lundi 2 décembre 2013 - par Mohamad Ezzedine

De l’importance de la langue dans la formation d’une nation

En quoi et par quel moyen la langue permet de forger une identité nationale ? La langue est un ferment d'unité très puissant, et apparaît comme un préalable indispensable à la construction de la nation. 

Dans cet article, nous analyserons ainsi l’importance de la langue comme ciment national, nous démontrerons que le réveil national chez les élites balkaniques, au 18e et 19e siècle, s’est effectué grâce à la réappropriation de leur langue, au détriment du turc. Enfin, nous verrons à travers les exemples de la Grèce et de la Serbie du 19e siècle que la langue fût la première pierre de la construction du mythe national, celle qui allait faire de ces peuples des nations.

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« J'ai constamment cité la langue au nombre des éléments qui définissent une culture, et une identité ; sans toutefois insister sur le fait qu'il ne s'agit pas seulement d'un élément parmi d'autres (...) De toutes les appartenances que nous nous reconnaissons, elle est presque toujours l'une des plus déterminantes. Au moins autant que la religion, dont elle a été, tout au long de l'Histoire, la principale rivale, d'une certaine manière, mais aussi quelquefois aussi l'alliée. Lorsque deux communautés pratiquent des langues différentes, leur religion commune ne suffit pas à les rassembler -catholiques flamands et wallons, musulmans turcs, kurdes ou arabes, etc. ; pas plus, d'ailleurs que la communauté de langue n'assure aujourd'hui en Bosnie, la coexistence entre les orthodoxes serbes, les catholiques croates, et les musulmans. Partout dans le monde, bien des Etats forgés autour d'une langue commune ont été démantelés par les querelles religieuses, et bien d'autres Etats, forgés autour d'une religion commune, ont été déchiquetés par les querelles linguistiques », (Les Identités meurtrières, Amin Maalouf). 

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Rendant compte d'un colloque sur « Langue et Nation en Europe centrale et orientale » tenu à Lausanne, en Suisse, en 1995, Patrick Seriot, professeur titulaire de la chaire de linguistique slave à l'université de Lausanne depuis 1987, écrit : « Nous autres, en Occident venons de pays dans lesquels Nation, Etat et langue soit coïncident, comme en France, soit ne coïncident pas, comme en Suisse, mais dans les deux cas sans poser de problèmes majeurs. Nous rencontrions des représentants de la diversité linguistique et "nationale" de l'Europe centrale, orientale et balkanique, venus exposer précisément les problèmes liés à cette diversité, les enjeux symboliques que représente chaque fois la langue nationale". Au début du 20e siècle, chaque Etat-nation européen possède sa langue nationale, dont la grammaire, bien établie, est apprise à tous les écoliers. A cette époque, il existe bien une corrélation "une nation égale une langue", malgré la persistance d'Etats ou coexistent plusieurs langues, tels l'Autriche-Hongrie ou l'Empire ottoman. Mais le 19e siècle voit se former les nations autour de la langue, puisque certains intellectuels s'inspirent de la langue du peuple pour cimenter la nation. Car le 19e siècle est le siècle des nationalités par excellence. 

Influencés par l'idée Française issue de la Révolution de 1789 selon laquelle les citoyens d'un même Etat constituent une "nation", c'est-à-dire une communauté homogène unie par un territoire, une langue et la volonté de vivre ensemble, de nombreux peuples balkaniques, profitant de l'affaiblissement de la Turquie sur la scène internationale et du contexte de difficulté économique, prennent les armes pour chasser l'occupant et se constituer en Etat-nation à part entière. Cette période est définit, selon la célèbre formule de Renan, par « le désir de vivre ensemble ». 

Toutes les nations chrétiennes sujettes des Turcs se révoltent tour à tour dès 1804 contre ces derniers au nom de la différence de langue et parfois de religion. 

On peut donc se demander en quoi et par quel moyen la langue permet de forger une identité nationale ? En l'occurrence pour les peuples balkaniques elle a crée un sentiment d'appartenance à un même groupe. Elle s'est alors avérée être un motif de scission avec l'Empire ottoman. 

