mardi 30 mai 2006 - par Bernard Dugué

De l’analogisme au naturalisme. Un Occident entre ténèbres et lumières ?

Dans son maître livre publié chez Gallimard, Par-delà nature et culture, l’anthropologue Philippe Descola expose un essai de classification des visions du monde adoptées par les sociétés humaines occupant la surface de cette terre. D’après l’auteur, fort convaincant dans sa démonstration, la vision occidentale n’a rien de nécessaire, et ne résulte que d’un choix opéré depuis deux ou trois siècles. Selon Descola, les « visions du monde » se déclinent selon un axe double, celui des intériorités et celui des physicalités. D’un côté, le monde de l’âme, de la conscience, du sujet, et de l’autre, le monde de l’agir, des matérialités, de la technique. La classification s’effectue selon qu’il y a une continuité ou une discontinuité dans des deux domaines du réel, ce qui fournit quatre possibilités parmi lesquelles deux nous intéressent de près. Ce sont l’analogisme, vision en vigueur dans la Grèce antique, puis jusqu’à la Renaissance en Europe, mais aussi en Chine depuis les origines ; et le naturalisme, option particulière opérée par les occidentaux en concomitance avec la naissance de la science moderne.

 

 

L’analogisme se fonde sur une discontinuité entre les intériorités et les physicalités. De ce fait, la pensée savante s’efforce de reconstituer un ordre, une cohérence, à travers notamment des similitudes et des hiérarchisations. En ligne de mire, l’ordre cosmique et la grande chaîne de l’être. Juste quelques rappels. La médecine de Galien (période hellénistique) est fondée sur cette idée d’un univers vivant composé de parties fonctionnant selon des principes de sympathie. L’arbre de Porphyre participe de cette classification hiérarchique basée sur une épistémologie des identités et des différences (lire son fameux « compendium », l’Isagogê). Plus tard, l’alchimie et la cosmologie, arabe au Moyen Age puis occidentale à la Renaissance, constitueront des ordres de connaissances subordonnés à la vision analogiste de la nature et du cosmos (la hiérarchie des intelligences angéliques en est une illustration). Et puis, la rupture advient.

 

 

Le naturalisme opte pour une continuité des physicalités mais une discontinuité des intériorités. Cette décision est lourde de deux conséquences majeures. En premier lieu, les hommes se considèrent comme un ensemble formé d’individus partageant une intériorité commune qui les différencie d’une Nature privée des attributs de l’intériorité. D’où une séparation entre les non humains et les humains, de laquelle découle entre autres choses la distinction, spécifiquement occidentale, entre nature et culture. En second lieu, la continuité matérielle est ce qui a rendu crédible l’arraisonnement des forces naturelles par l’homme autant que la mise en place d’un calcul effectué sur les forces et les énergies. Selon Descola, le changement de regard sur le monde a précédé son exploitation, et non l’inverse comme on pourrait le penser. Cette thèse est plausible, mettant en amont de l’ordre des opérations l’ordre des consciences. S’agissant de science, une topique similaire se présente. Contrairement à ce que l’opinion admet, c’est la technique qui a permis la science, et non l’inverse. Alors que l’un des ressorts fondamentaux fut certainement le désir, autrement dit une libido non pas des sens mais de l’action. Désirer mesurer, maîtriser, la technique étant associée à une intentionnalité du désir.

 

 

L’histoire de la modernité sait ce qu’il en fut de ce processus ayant conduit les sociétés vers une vision résolument anthropocentrique. Même si les prémisses se situent au XVIIIe siècle, le grand basculement s’opère après la Révolution industrielle du XIXe siècle.

 

La société devient étrangère à une nature dont elle se sert et qu’elle transforme, pour devenir un milieu continu (contigu) partout utilisable par les actions techniques de l’homme. Par le biais des interfaces technologiques, le monde physique devient accessible à toute opération visant à l’analyser, à le sonder, le maîtriser, le rationaliser, le calculer, le bricoler et ceci, selon les volontés humaines qui, cependant, sont soumises au dispositif juridique régi par la Loi. Le monde est devenu un champ d’action, la notion de champ spécifiant une étendue qui, en tout point, se prête à l’opération technique.

