Au FIL, la grogne des bagadoù monte
Un projet de loi bientôt en discussion à l’Assemblée déchaîne les passions dans nombre de festivals et particulièrement au Festival interceltique de Lorient.
Ce projet consiste, dans son énoncé, à favoriser la reconnaissance et le développement de la pratique amateur, et la nécessité d’un cadre juridique clair qui évite des pratiques déloyales à l’égard du secteur professionnel.
Dans les faits, ce texte veut limiter la pratique amateur à sa plus simple expression, l’exclure du domaine professionnel, la raréfier dans le temps, éloigner tout professionnel d’une pratique parallèle, la réduire à un simple loisir occasionnel.
Pour cela, la DMDTS (Direction de la musique, de la danse, du théâtre et des spectacles) et le ministère ont élaboré un ensemble d’articles visant à éloigner les amateurs du champs professionnel en basant l’argumentaire sur la lucrativité des événements culturels.
Ainsi, l’amateur (ou le bénévole) qui se produit ou travaille dans le cadre d’une action culturelle lucrative doit nécessairement être déclaré comme salarié et être assujetti aux conventions collectives afférentes. Par lucratif s’entend, suivant le texte, une action régulière ou n’étant pas limitée en nombre de représentation.
D’autre part, la publicité pour une manifestation amateur ne peut se faire par l’intermédiaire de professionnels spécialisés.
Lisardo Lombardia, directeur du Festival de Lorient, monte au créneau :
« Il est impossible de faire une fiche de paye par personne et de payer les charges pour chacun, cela aurait un coût financier trop important pour les groupes ».
Le milieu musical breton est en émoi et les mouvements d’hostilité à l’endroit de ce projet progressent, contenus jusqu’alors en Bretagne, déjà des voix s’élèvent en d’autres lieux, au Jazz in Marciac certains grondent après le Cognac Blues Passion et les Vieilles Charrues.
Non seulement, ce projet de loi remet en cause les structures de chaque grand festival, mais limite à la portion congrue toutes activités péri-scolaires (autrement mises à mal par les dernières décisions du ministère de l’EN), toutes actions régulières menées par les associations de spectacles ou les intervenants individuels. En effet, un musicien qui se produirait périodiquement pourrait être considéré comme professionnel, une association qui organiserait des concerts à dates fixes et répétées pourraient se voir obligée à salarier ses bénévoles.
Dans le même ordre d’idée, un professionnel qui agirait dans un cadre amateur ne pourrait le faire qu’hors ses compétences professionnelles, un musicien ne pourrait plus participer à quelconque ensemble amateur s’il tire ses revenus habituels de la musique, idem pour un comédien ou artiste de scène en général.
De plus, les défraiements généralement accordés dans le cadre associatif aux intervenants bénévoles seraient soumis à justificatifs, fini le repas collectif, la bière gratuite ou le plein d’essence, les amateurs devront assumer leurs dépenses en totalité.
Définitivement, ce projet semble annoncer la mort des amateurs bénévoles, au seul profit des intermittents du spectacle non conscients du risque encouru à raréfier les manifestations culturelles dans lesquelles ils sont intégralement partie prenante.
Cette future loi est un enterrement de première classe pour les spectacles vivants et la liberté d’expression, alors que les subventions accordées au monde associatif culturel n’ont jamais été si faibles, le gouvernement et Mme Albanel offrent la couronne mortuaire.
Lien annexe
Lien annexe
Lien annexe