Les pesanteurs d'un passé ottoman


A partir du 14e siècle, en cent cinquante ans, les Balkans sont conquis par les Turcs venus d'Asie Mineure. Les envahisseurs franchissent les Dardanelles en 1354, défont les Serbes à la bataille de Kosovo en 1389, prennent Constantinople en 1453. La Bosnie tombe en 1463, la Valachie et la Moldavie en 1476 et 1503. La conquête ottomane amène des bouleversements considérables dans la géographie humaine de la région. Elle y introduit une troisième religion, l'islam. Elle cause aussi des dévastations et des migrations massives. Dès lors, les populations sont inextricablement mêlées. Ainsi c'est avec la conquête turque, au 14e siècle, que les déplacements de population prennent un caractère massif. 
A côté des populations chrétiennes apparait aussi un peuplement musulman soit par immigration de Turcs venus d'Anatolie, soit par conversion des anciens habitants. L'immigration turque peuple avant tout des régions d'accès plus difficile ou les turcs ne s'installent guères. Apparaissent donc des musulmans bulgarophones, des musulmans parlant grec alors que deux peuples se convertissent presque entièrement à l'islam : les Albanais et les Slaves bosniaques. 

Mais à partir du 17e siècle, le fossé se creuse, s'agrandit, entre l'Empire en décadence et les Etats chrétiens tel celui de l'Autriche - Hongrie. L'Europe connaît le développement des Lumières, les avancées technologiques, et une élimination progressive de l'arbitraire. L'Empire ottoman, qui aux yeux des Occidentaux représente "l'homme malade" par excellence du fait du retard économique et du despotisme, voit ses populations balkaniques s'imprégner des pensées nationalistes qui submergent alors l'Europe dans son ensemble. 

Dans le roman d'Ivo Andric, Le pont sur la Drina, on entend, à l'époque des guerres balkaniques (1912), un jeune serbe de Bosnie proclamer que "le nationalisme" contemporain triomphera des différences confessionnelles et des préjugés archaïques, il libérera le peuple des influences étrangères qui lui sont néfastes et des exploiteurs venus d'ailleurs. Car d'ores et déjà à l'agonie et à l'article de l'implosion, l’Empire ottoman doit désormais faire face aux revendications nationalistes de ses sujets balkaniques. 

Le 19e siècle des Nations en Europe. La montée des nationalismes chez les peuples balkaniques.

Le nationalisme est sans aucun doute le phénomène marquant de ces deux derniers siècles, il est à la fois un processus historique et une idéologie. Il repose sur la revendication légitime de nombreux peuples à un État national. Tout au long du 19e siècle, il sert de ferment à l’émergence d’États-nations indépendants (Allemagne, Italie et les États balkaniques issus de l’Empire ottoman : Grèce, Roumanie, Bulgarie, Serbie), contribuant à la modification de la carte de l’Europe entre 1830 et 1878. 

Selon Ernest Gellner, théoricien de la modernité, « le nationalisme est essentiellement un principe politique, qui affirme que l’unité politique et l’unité nationale doivent être congruentes ». De fait, ni les nations ni les États n’existent en tout temps et en toute circonstance, car ce sont « les hommes qui font les nations » et que c’est leur seule « reconnaissance mutuelle en tant que personnes de ce type qui les transforme en nation ».

Aussi, l’émergence d’une nation est très souvent le résultat d’une guerre dite d’indépendance, ou de combats qui visent à son obtention. « C'est toujours un grand spectacle que celui d'une nation qui lutte pour son existence (...) Vous n'êtes plus une province inconnue, vous faites partie de la cité,(...) Vous avez maintenant les mêmes chances de vie, de liberté, d'indépendance et d'avenir que l'Europe elle-même (...) », s'émeut Edgar Quinet à propos de la lutte pour l'indépendance de la Roumanie à la fin du 19e siècle. L'idéal de la nation-Etat - pour chaque peuple balkanique un Etat indépendant, doté d'un territoire borné par des frontières- est pendant tout le 19e siècle accepté comme allant de soi, tant dans les pays concernés que dans l'opinion libérale européenne. Au nom du principe des nationalités il s'agira de libérer les opprimés du joug turc. 

