samedi 9 mars 2019 - par Axel_Borg

Du procès Uderzo à XIII Mystery, la machine Dargaud

 

Astérix, XIII, Blake et Mortimer. Mastodonte de la bande dessinée, Dargaud a toujours pu compter sur au moins une figure de proue …

1998, malgré l’absence de nouveauté dans le catalogue, est une année cruciale pour XIII. En effet, la série devient définitivement une des pierres angulaires du succès de Dargaud. D’abord par la confirmation des chiffres miraculeux de sa courbe des ventes : 339 000 albums vendus sans l’effet catalyseur d’une nouveauté. De 1984 à 1997, soit du tome 1 (Le Jour du Soleil Noir) au tome 12 (Le Jugement), le scénariste Jean Van Hamme et le dessinateur William Vance n’avaient connu que deux années de jachère, en 1993 et 1996.
Rappelons que le virtuose scénariste belge est aussi à l’ouvrage sur Largo Winch, Blake et Mortimer, Thorgal ...

L’année 1998 est également fondamentale pour XIII parce que Dargaud perd définitivement une autre de ses séries majeures, Astérix. En procès avec Albert Uderzo depuis 1990, Dargaud s’incline dans son combat judiciaire.

Orphelin de René Goscinny, décédé en 1977, Uderzo avait fondé dès 1980 sa propre maison d’édition, comme Jean Graton (Michel Vaillant) ou Jean Tabary (Iznogoud).
Cette décision étant la conséquence directe d’un contentieux pour lequel il n’y aura ni jugement de Salomon, ni règlement à l’amiable. L’enjeu financier sous-jacent était trop important.
En 1976, un litige éclate entre Uderzo/Goscinny d’une part, et Dargaud de l’autre … La pomme de discorde concerne les droits d’auteur sur la vente d’albums d’Astérix à l’étranger. Les auteurs estiment le préjudice subi à plusieurs millions de francs.
En 1977, René Goscinny meurt dans un banal test d’endurance cardiaque. Lors des obsèques, au cimetière du Montparnasse, Georges Dargaud avait commis une gaffe suprême, en déclarant : Goscinny est mort, Astérix est mort.

L’éditeur a franchi le Rubicon … Albert Uderzo, subitement privé de son génial scénariste et ami, s’était alors senti humilié.
Dargaud et Uderzo travaillent alors ensemble depuis 1961, année où la maison d’édition fondée par Georges Dargaud racheta l’hebdomadaire Pilote, dans lequel les aventures de l’irréductible gaulois étaient publiées depuis 1959.
En 1980, Uderzo fonde Albert René, maison d’édition qui prend en charge la publication des nouveaux albums d’Astérix, à partir du Grand Fossé (tome 25). Dargaud conserve la gestion des vingt-quatre albums précédents, d’Astérix le Gaulois à Astérix chez les Belges.

La poire est donc coupée en deux, provisoirement. Le volcan assoupi s’apprête à rentrer en éruption, bien que Georges Dargaud décède le 18 juillet 1990.
L’orage éclate véritablement en 1990, quand Gilberte Goscinny, la veuve de René, et Albert Uderzo souhaitent résilier le contrat les liant à Dargaud, par voie judiciaire.
Le point de non-retour est alors atteint, au sujet des droits étrangers des premiers albums d’Astérix, que les plaignants jugent sous-estimés par l’éditeur. En 1993, le Tribunal de Grande Instance de Paris condamne Dargaud à indemniser les plaignants, tout en résiliant le contrat.
Mais l’éditeur ne jette pas l’éponge et fait appel de cette décision. La puissance commerciale d’Astérix est cruciale pour Dargaud. L’appel de l’éditeur porte ses fruits en 1994, invalidant la première décision de justice.
Uderzo annonce alors le 4 juin 1994 qu’il arrête Astérix, avant de se raviser. En 1996, le pourvoi du dossier en Cassation redonne cette fois raison à Uderzo et Anne Goscinny, qui a pris le relais de sa mère dans ce long combat juridique. Un ultime procès, le 9 septembre 1998, donne raison à Albert Uderzo, qui vendra toutes ses parts à Hachette en 2008.

