jeudi 29 décembre 2016 - par Rapouchna

Chanson douce de Leïla Slimani

 Les chroniques que je publierai le plus régulièrement vont concerner la littérature en général. Je vais m’intéresser à des auteurs méconnus, mais que j’estime de qualité. Auteures ou auteurs auto-publiés ou publiés par des petits, voire micros éditeurs. Sauf exception comme celle qui suit.

Les remarques, qu’elles soient agréables ou au contraire désagréables, ne sont le fait que de mon opinion personnelle. Cependant, elles resteront toujours courtoises et bien fondées.

 

 

Pour débuter cette série et pour me mettre en action je vais vous parler du dernier prix Goncourt. Mais c’est promis, une fois n’est pas coutume.

 

Le roman de Leïla Slimani intitulé « Chanson douce » débute comme un polar avec ce prologue percutant et cette phrase choc « Le bébé est mort » Dès les premières phrases on connaît la réalité des faits, l’assassinat des enfants par la nurse, suivi de sa tentative de suicide.

Cette œuvre, tirée d’un fait divers américain est taillée au scalpel, les phrases sont sobres et toujours explicites. Pas de prise de tête à redouter dans la lecture du roman, juste une violence toujours présente ou latente au long de l’ouvrage. Pas de sentiments superflus de la part de l’auteure dans le récit des faits et des actions, je dirais presque que l’histoire est brute de décoffrage. Le style est plus journalistique que romanesque, ici l’imaginaire n’a pas droit de cité.

Le récit met en scène une nounou sélectionnée par le jeune couple qui va trancher à partir de sa couleur(de peau) et de ses capacités à gérer les enfants. Ladite nounou prénommée Louise est pauvre, veuve et mère délivrée de sa fille. Je dis ici délivrée, je devrais plutôt dire débarrassée, car on ressent bien l’abandon de la mère. Par contre, Louise va se surpasser pour devenir un (presque) membre de la famille qui l’emploie. Elle va devenir indispensable aussi bien aux parents qu’aux enfants qu’elle materne. Elle sera la nounou que tous envient, celle qui sait tout faire et le fait bien.

Cependant, devant le volume de la place que celle-ci prend, les parents vont avoir un moment de lucidité qui va leur dicter de se séparer du maillon trop bien attaché à leur foyer. Et puis c’est le drame !

 

Leïla Slimani dépeint habilement les mœurs de ces couples citadins, anciens jeunes et nouveaux trentenaires ou quadragénaires, courant éperdument après la réussite à tout prix en déléguant la totalité de la tenue du foyer et de l’éducation des enfants.

Malgré tout le plaisir que j’ai pris à le lire, un détail me gêne dans ce roman. Leïla Slimani brosse le portrait d’une nounou incapable de payer son loyer, se cachant du fisc pour ne pas assumer les dettes de son ex-mari, ne subvenant pas aux besoins de sa fille. Elle se nourrit très souvent chez ses employeurs. Elle la dépeint comme étant très économe, or nous sommes en France en 2016, donc elle touche un salaire. D’après l’auteure, elle n’a jamais un sou valide, bizarrerie de l’écriture ou mauvaise appréciation du personnage ?

 

En conclusion, je recommande la lecture de ce roman malgré ses lacunes de trame, le fond et la forme sont excellents et je laisse les lectrices et lecteurs juges du mérite d’un prix Goncourt.

Je voulais ajouter que le titre ne reflète en rien la violence du récit, mais il s’agit ici d’un avis et seulement d’un avis.

 

Titre : Chanson douce

Auteure : Leïla Slimani

Éditeur : Gallimard

240 pages

Prix : 18 €

Format kindle : 12,99 €

 




Réagir