mardi 28 janvier - par Fergus

Folle Journée de Nantes 2025 : les Villes Phares à l’honneur

Initiée en 1995 avec 37 concerts donnés le temps d’un week-end, La Folle Journée a immédiatement séduit le public. Un succès qui, en trois décennies, ne s’est jamais démenti au fil du temps. Pour sa 31e édition, La Folle Journée propose cette année 268 concerts de musique classique répartis sur 5 journées, du mercredi au dimanche, pour le plus grand plaisir des festivaliers...

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Si l’on en croit les prévisionnistes de Météo-France, c’est un soleil généreux et une grande douceur qui attendent les amateurs de musique classique dans la belle ville de Nantes pour la 31e édition de La Folle Journée. En réalité, cela n’a guère d’importance : quelles que soient les conditions météo, les mélomanes seront présents, qu’il s’agisse d’habitués qui ne manqueraient pour rien au monde ce rendez-vous devenu incontournable au fil des ans, ou de nouveaux venus, impatients de découvrir ce festival populaire à nul autre pareil. Organisée depuis 1995 dans l’ancienne capitale du Duché de Bretagne, La Folle Journée se déroulera cette année du mercredi 29 janvier au dimanche 2 février dans les 7 salles de la Cité des Congrès et celle de l’Espace CIC Ouest.

René Martin, créateur et directeur artistique de La Folle Journée, et les organisateurs du festival proposeront au public 268 concerts interprétés, pour la presque totalité d’entre eux, par des formations et des artistes de renommée internationale. Figurent également au programme 16 conférences et ateliers qui seront animés par des musicologues et des historiens de renom, ainsi que 44 prestations musicales gratuites planifiées au cœur de la Grande Halle de la Cité des Congrès. Une Grand Halle d’où France Musique – en collaboration avec Arte – diffusera en direct d’un studio temporaire 30 heures de programmation, consacrées à des concerts, des reportages ou des interviews de musiciens et d’experts en musicologie. À noter que plusieurs dizaines de concerts seront également donnés dans les quartiers et les villes périphériques de la métropole nantaise.

En cette année 2025, le thème de La Folle Journée ne sera pas, comme cela a été souvent le cas lors de la plupart des précédentes éditions, centré sur un compositeur ou sur un groupe de créateurs représentatifs d’une époque, d’un pays ou d’un domaine d’inspiration particulier. Le thème retenu par les organisateurs pour cette édition est en effet centré sur les Villes phares (Venise, Londres, Vienne, Paris et New York) qui ont joué un rôle majeur dans l’histoire de la musique et l’évolution des styles. Des villes qui « ont à un moment donné attiré les plus grands génies et concentré l’essentiel de la vie artistique et musicale, marquant à jamais l’histoire de la civilisation par leur influence et leur rayonnement », souligne René Martin. Par le biais des œuvres choisies, seront également évoquées d’autres villes emblématiques comme Leipzig, Prague, Saint-Pétersbourg et Budapest.

Plus de 130 000 Spectateurs et 1 500 concertistes

Musique de chambre, concertos, symphonies, musique sacrée, tous les genres seront une nouvelle fois proposés au public de La Folle Journée. On pourra même entendre de la musique klezmer et tzigane ! Parmi les œuvres majeures qui seront programmées figurent notamment des opus de Bach, Beethoven, Brahms, Bruckner, Dvořák, Haydn, Haendel, Mendelssohn, Mozart, Ravel, Schubert, Stravinsky, Tchaïkovski, Vivaldi, et bien d’autres encore.

Lors de l’édition 2024, 132 000 billets ont été vendus pour un taux de remplissage de 93,6 %. Nul doute que cette année encore – le volume des réservations en témoigne d’ores et déjà – le succès sera au rendez-vous du festival nantais, eu égard à la richesse et à la diversité du programme proposé. Et cela tant auprès du public que des 1 500 concertistes, ravis de participer à cet évènement atypique. Et pour cause : les musiciens trouvent lors de ce festival l’occasion d’échanger, non seulement avec des collègues qu’ils rencontrent très rarement lors de leurs tournées, mais également avec des musicologues et surtout des spectateurs aux profils infiniment plus variés que le public des prestigieuses salles de concert de Berlin, Londres, New York, Paris, Tokyo ou Vienne. Ce n’est pas là le moindre charme de La Folle Journée.