En 1998, la fin du procès Astérix sonne pour Dargaud comme le glas d’une époque. Voilà en quelque sorte l’éditeur privé de sa potion magique. Les seules ventes des aventures de l’irréductible gaulois représentaient en effet 35 % de son chiffre d’affaires.
La défaite judiciaire de Dargaud constitue un camouflet pour l’éditeur, qui a bu le calice jusqu’à la lie. Depuis de nombreuses années, Dargaud traverse une période délicate.
En 1984, son catalogue éditorial comportait près de 1 500 titres, soit 40 % du marché francophone. Par la suite distancé par son rival Dupuis, Dargaud perd ensuite un de ses plus beaux ambassadeurs. Le magazine Pilote tire sa révérence en novembre 1989. Cruelle ironie du sort, le magazine avait fêté un mois plus tôt les trente ans d’Astérix.


En décembre 1988, Georges Dargaud avait cédé toutes les parts de sa maison d’édition au groupe Médias Participations. L’arrivée aux commandes de Claude de Saint-Vincent, en 1991, s’effectue donc dans un contexte critique : J’ai été recruté par des actionnaires dont la maison perdait cinq millions d’euros par an.
 

La survie d’un éditeur de bande dessinée est étroitement liée à la création de héros capables de résister à l’érosion du temps : Tintin est né en 1929, Lucky Luke en 1946, Alix en 1948, Astérix en 1959. Chaque nouvelle sortie dope les ventes de ses prédécesseurs dans le catalogue.

L’origine de cette pression économique est inhérente au secteur de la bande dessinée. L’équation à résoudre est donc identique pour les rivaux de Dargaud, tels Casterman et Dupuis.
En effet, un album de bande dessinée coûte, en moyenne, deux fois plus cher à produire qu’un roman. Premièrement, il fait travailler deux à trois personnes (scénariste, dessinateur, coloriste) au lieu d’une seule (romancier). Ensuite, l’impression d’un album cartonné et d’une quarantaine (voire plus) de planches en couleur coûte évidemment plus cher que l’édition d’un simple livre broché, quelles que soient le nombre de pages de l’ouvrage.
Enfin, un album se vendra en moyenne entre dix et douze euros contre près du double pour un roman. Ainsi, pour faire d’un album de bande dessinée un produit rentable, il faut en vendre quatre fois plus qu’un roman. Le seuil critique se situe donc à 10 000 exemplaires vendus. Dans un tel contexte, étant donné la perte de l’irréductible gaulois, seulement deux séries de son catalogue peuvent relancer l’éditeur Dargaud : Blake et Mortimer, et XIII. Chaque série doit voler de ses propres ailes le plus vite possible.
 

Au printemps 1998, Didier Christmann, directeur éditorial de Dargaud, cherche à lancer une seconde équipe pour Blake et Mortimer, madeleine de Proust de tant d’amateurs de bande dessinée.
En effet, Ted Benoit, dessinateur magistral de l’Affaire Francis Blake (triomphal album de reprise avec 660 000 exemplaires vendus en 1996), est déjà en retard sur le planning de l’Etrange Rendez-Vous, deuxième scénario écrit par Jean Van Hamme (cet album sortira finalement en septembre 2001).
Très méticuleux, Benoit veut coller au plus près de la fameuse ligne claire héritée de Jacobs, dans la plus pure tradition de l’école de Bruxelles.
Déjà, lors de la conception du premier album de reprise, l’Affaire Francis Blake, Ted Benoit avait absolument tenu à respecter, avec sa coloriste, Madeleine de Mille, les couleurs majeures utilisées par Jacobs : vert olive, bleu nuit, rouge vermillon.

A la sortie de l'album, le quotidien Libération en fait sa une, suivi par d'autres journaux. En ce 21 septembre 1996, Dargaud organise un évènement au Virgin Megastore des Champs-Elysées, seul magasin ouvert jusqu'à minuit, comme pour illustrer les paroles de la chanson de Joe Dassin (1969). Une file d'attente se forme sur la plus belle avenue du monde, magnifiée par le défilé du 14 juillet et les arrivées du Tour de France cycliste, avec maillot jaune et sprinteurs en vedettes. Parmi les badauds, on trouve l'acteur Pierre Arditi. Les caméras de télévision présentes sur place se ruent sur le comédien de théâtre et cinéma.

