mardi 21 mai 2019 - par C’est Nabum

Classe découverte acte 1

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Carnet de bord

80 bougies pour l’USEP

Le grand tour du Loiret de la classe itinérante avait débuté le samedi à 14 h en commençant par une étape de 30 km dans des conditions de vent qui rendirent l’épreuve délicate. L’Étang du Puits et sa base de loisirs étaient la première halte de cette épopée. Puis le lendemain, entre Éole, le froid et la pluie, les gamins, après une première nuit fort agitée, avalèrent une grosse étape pour rejoindre le Ciran, cette réserve naturelle installée en Sologne. C’est là que je les ai rejoints après avoir tenu d’autres engagements ce week-end là !

Il n’y avait là que les 30 intrépides des deux niveaux Cours Moyen. Ils étaient quelque peu fatigués par les 77 kilomètres parcourus en deux jours et des conditions climatiques qui sont venues leur rappeler qu’en Avril, il convient de ne pas se découvrir d’un fil. Le dicton pourtant manquait semble-t-il de précision, car entre la douche et le repas pris à l’abri, beaucoup oublièrent de bien fermer leurs tentes et eurent la désagréable surprise de retrouver leur duvet mouillé. Ce fut une jolie pagaille qui trouva dans la solidarité de tous, clef de voûte de cette école, une belle solution collective.

Auparavant, une première veillée leur avait donné l’occasion de découvrir l’univers du conteur et de s’essayer à leur tour à la parole. J’ai l’habitude de demander aux enfants de reprendre ma formule initiale pour ouvrir le récit, un rituel qui place l’auditeur dans les conditions de l’écoute. Le bâton de parole en main, les quelques courageux se heurtèrent à une mémoire défaillante ou plus encore, à un ton bien trop monocorde. Ils reprirent avec correction, ils s’entraînèrent tous ensemble. La fois prochaine, ce sont eux qui devront trouver une nouvelle accroche.

Le conte terminé, c’était au tour de la formule de clôture qui justement avait été écrite par une autre classe. Nouvelles difficultés, nouveaux essais et autre petit texte à écrire pour demain soir. Un autre conte, participatif ça va de soi, renouvela la procédure. Les enfants étaient enchantés. Ils pouvaient se rendre dans le calme au pays des songes même si l’incident des duvets prolongea un peu la soirée…

Les adultes se retrouvèrent alors, les yeux rougis de fatigue, pour une réunion afin de mettre en place le séjour au Ciran et les diverses activités de la semaine. C’est fort tard que la troupe des accompagnateurs se coucha non sans avoir dévoré des carrés de chocolat pour reprendre des forces. La suite au réveil, naturellement après une nuit fort courte…

Ce matin-là, un car déversa une nouvelle fournée d’élèves : des grandes sections aux Cours élémentaires, ils sont arrivés en car, montant singulièrement les effectifs et le niveau sonore. Pour encadrer tout ce joli monde, des parents et des fidèles venaient compléter le lot des bénévoles. Que c’est beau une école quand elle est capable de fédérer ainsi autant d’énergie.

La matinée se passa entre tâches matérielles et ménagères pour les uns et activités pédagogiques pour les enseignants. Une véritable ruche qui bourdonne et s’active au cœur de la Sologne. Les enfants perçoivent-ils que tous ces gens gravitent autour d’eux parce qu’ils portent tous une foi inébranlable dans les valeurs de l’enseignement Républicain, état d’esprit qui semble faire défaut hélas à ceux qui nous gouvernent.

Le repas ou plus exactement le pique-nique, avalé dans un joyeux Tohu-bohu, les accompagnateurs se lançaient dans la vaisselle tandis que les enfants partaient en activité. La vaisselle sera d’ailleurs le grand rendez-vous des adultes qui en dépit des tours de services préfèrent se coller derrière l’évier pour laisser les élèves le plus possible en activité.

Ils sont d’ailleurs tous sur des vélos en différents ateliers sur le domaine afin de parfaire leur dextérité et leur équilibre. De plus en plus d’enfants ne font plus de vélo dans les cités, la crainte des parents, la dangerosité de la rue, la volonté de les avoir le plus souvent sous contrôle, les privent de ce grand espace de liberté.

Une nouvelle veillée se profile après le premier repas pris en commun avec les grandes sections, les CE1 et les CM. Le niveau sonore a pris quelques décibels. Ce n’est pas de tout repos. Il faut songer pourtant à se dépêcher car l’activité du soir va disperser les troupes. Les plus grands, se couvrent bien, ils partent à l’affût. Je les abandonne pour aller à la rencontre des CP et des CE2 qui vivent quant à eux dans le château. Ils ne me connaissent pas, il va falloir les conquérir.

Trois contes plus tard, la magie a opéré, non pas de mon fait mais bien par la grâce de cet univers féérique qui ne devrait pas disparaître de nos écoles. Il est fort dommage du reste qu’il faille une telle occasion pour que nombre de ces enfants accèdent enfin à l’imaginaire au travers des affabulations d’un souffleur de songes.

Je retrouve mon groupe de retour de la forêt. Ils sont bien fatigués pour envisager autre chose qu’une mise rapide au lit. Le gros de la troupe s’endort très rapidement. C’est la troisième nuit, celle où le plus souvent tout se pose et se stabilise, où le corps réclame ce sommeil que l'excitation des premiers jours diffère au delà du raisonnable.

