jeudi 20 octobre 2011 - par Melodie Nelson

Aleph, le nouveau voyage de Paulo Coelho

Paru le 5 octobre chez Flammarion, Aleph est le nouveau roman de Paulo Coelho. Depuis L’Alchimiste (1988), l’œuvre du brésilien est traduite en 73 langues et publiée dans 168 pays. Devenu un phénomène sociologique impressionnant, il se distingue aussi en étant très actif sur les réseaux sociaux et en soutenant le piratage de ses œuvres sur internet.

A 59 ans, malgré la gloire et son rêve de devenir écrivain réalisé, Paulo Coelho traverse une crise existentielle qui le mène à voyager à travers l’Europe puis la Russie pour se retrouver.
 
Dans ce texte « 100% autobiographique », Hilal, une violoniste aux « cheveux noirs », s’impose au narrateur-auteur, persuadée qu’elle a pour mission de l’aider. Une photo postée sur son blog nous dévoile une Hilal… blonde.
 

 (source : paulocoelhoblog.com)
 
Ce détail, pourtant insignifiant, questionne les limites de l’autobiographie et la part de fiction dans le récit, notamment quant à sa relation ambiguë avec la jeune fille de 21 ans. C’est dans son regard que l’auteur découvre l’Aleph dans le Transsibérien : « le point contenant tout l’Univers au même endroit, au même moment » et ce qui les lie depuis plusieurs centaines d’années. En effet, il s’agit de vies antérieures, mais quand on connaît l’œuvre du célèbre auteur, rien de nouveau. D’ailleurs il n’innove pas vraiment : voyage initiatique, quête spirituelle en lisant les signes du destin, vivre le moment présent en appréciant la simplicité des choses… Même inspiration : Borgès (L’Alchimiste, Le Zahir), même schéma, mêmes maximes.
 
Cependant, ces récurrences font peut-être sens cette fois : l’auteur doit réapprendre ce qu’il a déjà appris. Malgré son succès, il doute toujours. Alors renie-t-il ce qu’il a déjà écrit ? Je crois plutôt qu’il montre qu’il est simplement humain. Qu’arrive-t-il après avoir réalisé ses rêves ? Paulo Coelho nous répond que le chemin ne s’arrête pas là, que la vie continue et lui, du moins, éprouve toujours le besoin d’évoluer. Accusé d’être un gourou New Age, il ne promet pas le bonheur, lui le cherche encore en dépit de ses quatorze précédents romans. Je pense qu’il l’envisage davantage comme un pari à l’image de celui de Pascal : « C’est ce qui rend la vie intéressante, croire aux trésors et aux miracles. »
 
D’un point de vue stylistique, difficile de juger une œuvre traduite. Décrié par la critique lui reprochant souvent ses phrases simples ou clichés, il leur répond et offre par la même occasion un point de vue métatextuel. Il décrit en partie l’envers du décor du métier d’écrivain, ses mécanismes d’écriture, la relation avec les éditeurs et les journalistes. Avant de devenir auteur de best-sellers à 40 ans, Paulo Coelho avait déjà derrière lui une carrière de compositeur pour le chanteur Raul Seixas, de journaliste et de scénariste. Et si son choix était justement de livrer au lecteur une histoire épurée mais efficace et surtout accessible ?

Donneur de leçons ou victime de son succès, que l’on adhère ou pas, le nombre de ses ventes montre que le Livre n’est pas mort et si certains parviennent à s’évader ne serait-ce que le temps d’une lecture… Ce n’est peut-être pas plus mal.



2 réactions


  • Francky la Hache Francky la Hache 20 octobre 2011 13:52

    Il y a des auteurs aux phrases simples et de qualité, comme Cormack McCarthy.
    En revanche, Coelho ne fait que du Zadig de Voltaire, traduit pour les 8-12 ans, ou les mannequins décérébrés.

    L’Aleph, c’est surtout un immense recueil de nouvelles de Borges. Souvenir immarcescible.

    Si des gens lisent Coelho, grand bien leur fasse, leur chemin est encore long, pourrait-on lire dans un de ses livres.


  • De la hauteur 21 octobre 2011 01:06

    Bof !
    Le nouveau Guy des Cars, du roman de gare Mondialiste.


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