vendredi 29 novembre 2019 - par Sylvain Rakotoarison

Daniel Pennac, ministre de l’éducation nationale

« N’en déplaise à notre réputation, entre un bon bouquin et un mauvais téléfilm, le second l’emporte plus souvent que nous aimerions l’avouer sur le premier. » (Daniel Pennac, "Comme un roman", 1992).



Ce dimanche 1er décembre 2019, l’ami Daniel Pennac fête son 75e anniversaire. Trois quarts de siècle, et pourtant, toujours cette jeunesse dans l’esprit et les mots. J’ai écrit "l’ami" parce que je n’oserais pas écrire "mon ami", ne le connaissant pas vraiment, sinon par ses livres, mais sa vivacité alerte dans la littérature française depuis quelques décennies m’a toujours enchanté.

Bien sûr, on pourra toujours voir Daniel Pennac comme l’inventeur savoureux de la saga Malaussène, cette famille si originale et farfelue qui hante le quartier de Belleville, son (vrai) quartier de Paris. Tout ce petit monde d’humains (et de chien) est extraordinaire et confondant. Très riche en imagination, en chaleur humaine, en questionnement intellectuel. Pennac fait vivre cette famille nombreuse dans six épisodes (de 1985 à 1999), dont le premier, qui se passe dans un grand magasin, donne un aspect intéressant du commerce. Benjamin Malaussène est en effet embauché comme bouc émissaire. C’est lui qui est au bureau des réclamations et ses jérémiades ont pour but d’amener les clients mécontents à renoncer à leurs réclamations.

Rien que les titres de ses livres sont des pépites de créativité, comme le tome 3 : "La Petite Marchande de prose" qui n’est autre qu’une vampe éditrice, dont Benjamin Malaussène est le bouc émissaire professionnel, chargé de compatir avec les auteurs refusés par l’éditrice.

Le style est tellement personnel que j’ai eu peur que le premier opus "Au bonheur des ogres" fût saboté par son adaptation cinématographique réalisée par Nicolas Bary et sortie le 16 octobre 2013. À mon grand soulagement, je l’ai trouvée tout à fait dans l’esprit du livre, avec un acteur, Raphaël Personnaz, qui a joué parfaitement Benjamin Malaussène (il a également joué le héros de "Quai d’Orsay" la même année), film dans lequel jouent également Guillaume de Tonquédec (le directeur du magasin), Bérénice Bejo (la journaliste), Mélanie Bernier (une des sœurs), Thierry Neuvic (le policier) et Emir Kusturica (le veilleur de nuit).

Cette saga Malaussène est devenue un classique de la littérature française au point qu’elle est même étudiée en classe (probablement une consécration pour un auteur contemporain ; rappelons que Bernard Werber est également étudié à l’école depuis le premier tome de sa saga sur "Les Fourmis").

On peut avoir d’autres clefs pour entrer dans le petit monde de Pennac. Par exemple, "Le Dictateur et le Hamac", sorti en 2003, qui pourrait être vu comme une autre version du film "La gueule de l’autre" (où le ministre Michel Serrault recrute son sosie pour faire ses meetings à sa place et lui éviter d’être lui-même victime d’un attentat). Mais laissons en l’état cette narration sud-américaine (dont je conseille la lecture, évidemment).

Par le conseil d’une personne chère, ma clef de l’univers Pennac, le premier livre que j’ai lu, fut un livre "sérieux", le livre "Comme un roman", sorti en 1992, et j’ai tout de suite été séduit par cet auteur si créatif et si atypique. Ce livre est une sorte de vibrant hommage à la lecture. Certes, je n’ai pas souffert d’un manque d’envie de lire, et je dois bien constater que mon entourage non plus, mais dans une société qui lit de moins en moins (parallèlement à une augmentation continue du nombre de publications, on n’est pas à un paradoxe près), savoir redonner goût à la lecture est une sage préoccupation. Utile aux générations montantes.

Daniel Pennac est un homme modeste. Il a été prof de français pendant un quart de siècle, de 1969 à 1995. Il a commencé à écrire dès 1973 (il avait moins de 30 ans), et il s’est ensuite totalement consacré à l’écriture de ses livres (et aussi à la lecture pour faire de l’audio), sans pour autant se désintéresser de la pédagogie. Il a aussi touché au théâtre et à la bande dessinée. Pourquoi ai-je écrit "modeste" ? Parce qu’il sait d’où il vient, et il vient d’un continent qui est celui du cancre. C’était un cancre à l’école. Il était un enfant sans avenir, qui ne comprenait rien, qui échouait tout. Comme échec, être édité chez Gallimard, il y a mieux.

