lundi 28 novembre 2016 - par Theothea.com

« Jacques Daniel » Laurent Baffie en compassion au La Madeleine

En mettant à l’affiche le classieux trio « Brasseur-Calfan-Russo », le théâtre La Madeleine attire l’intérêt immédiat du public.

 

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JACQUES DANIEL
Claude Brasseur, Nicole Calfan & Daniel Russo
DR.

 

Comédie écrite, et donc dédiée à l’intention des trois comédiens ci-nommés, avec « mise en bouteille et distillation » confiées également à l’auteur fort de ses succès au Palais-Royal, l’accroche est plutôt souriante, à ceci près qu’il s’agit pour Laurent Baffie d’une première incursion dans la dramaturgie psychosociale.

Disons-le tout de suite, sa mise en scène respirant la soûlerie progressive qu’il organise à la manière effrénée d’un jeu de chaises musicales autour des fauteuils d’un bar à whisky ainsi que d’un juxe-box de collection, relativise, de fait, le risque de prise de tête intello.

Ne lâchant pas complètement les amarres de « l’entertainment », sa réalisation ne peut s’empêcher de flirter gentiment, à certains moments, avec une interactivité latente à l’égard des premiers rangs de l’orchestre, de façon à maintenir la complicité ou la complaisance du public, atouts et savoir-faire qui, précédemment, ont plutôt bien réussi au « spectacle vivant » de Laurent Baffie.

Ceci dit, la thématique de la pièce s’appuie nécessairement sur d’autres ressorts scénographiques dont l’interprétation existentielle des trois acteurs chevronnés tire brillamment l’épingle d’un jeu se situant à mi-chemin entre la forfanterie et la dépression, façon psychose maniaco-dépressive partagée à deux en temps réel et en présence d'une barmaid garantissant diplomatiquement, tout à la fois, la libre expression et l’arbitrage.

 

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JACQUES DANIEL
Daniel Russo, Nicole Calfan & Claude Brasseur
DR.

 

En effet, comme dans un dédoublement opportun, Jacques et Daniel se retrouvent en face à face, avec un sac de nœuds affectifs, complètement chamboulés à la suite d’une désertion conjugale dont l’un et l’autre n’ont plus aucun contrôle à disposition.

S’abreuver sans retenue de whisky, en poussant la performance aux limites de la rupture, leur permet, chacun avec sa personnalité, d’éprouver physiologiquement cet abandon et cette incapacité à rebondir par eux-mêmes.

Sur le juxe-box, se succèdent les amorces de tubes expressionnistes du « mal de vivre » au point de rendre insupportable le « copier-coller » avec leur propre vécu.

A l’instar d’un ping-pong verbal où quand l’un tente de bluffer, l’autre sombre proche des larmes et que, dans un jeu de rôles inversés, la velléité et le lâcher prise changent de camp l’instant suivant, il devient manifeste qu’un ou deux coups de théâtre seraient volontiers bienvenus pour enrayer l’effet Titanic…

« Non Jeff, t’es pas tout seul… ce n’est plus un trottoir, cela devient un cinéma… ».

Cette chanson de Jacques Brel ne fait pas partie de la play-list proposée par Laurent Baffie mais pourrait fort bien illustrer cette solidarité amicale masculine partageant jusqu’à la lie l’impression momentanée de dépossession psychique inhibant toute réflexion constructive et cédant même aux sirènes de l’autodestruction.

Bref, l’enjeu du psychodrame initié par le « nouveau » Baffie est de taille « ambitieuse » mais, que l’on ne se méprenne pas, le bougre a toujours plus d’un tour dans son sac à malices et c’est, avant tout, pour le plaisir de voir réunis Claude Brasseur, Nicole Calfan et Daniel Russo que cet opus a été imaginé, conçu et réalisé et c’est aussi, dans cette perspective, que les spectateurs doivent assumer cette même envie tellement agréable et si bien partagée.

 

photos 1 & 2 DR.

photo 3  © Theothea.com 

JACQUES DANIEL - **.. Theothea.com - de & mise en scène Laurent Baffie - avec Claude Brasseur, Nicole Calfan & Daniel Russo - Théâtre de La Madeleine 

 

 

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JACQUES DANIEL
Claude Brasseur, Nicole Calfan & Daniel Russo
© Theothea.com

 




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