lundi 29 janvier 2007 - par docdory

« Apocalypto » : Mel Gibson y commet une erreur... astronomique !

La critique cinématographique, qui a diversement apprecié le nouveau film de Mel Gibson « Apocalypto », n’a très curieusement pas relevé le défaut majeur de ce dernier, une erreur astronomique qui m’a plus fait bondir hier soir dans mon fauteuil que les scènes d’ultraviolence de ce film, qui se sont banalisées dans le cinéma ces dernières années !

Cette erreur astronomique témoigne de l’ignorance abyssale de nombre de nos contemporains, en matière de sciences en général et d’astronomie élémentaire en particulier, et mériterait de figurer au grand bétisier du cinématographe au côté d’autres gags involontaires tels que la montre-bracelet portée par un des personnages ( était-ce Kirk Douglas ou un autre ? ) du célèbre film de Richard Fleischer Les Vikings.

Examinons cette erreur :

Au cours du film, le personnage principal est sauvé in extremis du sacrifice auquel il était promis par la survenue inopinée d’une éclipse de soleil (astuce scénaristique largement inspirée d’ailleurs de Tintin , le Temple du Soleil ). Il est décidé par les Mayas de se débarrasser des prisonniers non sacrifiés au cours d’une chasse à l’homme, au cours de laquelle le héros est blessé dès les premiers mètres mais parvient à s’échapper. Cette poursuite infernale continue la première nuit ; le héros est poursuivi par des guerriers mayas qui s’aident de flambeaux.

A ce moment du film , il y a un changement de scène. On voit la femme, enceinte, du héros coincée avec son fils dans un gouffre dans lequel elle s’est réfugiée et dont elle ne peut sortir seule. La caméra s’attarde plusieurs secondes sur la pleine lune, pleine lune à la lumière de laquelle deux animaux se battent férocement ( l’un d’entre eux tombe ensuite dans le gouffre ).

Or, chacun sait ( cela fait partie du programme scolaire du CM2 ou de la 6ème, et c’est expliqué dans tous les livres de vulgarisation scientifique destinés aux enfants) que les éclipses de soleil se produisent obligatoirement les jours de nouvelle lune. En effet, il y a éclipse de soleil lorsque la lune s’interpose entre le soleil et la terre, c’est donc la face cachée qui est éclairée par le soleil, la face visible étant alors dans l’ombre, et donc en l’occurence invisible ! La première nuit qui suit une éclipse est donc une nuit de nouvelle lune. Pour avoir le magnifique clair de (pleine) lune sur lequel s’attarde la caméra, il aurait fallu, dans le scénario, attendre deux semaines après l’éclipse !

Il est curieux de constater que les conseillers scientifiques du film, dans lequel il y a un impressionnant travail de reconstitution historique, aient pu laisser passer une pareille erreur.

A noter à mon avis deux autres erreurs scientifiques, mais nécessitant des connaissances spécialisées, et donc excusables :

1°) La civilisation maya telle qu’elle est décrite dans le film se serait effondrée pour l’essentiel plusieurs centaines d’années avant l’arrivée des conquistadors.

2°) La plaie transfixiante dont est victime le héros au début de la poursuite, avec porte d’entrée thoracique postérieure droite et sortie du javelot par l’ hypochondre droit (à moins que ce soit l’inverse) aurait entraîné normalement la constitution d’un hémopneumothorax et d’une plaie hépatique avec hémorragie massive qui n’auraient pas autorisé plus de quelques centaines de mètres de course à pied en raison, d’une part d’une dyspnée aigüe et, d’autre part, d’un choc hémorragique, et éventuellement d’une péritonite aigüe par plaie de l’angle colique droit et/ou plaie biliaire... (cela dit, Mel Gibson n’est pas médecin, c’est donc excusable ! )

Bon, malgré tout, c’est quand même un bon film !



59 réactions


  • Le furtif (---.---.88.239) 29 janvier 2007 10:55

    Qu’est-ce que je donnerais pas pour écrire un tel« 2è »

    Amusant.

    Je note que vous ne reprenez pas le reproche habituel de violence excessive adressé à Mel Gibson. On se demande en effet comment ces doux rêveurs imaginent la guerre de 14.

    Cordialement

    Le furtif


  • LE CHAT LE CHAT 29 janvier 2007 11:00

    merci docdory pour ces intéressant commentaires , patte de jaguar a vraiment une robuste constitution pour echapper à une dizaine de guerriers en pleine forme ! au delà des erreurs , le film était vraiment divertissant et pas plus violent que la moyenn.

    j’ai vu moi une montre au poignet d’un galérien dans le film de 1947 monsieur Vincent......


  • Cris Wilkinson Cris Wilkinson 29 janvier 2007 11:18

    C’est de Mel Gibson qu’on parle quand même !!!!

    Il a fait son succès avec des films où il conduisait vite, frappait fort et tirait dans le tas.

    Il ne faut pas trop en lui en demander quand même ! En plus c’est un film, pas un documentaire. On est là pour passer un bon moment, pas pour apprendre des choses.

    Sinon l’auteur à quand un article pour nous dire que les 4 fantastiques ce n’est pas crédible ?


    • Bef (---.---.27.249) 29 janvier 2007 12:01

      Ben oui, c’est vrai, mais les « 4 fantastiques » n’est pas présenté comme un film « historique »...


  • (---.---.253.163) 29 janvier 2007 11:27

    Etre intelligent prive de nombreux plaisirs cinématographiques. Pas besoin d’etre un genie pour souffrir atrocement.

    Franchement quand il n’y aura plus que des incoherences de type astronomique l’humanité aura deja fait un pas de geant.


  • kirinyaga 29 janvier 2007 11:29

    Oui enfin c’est un peu n’importe quoi, là ...

    C’est un film, quand l’équipe est sur place, ils tournent toutes les scènes qui doivent se dérouler à cet endroit, ils vont pas attendre un mois.

    Si l’angle de vue est bon, ils vont pas non plus s’interdire de l’utiliser sous prétexte que la lune est dans le cadre.

    Les effets spéciaux coûtent déjà assez cher comme ça, ils vont pas gommer la lune des prises de vue pour satisfaire un astronome.

    Et enfin si la lune ajoute une qualité artistique à une scène, et ben j’imagine qu’ils sont même près à la rajouter si elle n’est pas là, et tant mieux.

    Ce n’est pas un documentaire scientifique, c’est un film. On ne va pas le voir pour apprendre quelque chose mais pour se distraire. L’effet me semble réussi, et il n’y a rien de choquant qui casse l’immersion dans le monde du film. Le reste c’est du pignolage.