Aussi, un autre livre explique ce cheminement, et le met en première ligne pour comprendre les cancres, car il a été lui-même cancre et sait bien comment raisonne un cancre. Il ne s’en vante pas, contrairement à certains personnages aujourd’hui célèbres : « Le fait est que le bonnet d’âne se porte volontiers a posteriori. C’est même une décoration qu’on s’octroie couramment en société. Elle vous distingue de ceux dont le seul mérite fut de suivre les chemins du savoir balisé. Le gotha pullule d’anciens cancres héroïques. On les entend, ces malins, dans les salons, sur les ondes, présenter leurs déboires scolaires comme des hauts faits de résistance. »… Mais être cancre a toujours été honteux et en parler lui a encore fait trembler la main quand il écrivait. Ce livre, c’est l’excellent "Chagrin d’école", sorti en 2007.

Ces deux livres, "Comme un roman" (considéré comme un essai) et "Chagrin d’amour" (considéré comme un roman) sont essentiels pour comprendre à la fois la vie de Daniel Pennac (mais ce n’est peut-être pas le plus important) et surtout, comprendre la pédagogie en général, si bien qu’ils devraient être lus systématiquement par tous les nouveaux ministres de l’Éducation nationale lorsqu’ils entrent en fonction.

"Comme un roman" commence par une supplication auprès des professeurs de français : « On est prié de ne pas utiliser ces pages comme instrument de torture pédagogique. ». Au moins, lui ne sera pas complice, et le décor est planté. Et les premières phrases : « Le verbe lire ne supporte pas l’impératif. Aversion qu’il partage avec quelques autres : le verbe "aimer"… le verbe "rêver"… On peut toujours essayer, bien sûr. Allez-y : "Aime-moi !", "Rêve !", "Lis !", "Lis ! Mais lis donc, bon sang, je t’ordonne de lire !". – Monte dans ta chambre et lis ! Résultat ? Néant. ». En quelques mots, Daniel Pennac donne une vision déjà très originale et personnelle de la lecture et un constat très réaliste : l’inefficacité de l’impératif.

Beaucoup plus loin, Pennac fait des comptes d’apothicaire pour savoir en combien de temps on peut lire un gros bouquin. Au lieu de s’effrayer, il suffit de compter. À raison de vingt pages par heure (lecture lente), on peut facilement lire un livre de 360 pages en une semaine. Et une fois commencé, le livre se dévore : « Comptez vos pages… On commence par s’émerveiller du nombre de pages lues, puis vient le moment où l’on s’effraie du peu qui reste à lire. Plus que 50 pages ! Vous verrez… Rien de plus délicieux que cette tristesse-là : "La Guerre et la Paix", deux gros volumes… et plus que 50 pages à lire. On ralentit, on ralentit, rien à faire… Natacha finit par épouser Pierre Bézoukhov, et c’est la fin. ». Il rappelle d’ailleurs qu’il n’y a pas que le lecteur qui peut être obsédé par le décompte des pages. L’auteur aussi est heureux lorsqu’il franchit sa 100e page d’écriture, par exemple : « Un cheval de labour plongeant dans un encrier, puissante image ! ».

Mais dans ce livre, Pennac proclame comme premier droit du lecteur, « le droit de ne pas lire » : « faute de quoi, il ne s’agirait pas d’une liste de droits mais d’un vicieux traquenard ». Il remet aussi à l’endroit le droit des auteurs : « la liberté d’écrire ne saurait s’accommoder du devoir de lire ». Bref, en clair, il explique : « Le devoir d’éduquer, lui, consiste au fond, en apprenant à lire aux enfants (…), à leur donner les moyens de juger librement s’ils éprouvent ou non le "besoin des livres". Parce que, si l’on peut parfaitement admettre qu’un particulier rejette la lecture, il est intolérable qu’il soit, ou qu’il se croie, rejeté par elle. ».

Il y a une quinzaine d’années qui sont passées entre ce livre génial sur la lecture (le temps de la lecture est toujours volé, rarement planifié), et "Chagrin d’école" qui est une véritable autobiographie des échecs scolaires de l’auteur (qui a mis quatre ans à le documenter et l’écrire). Il a d’ailleurs reçu le Prix Renaudot 2007 et je m’en félicite. Je me moque un peu des récompenses (ce ne sont pas mes guides de lecture) mais il se trouve que les grands prix littéraires sont de véritables prescripteurs de lecture pour le grand public (c’est un fait qui a évidemment un effet commercial indéniable) et que cela encourage la lecture de "Chagrin d’école" me paraît une excellente chose !

