mercredi 1er février 2017 - par Bernard Dugué

Ingranaggi della valle, en nette progression

Après un premier album remarqué sur les radars de la scène progressive, Ingranaggi della valle vient de sortir son deuxième opus qui comme le premier se place au top de ce qui peut être réalisé dans le champ du progressif. Le plus étonnant est que cette formation n’a pas réalisé son second CD dans la continuation du premier mais a changé d’orientation ce qui est rare et témoigne autant du risque pris par les musiciens que de la maîtrise et de la confiance dont ils font preuve. Seule une oreille avertie peut deviner que c’est la même formation à l’occasion d’un blind test. Quelques motifs se retrouvent mais l’orientation est radicalement différente.

Le style est reconnaissable dès le premier morceau. Ingranaggi fait dans le RIO, le rock in opposition, mais dans la branche symphonique. Avec deux références incontournables, Univers zéro dont on devine les connivences grâce au jeu de violon et aux travail des claviers mais c’est plutôt Miriodor qui ressemble le plus à cette musique fort bien composée et exécutée avec un lyrisme et un symphonisme affirmé. La richesse de ces six morceaux égale celle d’un quatuor de Debussy ou de Janacek. Avec des compositions très élaborées, des ambiances changeantes, passages atmosphériques puis rythmés, étranges sonorités pleines de mystères à l’image d’une bande son pour un film de Tim Burton. Evocations mystiques et énigmatiques qui nous propulsent hors du temps linéaire dans des espaces faussement inquiétants et lumineux. Le premier morceau nous place dans cette ambiance étrange, avec des collages sonores à la manière d’Univers Zéro puis des effluves de clavier, violon et une accélération dans le rythme. Une densité progressive se met en place. On dirait un orchestre de chambre qui joue crescendo.

Deux claviéristes sont à la manœuvre, jouant d’instruments vintages et de quelques claviers plus récents. Hammond B3, Mellotron M400, Mellotron M4000, Fender Rhodes Mk V, MiniMoog ; ou alors Roland drum machines, Akai MPC, Kaoss Pad. L’usage généreux des mellotrons confère à certaines séquences une atmosphère très symphonique avec des réminiscences seventies presque crimsoniennes. Mais le résultat est assez contemporain et proche des dernières prestations du groupe canadien de RIO symphonique Miriodor. On se situe au sommet de l’excellence progressive et aux antipodes du rock standard formaté pour les radios. Les six morceaux sont surtout instrumentaux, avec des durées respectables. Les parties vocales sont réussies mais restent discrètes. Et toujours ces ambiances étranges peintes avec des subtiles nappes de claviers entrelacées aux touches de violon, guitare et piano. Avec cette réalisation assez atypique pour une formation italienne, on tient l’un des meilleurs albums progressifs de l’année 2016 qui vient de s’achever. A ne pas rater car ce disque est indispensable pour un amateur de prog qui se respecte.

Line-Up :

Davide Savarese : vocals, glockenspiel and dry Rhodes MkV on “Ayida Wedo”

Mattia Liberati : Hammond B3, Mellotron M400, Mellotron M4000, Fender Rhodes Mk V, MiniMoog, MiniMoog Voyager, piano and backing vocals

Flavio Gonnellini : electric guitars and backing vocals

Alessandro Di Sciullo : electric and acoustic guitars, Moog Minitaur, Mellotron M400, Mellotron M4000, Roland TR 808 and TR 909, Akai MPC Touch, Korg Kaoss Pad KP 3, electronics, backing vocals

Marco Gennarini : violins and backing vocals

Antonio Coronato : electric bass

Shanti Colucci : drums and percussions

Ingranaggi della valle, « Warm Spaced Blue », édité chez Black Widow Records

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