samedi 20 juillet 2013 - par Sylvain Rakotoarison

Chagall ou la passion des couleurs

Plus que quelques heures pour savourer (dans la foule) les succulentes œuvres de Chagall.

Marc Chagall, peintre à l’âme à la fois russe, française et américaine, est né le 7 juillet 1887 près de Vitebsk et mort le 28 mars 1985 à Saint-Paul-de-Vence, à plus de 97 ans. Un siècle de passion pour la peinture qu’il a exprimée comme une façon de vivre, de découvrir, d’observer, de réfléchir, d’analyser… : « J’ai choisi la peinture : elle m’était aussi indispensable que la nourriture : elle me paraissait comme une fenêtre à travers laquelle je m’envolerais vers un autre monde » (mars 1958).

Il a vécu plusieurs guerres, connu plusieurs patries, a dû s’exiler plusieurs fois pour éviter d’être arrêté, mais ce qui l’a le plus touché, c’était la mort de sa muse Bella en 1944, juste après la Libération de Paris. Chagall a peint comme le siècle a vécu, avec ses tourments et ses espoirs, ses angoisses et ses rêves.

Le Musée du Luxembourg propose du 21 février au 21 juillet 2013 quelques magnifiques tableaux du peintre, sur le thème "Une vie entre guerre et paix".

Le visiteur peut ainsi retrouver dans les étroites salles de ce musée le festival des couleurs de Chagall, que ce soit des teintes sur le bleu et vert que du rouge ou encore des tableaux multicolores. Les compositions sont très riches, complexes, avec de multiples éléments qui se laissent apprivoiser dans une contemplation qui peut durer longtemps. L’expression y est parfois naïve, souvent surréaliste, toujours émouvante.

Les thèmes sur le judaïsme et la Bible reviennent souvent, des paysages aussi, sur sa Russie natale (future Biélorussie), sur Paris, où il reprend souvent la Tour Eiffel par exemple.

On aperçoit également tout un bestiaire qui entre en résonance avec ses œuvres, que ce soit la chèvre ou le chevreau, le coq, le chat, l’âne, le poisson, etc.

Et puis, bien sûr, les grands thèmes "classiques", à savoir la guerre, la mort, le deuil, la nostalgie, mais aussi l’amour, la joie, la vie et la paix qu’a été sa vie mouvementée au sein d’un amour dont l’arrêt brutal le plongea dans une insurmontable chagrin.

Chagall est un peintre avec un style très particulier et souvent reconnaissable, mais en même temps, son œuvre est très diversifiée, prolifique, sur une très longue période (plus de soixante-dix ans), ce qui en fait un témoignage bouleversant et très riche de ce saignant XXe siècle.

Pour ceux qui n’ont pas eu l’occasion d’aller visiter cette exposition, je présente ici quelques œuvres qui m’ont touché, sans prétention autre que de donner un petit aperçu sympathique de l’exposition.

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Le première œuvre, en encre de Chine, "Homme avec son chat et femme avec enfant" (1914) montre dans sa sobre cruauté une petite famille devant s’exiler. On voit un petit chat qui semble l’être le moins humilié.

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La "Vue de la fenêtre à Zaolchie" (1915) donne un aperçu de la vie russe, avec la forêt de bouleaux visible de la cuisine, les carreaux criant de vérité et des visages sans joie.

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Une vie qu’on imagine aussi dans "Bella et Ida à la fenêtre" (1916), une fenêtre donnant sur la plaine et les champs, dans une chambre sobre, une atmosphère qui apporte simplicité et sérénité avec l’arrivée au monde de la fille de Chagall.

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"Abraham pleurant Sarah" (1931) et "Abraham prêt à immoler son fils" (1931) font partie d’une série de tableaux représentant des scènes bibliques. Les scènes sont a priori d’une grande tristesse mais la composition et les couleurs les rendent surtout émouvantes et nourries d’espérance.

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Parmi les œuvres marquantes de Chagall, beaucoup sur les Juifs comme "La Thora sur le dos" (1933) à une époque où la Shoah était en train d’être conçue en Allemagne.

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"À ma femme" (1938-1944) est un tableau très riche où les sentiments contrastés se mêlent à la fatalité. L’amour, la mort, l’heure venue… La mort de sa femme fut un très grand traumatisme pour le peintre.

