercevoir sans être dérangé. Je dis « l’apercevoir » parce que le verre blindé et les trois mètres qui séparent du tableau à cause de la petite barrière, comme vous le faites remarquer, font que n’importe quelle photographie permet de mieux voir.

    J’ai fait ça deux ou trois fois, mais c’est toujours si frustrant que, passant dans la salle des Etats, je préfère désormais photographier les touristes ébaubis qui tournent le dos au tableau pour se photographier devant avec un sourire niais : ils ont vu la Joconde, et ils en tiennent désormais la preuve ! Ils auront découvert aussi, en se retournant pour le « selfie », Les noces de Cana et pourront dire, comme Flaubert ayant vu les colosses de Memnon : le tableau est « très grand ». L’ironie en moins, bien évidemment.

    Y a-t-il quelque chose d’autre à voir au Louvre ? Ce n’est pas sûr.

    Pour le Parisien qui aime le Louvre et en connaît tous les recoins, cette fascination ressemble de plus en plus à une passion masochiste : du lundi au vendredi, un tiers des salles sont fermées, et comme la direction du Louvre n’ose pas, parce que cela serait d’un effet désastreux pour la réputation d’un musée qui est désormais partout sauf à Paris, afficher les salles fermées sur un panneau électronique dans le grand hall de gare de l’entrée, on ne sait jamais si on pourra accéder à ce qu’on voudrait revoir. Les petits imprimés qu’on vous remet discrètement à la demande et qui signalent les salles invisibles ne sont sont jamais à jour. Les gardiens ne savent pas. Je voulais, la semaine passée revoir les Poussin. Les salles étaient-elles ouvertes ? Ah, non, Monsieur, je ne crois pas. Et les écoles du Nord ? Non plus... En fait, tout cela était ouvert, et je m’étais félicité d’une suspicion des plus légitimes. En général, quand on me dit que c’est fermé, je demande : Et la Joconde ? pour faire jouer au gardien, sans qu’il le sache, la petite scène du Charme discret de la bourgeoisie : dans le salon de thé où les bourgeoises ont atterri, il n’y a plus de thé, plus de café, plus rien. (nous avons eu beaucoup de monde aujourd’hui, mesdames !)

    -Mais de l’eau ? Vous avez de l’eau ?

    -Oh, Madame ! Bien sûr !

    Donc, il y aura toujours la Joconde. C’est une puissante consolation.


  • Taverne Taverne 30 avril 2019 17:25

    Si Léonard avait vécu aujourd’hui, il aurait, dites-vous fabriqué des armes de guerre pour Dassault. Si l’on lui adjoint Arthur Rimbaud pour les commercialiser en Orient, nous aurions deux génies employés au pire ! Brrr ! j’en ai le frisson.

    S’il-vous-plaît, laissons-les dans leurs époques et gardons intacte la magie de ces deux-là. Je préfère conserver le souvenir que nous en avons.


    • Christian Labrune Christian Labrune 30 avril 2019 17:53

      Si l’on lui adjoint Arthur Rimbaud pour les commercialiser en Orient, nous aurions deux génies employés au pire !

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      @Taverne

      Que Léonard de Vinci ait été un génie, cela ne fait aucun doute. Si le mot a un sens il en est, comme aussi Jean-Sébastien Bach, la plus parfaite illustration. Que l’autre petit crétin que vous évoquez ait été un génie, c’est beaucoup moins sûr et cela me fait autant rigoler que Madame Périer définissant son frère Blaise Pascal comme un « effrayant génie ». Les mythes populaires que Lagarde et Michard ont complaisamment entretenus ont la vie dure, mais je n’ai pas attendu Etiemble pour mesurer toute l’inconsistance de la geste rimbaldienne. J’ai par ailleurs, quand même, la plus grande admiration pour le vieux manuel de littérature.

      S’il vivait en notre siècle, Vinci serait probablement très inspiré par les recherches sur l’intelligence artificielle et il serait post-humaniste en diable.

      Etiemble :
      https://www.amazon.fr/Mythe-Rimbaud-Gen%C3%A8se-mythe-1869-1949/dp/2070222624


    • Christian Labrune Christian Labrune 30 avril 2019 22:14

      @Ornicar
      C’est surtout, je crois bien, que l’enseignement du latin s’est un peu perdu ces derniers temps en France ! Moi aussi j’ai perdu mon latin, et je ne songerais pas à vous jeter la pierre.
      C’est une composition un peu laborieuse, ce truc de Rimbaud à la page que vous signalez. Travail d’un fort en thème dont étaient capables pas mal de ses jeunes condisciples. Rien à voir avec ce très beau poème de Baudelaire : Franciscae meae laudes , lequel est d’un vrai poète, et particulièrement génial.