 

Cette transition de l’analogisme au naturalisme ne soit pas faire oublier le second processus majeur en Occident, désigné, selon le sens qu’on veut lui accorder, comme sécularisation, mort de Dieu, désenchantement. Il est important à ce stade de bien différencier l’analogisme médiéval théocentrique de l’analogisme extrême-oriental cosmocentrique. L’Occident est une civilisation dont la religion repose sur la foi en un Dieu personnel qui, selon la révélation consignée dans les Ecritures, s’est incarné pour vivre les souffrances humaines. Ce Dieu, au sommet du dispositif hiérarchique de l’analogisme médiéval, était promis à une métamorphose dès lors que l’Occident allait basculer dans le naturalisme. Dans cette vision ordonnée autour de la continuité des intériorités, Dieu avait sa place, dans la mesure où il pouvait partager avec l’homme les attributs de la subjectivité. C’est d’ailleurs ce rôle que lui firent jouer les philosophes du XVIIe siècle, Descartes, Leibniz et Spinoza. Mais c’était sans compter le fait que Dieu ne possède pas de physicalité et donc, au fur et à mesure de la montée en puissance des techniques et de l’anthropocentrisme, Dieu a été progressivement exclu de la vision du monde des modernes.

 

 

Mais le jeu des intériorités et physicalités ne s’est pas stabilisé. Si on assimile le monde physique et le monde technique, conçu comme un champ d’opération, alors l’extension de ce champ dans les infiniment grands, petits et complexes, conduit à forger la vision d’un monde qui progressivement, ne peut plus se soustraire à cette investigation physique, celle-ci devenant tellement efficace qu’au bout du compte, ce monde devient homogène, uniquement constitué de physicalités. Certes, cette tendance n’a pas encore traversé l’opinion publique, mais dans les milieux scientifiques, quelques figures connues se sont lancées dans un programme de naturalisation de la conscience. Pas de quoi s’inquiéter, après tout, les scientifiques peuvent bien dire ce qu’ils pensent du cerveau, ils ne feront pas disparaître la saisie du vécu par les sujets humains. Néanmoins, le processus de montée en puissance des technologies est de nature à ensorceler des esprits au point que, peu à peu, ceux-ci finissent par ne plus considérer l’humain que comme un élément de plus de ce continuum physicaliste et technologique.

 

 

On ne sous-estimera pas le risque d’une pensée physicaliste hégémonique qui, comme tout matérialisme, suggère quelques idées totalitaires à quelques gouvernants enclins à organiser scientifiquement la société. Il faut également mesurer ce que pourrait représenter la perte du sentiment d’appartenance à une communauté d’individus partageant une intériorité. La question est double. L’existence vouée aux physicalités (matérialités) est susceptible d’appauvrir l’esprit, affaiblissant de ce fait l’intensité de l’intériorité, ce qui induit de proche en proche cette misère symbolique dont fait état Bernard Stiegler dans ses derniers livres. D’où désaffection, perte de l’intériorité individuante et désaffectation, perte du sentiment d’appartenance à un collectif, une communauté de partage ou de destin, peu importe.

 

 

à suivre... peut-être, une question : comment va finir le naturalisme ?

 