J’ai adoré la conception pédagogique très originale et relativement efficace du professeur Daniel Pennac. C’est un praticien pragmatique, loin d’un théoricien. J’avais évoqué il y a quelque temps la figure de celui qui est devenu ministre de l’Éducation nationale en 1974 et qui était un enseignant aux méthodes très novatrices, à savoir René Haby. Daniel Pennac me fait cet effet, si ce n’est qu’en choisissant définitivement l’écriture, il a peut-être préféré (par défaut ?) le rôle d’observateur au rôle d’acteur de l’éducation nationale, acteur pour transformer par le haut les méthodes pédagogiques, car il a été acteur à la base, comme professeur de français.

Un conseil de bon sens parmi d’autres (peut-être désormais appliqué ?) : « Un audiogramme et un examen très précis de la vue devraient être obligatoires avant l’entrée de chaque enfant à l’école. Ils éviteraient les jugements erronés des professeurs, pallieraient l’aveuglement de la famille, et libéreraient les élèves de douleurs mentales inexplicables. ».


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Je propose ici quelques petits exemples pour comprendre son point de vue original. Par exemple, l’école doit être faite pour tous les élèves, pas seulement les plus brillants. Les élèves moyens voire médiocres, s’ils se sentent rejetés, ne tenteront pas de donner le meilleur d’eux-mêmes et resteront "mauvais" élèves comme une étiquette collée à la peau définitivement.

Le verbe "devenir" devient « l’inquiétude ou la réprobation des adultes » : « Pour le petit, chacune de ces années-là vaut un millénaire ; à ses yeux, son futur tient tout entier dans les quelques jours qui viennent. Lui parler de l’avenir, c’est lui demander de mesurer l’infini avec un décimètre. ». Au-delà des idées fortes, il y a un style extraordinaire, ce qui n’enlève rien au "charme" narratif de Pennac, à sa délicieuse saveur. Il raconte l’importance du présent pour l’élève : « Pour que la connaissance ait une chance de s’incarner dans le présent d’un cours, il faut cesser d’y brandir le passé comme une honte et l’avenir comme un châtiment. ».

Pourquoi tant de cancres désespèrent : « L’école leur paraît un club très fermé dont ils s’interdisent l’entrée. Avec l’aide de quelques professeurs, parfois. ».

La conception de Pennac, c’est au contraire celle-ci : « Le délicat, c’est de bien connaître nos musiciens et de trouver l’harmonie. Une bonne classe, ce n’est pas un régiment qui marche au pas, c’est un orchestre qui travaille la même symphonie. ». Même les plus faibles ont leur place : « Comme le goût de l’harmonie les fait progresser, le petit triangle finira lui aussi par connaître la musique, peut-être pas aussi brillamment que le premier violon, mais il connaîtra la même musique. ».

Puis, cela étant dit, il y voit quelques obstacles. Premier obstacle : « Le problème, c’est qu’on veut leur faire croire à un monde où seuls comptent les premiers violons. ». Oserais-je parler d’un monde de "premiers de cordée" ? Peut-être… Deuxième obstacle, qui vient des profs : « Certains collègues se prennent pour des Karajan qui supportent mal de diriger l’orphéon municipal. Ils rêvent tous du Philharmonique de Berlin, ça peut se comprendre… ».

Autre obstacle provenant des profs : « Le lieu clos de nos brusques fatigues où nous prenons la mesure de nos renoncements. Une sale prison. Nous y tournons en rond, généralement plus soucieux de chercher des coupables que de trouver des solutions. ».

Dans l’analyse lucide, bienveillante mais sans complaisance du monde éducatif, Pennac joue aussi le fin psychologue. Il explique ainsi qu’on ne peut partager des histoires bêtes qu’avec les personnes les plus proches : « Nous savions que si l’intelligence du texte est une rude et solitaire conquête de l’esprit, la blague stupide établit, elle, une connivence reposante qui ne se partage qu’entre amis de confiance. C’est avec nos intimes que nous échangeons les histoires les plus bêtes, façon de rendre un hommage implicite à la finesse de leur esprit. Avec les autres, on fait les malins, on déballe son savoir, on en installe, on séduit. ».

