mardi 17 avril 2018 - par

Desproges écrivait-il comme une collégienne ?

Deux textes sur Desproges en une semaine, vraiment il exagère ! Je vous entends déjà amis lecteurs et surtout toi qui me lis en douce de ton « open space » de l'avenue d'Aygu, oui, oui ne nie pas, je le sais, et ton patron aussi. Vous voudriez que de temps en temps j'abandonne mes sujets favoris, que je suis méchant, que je suis cynique, que je suis un faux-gentil et non un faux-méchant. Mais je n'y peux rien, j'aime Desproges qui aime le verbe, et la vie, et qui rit par peur de désespérer un peu plus de ses semblables, ses congénères humains.

 

Finalement la devise de Yourcenar pourrait être aussi celle de Cyclopède :

« Je ne vis pas comme ils vivent, je n'aime pas comme ils aiment, je mourrai comme ils meurent ».

 

Ces derniers jours, mon œil chafouin et voyant le mal partout est tombé sur une critique de la réédition des réquisitoires des flagrants délires par David Foenkinos. Alors là bien sûr j'ai pouffé, car l'auteur susdit écrit comme une collégienne complexée et sensible, le genre mal dans sa peau rêvant d'être comme les belles filles de la classe. Foenkinos qui rend hommage à Desproges et qui donne bons et mauvais points, c'est un peu comme je ne sais pas moi comme si François Hollande se targuait d'écrire un livre de pensées politiques pour donner son avis sur la Vème République.

 

Ce serait parfaitement grotesque, je n'osais pas le dire mais vous m’ôtez les mots de la bouche...

 

Les divers opus que Desproges a laissé aux heureuses éditions du Seuil rapportent encore un bon paquet d'argent. J'en suis ravi pour cette glorieuse maison et aussi pour ses ayant-droits qui y trouvent un certain confort matériel ou un confort matériel certain. Les réquisitoires des flagrants délires ressortent donc, encore, c'est ainsi tous les cinq ans, et aussi les chroniques de la haine ordinaire, « des femmes qui tombent, agrémentés de préfaces énamourés et de documents réputés inédits et indispensables. Ils sont tous là dans les documentaires à verser leurs petites larmes, à proclamer que « ahlala » il nous manque.

 

J'ai horreur de ce refrain et du type qui nous enseigne juste après et nous explique doctement pourquoi on ne peut plus dire autant de blagues irrespectueuses, pourquoi il est mal de rire de tout parce que l'humour ça peut blesser.

 

Il est vrai que Desproges avait ses limites, il ne rigolait jamais avec sa famille ou une virgule mal placée. Comme quoi on peut dire une phrase que maintenant n'importe quel humoriste de bas étage sort pour faire cultivé, et tellement libre, et ne pas s'appliquer ce que l'on conseille aux autres. Je sais aussi que me payer la tête de David Foenkinos ci-dessus, voir début de ce texte passionnant, me vaudra peut-être quelque volée de bois vert :

 

Tous les goûts sont dans la nature, il faut respecter ce qu'aime bien les autres, il ne faut pas se moquer de ce qu'apprécie les gens simples (simplets même dans le cas de Foenkinos, je n'osais pas le dire là encore amis lecteurs mais enfin vous avez du culot de le faire à ma place, de quoi vais-je avoir l'air ?).

 

Je me répète ou peut-être sombré-je dans l'Alzheimer précoce mais qui nous empêche aujourd'hui de faire preuve de dérision ? A part les communautés, les sectes, les groupuscules divers et variés qui réclament le respect en estant en justice dés que l'on ose critiquer leur convictions absconses. Ou alors la peur de perdre de l'argent ? Certes je comprends mais au bout d'un moment on doit quand même se sentir mal ? Aliéné ? Vous savez la fameuse aliénation de l'homme moderne qui se conjugue parfois avec le fameux malaise des cadres dont Desproges parlait souvent et dont moi aussi je n'ai strictement rien à faire.

 

Amis écorchés vifs, Desproges est pour nous, il écrit mieux que la plupart d'entre nous n'en serait sans doute capable pourquoi les aspirations sociales et les paradigmes s'en ensuivant sont parfaitement absurdes, camouflant bien mal l'avidité, la sottise, la haine parfois...

 

...Mieux vaut en rire.

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration empruntée ici

 

Ci-dessous un conte de Noël que j'aime bien de Desproges, on sent bien toute sa désolation face à la sottise des passants qui refusent d'héberger ses amis juifs dont le mari charpentier




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