lundi 10 janvier 2022 - par CHALOT

Avant que le monde ne se referme

« Avant que le monde ne se referme »

roman écrit par Alain Mascaro

Editions Autrement Littératures

245 pages

août 2021

 

 

Pour eux, il n'y avait pas de limites géographiques, ils franchissaient les frontières et les obstacles, comme les fils du vent qu'ils étaient et qu'ils sont encore, même si cela est plus difficile aujourd'hui avec un monde qui se referme.

Qui sont ces fils du vent ;ces tziganes qui sont ici aujourd'hui et là demain.

L'auteur qui a parcouru le monde, nous conte une histoire dramatique, celle d'Anton et de toute sa famille et de son cirque.

Le lecteur fait connaissance avec ces gens attachants qui passent d'une région à l'autre pour traverser le monde.

 

Malheureusement, c'en est fini de l'insouciance, de la liberté de venir, ils sont de plus en plus contrôlés et la guerre mondiale commence avec ses atrocités, la barbarie nazie qui ravage tout.

Anton, le dresseur de chevaux, adolescent, presque adulte protège le chapiteau et ce qui en reste avant de se retrouver en Pologne, avec sa grande famille dans un camp.

Les tziganes ont leur espace, les juifs le leur.

Ils n'ont pas le droit de se mélanger.

Toute la famille et tous les amis d'Anton meurent, les uns après les autres, certains victimes de la dysenterie, d'autres sous les coups ou sous les balles de leurs bourreaux.

Le calvaire commence pour lui, il se « réfugie » avec une fausse identité chez les juifs et devient l'un des leurs.

C'est Simon , son ami, médecin juif qui lui a fait cette étonnante proposition :

« Simon était persuadé qu'on allait liquider le ghetto tzigane d'un jour à l'autre. Aux yeux des allemands, les Tziganes ne représentaient en effet qu'une masse bigarrée difficile à gérer, une source d'ennuis sans cesse renouvelée.... »

Nous sommes plongés dans l'horreur des camps d'exterminations des tziganes puis des juifs, des lieux abominables où l'homme est broyé, exterminé ou c'est du chacun pour soi qui côtoie des gestes de solidarité.

Ce roman raconte le martyre de ces gens, la longue marche qui conduit des nuées d'hommes et de femmes à être conduits sur les routes, d'un camp à l'autre eu moment de l'avance des troupes alliées.

 

Beaucoup trouveront sur le chemin une des morts les plus atroces qui soient : la faim, la fatigue physique et l'exécution.

Cette page de la vie des tziganes est peu connue par le commun des mortels, comme sont peu connus leur résistance et le retour des rescapés à la vie d'avant ou presque.

Des centaines de milliers d'entre eux sont morts en déportation.

 

Le roman raconte cet enfer et aussi la force considérable que possède Anton qui, affaibli et meurtri dans sa chair et dans sa tête va se reconstruire difficilement pour reprendre la route avec quelques rescapés retrouvés et de nouveaux amis.

 

Rien n'arrête les fils du vent.

 

Cette histoire dramatique, inoubliable, racontée avec talent par l'auteur laisse des traces.

Elle nous permet de découvrir ou de mieux connaître un des peuples peu connus qui est l'une des richesses humaines et sociales de notre Terre.

 

Jean-François Chalot



4 réactions


  • bonnot 10 janvier 2022 19:29

    C’est un grand peuple qui a beaucoup souffert.


  • Staniszewski Staniszewski 10 janvier 2022 19:57

    Et penser qu’avant le doublet de guerres mondiales l’Europe avait tout pour réussir à vivre durablement en paix : grands découverts scientifiques, avancés technologiques, la nature encore belle et riche, de ressources, éducation de plus en plus accessible pour tous, idéologies nouvelles, etc.

    C’est qu’il avait manqué c’est l’intelligence de nous unir et ce qui avait pris le dessus c’est la propension à nous diviser...

    Il me semble qu’aujourd’hui nous sommes incapables à en tirer la leçon... !

    Hommage aux victimes de ces guerres.


  • xana 10 janvier 2022 20:28

    Merci JF Chalot de nous avoir rappelé le martyre des ces pauvres gens.

    Même ce martyre leur a été volé par un autre « peuple victime » qui en a fait sa raison sociale et en tire de jolis revenus. Pas pour les gens exterminés, mais pour ceux qui trouvent toujours le moyen d’en profiter.

    Pour en revenir aux Tsiganes, en Europe de l’Est (où je vis) leur situation reste précaire, semblable à celle des Indiens d’Amérique du Nord.

    Dans mon village ils ne comptent pas, pourtant ils sont maintenant la majorité en nombre. Ce sont d’anciens esclaves, et cela se sent dans le regard de leurs concitoyens. Il y a toujours une menace de pogrom dans l’air.


  • Pauline pas Bismutée 11 janvier 2022 16:03

    Oui, c’est bien triste, et il y a eu aussi les pacifistes, les témoins de Jéhovah, les handicapés, les homosexuels (pas encore autorisés a vivre en paix partout !)...


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