    • docdory docdory 29 janvier 2007 12:18

      « si l’angle de vue est bon , il ne vont pas se priver de filmer la lune si elle est dans le cadre » En fait , la pleine lune seule est filmée pendant dix secondes , pour faire joli , sans doute ! Elle n’est pas visible dans la scène qui suit ...


  • pierrot (---.---.141.25) 29 janvier 2007 11:35

    Faudrait il citer « l’erreur monumentale » de l’auteur de l’article en lui précisant qu’il ne s’agit pas des Mayas, mais des Aztèques ! smiley

    Le fait qu’une montre bracelet apparaisse au bras d’un romain dans le film Ben-Hur n’en fait pas pour autant un navet.

    M’enfin !


    • docdory docdory 29 janvier 2007 12:15

      @ Pierrot

      Il s’agit bien de mayas , le film est d’ailleurs en version originale yucatèque , qui est une langue du groupe maya et non un dérivé de l’Aztèque ( il n’y avait probablement plus assez de locuteurs du maya de cette époque pour les nécessités du film ) . A noter qu’ils n’invoquent pas dans le film le dieu Quetzalcoatl ( serpent à plume ) mais son homologue maya , dont le nom , imprononçable , m’échappe pour l’instant .

      A noter que les constructions ( pyramides ) de ces deux civilisations se ressemblent , et qu’il aurait été difficile à Mel Gibson de reconstituer la cité aztèque de Tenochtitlan ( Mexico) , immense cité d’au moins 250000 habitants , beaucoup plus importante que celle décrite dans le film .


    • pierrot (---.---.141.25) 29 janvier 2007 12:51

      @ doctory

      Je souscrit à votre analyse. Cependant vos remarque n’enlèvent strictement rien au film lui même. D’ailleurs son propos n’est pas là. QU’ils s’agissent des Mayas ou des Aztèques, il n’a pas pour vocation d’être un documentaire historique.

      Le cinéma est une mise en scène et si quelque fois il y’a incohérence, en l’occurence historique, ce n’est qu’une succession de plan narratif, destiné à raconter une histoire. Ce n’est pas un film historique dans le style Braveheart.(quoique romancé). Le film et son sens se situent plûtôt dans le domaine de la métaphore

      En bref je ne vois pas vraiment l’occurence d’un tel article.


    • alberto (---.---.242.188) 29 janvier 2007 13:28

      Bien d’accord, Pierrot, s’il fallait mettre au pilon les films qui prennent des libertés avec la vérité historique la cohérence astronomique, voire la vraisemblance tout court, je crois bien que le ciné deviendrait vite casse-pieds...(pour rester poli)

      Pour la montre : encore OK, c’était bien dans Ben-Hur !

      Bien à vous.


    • docdory docdory 30 janvier 2007 09:37

      Suite de mon précédent post ( quelques précisions supplémentaires ) .

      Le dieu invoqué dans le film est le dieu maya Kuculcan , qui est l’équivalent de Quetzalcoatl , le dieu aztèque ( un peu comme le dieu grec Zeus était l’équivalent du dieu latin Jupiter )

      La langue utilisée par les aztèques était ( et est encore ) le Nahuatl , langue d’une famille linguistique distincte des langues mayas . Le Nahuatl a donné quelques mots d’usage courant en Français , tels que chocolat , cacao , cacahuète , tomate et caoutchouc .


  • Icks PEY (---.---.232.221) 29 janvier 2007 11:46

    Si vous commencez à relever les incohérences scientifique du cinéma, vous n’êtes pas couché !

    Bien cordialement,

    Icks PEY


    • msajusfr (---.---.215.23) 29 janvier 2007 13:29

      Oui, une incohérence qui revient souvent dans les films grand-public est ’la partie d’échec entre le héros et la nana sexy’. L’incohérence ne provient pas du fait que la blonde gagne mais que, malgré le budget, la position des pièces sur l’échiquier ne corresponde systématiquement à rien. Pourquoi sur les 70 Millions de dollars ne pas donner 10$ à un passant pour positionner correctement des pièces sur un échiquier.


  • Jojo2 (---.---.158.64) 29 janvier 2007 11:48

    Les scénaristes étaient dans la lune...


  • Christophe Grébert (---.---.97.127) 29 janvier 2007 11:50

    On t’a dit qu’il s’agissait surtout d’un film ? Mais ton article est amusant. Je suppose qu’on peut relever des dizaines d’autres erreurs. Je ne doute pas que les specialistes de la civilisation Maya l’ont fait. Mais s’agissant du film, malgré sa violence et mon horreur pour le sang, je l’ai apprécié de bout en bout. Je l’ai regardé comme une fable sur notre propre société qui court à sa perte. Faut-il pour autant repartir dans la forêt ? Non, bien entendu. Mais faisons attention à notre planète. C’est une question de comportement individuel.


  • Emilie (---.---.71.127) 29 janvier 2007 12:34

    N’étant pas passionné d’astronomie et ayant oublié quelques données du CM2, je n’ai pas fait attention à la pleine lune. Ceci dit, je pense que la lune a une grande importance dans le film et que c’est donc une erreur non négligeable ; c’est quand même elle qui fait de ’presque’ ’Patte de Jaguar’.

    Je me suis aussi possé la question, à savoir si les conquistadors étaient à la même époque que les Mayas. Ceci étant, n’étaient-ils pas à la même époque que les Aztèques ; Pouvez-vous m’éclairer sur ce sujet ?

    Quand à sa blessure, il ne faut pas oublié que c’est ’Patte de Jaguar’, grand vainqueur de la décapitation et de courses effrénés, il pèse sur lui quelque chose d’irréel smiley.

    En conclusion, je pense que selon notre éducation, notre métier, ..., nous voyons et interprétons les choses différemment. Personnellement, je suis quelqu’un qui n’aime pas la violence et j’ai trouvé ce film bien moins violent que certains film d’alliens et autres. ’Pourquoi avoir peur des humains ?’


    • docdory docdory 30 janvier 2007 09:48

      @ Emilie

      Les grandes cités mayas ont commencé à être désertées vers l’an 800 , la dernière d’entre elle l’a été environ 70 ans avant l’arrivée des conquistadors .

      La cause de la disparition de la civilisation urbaine maya est mal connue , on invoque la conjonction de guerres inter-cités , d’épidémies et de sécheresses avec mauvaises récoltes qui auraient tari l’approvisionnement alimentaire nécéssaire au fonctionnement de ces cités .

      Contrairement à la civilisation maya , la civilisation aztèque était florissante à l’arrivée des conquistadors , elle s’est effondrée en raison de sa naïveté et de sa crédulité ( les conquistadors ressemblaient à des personnages de légende aztèque ) , en raison d’épidémies massives ( les aztèques n’étaient pas immunisés contre des virus banaux importés par les conquistadors ) . La supériorité de l’armement espagnol a fait le reste .