      Novis te cantabo chordis,
      O novelletum quod ludis
      In solitudine cordis.


      Esto sertis implicata,
      O femina delicata,
      Per quam solvuntur peccata !

      Sicut beneficum Lethe,
      Hauriam oscula de te,
      Quæ imbuta es magnete.

      Quum vitiorum tempestas
      Turbabat omnes semitas,
      Apparuisti, Deitas,

      Velut stella salutaris
      In naufragiis amaris.
      — Suspendam cor tuis aris !

      Piscina plena virtutis,
      Fons æternæ juventutis,
      Labris vocem redde mutis !

      Quod erat spurcum, cremasti ;
      Quod rudius, exæquasti ;
      Quod debile, confirmasti.

      In fame mea taberna,
      In nocte mea lucerna,
      Recte me semper guberna.


      Adde nunc vires viribus,
      Dulce balneum suavibus
      Unguentatum odoribus !

      Meos circa lumbos mica,
      O castitatis lorica,
      Aqua tincta seraphica ;

      Patera gemmis corusca,
      Panis salsus, mollis esca,
      Divinum vinum, Francisca !


  • Fergus Fergus 30 avril 2019 17:49

    Bonsoir, Sylvain


    « La Joconde, réalisée entre 1503 et 1506, c’est probablement la plus belle œuvre d’art du monde de tous les temps » 

    J’aimerais que quelqu’un m’explique enfin en quoi la Joconde serait LA référence absolue en matière de peinture.

    Il se trouve que je suis amateur de peinture et que j’ai eu la chance de visiter quelques-uns des plus grands musées d’Europe. Or, s’il m’est arrivé de ressentir parfois une très grande émotion en admirant telle ou telle toile d’un grand maître ou d’un artiste moins connu, jamais je n’ai ressenti le moindre frisson en voyant la Joconde : ce tableau  d’excellente facture, j’en conviens  me laisse parfaitement indifférent. D’où ma question ci-dessus.


    • Christian Labrune Christian Labrune 30 avril 2019 22:40

      @Fergus

      Rien n’est pire que de se forcer à admirer ce qu’on n’admire pas spontanément ! Il me semble qu’il est de plus en plus difficile, en effet, de bien voir la joconde : on l’a trop vue, avec ou sans moustaches. L.H.O.O.Q, etc. Tout cela sème la confusion. J’allais dire : une solution serait d’en avoir chez soi, au mur, une excellente photographie, pour vivre avec elle, mais je me faisais naguère cette réflexion que telle reproduction d’une estampe d’Hiroshige qui est sous mon nez près de l’ordinateur, il y avait des années que je ne l’avais pas regardée, que je ne la voyais plus.

      Pour bien appréhender une oeuvre d’art, il faut qu’il y ait quelque chose qui soit de l’ordre de la surprise. Par exemple, je me souviens que me retournant un jour à la National Gallery, je me suis trouvé nez à nez, sans du tout m’y attendre, avec le petit portrait du doge Lorédan peint par Bellini. J’en avais vu cent fois des reproductions, mais aucune ne pouvait rendre compte de la matière même de l’oeuvre, laquelle paraissait faite, paradoxalement, pour nier toute matérialité. Fenêtre ouverte sur le monde de l’idée pure. Je n’avais jamais rien vu de tel.

      Au Louvre, il y a des oeuvres bien plus fascinantes que la Joconde, et par exemple la rencontre d’Eliézer et Rébécca peinte oar Poussin, La vierge du Chancelier Rollin dont on peut s’approcher à dix centimètres, la nef des fous de Bosh, des paysages de La Hyre ou des compositions de Sébastien Bourdon. Et toute la peinture française du XVIIIe siècle est admirable. N’importe quel Chardin vaut bien n’importe quelle oeuvre de Vinci, et que dire de la Diane au bain de Boucher ?

      Une autre difficulté avec Vinci, c’est qu’on peut être à peu près sûr que ce qu’on voit n’a pas beaucoup de rapport avec ce qu’il a pu voir lui-même : les glacis au bitume ont mal vieilli, les restaurations ont été désastreuses, particulièrement la dernière, celle de La vierge et Sainte-Anne. Le tableau paraissait certes bien enfumé, mais on a fait partir les glacis avec le vernis qui recouvrait le manteau, et désormais on voit surtout, et de très loin, une grande tache bleue qui paraît être le sujet même du tableau. Je crois bien que le Saint-Jean est en restauration. Je crains le pire.


  • troletbuse troletbuse 1er mai 2019 14:02

    Le plus beau tableau du monde est l’origine du monde de Courbet.

    Mais Micron qui n’a aucune culture et qui n’a pas trouvé de culture en France. Ce qui explique sa sexualité perverse smiley


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