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"Songe d’une nuit d’été" (1939) reprend un thème assez fréquent chez Chagall, le chevreau (ou la chèvre). Les couleurs sont vives, avec un mélange de blanc, de bleu, de jaune, de vert et d’orange/rouge.

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Dans "Paysage (fait à Cranberry Lake)" (1944), Chagall se met lui-même en scène dans un tableau qui recèle de nombreux détails intéressants, avec les mêmes couleurs que le précédent sauf le blanc remplacé par le noir.

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Tableau également très riche en nombreux détails pour "La Résurrection au bord du fleuve" (1947) où l’on aperçoit entre autres une chèvre en dessous du Christ crucifié couché, une lune, une barque, toujours le chandelier, etc.

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"Le Roi David" (1951) reprend une scène biblique remise à la sauce Chagall, avec une composition que ne renierait pas Dali même si le style est bien sûr très différent.

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Parmi de nombreux tableaux représentant Paris, "Le Monstre de Notre-Dame" (1953) paraît particulièrement poignant, en bleu nuit, dans un ciel éclairé par la lune et l’amour, une gargouille chèvre prenant la pose du penseur de Rodin sur une tour de la cathédrale de Paris.

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Avec "Esquisse pour le Nu rouge" (1955), Chagall replace les deux êtres dans un décor parisien, nocturne et lunaire, avec à droite la Tour Eiffel. Le rouge saisit les sens.

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Avec "Esquisse pour La Vie" (1964), parmi quelques-unes du même style exposées à cette occasion, c’est la fête et la joie qui se dégage de ces "graffitis". On dirait une de ces scènes qu’on montre aux enfants pour leur demander de trouver des petites détails.

Malgré la guerre, le deuil, les travaux de Chagall, c’est globalement une œuvre qui apporte aux visiteurs cette vitalité, le mouvement, le dynamisme et surtout, l’espérance.

Évidemment, tout cela n’est qu’un très petit échantillon de ce que le visiteur a pu admirer à l’occasion de cette petite rétrospective de Chagall.

L’exposition "Chagall, une vie entre guerre et paix" se termine le dimanche 21 juillet 2013. Il est très probable que la foule se pressera pour les derniers jours.

C’est au Musée du Luxembourg, 19 rue de Vaugirard à Paris 6e.
Stations RER B (Luxembourg) et métro St-Sulpice.
Ouvert tous les jours de 10h00 à 19h30, le dimanche de 9h00 à 20h00 et nocturne le lundi et le vendredi jusqu’à 22h00 (11 euros).

Et le Musée Chagall de Nice propose aussi une exposition temporaire, d’une centaine d’œuvres sur le thème de l’autoportrait : "Chagall devant le miroir" jusqu’au lundi 7 octobre 2013.
Musée national Marc Chagall, avenue du docteur Ménard, à Nice.
Ouvert tous les jours sauf le mardi de 10h00 à 18h00 (10 euros).


Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (20 juillet 2013)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Dossier de presse sur l’exposition de Chagall 2013 (à télécharger).

Dali à Paris.
Van Gogh à Paris.
Hiroshige à Paris.
Manet à Paris.
Rembrandt à Paris.

 



7 réactions


  • Yvance77 20 juillet 2013 11:52

    Plus que quelques heures pour savourer (dans la foule) les succulentes œuvres de Chagall.

    Plus pédant que ça tu meurs !!!

    Quand un gus me parle de cette façon je n’ai qu’une envie .... fuir


  • COVADONGA722 COVADONGA722 28 juillet 2013 09:54

    à contrario de se ton péremptoire et élitiste usité ici , votre blog m’aurais incité à découvrir Chagall


    Asinus : ne varietur





  • sitelle sitelle 28 juillet 2013 09:59

    Ce serait mieux sans faute, mais vous pouvez supprimer mes deux commentaires ; je n’y arrive pas moi-même. Merci.