  • Zozo (---.---.79.1) 29 janvier 2007 12:35

    2 petites remarques :

    Faire état de la violence, et la représenter, que ce soit au cinéma, en littérature ou en peinture, n’est pas automatiquement synonyme de complaisance coupable à l’égard de celle-ci. Il faudrait renoncer autrement à rendre compte d’une réalité qui caractérise l’humanité depuis la nuit des temps. Et se priver du même coup de pans entiers de l’inspiration littéraire ou artistique, et avec elle de l’effet cathartique que la violence canalisée procure.

    Sur l’éclipse solaire : les Mayas avaient une connaissance très pointue de l’astronomie, dont les prêtres étaient dépositaires. On peut légitimement penser que pour affirmer leur pouvoir ils n’allaient pas se priver d’un tel phénomène, surnaturel pour les profanes, en l’associant à un rituel sacrificiel. C’est là le sens qu’il faut donner à cette séquence du film, où comme par hasard une éclipse solaire intervient en pleine cérémonie sacrificielle. Un « hasard » parfaitement maîtrisé par le prêtre, machiavéliquement mis en scène, mais une supercherie dont le spectateur moderne ne sera bien sûr pas dupe. Dans ces conditions reconnaître une aberration scientifique dans le cycle lunaire n’est peut-être pas d’une importance cruciale pour le sens du film...


  • mariner valley (---.---.64.212) 29 janvier 2007 13:14

    Je suis alle voir le film et je l’ai trouve pas terrible.

    J’aurais apprecier plus de details sur la culture maya qui ne devait pas etre uniquement des suites de sacrifices et de rituels sanglants.

    mais bon......


  • Thucydide (---.---.101.8) 29 janvier 2007 13:45

    Article très amusant... Je n’ai pas vu le film, mais je ne suis pas sûr que j’aurais eu la présence d’esprit de relever l’incohérence la pleine lune (alors que j’ai quelques connaissances d’astronomie). Ce qui m’a fait tiquer en lisant des résumés, évidemment, c’est le peu de vraisemblance de la survenue d’une éclipse de soleil pile au moment opportun (au moins, Tintin s’est arrangé pour faire coïncider son sacrifice avec une éclipse de soleil, et pas l’inverse !).

    A mon avis, les autres bourdes majeures relevées par l’auteur sont nettement plus criantes, surtout, bien entendu, les blessures dont souffre le héros et qui le laissent frais comme un gardon. De ce point de vue, il s’agit d’un cliché universel. Sans même parler des blessures, le héros « seulement » assommé qui s’endort juste le temps voulu, puis se réveille frais et dispo, ça fait partie des lois de base du genre (et de la bande dessinée). Dans la réalité, au plus petit coup sur la tête, le héros devrait être mort, ou se relever vaseux, ayant envie de vomir, mais sûrement pas d’enchaîner les actions les plus spectaculaires et les plus éreintantes des heures durant, sans dormir, ni manger, ni...


  • erdal (---.---.242.88) 29 janvier 2007 13:55

    Pfff vraiment n’importe quoi....se focaliser sur les détails alors que c’est un chef d’oeuvre. Et dire que c’était sous titré, j’en reviens toujours pas.


  • rodofr (---.---.234.249) 29 janvier 2007 15:36

    A mon avis, « Apocalypto » comme « les Infiltrés » de Scorsese en mieux, est symptomatique de notre époque ! A l’idée, qu’à force de dénoncer la bête d’une façon aussi brillante, avec l’appui d’une critique mondiale sophistiquée, le système ne nourrit-il pas plus la bête, bien que prétendant le contraire. Et ainsi, rendre ce combat contre l’abîme du monde, malheureusement vain ! Je crois bien qu’on n’a jamais autant parlé d’elle, tous médias confondus, mais je trouve, que la bête c’est jamais porté aussi bien, sous le crépitement bienveillant des flashs. Il y aurait comme une entente tacite, violence, image, capitalisme, culture qui fait le jeu de ce système de chercher à tout montrer par le biais d’une image décervelée, au détriment d’autres sources de savoir comme l’écrit, moins tapageur mais qui oblige chacun à la solitude d’un livre. Il s’agit moins d’une guerre contre les mayas que contre une partie du monde, qui cherche à s’emparer de tous les mythes, les faits d’armes historiques, tous ce qui peut-être scénarisés, et ainsi de s’en glorifier selon un mode de pensées digne du totalitarisme. Une guerre portée par le cinéma, qui n’est plus que l’ombre de lui-même et qui ne fait que commencer. Cut !


    • Grouik (---.---.72.26) 29 janvier 2007 16:38

      (Hors sujet) Plutôt que « Les infiltrés », préférez l’original « Infernal affairs ». Parfois on se demande pourquoi les amerloques prennent la peine de retourner certain films...


    • artemusnh 27 octobre 2018 14:09
      @rodofr
       ?????

  • zorgl (---.---.29.239) 29 janvier 2007 19:24

    Le principal problème du film est l’anachronisme monumental auquel il se livre : superposer la civilisation maya à la conquête espagnole. C’est un peu comme si les Mexicains faisaient un film sur la France et montraient Jeanne d’Arc finissant déportée à Auschwitz...


    • Raymundo007 Raymundo007 18 avril 2017 05:49

      @zorgl
      « C’est un peu comme si les Mexicains faisaient un film sur la France et montraient Jeanne d’Arc finissant déportée à Auschwitz... »

      C’est tout à fait juste. Ça et le fait que le héros ne succombe pas à des blessures si graves est complètement incohérent. La lune bof, passe encore.
      Il y a trop de violence et l’on ne voit que du négatif sur les mayas. C’est dommage. Le charnier est très exagéré aussi.
      Les costumes, les décors et l’ambiance de la forêt maya sont très intéressants et très bien rendus.


    • artemusnh 27 octobre 2018 14:08
      @Raymundo007@zorgl
      Bah non justement, la fin de l’empire est arrivée vers 1490-1500 et s’est accompagnée d’une
      énorme séquence de sacrifices, alors qu’arrivaient les conquistadors.
      Ensuite rien ne dit que le héros ne va pas mourir : et surtout vu la conclusion du film, il semble évident que de toute façon la question n’est plus là, d’où la force du film : le type se bat tout du long pour sa survie, pour se rendre compte que de toute façon il ne s’en sortira jamais, car d’une barbarie il passera à une autre.