La différence entre les deux livres ("Comme un roman" et "Chagrin d’école"), c’est que le second est beaucoup intimiste et précis, beaucoup plus expérimental, et surtout, a lieu dans un autre contexte sociologique.

Soyons clairs, quand on parle d’éducation aujourd’hui, on parle beaucoup des problèmes de discipline, des jeunes "issus de l’immigration", des "djeunes des banlieues" : « À tous ceux qui aujourd’hui imputent la constitution de bandes au seul phénomène des banlieues, je dis : vous avez raison, oui, le chômage, oui, la concentration des exclus, oui, les regroupements ethniques, oui, la tyrannie des marques, la famille monoparentale, oui, le développement d‘une économie parallèle et les trafics en tout genre, oui, oui, oui… Mais gardons-nous de sous-estimer la seule chose sur laquelle nous pouvons personnellement agir et qui, elle, date de la nuit des temps pédagogiques : la solitude et la honte de l’élève qui ne comprend pas, perdu dans un monde où tous les autres comprennent. ».

Or, pour Pennac, il n’y a pas vraiment plus de problèmes qu’il y a une cinquantaine d’années, mais aujourd’hui, on fait croire qu’une très petite minorité d’élèves est représentative de l’ensemble des élèves : « Douze millions quatre cent mille jeunes Français sont scolarisés chaque année, dont environ un million d’adolescents issus des immigrations. Mettons que deux cent mille soient en échec scolaire rédhibitoire. Combien sur ces deux cent mille ont-ils basculé dans la violence verbale ou physique (insulte aux professeurs, dont la vie devient un enfer, menaces, coups, déprédation de locaux…) ? Le quart ? Cinquante mille ? Admettons. Il s’ensuit que sur une population de douze millions quatre cent mille élèves, 0,4% suffisent à alimenter (…) le fantasme horrifiant du cancre dévoreur de civilisation, qui monopolise tous nos moyens d’information dès qu’on parle de l’école, et enfièvre toutes les imaginations, y compris les plus réfléchies. Supposons que je me trompe dans les calculs, qu’il faille multiplier par deux ou par trois mes 0,4%, le chiffre demeure dérisoire et la peur entretenue contre cette jeunesse parfaitement honteuse pour les adultes que nous sommes. ».

Et de décrire ces "djeunes" : « Adolescent issu d’une cité ou d’une quelconque barre des quartiers périphériques, Black, Beur ou Gaulois relégué, grand amateur de marques et de téléphones portables, électron libre mais qui se déplace en groupe, encapuchonné jusqu’au menton, taggueur de murs et de RER, amateur d’une musique hachée aux paroles vengeresses, parlant fort et réputé taper dru, présumé casseur, dealer, incendiaire ou graine d’extrémiste religieux, Maximilien est la figure contemporaine des faubourgs d’antan. ».

Un des problèmes, selon Pennac, c’est que ces djeunes alimentent eux-mêmes cette image et cette peur : « Si tu veux devenir empereur, Maximilien, ne serait-ce que de toi-même, ne joue plus à effrayer le bouffon, n’ajoute pas un gramme de vérité à la statue du cancre terrifiant que les faux trouillards qui tiennent le micro bâtissent tranquillement sur ton dos. ».

Pennac cite une expérience très intéressante faite par un ami, un de ces "djeunes" qui a pu s’en sortir. Il a pris deux caïds en les isolant du groupe et leur a proposé de réaliser un film, l’un interviewant l’autre : « Ca ne rate jamais : l’interviewé joue la comédie habituelle devant l’objectif, et celui qui filme entre dans son jeu. Ils font les mariolles, ils en rajoutent sur leur accent, ils roulent les mécaniques dans leur vocabulaire de quatre sous en gueulant le plus possible (…), ils en font des caisses, comme s’ils s’adressaient au groupe, comme si le seul spectateur possible, c’était le groupe. ».

Ensuite, l’ami a fait projeter le film devant le groupe qui s’est marré de ce jeu de rôles. Alors, l’ami l’a fait projeter plusieurs fois, jusqu’à cinq, six, sept, huit, voire neuf fois. : « Les rires s’espacent, deviennent moins assurés. L’intervieweur et l’interviewé sentent monter quelque chose de bizarre, qu’ils n’arrivent pas à identifier. ». Ils ont alors compris par eux-mêmes : « Ce qui remonte à la surface de ce film, c’est la frime, le ridicule, le faux, leur comédie ordinaire, leurs mimiques de groupe, toutes leurs échappatoires habituelles. Quand ils ont atteint ce stade de lucidité, j’arrête les projections et je les renvoie avec la caméra refaire l’interview, sans explication supplémentaire. ».