Avec 600 000 ventes, Dargaud explose les prévisions les plus optimistes. Du haut de sa tour d'ivoire, l'éditeur a bien fait de rouvrir la boîte de Pandore : contrairement à Hergé, Edgar P. Jacobs n'avait pas clairement indiqué qu'il s'opposait à la poursuite des aventures de ses héros.

De façon ironique, et afin de dédramatiser la situation, de peur que l’éditeur ne s’impatiente, Benoit avait envoyé à Dargaud un film documentaire sur les colossaux retards de tournage rencontrés par Francis Ford Coppola sur Apocalypse Now, entre 1976 et 1979.
Parallèlement au travail de fourmi réalisé par Ted Benoit sur l’Etrange Rendez-Vous, Didier Christmann reçoit, parmi une myriade de scénarios calqués sur le Mystère de la Grande Pyramide ou la Marque Jaune, un scénario anonyme qui le convainc immédiatement.

Ce scénario lui a été envoyé par Yves Sente, son homologue aux éditions du Lombard (Alpha). Le hasard fait parfois bien les choses. Fin 1997, Sente apprend par François Pernot, directeur général du Lombard, que Dargaud cherche des dessinateurs pour aider Ted Benoit sur Blake et Mortimer. Pour tester les candidats, une planche du deuxième scénario de Jean Van Hamme, qui deviendra plus tard l’Etrange Rendez-Vous, fera office de juge de paix.
Sente se prend au jeu et essaie lui aussi d’écrire une page de test pour Blake et Mortimer. Ayant parcouru le livre de Jim O’Donnell sur la rencontre de John Lennon et Paul McCartney (Le jour où John rencontra Paul), le 6 juillet 1957 à Liverpool, il met en scène un bref dialogue entre le professeur Mortimer, Ivan Vaughan et Paul McCartney, affublé de sa guitare, en pleine kermesse de Woolton.

Il raconte : Ma femme est alors enceinte et se couche assez tôt tous les soirs. Je décide alors de consacrer mes soirées en solitaire à l’écriture, jeu auquel je me suis pris en réalisant les deux pages de test. Et j’imagine ce qui se passe avant et après cette journée du 6 juillet 1957 en revenant sur les faits importants de l’année.

Continuant sur sa lancée, Yves Sente se renseigne donc sur les grands évènements de l’année 1957 (traité de Rome créant la Communauté Economique Européenne, lancement du Spoutnik par l’Union Soviétique) et écrit un scénario qualifié de machiavélique par Christmann, convaincu par ce script anonyme.
En effet, entre temps, la donne a changé. Dargaud ne souhaite plus seulement épauler Ted Benoit. L’éditeur désire carrément monter une seconde équipe sur Blake et Mortimer.


 

En fait, Sente avoue plus tard à Christmann qu’il est l’auteur de ce scénario plein d’audace. Médusé, séduit, Christmann valide ce scénario.
Préféré à René Sterne, André Juillard est ensuite choisi pour être le dessinateur de ce qui deviendra la Machination Voronov, tome 14 de Blake et Mortimer qui paraît en janvier 2000.

La même année, XIII se relance un nouveau cycle après un treizième tome faisant à la fois figure d’album collection avec les biographies de tous les personnages utilisés. Le récit gigogne de Van Hamme se relance avec le quatorzième album de la série, Secret Défense. Avec la mort de Wally Sheridan, Van Hamme lance un cycle final avec Frank Giordino en adversaire de son héros amnésique, lequel poursuit toujours sa quête d’identité.