Au début, les territoires libérés (Serbie, Monténégro, Grèce, Roumanie) sont petits et non contigus, ils sont encore séparés les uns des autres par des territoires restés ottomans, leurs expansion ne peut donc se faire qu'au détriment de l'oppresseur. A partir de 1878, et surtout en 1912, les pays balkaniques se sont agrandis jusqu'a devenirs voisins, et les rivalités entre eux deviennent au moins aussi importantes que leur conflit l'Empire ottoman. Mais le sentiment chez chacun de la légitimité de sa lutte reste le même. 
Car comme le dit l'écrivain libanais Amin Maalouf dans son œuvre les Identités meurtrières : "Là ou les gens se sentent menacés dans leur fois, c'est l'appartenance religieuse qui semble résumer leur identité entière. Mais si leur langue maternelle est menacés, alors ils se battent farouchement contre leur propres coreligionnaires". 

De façon générale, une nation peut se définir comme un groupe humain cimenté par une culture pérenne, dont le fondement est l’histoire, interprétée et souvent mythifiée. Renan n’affirma-t-il en 1882 dans son fameux discours "Qu’est-ce qu’une nation ?" à la Sorbonne que "l’oubli, et je dirai même l’erreur historique, sont un facteur essentiel de la formation d’une nation". Mais de même qu’un État n’est pas forcément une nation, une nation n’est pas forcément un État, comme le rappelle l’exemple de l'Empire Ottoman, partagé entre plusieurs États.

Représentation géopolitique, la nation est le résultat de processus historiques et s’attache à différentes valeurs et critères qui servent à la caractériser et la définir (langue, l’ethnie, le territoire). L’identité nationale repose sur deux choses fondamentales : un territoire et un fond historico-culturel, le plus souvent basé sur la langue, en particulier en Europe, où la plupart des langues ont été l’outil de la construction nationale. Pour les nationalistes, la langue est "l’âme d’une nation", elle s’affirme comme un critère de nationalité de plus en plus crucial pour leur projet d’émancipation nationale. 

Ainsi la langue est bien souvent un élément de cohésion propice à l’émergence d’une nation, puisqu’en en tant que langue de communication de l’élite, elle s’impose d’abord comme modèle de communication pour la nation en devenir, avant de devenir la norme en tant que langue commune.

La fabrication de la langue nationale est une nécessité pour justifier l'existence de la Nation. 

En s’appuyant sur la langue, en tant que construction nationale, les nationalistes territorialisent l’aire d’extension des langues et leur donnent des frontières nettes. La langue en tant que marqueur identitaire devient ainsi progressivement un élément qui sert à appuyer les revendications territoriales des États. Du fait de cette territorialisation de la langue, les premières cartes linguistiques réalisées à partir des données émanant des recensements linguistiques menés par les État apparaissent et accompagnent les revendications nationales. En Europe centrale et orientale, les cartes ethnographiques du milieu du XIXe siècle, sont intimement liées à la question nationale. Le géographe serbe, Jovan Cvijic, responsable scientifique de la délégation serbe à la Conférence de Paris (1919), est selon Michel Sivignon, géographe spécialiste de la Grèce et des Balkans, un "orfèvre en la matière". Ne cartographie-t-il pas dans son ouvrage, La péninsule balkanique, "des Serbes albanisés" dans la partie Nord de l’Albanie, afin de justifier les prétentions de la Serbie sur cette région et accéder à un débouché maritime ?

Grâce à cette territorialité acquise par la langue, les nationalismes peuvent exiger la reconnaissance de leur différence et exprimer des revendications autonomistes, indépendantistes vis-à-vis d’une souveraineté, d’un État central. Surtout, ils vont dès lors tenter de faire coïncider frontières linguistiques et frontières territoriales de la nation. En raison de cette aspiration à la congruence entre territoire linguistique et territoire nationale, les langues ont joué un rôle identitaire et géopolitique majeurs dans la formation des États-nations balkaniques. 

Le paradoxe du nationalisme réside peut-être là, dans cette tension existante entre un monde aux traits de plus en plus communs et des individus souhaitant conserver une identité propre, considérée comme plus proche, plus familière. Ici nous pouvons citer un passage des Identités meurtrières (Amin Maalouf), "Chez tout être humain existe le besoin d'une langue identitaire ; celle-ci est parfois commune à des centaines de millions d'individus, et parfois quelques milliers seulement, peu importe ; à ce niveau, seul compte le sentiment d'appartenance. Chacun d'entre nous a besoin de ce lien identitaire puissant et rassurant". 