La nuit fut d’ailleurs merveilleusement réparatrice toute aussi que très courte pour les adultes qui se retrouvent jusqu’à fort tard le soir pour une réunion de coordination qui s’égare le plus souvent en digressions incertaines, en fous rires sans raison dans un joyeux brouhaha si peu productif. Le chocolat vient apporter un supplément illusoire d’énergie avant que de reconnaître que le corps lui aussi doit parfois rendre les armes …

à suivre

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7 réactions


  • Surya Surya 21 mai 2019 12:43

    Bonjour C’est Nabum,

    Je suis venue lire votre article car j’ai pensé que cela pourrait me réconcilier avec l’idée de la vie en collectivité, chose que j’ai détestée moi même étant petite (classe de mer en Bretagne à 9 ans, quelques colonies de vacances dès l’âge de 5 ans).

    Tout ce que je demandais, c’était qu’on me fiche la paix et qu’on me laisse avec mes bouquins ou mes Pif Gadget (que les enseignants ou animateurs me confisquaient, un enseignant qui confisque un livre à un enfant, c’est le comble...), et c’était impossible, on venait me chercher et on m’imposait de participer aux ateliers collectifs de ceci ou cela, (exemple la peinture collective, on n’avait même pas le droit de peindre selon son inspiration, ses goûts personnels, il fallait faire selon la règle imposée par les animateurs), aux marches collectives en extérieur (personne ne s’intéressait à nous apprendre la différence entre les arbres et leurs noms, les plantes, etc, bref, on n’apprenait rien, il s’agissait juste de marcher, et rentrer crevés, apparemment c’était bon signe quand on était crevés...), organiser des « balles au prisonnier », collectives évidemment, et après tout ça il fallait être présents le soir aux veillées collectives... même pas le droit d’aller se coucher si on n’en pouvait plus.

    Les autres gosses couraient dans tous les sens et ça m’insupportait, certains criaient, et le niveau sonore (que vous mentionnez trois fois dans votre texte) était également insupportable au bout d’un moment. Quand il m’arrive de passer devant une école à Paris (on n’a pas d’école à proximité ici) et que j’entends les gamins hurler, parfois des cris stridents à vous déchirer les tympans, dans la cour de récréation, je me demande comment les enseignants arrivent à supporter ça. 

    La seule colonie de vacances que j’ai aimée, et ce fut ma dernière d’ailleurs, j’avais 14 ans (1978), on m’a envoyée au ski dans les Alpes, et j’ai eu la chance d’y rencontrer des ados comme moi, on s’entendait super bien, et des monos super cools qui nous laissaient faire ce qu’on choisissait de faire, on était entièrement libres, de rester à bouquiner dans son coin si c’était ça qu’on voulait,

    d’aller skier où on voulait du moment que c’était pas dans la poudreuse, d’aller en ville avec les copines faire du lèche vitrine ou au cinéma, du moment qu’on leur disait où on allait et quand on comptait rentrer (question de sécurité tout de même).

    On n’avait pas l’impression d’être en collectivité et on n’était forcé à rien.

    Le soir, nos « veillées » (pas obligatoires évidemment) consistaient à mettre des disques, des Pink Floyds et autres groupes excellents, et les écouter, vraiment écouter, pas les mettre juste en fond sonore. Là, par contre, le niveau sonore ne me dérangeait plus, allez savoir pourquoi ha ha !

    Je garde un super souvenir de ces semaines passées là bas avec eux.

    Au fait, c’est quoi votre solution collective contre les duvets mouillés ?

    Juste une petite remarque : je vous conseille, si je peux me permettre de vous donner des conseils, d’inspecter les gamins quand ils rentrent de forêt, histoire de vérifier qu’ils n’ont pas attrapé une tique ou deux. Mais peut être l’avez vous fait, et simplement pas mentionné.

    Vous avez écrit un très bon article, et j’ai apprécié sa lecture, mais malheureusement la magie de la classe de découverte en collectivité n’a pas opéré sur moi... Ou pas encore, peut être... Je lirai donc les articles suivants.


    • C'est Nabum C’est Nabum 21 mai 2019 17:46

      @Surya

      Nous avions une infirmière et elle a fait grande moisson de tiques
      Pour les duvets nous avions une réserve d’où la réponse collective

      Les gamins n’ont pas subi le poids du collectif sauf naturellement à vélo à cause des obligations légales


  • pemile pemile 21 mai 2019 12:53

    @C’est Nabum « une étape de 30 km [...] Ils étaient quelque peu fatigués par les 77 kilomètres parcourus en deux jours »

    Faut attendre le 9ème paragraphe pour comprendre que vous parlez de vélo ! smiley


  • Surya Surya 21 mai 2019 14:09

    Ah bon, il s’agit de trajets en vélo en forêt, et non à pieds ? Ce n’était en effet pas vraiment clair. Peut-être aurait-il fallu l’annoncer dès le début de l’article ? 

    Dans ce cas excusez ma remarque sur les tiques, qui n’avait pas lieu d’être, à moins qu’elles ne parviennent à sauter sur les mollets des gamins pendant qu’ils pédalent.

    « Les enfants perçoivent-ils que tous ces gens gravitent autour d’eux parce qu’ils portent tous une foi inébranlable dans les valeurs de l’enseignement Républicain » 

    Je ne pense pas, personnellement, à moins que vous ne le leur disiez clairement : « les enfants, tous ces gens gravitent autour de vous parce qu’’ils portent tous une foi inébranlable dans les valeurs de l’enseignement Républicain. »


  • juluch juluch 21 mai 2019 15:59

    Une jolie expérience !!


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