De 2000 à 2007, Dargaud peut ensuite éditer six nouveaux albums jusqu’à l’apothéose finale, deux albums parus le 13 novembre 2007 : la Version Irlandaise dessinée par l’immense Moebius (Jean Giraud) et le Dernier Round, qui conclut l’intrigue lancée sur un synopsis très proche du roman La Mémoire dans la Peau de Robert Ludlum, avec Jason Bourne pour héros …

Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé, écrivait Alphonse de Lamartine. Dargaud est déjà tombée du Capitole à la Roche Tarpéienne quand l’éditeur a été privé des ventes d’Astérix. Sans le petit gaulois qui dopait ses ventes avec la potion magique de Panoramix, Dargaud avait failli prendre le toboggan du déclin.

Au même moment, la série Blake et Mortimer est dans une terrible impasse. L’année 2001 a vu l’Etrange Rendez-Vous paraître. Involontairement, l'album sort le 29 septembre, moins de trois semaines après les évènements du 11 septembre à New York et au Pentagone. Le récit d'une apocalypse nucléaire depuis l'année 8061 par le tyran Basam Damdu est finalement pas si utopique au moment où des avions de ligne détournés ont réduit en charpie les deux tours jumelles du World Trade Center ... Ted Benoit, épuisé par ce travail stakhanoviste, jette l’éponge. Jean Van Hamme, lui, continue de cannibaliser les ventes dans la bande dessinée européenne et ne se lasse pas d’écrire des scénarios, débutant la série Lady S. avec Philippe Aymond.

En 2003, il boucle le scénario de son troisième récit pour Blake et Mortimer. Après l’espionnage et la science-fiction, l’auteur belge explore le territoire de l’archéologie, dernier pré carré de Jacobs. Le dessinateur qui doit mettre en image la Malédiction des Trente Deniers, inspirée de la trahison de Judas Iscariote, n’est autre que René Sterne, le créateur de la série Adler, devancé par André Juillard en 1998 pour illustrer la future Machination Voronov imaginée par Yves Sente.

Ce diptyque qui se doit se dérouler en Grèce portera malheureusement bien son nom. Il faudra sept ans pour que Dargaud édite les deux tomes. Car fin 2006, René Sterne a été foudroyé à l’âge de 54 ans aux Iles Grenadines. Dans cet archipel des Caraïbes, le dessinateur belge expire alors qu’il avait dessiné environ la moitié du premier tome, le Manuscrit de Nicodemus.

Pendant des mois, le projet reste lettre morte. Le décès de Sterne n’a pas sonné le glas, juste le tocsin. Dargaud avait vu le tandem Sente / Juillard proposer un magnifique diptyque basé sur le passé indien de Mortimer, les Sarcophages du Sixième Continent, tomes 16 et 17 de la série.

Pour éviter l’estocade aux ventes de la série, il est donc demandé à André Juillard d’accélérer le dessin du Sanctuaire du Gondwana, qui fait office de tome 3 officieux du diptyque précédent … Le tome 18 de Blake et Mortimer est publié en mars 2008, un an et demi avant que Chantal de Spiegeleer, la veuve de René Sterne, ne boucle avec un courage admirable le tome 1 de la Malédiction des Trente Deniers. Nous sommes alors en novembre 2009.

En parallèle, le jeune dessinateur français Antoine Aubin a entamé le dessin des planches du tome 2, la Porte d’Orphée, qui paraît un an plus tard, en novembre 2010. Mais la qualité du scénario n’est pas au rendez-vous, comme une triste adaptation d’Indiana Jones à l’univers de Blake et Mortimer. C'est donc une victoire à la Pyrrhus ... Les deux albums sont en librairie, mais à quel prix ? Scénario indigeste, dessin forcément incohérent entre les trois coups de crayon ayant contribué au projet. L'épée de Damoclès de la rentabilité en a décidé autrement, dans une période où l'absence du plus célèbre amnésique de la bande dessinée se fait cruellement sentir. Sans son totem, Dargaud a paniqué, en revenant au concours Lépine des mauvaises idées : vouloir bricoler un album dans l'urgence, sur la base d'un scénario dont l'inspiration laissait à désirer. Car Jean Van Hamme n'a pas tiré la substantifique moelle de sa formidable capacité de raconteur d'histoires. 

