Après Ramallah
Vous est-il déjà arrivé de sortir d’une séance ciné groggy, choqué par ce que vous venez de voir, au point de déclencher une remise en question complète de votre existence. Et bien c’est ce qui m’est arrivée, après la lecture du tout premier roman de Mathilde Vermer : « Après Ramallah ».

Elisa, jeune Française, fraichement diplômée d’un Master en relations internationales, débarque en Cisjordanie pour travailler au sein d’une ONG afin de mettre ses ambitions « pacifistes » à l’épreuve de la réalité. Là-bas, elle rencontrera des hommes, des femmes, des Palestiniens, des Israéliens et Youssef, un jeune leader gauchiste qui la trouble, tous ont un rêve en commun : la paix.
Le livre se présente comme un journal intime. La protagoniste, exilée en Inde après le décès de Youssef, raconte par vagues son histoire à un ami. On attendra impatiemment donc le dernier volet des révélations, qui apparaissent à la fin du livre, pour comprendre le lien qui unissait les deux personnages.
Loin d’être une histoire d’amour à l’eau de rose, ce livre relate la survie de chaque côté d’un mur qui effraie, divise, sépare des familles, les paysans de leurs terres…
Elisa est l’anti-héroïne par excellence. Ignorante et arrogante, elle débarque en zone de conflit pour donner « un sens à sa vie ». On découvre le conflit israélo-palestinien de son point de vue (bien différent de celui des médias. Pleine de préjugés, de soupçons, et de naïveté au début, Elisa paraît, tour à tour, détestable et attachante. Je me surprends à juger la protagoniste. A sa place, comment est-ce que je réagirais… ?
Pour son premier roman, Mathilde Vermer réussit à nous entrainer dans ce voyage tragique mais passionnant. On rencontre de nombreux personnages, de chaque côté, plus intéressants les uns que les autres. On sent sur notre peau le soleil du Moyen-Orient, la poussière des plaines arides, le parfum des oliviers, le gout de l’houmous, comme si on y était. On se sent emprisonné dans le statut difficile que connaissent les habitants de la Cisjordanie, de la Bande de Gaza.
Avec une écriture jeune et dynamique, sans jamais prendre parti dans un sujet sensible comme celui-ci, Mathilde Vermer réussit son premier voyage littéraire en zone à risque et nous livre ici un ouvrage qui nous remet les idées en place.
Citation à retenir : « Il y a des douleurs qui ont beau faire mal, elles sont minuscules face à la grandeur de l’Histoire ».
Melissa Reverso
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