    • Constant danslayreur 28 juillet 2013 10:18

      Une petite explication ne ferait pas de mal SVP
      Je résume :

      1. Vous criez au plagiat honteux par l’auteur
       C’est effectivement le même texte que celui du 20 sur votre blog et pour lequel vous remerciez ... Agoravox

      2. L’auteur a aussi publié l’article sur son propre blog en date du 20 itou et il semble donc que l’accusation de plagiat ne tienne pas

      3. Vous confirmez presque puisque vous demandez la suppression de vos 2 coms (contactée entre temps par l’auteur ou par AV ?)

      La question est d’importance, si c’est l’auteur lui même qui vous a fait cadeau de son texte alors passe encore, il se pourrait qu’il l’ait transmis en même temps à AV pour modération - quoi que ça m’étonnerait vu qu’AV semble être autorisé à prendre directement chez lui au fil des publications - mais dans ce cas, pourquoi chez vous vous dites merci Agoravox et pas Sarkoatortetraison ?

      Et si c’est bien AV qui vous a transmis l’article d’un autre et qui en plus a temporisé une semaine le temps que vous ayez avec lui toute « l’exclu », alors il y a bien affront à l’auteur si ça s’est fait à l’insu de son plein gré ou à minima dans le cas contraire aux agoranautes condamnés à lire du réchauffé vieux de 8 jours et déjà publié dans deux endroits différents ?

      Merci


    • Constant danslayreur 28 juillet 2013 10:24

      La célérité d’Anastasie à répondre à votre requête me fait envisager une autre hypothèse mais elle n’est pas meilleure

      AV avait le droit de vous transmettre en son nom le texte parce qu’AV l’a tout bonnement acheté...
      Mouais c’est ses sous après tout...

      Mais quand on dépense son argent à rémunérer des textes qui se coltinent tous plus de 90% de votes négatifs et qu’en prime, on les offre à l’œil et en exclu à une copine pendant une semaine, on ne demande pas aux autres de contribuer à aider la pauvre fondation...

      Quelque chose m’échappe sûrement ou alors je suis parano ou les deux baaahhh who cares ?


  • Sylvain Rakotoarison Sylvain Rakotoarison 28 juillet 2013 10:39

    Ce n’est pas dans mes habitudes d’apporter des justifications et je n’ai jamais contacté personne pour les réactions (libres) sur mes articles. Je confirme cependant que ce texte a été écrit par moi-même, avec ma manière d’ailleurs, et certaines reproductions de tableau ont été faites par moi-même.

    Il n’y a aucun ton élitiste. Le Musée du Luxembourg est un musée à petites salles toujours remplies de monde (au contraire du Louvre, le nombre total de visiteurs n’est pas limité à un seuil raisonnable) et c’est difficile d’admirer certains tableaux avec autant de monde (au contraire de musées par exemple allemands où les salles sont spacieuses et souvent vides).

    Le but de cet article était modestement de faire partager les tableaux qui m’ont touché les plus parmi ceux que j’ai eu la chance de voir. Il est donc difficile de plagier tant un choix personnel que des mots personnels.

    Je ne suis pas allé voir au lien indiqué (par ailleurs effacé quasi-immédiatement, donc impossible à retrouver ; je n’ai reçu que les messages d’alerte qui n’indiquent pas les liens actifs) mais s’il avérait que c’est exactement les mêmes textes et illustrations (grâce à un moteur de recherche), j’engagerais une action moi-même contre le plagiat de mon texte. Ce texte m’appartient exclusivement (qui du reste n’a pas grande valeur) et le code la propriété intellectuelle m’en donne seul la propriété.

    Pour le reste, chacun fait ce qu’il lui plaît, je ne cherche pas de laudateurs et chacun est libre de s’exprimer (dans les limites de la loi).
    Bon dimanche.


  • sitelle sitelle 29 juillet 2013 06:37

    Moi je comprends, et je présente mes excuses à Monsieur Rakotoarison. La mémoire m’a fait défaut, et je n’ai comme excuse que mon grand âge. Veuillez je vous en prie ne pas tenir compte de mes deux interventions que je supprimerais si je le pouvais. Votre article est superbe pour qui aime Chagall et veut le voir sous un jour un peu nouveau. Si vous considérez que je vous ai plagié, malgré mon signal de remerciement au site (mais pas à vous....hélas) je peux supprimer le post de mon blog. Mais il n’est guère lu et cela je crois ne changerait pas grand chose. Merci pour votre compréhension.


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