14 réactions


  • pingouin perplexe (---.---.185.211) 30 mai 2006 14:23

    Votre présentation de la pensée de Philippe Descola est fort intéressante, et donne envie de se plonger dans le livre. En lisant votre article, on peut bien mesurer à la fois l’intérêt et la difficulté de procéder à une classification historique des diverses « weltanshauung », démarche qui recoupe une généalogie et un questionnement épistémologique de fond. Au vu de votre article, ce n’est peut être pas jouer sur les mots que de dire qu’il se dégage deux « polarités » : analogisme et naturalisme. D’où, peut-être le sentiment d’un occident saisi entre pesanteur et grâce, approche que l’on peut bien entendu aussi décliner à la manière de Bernanos. Je peux bien considérer que ce mode de catégorisation soit intimement lié à la structure, celle dans laquelle s’inscrit notre pensée dite occidentale. Aussi, s’il y a quelque chose de tenable dans ce que voulait faire Lacan à propos d’une topologie qui aiderait à y voir clair, et à s’y retrouver dans cette structure, cela tient sans doute à l’actuelle prééminence du naturalisme, pour reprendre votre propos. La conséquence la plus fâcheuse pourrait bien être de celles qui réduiraient nos sociétés post-modernes à de pures et simples configurations d’objets. La misère symbolique a beaucoup à voir avec cela, et avec les risques d’accroissement des violences qui lui sont attachés. Je dirais que plus le symbolique se retire, plus tend à l’emporter la prééminence de l’imaginaire, avec les crispations identitaires que cela comporte, et même, l’imaginarisation technicienne excessive du réel...

    Paul Ricoeur évoquait une fondation impossible à perdre, et n’hésitait pas à recourir à la très freudienne notion de Deuil impossible pour mieux la renverser en une idée qui ne cesse pas d’être porteuse d’espoir, à savoir, qu’il est selon lui impossible de perdre, pour les personnes comme pour les cultures, le principe de subjectivation, ceci en tant que la lecture pourrait bien lui conférer quelque qualité...transcendante.


  • Marsupilami (---.---.171.148) 30 mai 2006 15:04

    Ouaf !

    Je ne crois pas qu’il s’agisse d’une opposition entre analogisme et naturalisme. Avant l’apparition de la science et de son rejeton maudit mais prévisible, le scientisme, le naturalisme était toujours ou presque analogique et l’analogisme parfois naturaliste. Les démarches analogique et logique ne sont pas antagonistes, mais complémentaires.

    D’un point de vue ontogénétique, le raisonnement de l’enfant est analogique dans ses grandes lignes. Ce n’est qu’à l’adolescence qu’il peut se transformer (éventuellement et en fonction de nombreux déterminismes) en raisonnement logique. La logique est donc fille de l’analogisme.

    Le problème selon mon point de vue, c’est plutôt la confiscation de la logique et de l’analogie par l’idéologie scientisme bêtement triomphante, et non une opposition entre analogisme et naturalisme.

    L’opposition réelle se situerait plutôt entre une complexe logique de la globalité (encore à découvrir, y compris par les voies de l’analogie et de la poésie) et une logique de la séparabilité (la sinécure du techno-scientisme).

    En tout cas, le réel est comme toujours dans le paradoxe, et qui vivra verra.

    Article intéressant qui pousse à réfléchir. Il aura moins de réactions que celui sur Drucker et l’Eurovision. Merci à Agoravox de passer ce genre de papier.

    Houba houba !


    • pingouin perplexe (---.---.185.211) 30 mai 2006 15:47

      ... le réel est dans la topologie, et il n’est pas à exclure qu’il s’y déploie éventuellement comme espace-temps

      le pingouin


    • herbe (---.---.236.176) 30 mai 2006 21:38

      J’ai bien aimé l’article qui présente ces deux notions.

      Je partage ton impression marsu quand tu dis qu’il n’y a pas opposition, peut-être qu’on devrait dire qu’il ne devrait pas y avoir opposition ?

      ça me rappelle l’arbitrage de Jesus entre Marthe et Marie...

      Il aurait aussi peut-être à creuser du coté des orientations de la physique théorique actuelle (Mécanique quantique, théorie des cordes)...


    • pingouin perplexe (---.---.189.201) 2 juin 2006 11:21

      A Herbe

      Je vois un certain à propos dans votre intervention. On pourrait peut être y entendre, en forçant un peu le trait, que la science, dans son discours, aurait en commun avec la religion, de pointer quelque horizon de promesse.

      Voici un lien vers un article tout à fait intéressant : http://en.wikipedia.org/wiki/M-theory

      Cet article propose un lien vers une série d’animations qui explorent entre autres choses le rêve d’Einstein, et les rapports entre science et philosophie dans la nouvelle physique.

      Si l’on songe un moment au recueil de textes et correspondances d’Einstein publiée sous le titre « comment je vois le monde », on peut encore apprécier la démarche qui avait été entreprise d’articuler une théorie physique, une éthique, et une réflexion anthropologique, comme par effet de traduction.