  • pinson (---.---.13.90) 29 janvier 2007 20:00

    Vous savez, l’historicité des films de divertissement... J’aime beaucoup les films de Mel Gibson, mais il est vrai que dans ses films comme dans bien d’autres, tous ceux qui ont un petit dada ou des connaissances précises dans un domaine ou dans un autre sursauteront à des détails qui ne gêneront à peu près qu’eux...pour l’un ce sera la médecine ou l’astronomie, pour un autre, ce sera les échecs...

    Exemples : j’ai adoré « Bravehart » pour ce que ce film exprime, mais je reste très personnellement gêné par le fait que le William Wallace historique était un chevalier en armure de son siècle et non pas une espèce d’highlander en kilt qui combattait à pied et se tatouait pour la bataille comme un Picte de l’époque de la conquête romaine. Ce qui est tout de même moins grave que les libertés prises avec l’histoire et la chronologie. La future reine d’Angleterre engrossée par Wallace, c’est tout de même un peu fort. ...

    Dans « The Patriot » que j’ai beaucoup moins aimé : qui a part moi a relevé que les soldats de plomb du fils assassiné par les méchants anglais avec lesquelles le héros fond les balles de sa vengeance portent des uniformes d’au moins 150 ans plus tard ? Ou trouvé bizarre l’uniforme d’officier français porté par Tcheky Kario à la fin ? Ce qui est tout de même moins grave que les accusations excessives de massacre portées contre les anglais. Après avoir vu « The Patriot » vous saurez qu’Oradour- sur- Glane se situe en Amérique et vous aurez l’impression que la guerre d’Indépendance américaine a opposé deux peuples différents alors qu’il s’agissait de la révolte d’anglais contre leur Roi, essentiellement pour de vulgaires raisons fiscales.

    Je pourrais continuer comme ça longtemps : pourquoi dans « Gladiator », Ridley Scott qui peint magnifiquement les légions romaines affuble -t-il les gladiateurs de tenues fantaisistes alors que leurs armes et armures sont parfaitement documentés depuis longtemps ? On voit un gladiateur arborer un magnifique casque de guerrier normand du Xe-XI e siècle comme on en voit sur la tapisserie de Bayeux !

    Bien sûr, ce ne sont là que détails pour les maniaques comme moi, mais tout de même:quand on se targue de reconstitution précise, ça ne coûte pas plus cher d’aller jusqu’au bout.

    Mais enfin... tant qu’on ne tombe pas dans le ridicule du « Masque de fer » sorti il y a quelques années (je ne sais plus de qui... avec Di Caprio..) où les petits écoliers français auront appris que Louis XIV était le fils caché de d’Artagnan et que le général des jésuites était une espèce de comploteur clandestin et anonyme et qu’en fait c’était Aramis...

    Je comprends l’indignation de connaisseur de Docdory, mais on voit bien pire....

    Et les films impeccables sur le plan de la reconstitution historique, ça existe aussi... Exemple : « Master and Commander » : une merveille !


    • artemusnh 27 octobre 2018 13:17

      @pinson

      Quel rapport avec The Patriot ?? Film DE Mel Gibson veut dire « réalisé » par Gibson, pas le cas de ce film outrancier.
      Par ailleurs le film est parfaitement correct historiquement, l’empire maya étant sur le déclin au même moment que l’arrivée des conquistadors, et pratiquant à cette période des sacrifices par centaines, notamment sur des prisonniers qu’ils étaient allés chercher juste pour ça.

  • jojo (---.---.231.121) 29 janvier 2007 21:40

    la fin de l’article a failli me donner une trombose du angicoloïque de la prostate par épanchement diurétique.


  • BaK (---.---.141.80) 29 janvier 2007 23:10

    Tout cela me rapelle une parodie de «  »Les Nuls« , ayant pour objet un quelconque »Quizz" télévisé dont j’ai oublié le nom.

    La présentation du joueur rendait ceci :

    - Bonjour Monsieur X ! Alors M. X, dans la vie, vous êtes « Enculeur de mouches », c’est bien celà ?

    - Ah non, « De mouches », s’il vous plaît.

    - Oui, c’est bien celà, Enculeur de mouches...

    - AH NON, « DE mouches »

    - oui, « de mouches »

    etc, etc,etc,etc,...............


  • mangafou (---.---.137.208) 30 janvier 2007 08:39

    Je peux vous presenter aux freres Bogdanoff si vous voulez.

    Vous etes Docteur mais pas cyclopède smiley.


  • mamgael (---.---.214.43) 30 janvier 2007 08:56

    Oh la la, on s’en fout un peu de la vraisemblance scientifique, nous ne sommes pas dans une conférence scientifique mais dans un film, donc dans le 7e art, donc dans l’art et l’art n’a pas à être le reflet exact de la réalité. Pour ce qui est de l’éclipse, l’erreur est certes évidente mais nous sommes dans de la fiction, dans de la fable. Ce qui est important c’est l’histoire. Bien sûr que Gibson sait qu’on ne peut pas courir avec une telle blessure, il n’est pas un imbécile, au contraire c’est un homme très intelligent et réaliste. Vous n’aurez qu’à louer le dvd si il fait les commentaires de apocalypto, vous verrez qu’il sait tout ce que vous dîtes mais il a besoin de choses fortes pour le spectacle. Et peu importe qu’il s’agisse des mayas ou des aztèques ou que ce ne soit pas la bonne période etc... Ce qui est important, c’est de montrer l’horreur du sacrifice humain (qui se perpétue de nos jours, sous une forme différente comme l’a fait remarquer mel gibson, par ex. sous forme de guerres), ce qui compte c’est de montrer l’absence de compassion, c’est de montrer l’horreur de l’esclavage (les bâtisseurs de pyramide qui vomissent du sang) c’est de montrer la forêt qu’on abat déjà à cette époque pour construire des horreurs soi disant grandioses, c’est de montrer la vanité des civilisations bouffies d’orgueil (qu’il met en parralèle avec le monde de mr bush, entre autre) ce qui compte c’est de montrer l’amour comme moteur, etc... On s’en fiche un peu des vraisemblances, on est dans le spectacle, n’oubliez pas que gibson vient du théâtre shakespearien. De toute façon, c’est un grand cinéaste, point barre. J’ai vu ses 4 films, ils sont excellents. La passion du christ est le film le plus important que j’ai jamais vu (et je ne vois pas que des films hollywoodiens, loin s’en faut, je vois aussi des chefs d’oeuvre du 7e art ou des films d’art et d’essai, des docus etc...)j’ai toujours aimé ce mel gibson que j’ai toujours senti intelligent, vibrant, plein de spiritualité, j’ai dès le départ eu le sentiment que ce type là était bien autre chose qu’un beau gosse et ça se confirme. Tout le monde lui tombe dessus à bras raccourcis parce qu’il n’’est pas un hypocrite. On le dit fasciné par la violence, quelle stupidité !! personne à part moi ne se rend il compte que lorsqu’il montre l’horreur des blessures infligées à un corps humain, ce n’est pas de la fascination sadique ou maso MAIS de la compassion pure et simple ?? Lorsqu’on blesse Jésus de Nazareth, lorsqu’on martyrise un innocent, ne voyez vous pas que gibson pense à tous ceux qui souffrent dans leur chair y compris de nos jours ?? C’est une telle évidence et aucun de ces journalistes critiques ne le dit !!


