vendredi 5 octobre 2007 - par LE CHAT

99 francs : 15 euros de bonheur avec Jean Dujardin

Dans cette adaptation cinématographique du roman de Frédéric Beigbeder, Jean Dujardin nous fait un vrai festival de cynisme et révèle une nouvelle facette de son immense talent sous la houlette de Jan Kounen, qui mieux que tout autre réalisateur a su donner à ce pamphlet provocateur un brin de folie supplémentaire, dans une satyre implacable de la société de consommation et du milieu fermé de la publicité.

Jean Dujardin campe le personnage d’Octave qui loin du naïf Brice de Nice ou du nonchalant OSS117, est une détestable salaud, cynique et arrogant. Travaillant en compagnie de son binôme Charlie dans l’agence de publicité Ross & Witchcraft, les narines remplies des multiples rails de coke qu’il sniffe tout au long du film, il est le marchand de rêves qui vous promet ce que vous n’aurez jamais, le consommateur réduit à l’état de nain comparé à lui que tout le gotha publicitaire considère comme un génie. Dans une longue confession sous forme de monologue, Octave nous entraîne dans ses délires sur fond de sexe, de drogues, de soirées people, où Frédéric Beigbeder en personne fait quelques apparitions malicieuses dans ce film complètement déjanté.

Méchant et provocateur, Octave en vrai anti-héros nous fait détester ce personnage imbu de lui-même chargé par sa direction de faire la promotion du nouveau yogourt de la multinationale « Madone », géant de l’agro-business, dans une caricature des milieux publicitaires et des service marketing à laisser Jean Yanne et son « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » scotché au bord de la route !

Le film est plein de joyeux moments d’hilarité, entre les séances de brainstorming avec le chef marketing de chez Madone, la vie sexuelle tourmentée d’Octave qui finit par faire une fixation sur sa charmante collègue Sophie, ses rapports avec ses collègues et sa hiérarchie, et les tournages jubilatoires des clips publicitaires.

On n’a guère le temps de souffler une minute, tout comme le rongeur d’Octave dopé à la coke qui finit par mourir d’épuisement à tourner sa roue à 200 km/h, Octave le speedé n’est pas loin du pétage de plombs total qui le mène au bord du suicide. Le réalisateur nous offre un second épilogue à ce conte moderne où Octave fait un bras d’honneur à son employeur et aux exigences de merde de son client en sabordant le lancement du produit dans un clip laissant toute sa place à son génie créateur et qui expose au public les véritables motivations de l’agroalimentaire et son côté sombre, avant de finir en Robinson Crusoe loin de toute tentation consommatrice.

99 francs, un franc par minute de franche rigolade avec un surprenant Jean Dujardin à contre-emploi, qui depuis OSS117 et Contre-enquête enchaîne les tournages et nous révèle son formidable potentiel d’acteur à multiples facettes.



19 réactions


  • kingofshifumi 5 octobre 2007 10:11

    Le film ne manque pas d’être distrayant, mais hormis la fin où Octave se transforme en Carlos anti-pub, le reste ne rajoute pas grand chose au livre. On peut également reprocher à ce film anti-système de faire marcher paradoxalement ce qu’il dénonce. Le livre se voulait être un brûlot engagé, puisque l’auteur savait que sa publication allait le mettre à la porte, donc on ne peut pas retrouver le même ton dans le film.

    En matière de film contre le système, « L’age des ténèbres » en revanche est une réussite totale, malgré des critiques peu élogieuses. Ce film met le doigt là où il faut avec beaucoup plus de finesse que ne l’ont remarqué les critiques.


    • LE CHAT LE CHAT 5 octobre 2007 10:26

      Merci pour ton commentaire , le film que j’ai été voir mardi m’a beaucoup plus ainsi qu’à mes enfants , même s’ils n’ont pas tout compris à la satyre. On peut toujours trouver des différences entre les films et les bouquins , pour moi l’essentiel est de passer un bon moment de détente dans la salle obscure smiley

      @équipe agoravox

      merci pour cette validation supersonique de mon article ( 10mn chrono ! ) , en revanche qu’advient t il de celui plus humoristique n°29769 soumis lundi qui mettrai un peu d’humour dans cette page du vendredi ? smiley


  • alberto alberto 5 octobre 2007 10:26

    Moi, je plusse les deux : Le Chat et Dujardin !

    OK, Minet : j’emmenerai ma petite famille au cinoche voir le film.

    Bien à toi.


