mercredi 14 juillet 2010 - par beaquedalle

Êtes vous possédée, obsédée ou maléficiée ma soeur ?

Un diable rouge bondissant sort de sa boite, grimaçant et ricanant, dans des volutes de fumées sulfureuses... Il nous harangue et va nous conter une histoire qui a l’air de bien l’amuser. De quel côté est le diable ? Celui des masques horribles et déformés qui tournoient dans leurs fripes en se réjouissant de complots, de secrets, de douleurs admonestées, en riant sous cape comme des enfants, en se pavanant comme des démons effrayants plus encore que ce diable au demeurant sympathique ? Ou bien est-il du côté de l’amour, des amours, de la vérité pure de cet amour que ce curé ne veut et ne peut se refuser sous peine de devenir comme tous ceux-là : des masques déformés par la haine et la jalousie ? Seul l’amour donne un vrai visage, pur et nu.
 
Urbain Grandier nous est sympathique, Urbain nous est agréable, il nous est proche et contemporain, on ne pourrait qu’en tomber amoureuse... Ses idées font écho jusque dans notre siècle. Est-ce pour cela que l’on se laisse emporter par le tourbillon de ces cinq comédiens qui prennent tour à tour le visage du bien ou du mal ? De l’ami ou de la rumeur ? Une scène d’où sans cesse surgissent des trésors d’inventivité, des bonheurs de costumes rigolos, rigolards ou épouvantables.
 
Oui j’ai eu peur pour cet homme, juste au plus près de lui, de ses désirs qu’il n’a jamais pris pour des démons. Oui, malgré tous mes a priori sur la commedia dell arte j’ai foncé dans ses trucs et astuces tête baissée, me laissant porter par ces caricatures grotesques de nos passions humaines, de nos délires et fantasmes enfouis la plupart du temps sous des masques d’une bienséance auquel ce genre théâtral met fort heureusement des coups de pieds au cul.
 
Dire que le jeu de scène est excellent, superbement chorégraphié. Dire que les costumes sont magnifiques. Dire que la scène est bien agencée pour tous ces tours de passe-passe et autres chausse-trapes. Dire que la musique explique à merveille chaque scénette de son ton malicieux. Dire que la performance tout entière m’a ravie et que j’aurais pu pleurer encore une fois sur la bêtise humaine si l’émerveillement n’avait pris le dessus.
 


2 réactions


  • romaeterna romaeterna 15 juillet 2010 00:00

    Comme vous Owen j’ai été fasciné par l’histoire telle qu’elle a été fantasmé par Ken Russel (je l’ai vu adolescent alors je ne vous dis pas l’effet !).
    Habitant l’autre bout de la France, je ne sais pas si je verrais la pièce dont vous parlez si bien beaquedalle, mais pour moi c’est avant tout une histoire de liberté mêlée de politique, tout cela excessif, comme dans toute vraie tragédie !

    Maléficiée ! Vraiment !


  • Thomas Roussot Thomas Roussot 15 juillet 2010 02:12

    Cet article donne envie de découvrir.


Réagir