samedi 5 décembre 2015 - par CHALOT

Hizya

JPEG « Hizya »

Roman de Maïssa Bey

Editions de l’Aube

Septembre 2015

 

 Rêve et réalité

Hizya vient d’avoir 23 ans.

Elle a de l’instruction, des diplômes et se retrouve dans un salon de coiffure, faute de mieux.

En Algérie, c’est comme en France, beaucoup de diplômés sont au chômage ou se trouvent un petit boulot.

Hizya rêve d’une vie indépendante, d’un grand amour…..

Elle ne veut absolument pas subir un mariage arrangé -on ne dit plus forcé- avec un homme qu’elle n’aurait pas choisi.

Une certaine complicité lie ces femmes qui travaillent dans ce salon, elles discutent et écoutent les clientes qui se laissent aller à des confidences.

Sonia, sa collègue témoigne et décrit cette société patriarcale qui étouffe et opprime les femmes :

« Je ne sais pas si tu peux le comprendre mais moi, ici, je ne respire pas, je ne vis pas : je survis. Mes parents, mes frères, mes cousins, les hommes dans la rue, tous, tous me donnent le sentiment que je ne m’appartiens pas. Que mon corps ne m’appartient pas ! C’est comme si chaque regard me volait une partie de moi-même. J’en ai assez d’être entourée de barbelés, où que j’aille ! Je n’en veux plus de ces regards, de ces remarques, de ces rappels à l’ordre, de ces agressions quotidiennes ! Le dernier des pouilleux, sous prétexte qu’il a quelque chose de plus que moi entre les cuisses, considère qu’il a le droit de m’humilier, de me réduire, excuse-moi de le dire aussi crûment à un trou. »

Le plus dur, le plus déroutant et le plus désespérant c’est de constater que les femmes devenues des épouses, puis des mères veillent à ce que leurs filles suivent cette voie tracée par des traditions d’un autre âge.

Mais Hizya a décidé de tracer son chemin.

Elle s’interroge d’ailleurs et le lecteur en est témoin car des chapitres intégrés dans le récit sont consacrés aux réflexions de cette jeune femme qui ne cesse de critiquer sa propre conduite.

La conception narrative est originale….Le lecteur s’habitue vite à cette immixtion dans les pensées d’Hizyal .

Ce pays semble immobile, elle et ses compagnes veulent le faire bouger mais ce qui compte c’est d’essayer de trouver le bonheur, l’âme réellement sœur.

C’est un livre à lire absolument.

Je le conseille à ceux qui se laissent guider par le relativisme culturel et qui ne comprennent pas que beaucoup de jeunes femmes ne veulent plus d’être exploitées et considérées comme des objets.

Jean-François Chalot



3 réactions


  • COVADONGA722 COVADONGA722 5 décembre 2015 21:15

     yep , vous savez Omar le salafiste il est fait simple

     vous ne pouvez pas parler de l’islam vous n’êtes pas musulman
    vous ne pouvez pas parler des arabes vous n’êtes pas arabe
    vous ne pouvez pas parler de l’Algérie vous n’êtes pas algérien

    bref des fois on se demande a quel titre 
    Omar parle de la France 
    Omar parle de la République
    Omar parle de laïcité 

    • Aristide Aristide 6 décembre 2015 11:18

      @OMAR


      Vos attaques sur les personnes dissimulent très mal vos obsessions et mettent en évidence votre incapacité à répondre au fond !

  • charlie charlie 6 décembre 2015 12:45

    Il y a quelques semaines, j’ai regardé un remarquable documentaire sur la vie immigrée dans la cité vue par les mères, les filles, les voisines : « nos mères, nos daronnes », de Bouchera Azzouz.

    On y voit une vieille, qui raconte comment elle aurait aimé aller à l’Ecole, ce qui lui a été interdit en tant que petite fille. Elle raconte qu’elle allait sous les fenêtres de l’école et écoutait. Elle apprenait ainsi, récitait, rêvait. Elle dit à quel point elle aurait pu être, peut-être, présidente de la République ( smiley ) si elle avait pu avoir de l’instruction. Elle s’en sentait tellement capable. Et elle ne savait même pas lire.....

    Il n’y a pas que le « grand amour » que ces femmes cherchent : c’est avant tout et surtout, la LIBERTÉ. Tout le reste en découle.

    http://www.africultures.com/php/index.php?nav=article&no=12929



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