Afin de légitimer le choix d'une langue nationale, il faut l'ancrer dans l'histoire de la nation, la mythifier

Depuis la fin du 18e siècle, l'Empire ottoman, dont la Grèce fait partie, décline fortement. Le temps est loin ou, comme en 1683, il peut porter ses armes sous les murailles de Vienne. Sa puissance s'effrite lentement, en Europe, dans les Balkans et dans les provinces arabes de l'empire. C'est l'occasion que les grecs saisissent pour se soulever à leur tour, dans le but d'obtenir leur indépendance. En 1821, Germanos, archevêque de Patras, brandit l'étendard de l'insurrection, qui se propage bientôt dans la Grèce continentale et dans les îles. 

Après quatre siècle de domination ottomane, la Grèce recouvre la liberté et sa souveraineté, même s'il ne s'agit encore que d'une partie de son territoire actuel. Mais de nombreuses régions peuplées de grecs demeurent sous la domination ottomane. En effet, cette nation nouvelle qu'est la Grèce, si petite par son territoire, peine à construire une unité réelle entre ses différentes régions : chacune à son dialecte, ses coutumes, son mode de pensée et de vie. Le repliement sur des communautés restreintes, familiales ou villageoises, au mieux régionales, semble avoir été la règle principale durant la longue période d'occupation ottomane. 

L'Eglise orthodoxe seule a assuré la conservation d'une identité commune à tous les Grecs. Mais cela ne suffit pas à bâtir cette unité nationale. Cependant, avec la création de l’État grec en 1830, le gouvernement, désireux de s’affranchir de la domination ottomane, adopta comme langue officielle la katharevousa, c’est-à-dire la "langue épurée", une variété savante, puriste, archaïsante et défendue par des idéologues réformateurs.

Les campagnes menées par les puristes furent tellement déterminantes que le gouvernement adopta la katharevousa comme langue de l'État. Elle fut utilisée dans tous les domaines de la vie publique, notamment dans la vie politique, le droit et la justice, l’administration, la religion et l’enseignement. Cette langue devint également l'un des facteurs d'unification de la "nouvelle nation purifiée" de ses ajouts turcs, slaves et albanais accumulés lors de l'occupation ottomane. Le peuple, pour sa part, a toujours continué à parler le démotique dans la vie quotidienne. 

Quant à la Serbie, son territoire est soumis après la bataille de Kosovo en 1389, il le restera quatre siècles durant. Les monastères, seuls foyers de la culture, maintiennent la tradition écrite en slavon. La population développe alors une littérature orale d'une extrême richesse, littérature qui ne sera mise en valeur et reconnue qu'à la faveur du romantisme européen. Il s'agit de véritables poèmes épiques chantant les luttes des guerriers serbes contre l'envahisseur et évoquant les épisodes tragiques de la vie de la communauté. Ils exaltent non seulement le sentiment patriotique mais la haute valeur morale des personnages. 

Vers la fin de la période ottomane un foyer de littérature se développa, les Serbes migrèrent en masse à la fin du 17e siècle. Si l'activité littéraire reste toujours liée à l'Église – et donc à sa langue spécifique – le parler populaire est de plus en plus souvent introduit dans l'écrit. La région de Voïvodine favorise le contact avec le reste de l'Europe et notamment avec l'esprit des Lumières, sous l'influence desquelles on assiste à une véritable renaissance de la culture nationale.




-Bibliographie :


-GARABATO C, Alen, L'éveil des nationalités et les revendications linguistiques en Europe (1830-1930), Paris, L'Harmattan, éd 2005. 

-GARDE, Paul, Le discours balkanique. Des mots et des hommes, Paris, Fayard, 2004.

-GARDE, Paul, Langue et nation : le cas serbe, croate et bosniaque, Paris, Sériot, éd. 1996.

-GARDE, Paul, Les Balkans, Paris, Flammarion, 1999.

-DALEGRE, Joëlle, Grecs et Ottomans 1453-1923. De la chute de Constantinople à la fin de l’Empire ottoman, Paris, L’Harmattan, 2002.

-CASTELLAN, Georges, Histoire des Balkans : XIVe-XXe siècle, Paris, Fayard, 1999.

-MANTRAN, Robert (dir.), Histoire de l'empire ottoman, Paris, Fayard, 1989.