Pour limiter le manque à gagner des années de jachère sans nouvel épisode de la B.D. culte XIII et avec son grand classique Blake et Mortimer engluée dans les sables mouvants, Dargaud a opéré une riposte en créant une série dérivée à XIII, son produit phare.

Sous la direction de Jean Van Hamme, Dargaud lance un spin-off, XIII Mystery. Treize personnages, de 2008 à 2018, feront l’objet d’un album unique, par treize tandems différents de scénaristes et dessinateurs tous sélectionnés par le maestro d’Uccle.

Le cycle débute avec le tueur la Mangouste, puis avec Irina, Jones et le colonel Amos. Ce tome 4 paraît en novembre 2011 au moment où le phénix XIII renaît de ses cendres avec Yves Sente au scénario et Iouri Jigounov (dessinateur d’Alpha) au crayon, avec un tome 20 intitulé le Jour du Mayflower.

Paraissent ensuite des tomes consacrés à Steve Rowland, Billy Stockton, Betty Barnowsky, Martha Shoebridge, Felicity Brown, Calvin Wax, Jonathan Fly, Alan Smith et Judith Warner (scénarisé par Jean Van Hamme en personne). Avec ces albums dérivés, Dargaud a pu créer une nouvelle communauté de fans de XIII.

Blake et Mortimer, elle, ne cesse de tomber de Charybde en Scylla tant la qualité a été sacrifiée sur l'autel de la rentabilité. Après avoir obtenu le Graal des droits en 1992, Dargaud avait garanti qu'on prendrait le temps de faire des albums de qualité. Secret de polichinelle, les promesses n'engagent que ceux qui y croient. La promesse est tenue entre 1996 et 2004, cinq albums en neuf ans avec deux équipes cependant.

Après le diptyque maudit consacré aux trente deniers de Judas en 2009-2010, l'altitude stratosphérique pour ne pas dire stellaire prise par Jacobs est définitivement perdue de vue. L'utilisation trop systématique du Centaur Club, le renvoi incessant à des anciens personnages de la série ou des personnages historiques (Lawrence d'Arabie, William Shakespeare) alourdit la série ... Plébiscitée autrefois par les puristes, la série subit l'opprobre des mêmes gardiens du sanctuaire et du droit canon. L'orthodoxie de Blake et Mortimer demande le respect de quelques règles de bases : souterrains en référence à la quasi noyade du jeune Jacobs en 1907 dans un puits, présence d'Olrik comme homme de main d'un groupe malveillant, récitatifs, expressions typiques telles que "By Jove", univers de grand péril ... Pour tirer le quintessence de cet univers, il faut laisser le temps au millésime de devenir un grand vin.

Mais à force de vouloir en faire trop, la série devient sa propre caricature, dressant la guillotine sur son identité et passant sous les fourches caudines du piège diabolique qu'elle s'est elle même tendue : la quantité au détriment de la qualité, quitte à publier des planches bâclées à la limite du ridicule ou de l'amateurisme. Le jouet est cassé, le charme rompu. Ce qui faisait l'ADN de la série, ces scénarios haletants et ces dessins empris de perfection, semble désormais condamné aux oubliettes. Ceux qui avaient les yeux de Chimène pour cette série mythique n'ont plus que leurs même yeux pour pleurer ...

Nourri au nectar et à l'ambroisie par les fées du destin, véritable maestro du neuvième art dont il maîtrisait les codes mieux que personne, Jacobs avait eu la sagesse de ne pas faire l'album de trop en ne terminant pas lui même les 3 Formules du Professeur Sato. Dargaud n'aura pas eu la même lucidité, pérennisant les échecs artistiques cinglants. Personne ne mise aujourd'hui plus un kopeck sur la possibilité d'un album du même niveau que les premières reprises de la période 1996-2004, qui avait entretenu l'illusion du rêve. Sans même parler du climax émotionnel et artistique de la Marque Jaune, implacable juge de paix de toute nouvelle parution, les premiers albums de reprise avaient su trouver l'antidote au piège de la facilité, s'attirant tous les superlatifs en tutoyant non pas la perfection mais un certain plafond de verre, celui permettant justement de ne pas transgresser l'héritage du maître Jacobs.



