mardi 2 novembre 2010 - par Theothea.com

« Chien Chien » ou vice versa duelle à l’Atelier

Question de perspective au Théâtre de l’Atelier où Alice Taglioni et Elodie Navarre se jaugent, se toisent, s’affrontent dans un rapport de forces ataviques, livrées telles des pulsions antagonistes, sous la profondeur de champ, toute cinématographique, de la cage de scène.

Les voix au féminin strident sauraient s’y perdre dans l’immensité spatiale mais aussi s’y retrouver dans leur proximité physique temporelle.

Pourvu que l’une ne n’adresse pas de dos à son alter ego, le spectateur comprendrait distinctement que Linda et Léda se reflètent, à la lettre près, dans des personnages réciproques lestés d’un lourd et lointain contentieux.

Entre les lignes de la réminiscence, la perversité, la cruauté, la barbarie aux visages de jeunes filles pré pubères se rappelleraient, en temps réel, dans la durée des deux heures les séparant de l’arrivée d’un hélicoptère.

Les pales vrombissantes se feront attendre dans une tension résurgente où le présent tentera d’inverser un traumatisme récurrent pour, in fine, marquer le signal tant attendu d’une fin de récréation, tellement périlleuse pour toutes les deux.

Le retour des deux maris auprès de leurs moitiés respectives aura-t-il pour vertu de rétablir l’équilibre instinctif d’un monde mature ?

Si la mise en scène de Jérémie Lippmann autorise, en bénéfice secondaire, que le perfide stratagème de Linda soit agrémenté du talent pianistique de son interprète (Alice Taglioni), Elodie Navarre gagne, pour sa part, la satisfaction de déjouer le piège inattendu, en adoptant un système de défense, à sa main toute aussi experte.

Question de perspective, en effet, où les deux amies à la ville, comme à la scène, présentement sous la dictée de Fabrice Roger-Lacan, doivent retrouver les maux, tout autant que les mots qui, dans l’enfance, auraient permis à l’une de prendre l’ascendant sur l’autre, au point que, devenues adultes, la blessure de la seconde toujours à vif, ressurgisse dans une vengeance à froid… distillée à petit feu.

« Pour un rien », ce serait fort… « Pour un rien », c’est du féminin pluriel, in vivo… « Pour un rien », cela pourrait rappeler « les amitiés susceptibles » de Nathalie Sarraute, mâtinées par exemple de « The servant » de Losey.

Aussi, pour un peu, Littérature, Cinéma, Théâtre se retrouveraient-ils en « chiens de faïence », à jouer à « chien et chat ».

visuel affiche

CHIEN CHIEN - ** Theothea.com - de Fabrice Roger-Lacan - mise en scène : Jérémie Lippmann - avec Alice Taglioni & Elodie Navarre - Théâtre de l’Atelier

 




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