    • artemusnh 27 octobre 2018 14:12

      @mamgael
      Merci de rétablir les choses et de remettre les choses sur le plan de l’art. Au passage, il n’y a pas d’erreur chronologique, la rencontre entre les deux mondes est plus que probable.


  • Dragoncat Dragoncat 30 janvier 2007 09:17

    Hello Doc

    Entre la lune qui n’a rien à foutre là et le javelot qui aurait du déclencher un pneumomachin qui...

    « Bon alors on fait chimie, iono, NFS et bandelette urinaire et tu préviens le docteur Green, c’est SON patient ! »

    Ha non, je me suis gouré de film. smiley

    Ben Doc, votre article m’a bien fait rigoler parce que je l’ai lu au second degré. Rassurez-moi, c’est bien comme ça qu’il fallait le lire non ?

    S’il l’a jamais été, ça fait longtemps que le cinéma hollywoodien a cessé d’être une référence d’exactitude scientifique. Heureusement d’ailleurs. Sinon John Wayne ne pourrait pas se battre avec un petit pansement à l’épaule pour couvrir la plaie par balle. Il serait en état de choc en train de pleurer quelque part et le film serait beaucoup moins intéressant. smiley

    Maintenant que vous y êtes, j’ai une angoisse et j’aimerais une enquête de votre part : il paraitrait que King Kong n’a pas vraiment existé !! :-0

    Mais pour finir sur le film de Gibson, plusieurs articles sont parus dans la presse pour dénoncer de très grandes libertés prises avec les vérités historiques, notamment dans l’approche des différentes « tribus » mayas dont il est question.

    Donc bon...

    Je me demande maintenant si la « Guerre des Etoiles » est REELLEMENT un documentaire...

    Cordialement


  • gargamel (---.---.126.182) 30 janvier 2007 09:32

    un petit message pour l’auteur... c’est du cinéma... à la fin les morts se relévent...


  • 3p (---.---.102.41) 30 janvier 2007 11:03

    -  Je vous plains sincèrement :

    Soit vous relevez systématiquement toutes les erreurs et invraisemblances des films, dans ce cas-là il vous est impossible, par définition, d’apprécier une oeuvre de fiction. Si c’est celà, vous ne devez prendre votre pied intellectuel qu’en écoutant des conférences et des cours magistraux. Il vous manque le neurone du rêve.

    Soit vous voulez nous faire comprendre que vous êtes passionné d’astronomie, et un vrai docteur en médecine, mais là, franchement, le quart de l’article et la première ligne du 2°) auraient largement suffi pour nous convaincre de votre érudition.

    Vous vous dites passionné de musique. Sans doute celle de Pierre Boulez.


  • clairette (---.---.12.123) 30 janvier 2007 13:47

    @ doctory : merci de votre article, je n’ai pas vu le film, mais cela ne m’étonne guère que les étasuniens confondent les mayas et les aztèques ! (on n’en est pas à 6 siècles près...)

    @ pinson, rassurez-vous, vous n’êtes pas le seul à avoir vu les invraisemblances que vous décrivez si bien ! et il est vrai que dans Gladiator, ou « the patriot » on a eu « la totale » ! j’étais allée voir ces films, alléchée par la mise en scène historique tant vantée par les médias, et justement pour en avoir une idée personnelle...

    Ce que vous me dites d’Apocalypto m’enlève tout à fait l’envie d’aller voir ce film puisque déjà échaudée par ce genre-là, déjà que je ne supporte pas la violence (même si on sait que c’est « pour rire » dans les film, elle évoque pour moi des scènes vécues « pour de vrai »).


    • artemusnh 27 octobre 2018 14:15

      @clairette

      Il s’agissait bien des mayas, très chère, n’en déplaise à ton mépris des « étatsuniens ». Mel Gibson a raison, pas ce « journaliste » de pacotille.
      Si vous êtes suffisamment sotte pour aller voir un film historique pour sa reconstitution, oubliez Ridley Scott et consors, ce sont des artistes, ils ne sont pas là pour vous faire plaisir mais pour utiliser un décor fantasmé pour toute autre chose : l’art, un contexte au service d’une histoire fictionnelle et d’un propos. Vous n’avez certainement rien compris à Titanic non plus.

  • docdory docdory 30 janvier 2007 15:00

    Certains commentaires laissent supposer que je n’ai pas aimé ce film . En fait , je l’ai trouvé très bon , je le dis d’ailleurs à la fin de l’article .

    Le cinéma , comme tous les autres arts , s’adresse essentiellement à l’hémisphère droit du cerveau , celui qui régit les émotions , et non pas à l’hémisphère gauche , qui s’occupe de la « froide » logique . Lorsque je vais voir un film , je laisse comme tous le monde mon hémisphère gauche en veilleuse , ce qui fait que j’adore Star Wars ( bien qu’on y entende contre toute logique le bruit des moteurs de fusée dans le vide spatial )

    Néanmoins , même si je laisse comme tout le monde mon hémisphère gauche en veilleuse , il peut se réactiver inopinément au cours de n’importe quel film , c’est ce qui s’est produit lors de la projection d ’Apocalypto : après un instant de stupeur initial , j’ai éclaté de rire en voyant la pleine lune . Comme j’étais le seul dans la salle à rigoler à ce moment plutôt dramatique du film , j’ai voulu faire partager à d’autres mon hilarité , c’est pour ça que j’ai écrit cet article , qui n’est nullement une critique sur le fond de ce film . Les gags cinématographiques involontaires font aussi partie de la magie et de la poésie du cinéma , il y a plusieurs sites qui leur sont d’ailleurs consacrés ( erreursdefilm.com , moviesbugs etc... ).

    On ne pourait pas reprocher par exemple à un musicien professionnel d’entendre toutes les inévitables fausses notes lorsqu’il va voir un concert , ce n’est pas pour cela qu’il n’aimera pas ce qui ce joue devant lui !