      Un ouvrage de vulgarisation contemporain « L’univers dans une coquille de noix » de Stephen Hawking constitue à mon avis une réflexion intéressante sur la projet de la nouvelle physique, tout en conservant quelques éléments propres à la démarche analogiques, par exemple lorsqu’il évoque une parabole augustinienne pour illustrer la notion d’espace-temps.


  • NORMAND (---.---.221.104) 30 mai 2006 19:30

    Je veux bien comprendre cette « évolution » de l’analogie au naturalisme mais j’ai des difficultés à y voir une démarche scientifique ou même technique. Ce qui viendrait à dire que le discours peut influencer l’essence ?


  • Adolphos (---.---.59.170) 31 mai 2006 01:47

    L’important, c’est que tous ca prouve que les communistes sont des fumiers. Sinon, c’est pas scientifique, à mon avis.


  • hmsosa (---.---.254.242) 31 mai 2006 07:44

    ni diffamatoire ni injurieux mais interrogatif tout systeme « construit » fait évoquer s’il apparait fermé, ésotériquen une construction délirante A la fin de ma lecture, je n’ai pu trancher...avec un sentiment de malaise....Trop savant ou trop délirant ? D...ferait bien d’ecrire un résumé pour tous ceux qui n’entrent pas d’emblée dans son systeme !


    • hmsosa (---.---.254.242) 31 mai 2006 07:48

      et alors on a peur du jugement d’autrui ? On est un peu parano, en face ??? Dans ce cas, le psychiatre que je suis rompt le contact : je ne discute jamais avec mes malades !


  • pingouin perplexe (---.---.248.127) 31 mai 2006 10:59

    Il n’y a pas grand chose, dans vos remarques à propos de l’article de M.Dugué, qui soit de l’étoffe d’un vrai psy. A mon avis, votre approche témoigne plutôt d’un regard sur les intellectuels qui me semble... quelque peu « soviétique ». Un système peut bien vous apparaître fermé, mais ce n’est pas pour autant que le théorème d’incomplétude prend du plomb dans l’aile o). D’où l’intérêt, d’ailleurs, de s’interroger aussi à propos des risques liés à une certaine « normalité rampante », peut être par l’entremise de certains rappels historiques, tels que le syndrome de l’île de Pâques. Cela, les intellectuels le font encore. Et, s’ils ne font pas toujours partie du système, c’est tout simplement que celui ci se doit de ne pas être clos, pour de pures et simples questions de survie...

    Le pingouin, perplexe, comme d’hab.


  • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 31 mai 2006 11:21

    Jed n’ai pas lu l’ouvrage dont vous faites le commentaire ; mais, dans votre article, Les notions fondamentales de cette vision, elle même historique, de l’histoire des visions du monde, à savoir celles de physicalité et d’analogisme n’étant pas définies par rapport à des notions mieux établies historiquement telles que celles d’objectivité et de subjectivité ou de mythos et de logos, ne serait-ce que pour en faire la critique et s’en démarquer, il est difficile d’en suivre le cours et le sens.

    Cette vision, elle même mythique et analogique, plus que conceptuelle, dans le commentaire que vous en donnez, ouvre, me semble-t-il, sur une orientation « subjective » qui pour le moment me semblent arbitraire, à savoir celle de « revitaliser » ou de revaloriser la pensée analogique (que j’appellerais plutôt symbolique et poétique, voire mythique) aux dépens d’une pensée rationnelle et autocritique objectiviste dans la crainte, à mon sens sans fondement, qu’une pensée de la subjectivité devienne nécessairement entièrement objectiviste, antilibérale et/ou anti-subjective. Or tout dépend de l’usage que l’on en fait, libéral ou non.

    Ce qui est juste de dire c’est que sont menacées par les sciences et les tecniques, appelées ici physicalistes, non les expressions symboliques multiples du désir dans son autonomie (ce qui ne veut pas dire indépendance), mais toutes les interprétations qui prétendent les enfermer dans des codes symboliques collectifs ritualisés et autoritaires de type religieux et sacré dans le but de rendre les comportements individuels et sociaux symboliquement maîtrisables et prévisibles donc plus stables.