  • Wlad Wlad 5 octobre 2007 11:09

    Je désapprouve totalement : le propos n’est en rien nouveau (naaaaaaaaaaan, sans déc’, les publicitaires vivent dans un autre monde, où les valeurs sont reclassées suivant les envies de leurs neurones cocaïnés !), le film manque cruellement d’un fil conducteur (qu’est-ce qu’on se fait chier pendant les 40 minutes du milieu !), l’« humour » est en-dessous de tout (la copine d’Octave lui montre son test de grossesse positif, il réplique « ça sent le pipi » ; Octave vomit sur une fille dans sa baignoire, comme on se marre !)...

    Restent d’innombrables bonnes idées visuelles (je retrouve là mon Kounen de la grande époque de Blueberry), le jeu totalement convaincant de Dujardin, un scénario agréable durant les 25 premières et dernières minutes, et un Jocelyn Quivrin épatant mais sous-employé.

    Quant à savoir ce que je conseillerais au ciné cette semaine, « Shoot’em up » m’a beaucoup plus emballé : c’est infiniment plus drôle, la façon de filmer n’est pas désagréable et recèle aussi de nombreuses astuces bien foutues, le rythme est enlevé sans être épileptique, et surtout, aussi conne soit-elle, il y a une histoire (et un vrai héros avec un minimum de background, loin de la superficialité d’Octave qui n’est qu’une enveloppe vide).


    • LE CHAT LE CHAT 8 octobre 2007 08:22

      Il fallait que le film soit crédible , car selon le proverbe breton , qui boit sans soif vomit sans effort smiley


  • Yohan Yohan 5 octobre 2007 14:34

    Moi, j’ai adoré du début à la fin. Avec parfois quelques touches du décalé-déjanté des frères Coen, ce film montre qu’on sait faire chez nous autre chose que du cinéma du Dimanche soir et que nous avons des acteurs de classe internationale. Dujardin est parfait. Je crois que 99F peut avoir une carrière internationale. smiley


  • Anto 5 octobre 2007 15:04

    Moi, j’ai pas du tout aime...J’ai bien aime le bouquin pourtant. Meme si il y a d’excellents moments (trop ponctuels), des acteurs plutot cools(quel canon l’actrice qui joue sophie smiley), je n’ai pas du tout accroche au rythme du film.

    Kounen a trop mis l’accent sur les trips psychedeliques de ses personnages. Trop de kaleidoscopes, de scenes histeriques etc... Du coup, la critique du monde de la pub (notemment la phrase finale) tombe completement a plat. Peut etre que si j’avais pas lu le bouquin, j’aurais plus apprecie, mais la j’ai l’impression qu’on m’a trompe sur la marchandise. 99 frs, c’est de la pub, du cul et de la cocaine. Et Kounen, plus que jamais perche sur son nuage chamanique, n’a conserve que l’aspect drogue. Quitte a faire je prefere me mater Las Vegas Parano. En plus, il est completement parti en live a la fin...bref, ca m’a lputot enerve ce film. Il m’avait deja pris la tete avec Blueberry pour des raisons similaires, la j’en peux plus de ce mec.

    bon article sinon


    • LE CHAT LE CHAT 5 octobre 2007 17:14

      merci ! moi ça m’a pas géné , j’adore les pochettes psychédéliques des vinyls de l’ère woodstokienne ! cool !  smiley


  • Yohan Yohan 5 octobre 2007 23:42

    De toute façon, ce genre de film, c’est j’adore ou je déteste. Sur ce coup, il n’y a que Dujardin qui ne risque pas grand chose. Pareil pour ceux qui ont lu le livre avant de voir le film. Jamais content du film. Normal, avec un livre, on se fait le film soi-même. Alors, ce serait idiot d’en autocritiquer la réalisation.


  • L'enfoiré L’enfoiré 12 octobre 2007 09:13

    Mon Miaou,

    Comme tu le sais, j’ai visité « ton » musée. J’en en mémoire encore la réaction de la présentatrice qui me demandait si j’avais des chats chez moi. Ma réponse dans mon plus bel anglais fut « a cat is my ennemy ».

    Vu son trouble, je me suis empressé de lui ajouter « in fact, I’m allergic and I cannot afford fur dammages ». Ouf... smiley

    99F de Beigbeider, j’ai lu en son temps. J’ai aimé surtout le début.

    Pour le film de Dujardin, tu me pousserais à aller le voir, donc.

    J’ai aussi lu « Je crois moi non plus » intéressant par son côté sulfureux dans cette rencontre entre un évèque et un mécréant comme se définit Beigbeder.

    Au sujet de son virage dans la vie, j’aime et il prouve que si on n’est pas bien dans sa peau, il faut oser. smiley


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