Et alors, le "miracle" a pu surgir : « Cette fois, on obtient quelque chose de plus sérieux, qui a un rapport avec leur vie réelle : ils se présentent, ils disent leur nom, leur prénom, parlent de leur famille, de leur situation scolaire, il y a des silences, ils cherchent leurs mots, on les voit réfléchir, celui qui répond autant que celui qui questionne (…). Ils cessent d’être des jeunes qui s’amusent à faire peur, ils redeviennent des garçons et des filles de leur âge, quinze ans, seize ans, leur adolescence traverse leur apparence, elle s’impose (…), leur gestuelle s’atténue, instinctivement, celui qui filme resserre le cadre, il zoome, c’est leur visage qui compte maintenant, on dirait que l’interviewer écoute le visage de l’autre, et sur ce visage, ce qui apparaît, c’est l’effort de comprendre, comme s’ils s’envisageaient pour la première fois tels qu’ils sont : ils font connaissance avec la complexité. ».

Ce message général de Daniel Pennac est très important : ces "djeunes de banlieue" qui font si peur, parfois avec raison (leur violence est parfois réelle), sont toujours sur une ligne de crête. Plus on projette sur eux leur caricature, plus ils sont caricaturaux. Et pourtant, ils sont souvent réfléchis, intelligents, intéressants. Si on les écoute, si on les considère sans ces étiquettes, sans ces caricatures, ils sont souvent capables d’être réellement eux-mêmes, capables de redevenir sérieux, respectueux, de raisonner intelligemment. Ils leur ont surtout manqué un éducateur, un interlocuteur qui les écoute, qui croit en eux, qui les encourage, qui les coache.

Bien sûr, ce n’est pas toujours aussi simple. J’ai moi-même eu connaissance d’histoires particulièrement tragiques qui sont allées jusqu’à l’ultime irréversible et sordide. Mais la plupart sont des capables, des honnêtes, prêts à tomber dans la face obscure si le monde officiel refuse de leur donner leur place. En cela, Pennac est un véritable petit orfèvre de la compréhension sociologique de notre modernité. C’est un romancier qui écrit avec ses tripes, et ses tripes sont terriblement émouvantes. Émouvantes et courageuses. Lisez "Chagrin d’école" !



Aussi sur le blog.

Sylvain Rakotoarison (23 novembre 2019)
http://www.rakotoarison.eu


Pour aller plus loin :
Daniel Pennac.
Alain Peyrefitte.
"Les Misérables" de Victor Hugo.
André Gide, l’Immoraliste ?
Je t’enseignerai la ferveur.
Lucette Destouches, Madame Céline pour les intimes…
René de Obaldia.
Trotski.
Le peuple d’Astérix.
David Foenkinos.
Anne Frank.
Érasme.
Antoine Sfeir.
"Demain les chats" de Bernard Werber.
Bernard Werber.
Freud.
"Soumission" de Michel Houellebecq.
Vivons tristes en attendant la mort !
"Sérotonine" de Michel Houellebecq.
Sérotonine, c’est ma copine !
Françoise Sagan.
Jean d’Ormesson.
Les 90 ans de Jean d’O.

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2 réactions


  • Clocel Clocel 29 novembre 2019 15:37

    Aussi longtemps que les Malaussène voteront et continueront de se reproduire, aucune chance de voir un Pennac aux responsabilités...


  • Pere Plexe Pere Plexe 30 novembre 2019 11:41

    Je n’est rien contre ce gus.

    Mais je ne vois vraiment pas ce qui laisse supposer qu’il serait un bon ministre de l’éducation.

    Sauf à penser comme Rosemar et quelques autres que la littérature, en particulier la littérature francophone, est l’alpha et l’oméga de notre civilisation. 

    J’en doute fortement. En réalité je déplore la spécificité nationale qui fait de la maîtrise de la langue un critère de sélection majeur. Beaucoup de notre élite, députés en tête, n’a aucune culture scientifique. Ce qui ne l’empêche pas de prendre des décisions dans les domaines de l’énergie, de la santé, de l’industrie, des nouvelles technologies. Le plus souvent à la lecture de rapports d’experts suggérés/imposés par de généreux lobbys.


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