-TERNON, Yves, Empire ottoman : le déclin, la chute, l'effacement, Paris, Ed. du Félin, 2002.
 



17 réactions


  • zelectron zelectron 2 décembre 2013 18:50

    De l’importance relative de la langue dans la formation d’une nation

    c’est ce que j’aurais titré ! sinon belle tentative.


    • amiaplacidus amiaplacidus 3 décembre 2013 13:12

      Effectivement relative !

      Parce que les Québécoises ne se sentent aucun lien particulier avec la France et les « maudits Français ».

      Les Suisses francophones envisagerait avec la dernière horreur un quelconque lien (autre que la langue) avec la France et les « Frouzes ».

      Les Belges francophones ne seraient pas vraiment enchantés (c’est le moins que l’on puisse dire) d’être rattachés à la France.

      Etc.


  • Robert GIL ROBERT GIL 2 décembre 2013 19:33

    la langue permet de se forger une identitée nationale dites vous, et bien pour nous forger et nous soumettre a une autorité mondialisé sous gouvernance des multi-nationales on nous prépare a l’anglais...

    voir : L’ANGLAIS, AGENT DE LA SOUMISSION AU CAPITAL


  • soi même 2 décembre 2013 19:43

    Vous décrivez un fait extérieur, d’une réalité suprasensible de la céruse due à la divisions de l’empire Romain en deux entités distingues l’empire d’Occident et l’empire d’Orient.
    La Yougoslavie porte dans son histoire cette ligne de fracture qui à été ranimé par le panslavisme qui est m’est une des sources de ce que l’on à appeler la poudrière Balkanique.
    Une lange n’est jamais artificiel, elle est liée aux génies des peuples, à une entité spirituel.

    Le fait d’évoquer le problème linguistique de la l’ex Yougoslavie, est le reflet microcosmique de l’avenir de l’UE.

     


  • Mohamad Ezzedine Mohamad Ezzedine 2 décembre 2013 20:59

    Depuis la chute du Mur de Berlin et la chute du bloc de l’Est, les populations ont tendances a « s’américaniser » et a « s’anglicaniser ». Je pense que les états devraient engager des politiques de remise en valeur de la langue et de la culture nationale, contre la culture Hollywood. Sans cela les nations, qui n’en seront plus d’ici quelques années, perdront leur identité.   


    • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 2 décembre 2013 21:23

      Je ne pense pas qu’il y ait péril en la demeure à ce point de vue là en Europe : même en Allemagne les gens sont très médiocres en Anglais à part en Scandinavie, vous pouvez d’ailleurs toujours vous amuser à essayer de faire le test de l’étranger qui ne parle que l’Anglais pour se faire comprendre pour arriver à la conclusion que l’américanisation n’est pas pour demain.

      Ceci étant dit, il existe des élites qui sont obligées de manier correctement l’Anglais pour se faire comprendre partout où elles vont pour leurs affaires commerciales, mais il s’agit d’une minorité qui ne renoncerait en outre pour rien au monde à sa culture nationale.

      Donc, no stress !

      Soyons et restons ZEN !

      Heeeeeeeeeeeeeeeeeeu .... je voulais dire qu’il n’y a pas de raisons objectives de s’alarmer outre mesure de la prépondérance du Goton en tant que lingua franca moderne !


  • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 2 décembre 2013 21:15

    L’auteur a malheureusement oublié d’évoquer l’idéologie panslaviste des Tsars de Russie comme facteur principal de la remodélisation des Balkans au 19 ième siècle : ce sont les Tsars de Russie qui ont protégé les Serbes, les Moldaves, les Valaques, les Bulgares et les Grecs contre les armées Ottomanes.

    D’ailleurs, si on s’intéresse à la question, on s’aperçoit que ça ne se limite pas uniquement aux peuples slaves mais que l’objectif final était Jérusalem via Constantinople.

    Les très mauvaises langues iront jusqu’à sous entendre que Jérusalem était la ligne ... ROUGE à ne pas franchir et que cette ambition leur a coûté la révolution bolchevique pour les neutraliser, mais, en l’absence de preuves je m’abstiendrai bien d’aller jusqu’à prétendre ce genres de choses.




    • Alois Frankenberger Alois Frankenberger 2 décembre 2013 21:30

      Ouais parce que sinon, on commence avec les théories de complots et tous ces trucs là avec tous les foldingues du web qui se reconnaitront volontiers.

