mardi 20 mars 2018 - par

Francofonie

Où l'auteur fête à sa manière la semaine de la langue et de la francophonie du 17 au 25 mars 2018 (à ce lien)

Je suis d'une famille où la langue est chose fondamentale. Nous ne sommes sûrement les seuls mais chez nous, bien s'exprimer et bien comprendre le français dans ses nuances est important, y compris l'ironie ou les antiphrases. Il n'était pas rare que petit garçon je me fasse gronder pour un mot mal employé ou omis. Eugène Ionesco au théâtre ne pouvait que nous plaire dans sa déconstruction des clichés de langage et l'absurdité des expressions toutes faites ne voulant rien dire. Bien entendu, il y a un revers de la médaille à cette prédominance de la langue qui est de tout analyser à outrance, second, troisième, trente-deuxième degrés, alors que bien souvent, il n'en existe qu'un seul.

 

Finalement, nous étions des lacaniens sans le savoir...

 

Les littéraires se reconnaissent entre eux. Ils sont les parents pauvres d'une éducation les considérant très mal. Les matheux dominent, ceux qui quantifient, qui rangent tout dans des petites boîtes bien utiles même si ainsi que me l'a dit une petite fille « les maths ça sert à rien, ça sert juste à faire la guerre ». L'enseignement des Lettres depuis la mirifique réforme Haby en 1977 n'ont pas cessé d'être méprisé, diminué, rabaissé. Les adeptes de Bourdieu comme de Philippe Meirieu considèrent en effet que la littérature c'est un truc d'héritiers, de la « culture bourgeoise », des ces « humanités » patrimoniales et paternalistes stigmatisant les travailleurs et les plus précaires.

 

Les littéraires ne sont pas faits pour la vie en société telle que préconisée par nos temps bien médiocres. Ils rêvent d'autres univers, d'autres mondes seulement présents dans les livres. Ils ne lisent pas de livres sérieux, ils lisent des romans en plus. Les plus acharnés se mettent même à la poésie, ce qui est encore moins réaliste on le voit, comment en tirer un bénéfice pour la dynamique sociale ?

 

Je reviens donc cependant vers vous pour vous parler d'un thème dont au sujet duquel on dit beaucoup de bêtises souvent démagogiques depuis des années. Du coup, il convient de rétablir quelques petites choses car en fait la langue s'appauvrit grandement depuis quelques temps déjà. Au jour d'aujourd'hui il faut dire qu'on ne lit plus beaucoup en France ce qui est une des causes du problème. Cela pourrait être une incroyable aventure humaine pourtant la langue perd de sa richesse, de ses nuances. Moi, personnellement, je trouve que c'est que du bonheur le français et cela me peine que plus personne ne lise même pour revisiter les livres.

 

Ils n'ont pas le temps, ils ont mieux à faire, ils sont esclaves des écrans, comme les adultes me rétorquera-t-on....

 

Les responsables n'en sont certainement pas les gosses des « quartiers » souvent incriminés. Sans doute l'ignorent-ils mais les langues argotiques ou vernaculaires créées pour ne pas être compris du bourgeois ou des autorités existent depuis le Moyen Age, du « louchébem » au « javanais ». Et le « verlan » entre autres est de l'époque de François Villon. Quant à l'argot il raconte l'histoire d'un pays. L'argot aussi perd de sa richesse car pour le parler et continuer à l'inventer il faut se rappeler d'une culture et d'une histoire que beaucoup ont oublié. Les « lascars » ou les bourgeois pédagogues se pâmant en en parlant ne savent sans doute pas non plus que l'arabe a déjà laissé quelques mots, plusieurs traces dans notre vocabulaire dont « bled » par exemple...

 

D'aucuns sont convaincus qu'il faut absolument simplifier la langue encore un peu plus, ne plus corriger une orthographe ou une syntaxe déplorable. Cela aussi serait en effet paternaliste. Toutes ces bonnes intentions impliquent un super-élitisme, la culture, particulièrement la littéraire n'étant plus réservée qu'à un tout petit nombre de plus en plus restreint. Le fait de louer la « diversité » au sein du français, le côté « multicul » en son sein est une hypocrisie car les promoteurs de cette diversitude prennent bien soin de ne pas mêler leur progéniture avec celle des « classes dangereuses ». Tout comme les cadres des « GAFA » font attention à ne mettre leurs enfants que dans des établissements sans informatique omniprésente...

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration empruntée ici




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