Satisfaire les attentes des festivaliers est, depuis la première édition en 1995, un objectif constant des organisateurs. Aujourd’hui comme hier, ils ont à cœur de faire entendre «  des œuvres portées par la plus haute exigence artistique  », comme le soulignait en 2020 Johanna Rolland, la maire de Nantes. Désireux d’ouvrir le festival à tous les publics, les organisateurs se sont tout particulièrement attachés à mettre en place une politique tarifaire adaptée pour favoriser l’accès des salles de concert aux scolaires et aux personnes handicapées. Comme les années passées, plus de 10 000 places à tarif très réduit leur ont été réservées, et leur accès à des ateliers dédiés sera favorisé. Pourront également bénéficier d’une tarification préférentielle les personnes éligibles aux minimas sociaux ainsi que les demandeurs d’emploi, les jeunes de moins de 30 ans et les « tribus » familiales (2 adultes accompagnés de 2 à 6 enfants).

Laissons pour terminer la parole à Johanna Rolland. À l’aube de cette 31e édition, la maire de Nantes affiche, en plein accord avec René Martin, l’« ambition de ne jamais voir le festival transiger sur sa qualité [et de continuer] à aller vers tous les publics. » Et cela malgré l’aberrante annulation – sans préavis et au mépris des organisateurs et du public – de la part régionale du financement de La Folle Journée*. Une décision qui a contraint le Comité d’organisation à compenser dans l’urgence cette brutale défection avec le Palais des Congrès. Fort heureusement, la décision obscurantiste de Christelle Morançais, la présidente Horizons du Conseil régional, n’affectera pas la tenue du festival 2025.

Portée à un tel niveau d’exigence – La Folle Journée bénéficie, à juste titre, d’une renommée internationale –, la culture ne devrait jamais servir de variable d’ajustement budgétaire ! Et maintenant, place à la musique...

Lien : le site de La Folle Journée

* Christelle Morançais a annoncé en novembre 2024 la suppression de l’intégralité de la subvention régionale allouée à La Folle Journée. Le festival nantais n’a pas été le seul impacté : 73 % des subventions culturelles régionales ont été supprimées, ce qui en dit long sur le regard porté par cette élue sur la vie culturelle française. L’usage de la tronçonneuse n’est malheureusement pas l’apanage du seul président argentin ! 

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Grand auditorium (photo Marc Roger)
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Concert dans la Grande halle


10 réactions


  • gruni gruni 28 janvier 10:58

    Bonjour Fergus

    Un beau succès mérité « La Folle journée de Nantes ». Dommage que la Culture ne semble pas indispensable pour tout le monde. Qu’en penserait Édouard Philippe, qui aspire à la plus haute fonction du Pays ?


    • Fergus Fergus 28 janvier 13:06

      Bonjour, gruni

      « Un beau succès mérité « La Folle journée de Nantes » »
      En effet, le plus remarquable étant le succès auprès de personnes qui ne fréquentent pas habituellement les salles de concerts classiques.

      « Qu’en penserait Édouard Philippe, qui aspire à la plus haute fonction du Pays ? »
      Je me suis moi aussi posé cette question. J’aimerais bien connaître la réponse de l’aspirant président.


    • Eric F Eric F 29 janvier 09:56

      @Fergus

      ’’le plus remarquable étant le succès auprès de personnes qui ne fréquentent pas habituellement les salles de concerts classiques’’


      En effet, j’avais été frappé par la grande proportion de jeunes (en plus de groupes scolaires).

    • Fergus Fergus 29 janvier 10:20

      Bonjour, Eric F

      Oui, mais pas seulement. On s’en aperçoit aisément en discutant avec les festivaliers, mais aussi lors des concerts où un partie du public ne connaît pas les codes et applaudit par exemple entre les mouvements, au risque de gêner parfois les interprètes. Mais fort heureusement, tout cela est vécu avec empathie par les musiciens. 