    Comme quoi ce que vous dites sur l’impérialisme supposé du soi-disant physicalisme ((en oubliant au passage la complexité épistémologique de la physique moderne et du mécalisme complexe autorégulé et producteur de finalité) ne menace en rien par lui-même les libertés, mais peut donner jour au contraire à de nouvelles façons de se rendre réellement plus autonomes, non pas en rêve (d’une manière fictive qui devient illuoire dès lors qu’elle se croit réelle et/ou se prend pour une vérité), mais dans l’action sur la réalité y compris la sienne propre selon le programme pas toujours compris de Spinoza : définir dans nos désirs ce qui nous est réellement utile en les connaissant objectivement dans leurs déterminations et leurs conséquences réelles afin d’accroître notre puissance d’agir qui n’est rien d’autre que notre essence, elle même définie comme notre désir de perséverer dans notre être(conatus) en un monde dépourvu de toute finalité globale et donc anti-religieux ou de moins en moins religieux au sens traditionnel, toujours plus ou moins hostile.

    Le rasoir philosophique


  • Bernard Dugué Bernard Dugué 31 mai 2006 17:19

    Merci pour tous vos commentaires qui font progresser le questionnement. Quelques brèves remarques et en premier lieu, je constate que le format utilisé pour mon article semblerait trop court par rapport à l’enjeu de la question. Mais on fera avec et je suis prêt à recommencer ce risque.

    Analogisme et naturalisme ne sont pas opposés, comme l’a dit Marsu, et je n’ai jamais prétendu le contraire (manque de place pour une exposition plus complète sans doute, cf. la remarque précédente).

    Sylvain, c’est tout l’intérêt de la pensée de Descola que de nous apprendre à nous décentrer. Certe, les notions de mythos, logos, objet, sujet sont mieux constituées et datées mais le risque est de rester enfermé dans un européocentrisme. D’où l’intérêt de la démarche anthropologique (qui ne plaira pas aux philosophes), et qui rejoint celle de F Julien dans son décentrage sinologique.

    L« affaire est en fait complexe, alliant des questionnements épistémologiques et sociologique. Articuler les visions du monde et les manières de vivre ensemble. Quitte à passer pour un pessimiste face à Sylvain, je réitère mes craintes d’une domination d’une épistémologique naturaliste devenant hégémonique mais je fais confiance aux résistances des »humanistes" plus qu’au Sujet devenu incertain. L’intériorité est une notion toute aussi pratiquable. Et de plus, j’ajoute qu’un retour à un animisme rationnel pour penser la nature est aussi une option d’actualité. Oui, la Nature possède sa propre intériorité.

    Pas simple, épistémologique, sociologique et maintenant, l’ontologique

    salutations à tous

    BD


    • Sylvain Reboul Sylvain Reboul 1er juin 2006 19:52

      Je ne suis pas contre un décentrement à condition de tenter d’en conceptualiser les termes et d’en problématiser les effets par rapport aux notions déjà définies et reconnaissables par tous dans notre culture ; ce que fait Julien justement.. Ne serait-ce que pour en discuter avec rigueur.

      Or, en effet une pensée analogique (qui me paraît celle de l’auteur) est trop souvent confuse pour faire l’objet d’un débat éclairant. Sauf à faire de la philosophie en la soumettant à la critique rationnelle et ne pas se contenter de redoubler les idéologies soi-disant anthropologiques qui ne sont jamais que des constructions idéologiques historiques bricolées peu cohérentes.


    • Bernard Dugué Bernard Dugué 1er juin 2006 21:38

      Vos remarques sont pertinentes mais je vous conseille de lire l’ouvrage de Descola, il ne pratique pas la pensée analogique mais parle d’une vision du monde qu’il désigne comme analogisme en forgeant cette notion avec force détails et notions, comme il le fait pour le totémisme et l’animisme. J’avait fait un billet préalable sur ce livre que je pressent comme important dans le champ intellectuel. A vous de juger


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