    Effectivement , Apocalypto est un film par ailleurs très bien réalisé , avec une reconstitution saisissante de cette cité maya , et l’idée d’une version originale en Yucatèque est particulièrement géniale . Il y a une certaine portée philosophique du film , qui semble considérer la violence comme porteuse et annonciatrice de la fin des civilisations .

    On note d’ailleurs ( mis à part Tintin ) d’autres allusions et clins d’oeil cinématographiques multiples : lorsque Patte de Jaguar traverse cette accumulation de cadavres en putréfaction , cela évoque fortement une scène du film « la déchirure » dans lequel le héros piétine une accumulation d’ossements dans sa fuite . On pense aussi à ces monceaux de cadavres dans les films documentaires qui ont été tournés lors de la libération des camps de concentration , et ont été projetés au procès de Nuremberg . La scène de l’égorgement du père du héros rappelle sinistrement celle de l’égorgement d’un otage par des fanatiques , diffusée sur internet .

    L’une des idées fortes du film est celle de la religion comme catalyseur et amplificateur de la violence .

    Lors de l’éclipse , le grand -prêtre déclare que le dieu Kuculcan estime que la Terre a bu assez de sang .

    L’humanité entière attend avec impatience qu’un autre dieu , que je ne nommerai pas , et qui sévit actuellement , déclare lui aussi à ses sectateurs que « la Terre a bu assez de sang » ... Ca risque d’être long ...


    • artemusnh 27 octobre 2018 14:24

      @docdory

      Très triste. NON, le cinéma ne s’adresse pas qu’à l’hémisphère droit, les émotions. Sinon point de Verhoeven, de Cronenberg, de Leone ou de Scorsese, de Fritz Lang ou de Bergman. Le cinéma n’est pas une simple histoire dans laquelle on se plonge, ce sont souvent des plans avec un sens (y compris dans les films américains), une séquence qui bouleverse le propos, un cadrage qui remet tout en question.
      Il n’y a rien d’involontaire dans la présence de la Lune à ce moment. Vous confondez la narration et le scénario : ces deux moments n’arrivent pas forcément en même temps.
      Aussi, il se trouve que cet épisode de l’empire maya (c’est bien les mayas) est relayé par beaucoup d’historiens du sujet, à savoir une longue période de sacrifices humains alors que l’empire décline. Ce moment coïncide avec l’arrivée des premiers conquistadors, les deux se sont certainement croisés, il est donc évidement et légitime qu’un artiste s’en serve pour un lourd et intelligent parallèle avec notre époque, que votre cerveau vous aurait permis de comprendre, eussiez-vous pensé qu’il fût utile pour comprendre l’art.

  • Lorenzo 06 (---.---.208.194) 30 janvier 2007 21:09

    A vous lire tous, il en ressort que deux mondes s’opposent. Celui de la réalité vraie et celui de celle que l’ont voudrai VRAIE. Scientique de formation cela ne m’a pas empéché de pouvoir pleurer en voyant Star Wars (propagation sonore impossible dans le vide spontanément éludée) ou d’apprécier des films aux erreurs flagrantes. Le 7 ème art est avant tout un média de divertissement. Reprocherez-vous aux magiciens de faire rêver sous pretexte qu’ils ne montrent que des impossibilités sicientifiques ? Si rien ne fait vibrer notre coeur (ventricule gauche ou droit tout confondu) quelle raison lui reste t’il de battre ?. Trop de raison tue la raison. Si le message est louable, lachons la bride sur la façon de le formuler. Il reste que le jour ou la terre n’aura plus de sang à boire sera un jour de - science fiction.


  • (---.---.102.41) 31 janvier 2007 08:15

    Et quand vous faites l’amour, vous modifiez le réglage de vos deux hémisphères ?


  • Philippe (---.---.30.247) 1er février 2007 09:17

    Quels commentaires pontifiants et totalement inutiles. Ca sent le prof de collège !


  • Ulysse (---.---.104.147) 3 février 2007 11:06

    Cela dit ce n’est pas Tintin qui a inspiré l’épisode de l’éclipse ; Hergé, tout comme Gibson, ont songé très probablement à l’épisode qui est survenu à Christophe Colomb, le 29 février de l’an 1504, lors de son quatrième voyage, sur la côte de la Jamaïque ; Colomb, en cette circonstance, prédit une éclipse aux Indiens afin de les impressionner et d’obtenir des vivres qui lui faisaient défaut. Dans The Patriot, il convient de rappeler que ce ne sont pas des soldats anglais qui massacrent leurs adversaires, mais bel et bien des Allemands, originaires de Hesse qui constituaient l’essentiel de l’armée britannique ; les origines de la famille régnante, apparentée aux Orange, explique en partie le recrutement de mercenaires allemands ; l’intérêt du film est de montrer de quelle manière les colons d’Amérique, incapables d’affronter une armée disciplinée, formée aux méthodes prussiennes (Frédéric II), selon les tactiques employées sur les champs de bataille européens, inventent la « guérilla » (des groupes de citoyens, les « minute-men » harcèlent les convois britanniques) ; du point de vue historique The Patriot est mieux réussi que Braveheart, film de propagande ; quant aux atrocités, si l’on se réfère à celles de la guerre de Trente ans, à celles des guerres de Vendée, ou encore de la guerre d’Espagne immortalisée par Goya, notre époque n’est que la continuatrice d’une tendance engagée depuis les origines. Le film Patriot avec Mel Gibson, nous montre un personnage qui hésite à se mêler à la révolte des colons américains car il a participé aux guerres contre les Français (qui rappelons-le, à cette époque, possèdent la majeure partie des terres colonisées [La Louisiane] ; les souvenirs particulièrement sanguinaires de ces carnages au tomahawk lui reviennent par intermittence sous la forme de flash-backs. La France, durant tout le XVIIIe siècle, tente de préserver ses positions dans le Nouveau Monde. En 1754, une troupe d’Anglais commandés par George Washington rencontre un détachement français dirigé par Joseph Coulon de Jumonville ; celui-ci s’avance pour parlementer. Il est abattu par traîtrise avec neuf de ses hommes (comble de l’ironie, c’est ce même Washington qui sera aidé par les Français lors de la Guerre d’Indépendance). Cet incident marque les prémisses de la terrible guerre de Sept Ans (1756-1763) qui ensanglante l’Europe et aboutit à la perte du Canada et des territoires français de l’Inde.