  • Eric F Eric F 28 janvier 19:47

    J’ai assisté à deux reprises à des concerts dans le cadre de la ’’folle journée’’, en 2016 et 2020, c’est juste époustouflant. Mais il faut bien préparer son coup pour la réservation électronique, certains concerts sont razziés en quelques minutes.

    Concernant la question des subventions par les collectivités territoriales, on peut comprendre que l’explosion des charges et la compression des dotations de l’état conduise à des choix douloureux, en fonction des priorités (transports, enseignement, équipements, etc.), malgré une augmentation importante de la taxe foncière (voire de la carte grise).
    Le dilemme est toujours de déterminer sur quoi réduire pour contrebalancer les hausses, on voit par exemple que la voirie n’a cessé de se dégrader depuis 20 ans.
    Mais le financement de cet évènement là, très rare en son genre et à valeur culturelle remarquable à destination du grand public, aurait du être sacralisé.


    • Fergus Fergus 28 janvier 22:45

      Bonsoir, Eric F

      Le fait est que la réservation des places est assez sportive. Même en étant pile connecté à l’heure d’ouverture, on peut facilement se trouver assez loin dans la file d’attente. Cette année, j’ai eu de la chance avec un numéro d’ordre environ dans les 3000 premiers. 

      Je partage votre opinion sur les subventions.


    • Fergus Fergus 29 janvier 10:16

      Bonjour, L’apostilleur

      Oui, on peut affirmer que la capitale de Bretagne était bien Nantes, chef-lieu du duché. Après le rattachement à la France, c’est Rennes qui a joué ce rôle, notamment du fait qu’y siégeait le Parlement de Bretagne, et cela bien que celui-ci ait été créé au temps du duché.

      Merci pour ce lien très intéressant. Personnellement, je considère en effet que Nantes fait partie de la Bretagne et je souhaiterais que la Loire-Atlantique soit rattachée à la région Bretagne pour reconstituer l’entité historique, mais il ne faut pas se voiler la face, cela ouvrirait de facto un conflit de leadership entre Nantes et Rennes.

      Une chose est sûre : une large majorité des Nantais revendiquent, comme vous l’avez souligné, leur appartenance à Bretagne.
      Dès lors, il ne faut pas s’étonner que le Gwen ha du soit omniprésent dans les stades lors des grands évènements sportifs impliquant Nantes. smiley


    • L'apostilleur L’apostilleur 29 janvier 10:45

      @Fergus
      « ..Oui, on peut affirmer que la capitale de Bretagne était bien Nantes, chef-lieu du duché.. »
      Ben non.
      Une période de son histoire ne fait pas son histoire. 
      Le château de Nantes devenu « château des ducs de Bretagne » est une dénomination marketing pour les besoins de financement de son maire qui voulait le rénover.
      Les ducs étaient itinerants


  • L'apostilleur L’apostilleur 29 janvier 10:29

    @ Fergus

    « . l’aberrante annulation de la part régionale du financement .. »

    Il est plus facile de distribuer l’argent public que de faire des économies. Pas un secteur de notre société n’entend contribuer volontairement à l’effort national.

    Christelle Morançais qui ne fait pas dans la dentelle bretonne, a dû s’inspirer du plus grand festival (vraiment) breton, des Vieilles Charrues qui fête ses 30 ans aussi... SANS SUBVENTION !!

    La subvention doit être justifiée pour aider ponctuellement, elle ne doit pas devenir rente ou otage. 

    On pourra reprocher une décision apparemment brutale, qui deviendra courageuse si la Folle Journée continue avec succès, ce qu’on lui souhaite chaudement. 

    https://www.ouest-france.fr/festivals/les-vieilles-charrues/festivaliers-mecenat-partenariats-d-ou-viennent-les-18-millions-d-euros-des-vieilles-charrues-0c77c296-fd14-11ec-8493-b559deb42848 


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