vendredi 31 mars 2017 - par

« Ghost in the Shell » blockbuster ultra-pessimiste

« Ghost in the Shell » de Rupert Sanders, sorti ce mercredi 29 Mars, est la troisième adaptation cinématographique du manga éponyme, et le premier film « live » à partir de ce matériau après deux dessins animés. On me dira que ce long-métrage pourrait être également considéré comme d'animation de par les nombreux effets numériques transformant parfois les acteurs en personnages dessinés. C'est bel et bien un « blockbuster », un « popcorn movie » avec de l'action frénétique, des « gunfights » à outrance, et une héroïne qui se bat comme la « Veuve noire » dans « Avengers », ce qui est normal puisque c'est la même interprète, à savoir Scarlett Johansson.

Et c'est aussi, et curieusement car on s'étonne que sa noirceur ait pu passer, un film d'auteur extrêmement pessimiste dans son propos sur notre esclavage abject à la technologie, notre déni progressif de ce qui constitue notre humanité au nom du progrès. Il évoque aussi notre acceptation d'une surveillance constante de notre intimité en prétendant nous protéger, et en arguant que si l'on n'a rien à se reprocher on ne devrait pas craindre celle-ci. C'est aussi comme le les deux films de Mamoru Oshii un questionnement sur notre identité (voir la bande annonce du film de 1995).

Qu'est-ce qui nous définit en tant qu'être humain ?

Sont-ce nos actes ou nos souvenirs ?

Ou les deux à la fois ?

Qu'est-ce qui définit la réalité de nos existences ?

L'histoire raconte les exploits du « Major » de la « Section 9 », une section d'intervention des services secrets lors d'un avenir proche indéfini, une femme dont seul le cerveau est encore humain, la première de son espèce. Les êtres humains sont « augmentés » cybernétiquement par différentes prothèses électroniques. Seuls quelques uns résistent à la pression sociale et à celle des gouvernants, les dirigeants des multinationales étant les vrais maîtres. Le monde semble être fondu dans un « grand tout » entièrement mondialisé, une mondialisation terrifiante, tentaculaire bien loin de ce que l'on nous en promet actuellement.

Les rebelles à la technologie omniprésente sont considérés comme d'intolérables déchets de la société et habitant la zone dite sans loi. Ils refusent d'être connectés constamment par le réseau, et n'acceptent pas de devenir plus machines qu'êtres humains.

Les autorités ont raconté au « major » Mira Killian qu'elle a été sauvée d'une attaque terroriste qui a coulé le bateau où elle était avec ses parents. Et ils affirment l'avoir sauvée en transposant son cerveau, le seul reste d'elle viable, dans un corps parfait conçu par le docteur Ouelet jouée par Juliette Binoche qui lui injecte chaque jour un produit censé empêcher le rejet de son corps par son cerveau. Elle est au début du film à la poursuite de « Kuze », un « hacker » de génie qui s'attaque aux dirigeants de « Hanka Robotics », l'entreprise fabriquant la plupart des prothèses électroniques ainsi qu'aux politiques se corrompant avec elle.

Elle découvrira que ce qu'elle croyait être la vérité n'est qu'un amoncellement de mensonges. Il n'y a guère que la fin pour retomber sur les pieds du « commercialement correct ». Elle est beaucoup moins pessimiste et moins transgressive que celle de la première adaptation et beaucoup plus convenue. Elle paraît également comme artificiellement plaquée au reste.

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury – Grandgil

 

illustration empruntée ici

 

Ci-dessous la bande-annonce :




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