lundi 3 août 2015 - par Bernard Dugué

Annot Rhül, ba(ro)ck to sixties and seventies

La scène progressive progresse dans la plupart des nations avancées et cette fois, nous ferons un détour vers un pays nordique, celui du Norvégien Sigur Tonna, multi-instrumentiste officiant sous le pseudonyme Annot Rhül. Déjà deux albums à son actif, réalisés grâce à la participation de nombreux musiciens de la scène néo-psyché et notamment ceux du groupe de space rock norvégien Seid. « Leviathan » est le troisième album du projet Annot Rhül et vient de sortir sur le label génois Black Widow. Autant dire que les amateurs de Hawkwind et du Floyd trouveront leur compte en se laissant embarquer dans cette musique étrange et belle. Une musique dont les lignes mélodiques sont souvent empruntées aux sixties alors que les fioritures électroniques et les facéties instrumentales évoquent les expériences début seventies, notamment celles réalisées par les formations du krautrock allemand.

Leviathan est un concept album contenant deux longues suites musicales étalées sur un petit quart d’heure entre lesquelles sont disposés quatre morceaux aux titres évocateurs. On comprend l’intention d’Annot Rhül dont le projet musical est clairement affirmé dans la notice de presse. Cette musique doit être écoutée comme si chaque composition était un vaisseau spatial capable de nous transporter dans des contrées lointaines ou alors dans les espaces intérieurs de la conscience. Sitôt le CD placé dans la platine, on entend de subtiles nappes de claviers avec des instruments que l’on devine aisément comme des objets d’une autre époque ; des instruments vintages qui étaient utilisés au début des seventies par la plupart des formations de prog et de krautrock. Le livret fourni avec le CD précise quels sont ces étranges instruments. Le mellotron évidemment, le synthétiseur Moog ainsi que ces deux instruments emblématiques que furent l’orgue Hammond et le moins connu Philicorda, fabriqué par Philips, que l’on a pu entendre dans les œuvres planantes du krautrock ; et qui refait parfois surface ces temps-ci (cf. les expériences électroniques de Electric Orange). Sans oublier d’autres instruments encore moins connus et l’incontournable sitar, témoin des expériences psychédéliques depuis son utilisation par les Beatles en 1966.

L’introduction du CD nous place dans l’ambiance, résolument planante, avec des parties d’orgue évoquant les expériences space de la belle époque, celles du Floyd au temps d’Ummaguma, celles du krautrock allemand, de Can à Emtidi. La texture sonore est d’une très grande richesse, due aux superpositions des claviers et des cordes acoustiques autant qu’électriques, de la guitare au sitar. Quant à la composition, elle est subtile, avec des parties découpées comme si c’était une fresque baroque composées d’une succession de peinture avec des thèmes différents. Les lignes mélodiques sont largement inspirées de la pop psyché baroque de la fin des sixties, du Moody Blues au Floyd, mais aussi du début des seventies, comme dans le troisième morceau qui sonne résolument Meddle. Néanmoins, les compositions savent s’affranchir de la mélodie pour proposer des collages sonores éveillant une étrange beauté. Et toujours ces nappes d’orgue vintage conférant à l’ensemble cette tonalité symphonique et space qui invite aux voyages intérieurs, avec ou sans substance illicite. La fin de la première suite s’accélère pour devenir légèrement rageuse avant de s’achever sur quelques notes de sitar.

Les six pièces musicales composées essentiellement par Annot Rhül offrent des ambiances psyché, baroques et symphoniques assez variées et cette musique n’endort pas, à l’inverse de certaines expériences sonores du krautrock germanique. Les parties instrumentales sont fluides et dynamiques. C’est ce qu’on appelle du rock planant mais du rock qui fait voyager ; de la musique riche en parties d’orgue et en nappes de synthétiseur. Avec de belles mélodies. Et parfois rageuse, limite heavy à la Uriah Heep des early seventies. Un enchantement pour les mélomanes férus de nouveauté et de sensations esthétiques baroques. Bref, un album méritant de figurer dans toute discothèque prog qui se respecte. Au final, s’il faut mettre une note, ce sera un bon 4 sur 5.

TRACK LIST

LEVIATHAN SUITE I. The Traveller Pt. 1 II. The Sailors Pt. 1 III. In Limbo at 5000 Fathoms IV. Maybe they Sailed out too far ? V. Between Scylla and Charibdis VI. The Sailors Pt. 2 VII. Interstellar Foe THE COLOR OUT OF SPACE SURYA DISTANT STAR THE MOUNTAIN OF MADNESS R’LYEH I. Ph’nglui mglw’nafh Cthulhu R’lyeh wgah’nagl fhtagn II. 47°9 S 126°43 W III. Every Man For Him Self IV. In the Wake of Cthulhu V. the Traveller Pt. 2



1 réactions


  • Cyborgien 3 août 2015 15:20

    Bas-rock .... expression clouscardienne de Pagani ... rythmique benête et 3 accords max ... swing inexistant ... musique d’automates débiles ... de consuméristes ... shiteux écolos ... juste 0 sur compte de dealers colons ... du Grand Colonisteur GlobalState.
      
    Musique « Pop » mondialiste colonialiste détruisant toute musique « Pop »ulaire
    ...
     
    Le masque Vintage, mondanité snobinarde dans Caddie de vieux shiteux !
     
    « Le révolté, le transgresseur jette le masque. : ce n’est qu’un veau : le hash sera en vente libre »

     


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