      Il n’empèche que la concommitance des événements est bien agencée pour des hasards non interconnectés bien qu’au final compte tenu de la situation actuelle, on peut se demander si les comploteurs présumés ( j’accuse personne hein ) avaient anticipé la donne actuelle qui est on ne peut plus préoccupante compte tenu de leurs objectifs.

      Enfin bon, l’avenir nous dira s’ils avaient raison pour autant que le complot ait réellement existé.




  • Aldous Aldous 2 décembre 2013 23:43

    Article interessant mais qui mérite quelques précisions.


     les révoltes contre l’oppression ottomane n’ont pas attendu 1804 pour eclater. On ne retient cette vague là que parce qu’elle fut couronnée de succes.

    Par exemple, en 1600 et en 1611 il y eu deux révoltes menées par Dionysios (Denis) dit le philosophe en Epire (à Ioannina au nord de la Grèce) avec l’aide de financiers Vénitiens. 

    Pour ce qui est du Grec, l’echec d’impose la langue appurée (Katharèvoussa) est liée au sentiment national. Le Grec démotique (populaire) en depit de ses emprunts au turc, serbe, italien et maintenant anglais, est une langue encore etonnament proche de la koinè antique.

    Le locuteur Grec de la rue se sent pleinement hellènophone et trouvait assez pédant et prétentieux qu’on veuille lui imposer à la radio et dans les journaux un grec « plus grec » que le sien. Un peu comme si on tentait d’imposer le Français de Molière dans des administrations et les médias : 

    « Ouvrez votre huis messire, c’estoi la maréchaussée. Ouvrez prestement si ne voulez être morigéné ! »

  • claude-michel claude-michel 3 décembre 2013 07:35

    Toutes les langues ont évolué au fil des siècles....votre ciment c’est du Bouygues sans doute.. ?


  • Klisthène 2017 Kxyz 3 décembre 2013 11:04

    Jacques Attali dans le génie français publié dans les colonnes de l express en no 2009 considérait que six éléments identifiaient un peuple territoire langue valeurs histoire et destin commun..


  • L'enfoiré L’enfoiré 3 décembre 2013 12:38

    Je m’attendais à voir le français comme porte-drapeau de cet article.

    Et puis, non. Ce sont les Balkans et là cela m’intéresse.
    Tito disait que « La Yougoslavie a six Républiques, cinq nations, quatre langues, trois religions, deux alphabets et un seul parti. ».

  • eugène wermelinger eugène wermelinger 3 décembre 2013 17:08

    à M. Mohamad : votre article éclaire bien le casse-tête de cette région.
    Pour élargir et universaliser le débat, allez svp voir ce que je pense de la question linguistique ici :
    http://regionauxois-morvan.blog4ever.com/blog/lire-article-465649-2215780-du_patois_morvandiau__en_passant_par_le_francais__.html


  • Emmanuel Glais 3 décembre 2013 18:39

    « le réveil national chez les élites balkaniques, au 18e et 19e siècle, s’est effectué grâce à la réappropriation de leur langue, au détriment du turc » 

    Petite précision : le turc n’était pas la langue de l’Etat ottoman mais la langue du peuple. Jusqu’à l’émergence du nationalisme turc il n’y a pas identité entre le turc (en tant que peuple) qui parle turc et l’élite dirigeante qui parle et écrit l’ottoman (une langue qui a beaucoup emprunté au perse et à l’arabe, mais avec un vocabulaire en partie « turc »). Jusqu’au XIXe dans les textes ottomans le « turc » est le paysan, le plouc. 
    Tout cela nous amènerait à analyser l’émergence de la Turquie comme Etat-Nation à la suite de la 1ère Guerre mondiale... Atatürk va créer une nouvelle langue turque qui s’écrira en alphabet latin à partir de 1928 !

  • Jelena XCII 3 décembre 2013 19:02

    Un article qui résume rapidement la situation. L’occupation ottomane suivant les pays n’a pas toujours été la même, mais qu’importe... Je ne pense pas que les différentes langues furent un véritable problème pour l’ex-Yu. Serbes, croates, bosniaques & monténégrins parlent approximativement la même langue. Le problème majeur c’était surtout les 3 religions.


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