    • Ulysse (---.---.104.147) 3 février 2007 11:14

      Le Masque de fer avec Di Caprio ne prétend nullement à la vérité historique puisqu’il s’agit en fait... de l’adaptation du roman d’Alexandre Dumas, « Le Vicomte de Bragelonne » qui fait partie de la fameuse trilogie des Trois mousquetaires. Alexandre Dumas, à qui un critique, dans un salon, réprochait de violer l’Histoire, lui répondit avec verve - Certes, je viole l’Histoire, mais qu’importe à condition de lui faire de beaux enfants ! Le bobard selon lequel le masque de fer n’était autre que le jumeau de Louis XIV est l’oeuvre de Voltaire, toujours prêt à mettre en cause les turpitudes de la monarchie afin de destabiliser l’ancien régime.


    • pinson (---.---.249.121) 4 février 2007 02:55

      @ Ulysse, je suis assez d’accord avec vous sur « the patriot », mais je persiste et signe : dans le film ce sont des dragons anglais et non des allemands qui perpètrent ce massacre rappelant bizarrement Oradour. Puisque vous avez l’air de connaître assez bien le sujet, merci de me préciser si de tels actes ont eu lieu dans cette guerre, il ne me semble pas mais je peux me tromper.

      Ce que je voulais dire c’est qu’à mon avis le film amplifiait artificiellement les antagonismes en noircissant les anglais plus que de mesure, probablement parce qu’Hollywood considère le public comme incapable de comprendre les raisons historiques d’un conflit en dehors d’un manichéisme basique gentils contre (très) méchant. Voir dans le même ordre d’idées la stupidité totale et quasi-criminelle du Jeanne d’Arc de Luc Besson où Jeanne décide de guerroyer contre les anglais pare qu’ils ont violé et assassiné sa soeur !

      Je comprends qu’on prenne des libertés avec l’histoire, mais là les limites sont franchies !

      Quant au « masque de fer », désolé, mais je connais bien le « vicomte de Bragelonne » et je n’ai vu qu’un rapport très très lointain avec le scénario de cette daube.

      Alexandre Dumas n’aurait jamais été jusqu’à raconter que Louis XIV était le fils de d’Artagnan. Il brodait sur les chapitres secondaires ou méconnus d’une Histoire connue, qu’il respectait pour l’essentiel.

      Pour reprendre le mot de Dumas que vous citez « on a le droit de violer l’histoire si c’est pour lui faire de beaux enfants » : il dit bien « de beaux enfants », pas des monstres difformes.


  • Ulysse (---.---.237.112) 4 février 2007 19:31

    Le film « Le Masque de fer » est bel et bien une adaptation du « Vicomte de Bragelonne » de Dumas. Je n’ai jamais dit qu’il s’agissait d’une adaptation fidèle et respectueuse (ce qui est rarement le cas ! surtout quand Hollywood se mêle de faire des adaptations grand public ! Mais les Français suivent ce mauvais exemple : Didier Decoin, par exemple (pourtant grand romancier autrefois, auquel on devait cet excellent prix Goncourt, « John l’Enfer »), lorsqu’il adapte pour la télévision « Le Comte de Monte Cristo » (avec Depardieu)ne fait guère mieux (fin grotesque qui ne respecte en rien le roman de Dumas). De ce point de vue, on peut également dire que « Les Charlots mousquetaires » ou encore ce chef-d’oeuvre désopilant qu’est « L’étroit mousquetaire » avec (& de) Max Linder (muet, en 1922)sont également des adaptations de Dumas. Ce que je voulais dire, c’est qu’une adaptation n’a pas forcément besoin d’être fidèle dans la mesure où l’auteur originel n’a pas recherché cette fidélité historique.


  • Ulysse (---.---.191.72) 5 février 2007 09:47

    Pour ce qui est des exactions commises par les Anglais en Amérique, on peut se référer, par exemple, à l’article « Guerre d’Indépendance » de Wikipédia : « Exactions des Anglais dans la Caroline et la Géorgie Le général anglais Prévost vint rejoindre Campbell, et le chef des milices américaines, Lincoln, fut forcé de leur abandonner, avec la Géorgie, toute la Caroline du Sud. Les Anglais faisaient de ce côté une guerre d’extermination qui soulevait contre eux les populations, aussi le général Lincoln put-il bientôt reprendre l’offensive et forcer l’ennemi à lever le siège de Charleston (mars 1779). En même temps, sir H. Clinton envoyait des détachements sur les côtes de la Virginie et de la Nouvelle-Angleterre pour tout ravager. Ce général concentra ses troupes sur le bord de l’Hudson et vint attaquer les forts de Verplanck et de Stoney-Point. Cette dernière place fut prise, puis reprise par Wayne. Le lieutenant-colonel de Fleury se précipita le premier dans les retranchements qu’il avait fait construire et saisit le drapeau anglais. Les Américains accordèrent la vie sauve à la garnison anglaise, bien qu’elle eût commis d’horribles massacres. Washington dut pourtant abandonner ce poste après en avoir enlevé les munitions et en avoir détruit les défenses. » C’étaient des choses assez habituelles au XIXe siècle, époque où les « conventions de Genève n’existaient pas, même si on pratiquait « la guerre en dentelles » (sic). Il suffit de se rappeler l’opinion de Voltaire au sujet de la guerre (voir, par exemple, Candide). Les civils étaient aux premières loges lorsqu’ils se trouvaient sur la route d’une armée qui, de plus, se ravitaillait sur l’habitant. L’exactitude des costumes dans « The Patriot » est acceptable car les Américains sont très attachés à cette période historique qu’ils reconstituent assez volontiers. On peut pour s’en convaincre consulter la version « collector » du film où l’on explique les choix vestimentaires. Mais ce film n’est nullement un film de propagande car il a été tourné par... Roland Emmerich et non pas Mel Gibson (bien que ce dernier y ait probablement adhéré dans la mesure où les Anglais y sont peints au noir [Gibson est un activiste écossais anglophobe]). Sa passion du Christ est souvent grotesque (ne parlons pas des costumes) ; le spectateur non averti ne sursautera pas lorsque Jésus passe inopinément de l’araméen au latin (à cette époque, à l’instar de la nôtre où tout le monde parle anglais, la langue véhiculaire de l’Empire était le grec ! Ce qui est d’autant plus vrai dans la partie médio-orientale de la méditerranée : Jésus, on le sait d’après les Évangiles qui relatent « la fuite en Égypte » (les véritables raisons de cette fuite figurent dans les bouquins de Gérald Messadié), a probablement longtemps séjourné à Alexandrie où se trouvait une importante colonie juive (qui est à l’origine de la « Bible des Septantes », traduction en grec de l’ancien Testament). Comme toute personne cultivée, Jésus s’exprimait en grec. Mais ceci n’est qu’un détail. Gibson ne fait qu’ « adapter » les passions d’Outre-Rhin. Ridley Scott est un excellent metteur en scène que j’admire énormément (« photographie » superbe), mais l’exactitude historique n’est plus guère au rendez-vous depuis qu’il travaille pour Hollywood (le pitoyable « Gladiator » qui ne vaut que par la reconstitution initiale de la bataille contre les Germains, « La Chute du faucon noir » qui n’est qu’un film de propagande (20 ou 30 millions d’adversaires tués, si j’ai bien compté), « Kingdom of Heaven » presque parfait s’il n’était gâché par son dénouement qui n’a rien d’historique). Son seul bon film (historique) est « Duellistes », admiré par Jean Tulard : il est vrai qu’il est adapté très fidèlement de la nouvelle de Joseph Conrad et que les références iconographiques au préromantisme ainsi que le final qui évoque Caspar David Friedrich sont superbes. Il n’a coûté, à l’époque (1977) que 900 000 $. « Gladiator » est le « remake » (encore une adaptation !!!) de « La Chute de l’Empire romain », mais totalement vidé de sa substance (l’intrigue complexe a été réduite à la dimension de ce qu’un spectateur nouvelle génération peut comprendre avec les 5000 mots qui constituent, pour les plus performants, tout son vocabulaire). Pourtant, en cette période électorale, la fin de « La Chute de l’Empire romain » mériterait d’être méditée... le général Livius qui vient de tuer Commode s’éloigne après avoir arraché du brasier la fille de Marc-Aurèle ; les sénateurs corrompus tentent de le retenir : « 3000 000 de sesterce si tu acceptes d’être notre Empereur... - Non, 4000 000... » Mais impavide , Livius s’éloigne avec mépris. Parmi les bons films historiques, il y a « Gettysburg », malheureusement introuvable en France (quatre heures de véritable plaisir). Quant à « Apocalypto (titre éminemment ridicule !) pourquoi personne n’a-t-il donc songé à adapter « Azteca » de Gary Jennings, l’un des meilleurs romans historiques (avec « Neropolis » de Hubert Monteilhet) ?