7 réactions


  • troletbuse troletbuse 9 mars 2019 11:27

    Et aujourd’hui Les Pieds Nickelés au gouvernement : un grand nez, un barbu et un borgne avec leS mêmes qualités : menteurs, escrocs, voleurs


    • Axel_Borg Axel_Borg 10 mars 2019 09:42

      @troletbuse,

      Pour la première fois depuis 2002 j’hésite vraiment au moment de glisser mon bulletin. 3 options pour les européennes :

       Voter LaREM seul défenseur du principe européen dans ce pays, tant l’opposition est médiocre et tant le mouvement des GJ me rebute de plus en plus chaque semaine. Mais bon ce sera avec la pince à linge tant ce parti est décevant, absolument pas Nouveau Monde (qui pouvait y croire) et surtout infesté d’anciens socialistes drogués à l’impôt et totalement angéliques sur les questions de terrorisme, sécurité et immigration.

       Voter LR seul autre parti de gouvernement crédible à moyen terme, pour que ce pays garde une opposition un minimum digne de ce nom, pas juste LFI et RN. Là aussi pince à linge tant Wauquiez est nullissime, et tant les têtes de liste ne donnent pas envie ...

       Voter blanc ou nul en me faisant un petit plaisir avec une citation historique du style « Arrêtez d’emmerder les Français » (Georges Pompidou) ...

      Bref j’ai le temps de poursuivre ma méditation à ce sujet avant dimanche 26 mai, on verra si Jupiter nous sort un raffarindum du chapeau en parallèle ...


  • troletbuse troletbuse 9 mars 2019 14:59

    Prochaines bandes dessinées de Dargaud :

    Benalla à l’élysée

    Benalla à la contreesrpe

    Le coffre-fort de Benalla

    Benalla à Londres

    Benalla au Tchad

    Benalla en Israël

    Benalla en prison

    Benalla libre

    Benalla à Genève


    • Axel_Borg Axel_Borg 10 mars 2019 10:01

      @troletbuse,

      Tu as oublié d’autres titres connus dérivés d’Astérix, BM, Tintin, Alix, LEfranc, XIII ou Largo Winch

      Le Combat des Petits Chefs  Macron et les Brexiters - Le Bouclier Fiscal -
      Macron chez les Goths La Zizanie Fiscale  Cahuzac chez les Helvètes  Les Lauriers de Jupiter - Le Cadeau de Macron - Le Grand Déficit - Macron chez Angela - Le ciel nous tombe sur la tête Le Secret de Benalla - Le Mystère de la Dette - La Peste Jaune - L’Enigme de la Promotion Voltaire - S.O.S. Dégagisme - L’Affaire Benalla - Les 3 % du Professeur Juncker - La Machination des Elites - Le Sanctuaire des Jacobins La Malédiction des Trente Piteuses - Le Serment des Cinq Inspecteurs des Finances - La Vallée des Enarques - Le Ressort Cassé - Le Sceptre de Flamby - Le Secret de la Licorne - Le Trésor de Mélenchon le Rouge - Les Sept Boules de DSK Le Temple du Pipeau L’Affaire Penelope Macron au Pays de l’Or Noir - Objectif Elysée On a marché sur les Champs-Elysées - Les Bijoux de Brégançon Vol 714 pour Berlin - Macron l’Intrépide - Le Sphinx de l’Elysée - La Griffe Rouge - Le Tombeau des Utopies La Grande Menace du Front L’Ouragan de Colère Le Mystère du Capitaine de Pédalo - Le Repaire de la Peste — Les Syndicats de l’Enfer - Opération Benalla  L’Oasis Ubuesque - La Taxe Absolue  L’Apocalypse Budgétaire  La Camarilla de Bercy - Le Vol du Contribuable L’Ultimatum de Berlin Le Maître de l’Embrouille La France en Péril - Le Jour du Vote Blanc Là où va le Mouton ... Toutes les larmes de la Colère - C.R.S. - Rouge Toujours - Le Dossier Kadhafi  La Nuit du 7 Mai Chacun pour Soi Pour Bygmalion El Bolivardor - Treize Montres Patek Philippe d’argent offertes par Carla  Secret Partisan  L’Or de Solférino Le Dernier Président - L’Héritier de l’Usine à Gaz Le Groupe ENA — Apparatchik Blues - European Connection La Forteresse de Bercy L’Heure de la Faillite Voir Bruxelles ... - ... Et Subir


