lundi 27 décembre 2021 - par Theothea.com

« Douce France » Mémento de La République Présidentielle au Tristan Bernard

De manière beaucoup plus intrusive que les huit Présidents qui, tour à tour, ont administré la cinquième République sous le contrôle impérieux de sa Constitution promulguée en 1958, l’Objet théâtral « Douce France » stigmatise les aléas de son fonctionnement, en débutant le scan deux ans avant les fameux « évènements » de 1968.
 

  

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DOUCE FRANCE
© Fabienne Rappeneau

  

Il agit à la manière d’une loupe grossissante en flashant sur des anecdotes pouvant paraître dérisoires dans leur singularité cocasse mais qui, réunies dans leur juxtaposition et leur enchaînement, pourraient s’avérer fort signifiantes de la spécificité du régime républicain, cinquième du nom.

Ainsi pour commencer, comme au Théâtre classique, la sacro-sainte règle des trois unités s’impose tant au spectateur qu’aux deux auteurs :

Pour l’unité de « Temps », c’est simple, dès la présentation de la pièce, il est précisé que le spectacle dure 55 ans.

Pour celle du « Lieu », aucun problème, tout est géré depuis l’Elysée, ce fameux Palais de la République Française aux 365 pièces, une pour chaque jour de l’année.

Enfin pour l’unité d’« Action », le principe est d’emblée refermé sur lui-même : Tout, en effet, n’aboutit et ne procède qu’à partir de la personne du Président.

 

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DOUCE FRANCE
© Fabienne Rappeneau

  

Voici donc un cadre d’autant mieux structuré qu’à l’intérieur tout va pouvoir être façonné à la main de ceux qui vont successivement occuper la fonction, qu’elle soit initialement sous forme de septennat ou par la suite de quinquennat.

Qu’ils s’appellent donc De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande ou actuellement Macron, tous n’auront de compte à rendre qu’à l’Histoire et, le cas échéant, à la Justice mais uniquement au-delà de leur temps imparti.

La monarchie républicaine est donc prête à s’exhiber pour le plus grand plaisir des spectateurs dans la salle du Tristan Bernard mais également à l’échelle des 70 millions de citoyens français docilement assujettis.

En effet, malgré ses remises en question récurrentes, la Constitution de la 5ème a la peau dure, car même ses détracteurs les plus zélés s’y sentent comme poisson dans l’eau, dès qu’ils parviennent à la plus haute marche du pouvoir.

 

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DOUCE FRANCE
© Fabienne Rappeneau

  

Et c’est donc ainsi dans ce contexte d’une boucle sans fin, à l’aide d’archives à la fois sonores, filmées, écrites et transmises entre elles par des générations d’électeurs, que se constitue un véritable trésor de la Comédie nationale dont tous les français sont si friands et, en définitive, pas peu fiers, face au monde entier qui les regarde médusé.

Bien entendu, les morceaux choisis par les auteurs sont particulièrement savoureux et drolatiques ; ils ont surtout l’immense qualité d’être tellement authentiques qu’ils en atteignent au statut gustatif de véritable « Madeleine » pur beurre dans lequel le souvenir de chacun peut s’objectiver en mémoire collective validée par tous.

Un travail d’orfèvre documenté et agencé en amont par Stéphane Olivié Bisson et son partenaire David Salles qui, chaque soir devant leurs concitoyens, s’en donnent à cœur joie de revivre cette épopée Elyséenne en qualité de conseillers spéciaux inamovibles de la République dès la première du nom. 

   

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DOUCE FRANCE
© Theothea.com

 

Pour les accompagner dans une parité de bon aloi, Evelyne (Delphine Baril) chef du protocole depuis Louis-Napoléon Bonaparte a, elle, tout vu, tout entendu mais son devoir de réserve l’incitera à se contenter de « modérer » ses deux collègues impétrants.

Bien entendu, on l’aura compris, c’est aussi ici « Embrassons-nous Folle ville » et l’on y vient donc pour profiter de cette truculente satisfaction mais, néanmoins à la veille de la prochaine élection présidentielle, il pourrait aussi être plaisant de questionner :

La « Cinquième »… Stop ou Encore ?

  
photos 1 à 3 © Fabienne Rappeneau
photos 4 & 5 © Theothea.com

  

DOUCE FRANCE - ***. Theothea.com - de & mise en scène Stéphane Olivié Bisson & David Salles - avec Stéphane Olivié Bisson, David Salles et Delphine Baril - Théâtre Tristan Bernard

 
  

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DOUCE FRANCE
© Theothea.com

   



2 réactions


  • amiaplacidus amiaplacidus 27 décembre 2021 11:35

    @l’auteur qui dit "... Qu’ils s’appellent donc De Gaulle, Pompidou, Giscard, Mitterrand, Chirac, Sarkozy, Hollande ou actuellement Macron, tous n’auront de compte à rendre qu’à l’Histoire et, le cas échéant, à la Justice mais uniquement au-delà de leur temps imparti. ..."

    C’est effectivement une grande partie du problème : il n’existe strictement aucun contre-pouvoir.

    Quant à la Justice sanctionnant, c’est une plaisanterie lorsque l’on voit ce qui se passe actuellement et les affaires impliquant Sarkozy.


  • Lynwec 27 décembre 2021 14:45

    Finalement, après réflexion, du point de vue d’un humain lambda (moi) bien peu des noms « célèbres » méritent autre chose que du mépris. Les artistes (pas tous) dont certains musiciens, certains écrivains pour leur créativité, quelques scientifiques, mais bien peu en fait. En gros, ceux dont l’apport aura été globalement bénéfique et sans nuire à qui que ce soit,ce qui élimine tous les « grands » dirigeants.

    Pour les politiques,c’est pour la France élimination directe,sauf peut-être Jaurès qui s’opposait au carnage mais n’eut pas la possibilité de confirmer sa valeur réelle.


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