  • Ulysse (---.---.191.72) 5 février 2007 10:24

    Dragons anglais ou dragons allemands ? En fait, tout mercenaire porte l’uniforme du pays qu’il sert (quoique chaque régiment ait un uniforme distinctif, mais conforme à celui de son Armée) et seule la dénomination du régiment rappelle parfois son origine. Ansi, lors de la prise de Yorktown (qu’on voit à la fin du film « The Patriot » : bien racontée dans le film de Jean Dreville [1966] « LaFayette » [incarné par Michel Le Royer]) il y avait des régiments Allemands dans les troupes françaises (on connaît le « royal allemand » commandé par le Prince de Lambesc au moment de la Révolution de 1789)et ceux-ci s’adressaient dans leur langue d’origine aux soldats de Hesse qui servaient le roi George sous l’uniforme rouge. Cela facilitait parfois la capture des soldats ennemis. Il y avait également des Indiens et des Noirs (enrôlés de force par les Anglais.


    • Ulysse (---.---.191.72) 5 février 2007 10:31

      Le mérite du film de Gibson aura été de remettre à la mode les Mayas : un excellent numéro hors-série du Figaro est à signaler, de même que chez Tallandier, qui restructure actuellement ses collections historiques et nous propose de superbes ouvrages, LES MAYAS d’Arthur Demarest.


  • Saad (---.---.73.179) 12 février 2007 22:48

    Disons que d’autres erreurs sont a notter... D’un autre coté, une scène en pleine nuit en contre plongée sans avoir le contre jour de la lune pour pouvoir discerner l’action est assez problèmatique ... ^^ Sinon pour la fin, rien comprit


  • prgrokrouk 21 mars 2007 15:05

    Vous savez, c’est incroyable, cette course aux effets, au toujours plus, aux superlatifs, aux surenchères. Mais il n’est pas facile d’avoir un rôle pour l’homme ordinaire, à qui on prête à l’occasion de la « dignité », comme s’il fallait aller se consacrer en veillant nuit et jour, corps et âmes aux intérêts et bonnes affaires de quelqu’être exceptionnellement reconnu, qui serait définitivement un Autre. Mel Gibson, excellent acteur est un metteur en scène peu interressant aux scenarii vraiment chargés. Personne n’a dû lui dire. Je me rappelle du très bon Mad Max, un film intelligent sur la Thérapie de la Psychose, si je me rappelle bien.


    • artemusnh 27 octobre 2018 13:07

      @prgrokrouk
      En français, on ne dit pas scenarii, mais des scénarios. N’y-t-il pas un accent à scénario, déjà ? Bref, ça fait cultivé de dire scenarii, mais c’est faux sur toute la ligne.


  • artemusnh 27 octobre 2018 13:04
    Réaction pas du tout documentée : d’une part, il est clairement considéré que justement le déclin (notamment cette énorme période de sacrifices humains) de la civilisation maya a coïncidé avec la fin du XVème siècle ou le début du XVIème, d’autre part, l’aspect scientifique pèse peu dans une OEUVRE-D’ART, pour laquelle le symbole l’emporte sur les faits, le discours cinématographique sur le scénario, et heureusement !
    Donc quand on ne connait pas l’Histoire ni les principes basiques de l’art (abstraction, licences poétiques, sens des plans), on s’abstient de donner son avis, avis qui montre par ailleurs qu’on a rien compris du tout au propos du film.
    Sinon, si vous voulez vous intéresser à la civilisation maya (le propos du film n’est pas là, le but de l’art n’étant PAS la connaissance), il existe des choses qu’on appelle des « documentaires ».

  • magma 7 novembre 2018 18:08

    Bonjour,

    merci à tous de ces réactions qui m’ont bien fait rire, quelle intelligence et quel humour chez certains, beaucoup de remarques très justes et d’autres semblant émaner de personnes n’ayant pas vu le film et ayant amalgamé plus ou moins bien des choses écrites à son propos... Apocalypto est une réalisation exceptionnelle et à mon avis un film d’une grande intelligence (comme Braveheart) et d’une grande humanité. C’est effectivement une fiction artistique et non un film documentaire ou une reconstitution. Reproche-t-on à Shakespeare des invraisemblances ? La plongée dans une société humaine primitive vivant au plus près de la nature est sidérante, la violence certes très difficile à supporter n’est pas étalée pour en jouir mais pour en montrer toute l’horreur. La manipulation du peuple de la grande cité par le « roi » et ses « prêtres » à l’aide de connaissances astronomiques bien montrée.

    Tous ces échanges me donnent envie de voir « la passion du christ » que j’avais toujours refusé de voir à cause de ce qui en avait été dit à sa sortie. je cours à la FNAC !


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