  • Zolko Zolko 9 mars 2019 17:22

    XIII est vraiment un mauvaise BD : le héros est bien trop carricatural. Tout comme Largo Winch d’ailleurs. Thorgal à ses débuts était intéressant, mais avec le Mal Bleu et l’évasion en delta-plane ...

     

    Georges Dargaud : « Goscinny est mort, Astérix est mort »

    il avait raison. Aucun album n’a plus jamais été à la hauteur. Le Grand Fossé était limite, ensuite c’était du n’importe (Schwarzenegger en SuperMan avec des extraterrestres ...)


    • Axel_Borg Axel_Borg 10 mars 2019 09:36

      @Zolko,

      Perso j’adore XIII, ce qui m’a ensuite permis de découvrir Robert Ludlum et ses romans, mon préféré étant le Pacte Holcroft ...

      Cette série débutée en 1984 est certes de qualité inégale voire décroissante :
       Le premier cycle, du tome 1 (Jour du Soleil Noir) à 5 (Rouge Total) pour enrayer la conjuration des XX est de loin le meilleur
       Le deuxième cycle, du tome 6 (Dossier Jason Fly) à 8 (Treize Contre Un) sur la découverte du numéro I est excellent mais clairement moins bon
       Le troisième cycle sur la recherche d’identité de XIII et la saga sud-américaine du tome 9 (Pour Maria) à 12 (Le Jugement) est vraiment hyper bon et relance totalement la série de mon point de vue.
       Le quatrième cycle et dernier signé JVH des tomes 14 (Secret Défense) et 19 (le Dernier Round) est de loin le plus faible, l’intrigue n’avance quasiment plus, trop d’action et de bons nouveaux personnages (Jessica Martin exceptée), on nous vend une chasse au trésor ... Bref il était temps que cela se finisse, ça sentait justement le prolongement qui arrangeait Dargaud pour faire vivre la poule aux oeufs d’or

      Le cinquième cycle signé Yves Sente, partant du tome 20 (Jour du Mayflower) je n’ai pas accroché, désormais je feuillette chaque nouvel opus en librairie mais sans l’acheter ... Idem pour XIII Mystery, j’ai adoré le premier volume suyr la Mangouste, par la suite à part Jones et Steve Rowland c’était vraiment médiocre.

      Pour Largo Winch, même constat, départ sur les chapeaux de roue et érosion trop rapide de la qualité avant de finir dans une sorte de toboggan du déclin sans fin pour que l’éditeur tire un maximum de bénéfices d’une série devenue culte ... Cinq diptyques soit dix tomes d’excellente facture des tomes 1-2 (L’Héritier / Le groupe W) aux tomes 9-10 (Voir Venise ... / ... Et Mourir ), à partir du sixième diptyque (Golden Gate / Shadow) cela part vraiment en n’importe quoi.
      Après l’an 2000, Van Hamme n’a de toute façon pondu aucun bon scénario, à part sa série Lady S. (et encore ...). J’avoue avoir un peu peur quand j’ai appris qu’il allait nous faire un 4e Blake et Mortimer, a priori intitulé le Dernier Espadon.

      Pour Thorgal, jamais aimé ... Non le grand regret c’est sur Alpha et Horizon Blanc de Pascal Renard jeune scénariste belge au talent prodigieux décédé à seulement 35 ans en 1996. Dommage pour le Lombard qui tenait là un génie de la BD !


  • Gloubi 9 mars 2019 20:14

    Merci de cet article très fouillé et intéressant.

    Guy Lefranc avait raison de se méfier de vous : vous êtes machiavélique ! smiley


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