vendredi 29 décembre 2017 - par Theothea.com

Je me souviens du Festival de Cannes 2017 s’affichant septuagénaire

Y aurait-il quelque substantifique mœlle à extraire du 70ème Festival de Cannes, au vu de ses multiples projections réparties sur les écrans de La Croisette lors du mois de Mai 2017... ne serait-ce que dans une perception subjective ?

  

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Cannes 70
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Nous conservons, en premier lieu, le souvenir vivace d’Al Gore, l’ex vice-président de Bill Clinton, investi dans la défense écologique de la planète qui, ainsi, ne cesse de parcourir celle-ci en sensibilisant son auditoire mondial, à la suite de son premier film projeté dix ans plus tôt « Une vérité qui dérange » et venant donc de présenter au Festival de Cannes 2017 « Une suite qui dérange : Le temps de l’action » en s’appuyant sur ses nombreuses interventions de pèlerin à travers tous les continents, afin de mettre en mouvement les énergies capables d’inverser les forces destructrices de notre environnement en progression permanente par la faute du comportement humain.

  

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Cannes 70
LE TEMPS DE L’ACTION
Al Gore © Theothea.com

  

Par effet de contraste, lorsque Jean Douchet fustige « la propriété » comme une entrave à la réalité existentielle de l’individu croyant, à tort, atteindre à sa suprême indépendance, rejoint-il, d’abord pour sa propre gouverne de cinéaste, le cercle de l’épicurisme prônant la jouissance sans entrave ou se contente-t-il d’opposer une résistance idéologique formelle au trompe-l’œil sociétal ?

« L’enfant agité » ne répond pas à cette différenciation dialectique implicite car ce portrait cinéphilique du fameux critique-historien octogénaire surfe avant tout sur le vécu dédié aux déplacements incessants du conférencier international sans vraiment interroger les réelles motivations de l’homme charismatique qui, malicieusement, se dérobe à toute introspection.

  

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Cannes 70
L’ENFANT AGITE
Jean Douchet © Theothea.com

  

La force de ce témoignage initié, dédié et mené par trois jeunes réalisateurs Fabien Hagège, Guillaume Namur & Vincent Haasser, réside davantage dans la volupté perspicace de pister une manière atypique de vivre « sa vie d’incontournable passeur culturel » qui, de fait, échapperait à tout formatage conventionnel.

C’est, de toutes évidences… mais pourtant de manière inattendue, l’auteur de « Shoah » Claude Lanzmann qui, lui, met les pieds dans le plat avec une candeur à faire fondre tous les amoureux du coup de foudre réciproque quand ceux-ci se trouvent exposés au cœur d’enjeux vitaux, collectifs et politiques à une confrontation personnelle sous géométrie variable avec Eros et Thanatos !

Dans cette perspective, la séduction amoureuse pourrait-elle être une composante diplomatique à part entière ou bien ne relèverait-elle que de la faiblesse de jugement due à la jeunesse ?

 

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Cannes 70
NAPALM
Claude Lanzmann © Theothea.com

   

Faisant partie de la première délégation européenne conviée à visiter la Corée du Nord en 58 après les dévastations de la guerre, le jeune Claude va s’éprendre de Kim Kun Sun, une infirmière de Pyongyang dans des situations rocambolesques où vont se disputer les interdits d’une telle brève rencontre… même platonique. 

Soixante ans plus tard, le fougueux nonagénaire retourne sur les lieux de son exploit, toujours bouleversé à cette évocation qu’en conteur patenté, il nous confie face caméra… comme si l’Intime avait soudain rendez-vous avec la grande Histoire.

 

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L’ATELIER
Laurent Cantet © Theothea.com

   

C’est ici que Laurent Cantet en position d’équilibriste pédagogique entre « 120 battements par minute » prix du Jury et « The Square » Palme d’Or, pourrait en sa qualité de metteur en scène déjà palmé (Entre les Murs 2008) faire la synthèse éthique et même poétique des deux films précités grâce à son « Atelier » d’écriture où s’incarne la fracture entre les « bonnes intentions » du monde socioculturel et le « malaise identitaire » d’une jeunesse contemporaine exacerbée au prorata de ses outils de perception du monde qui paraissent à des années lumière voire numérique de la « vieille école » bien pensante.

A cet égard « The Square » est formidablement représentatif du fossé insondable qui peut se créer entre l’aspiration d’élever ses contemporains à une modernité réinventée du progrès alors même que les paramètres socio-psychologiques des motivations humaines seraient négligés en leur potentialité d’interactivité destructrice.

En effet, être conservateur de musée sensible au besoin de l’humanité à renouer un lien authentique avec elle-même, ne dispenserait pas de percevoir le décalage abyssal entre les bonnes clefs pour aider ses concitoyens à identifier leurs « raisons d’être » au sein de la société d’avec une résistance atavique des troubles propres à susciter l’inquiétude et le nihilisme dans les esprits : « The Square » de Ruben Östlund s’avère être une Palme d’Or totalement légitime mais que certains ont trouvé exaspérante dans ses insistances artistiques à s’étirer en longueurs et pléonasmes.

  

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Cannes 70
Palme d’or 2017 - THE SQUARE © D.R.

   

Quant à Robin Campillo, co-scénariste attitré de plusieurs films de Laurent Cantet dont notamment « Entre les Murs » et présentement « l’Atelier » sélectionné dans « Un certain regard », lui proposait donc avec ses « Cent vingt battements par minute » une brûlante plongée dans la mémoire des années Act-up Paris, en y mêlant le combat intime et collectif face au corps social plutôt indifférent, à ce stade de l’évolution de la pandémie du Sida, à l’urgence d’une mobilisation générale.

C’est donc l’histoire d’une course contre la montre au bord de la panique qui se rappelle à la mémoire collective mais sans jamais y céder en raison de l’enjeu forcément solidaire.

Le rappel de cette lutte oblige à la réflexion sur les égoïsmes et le manque de clairvoyance à commencer par ceux des institutions publiques et surtout ceux des laboratoires privés.

Tel un message inséré dans une bouteille à la mer, ce film incite à toujours plus de vigilance sociétale renouvelée face aux défis que la nature humaine se doit de résoudre avec rationalité et compassion, ne serait-ce que par respect vis-à-vis d’elle-même.

Si donc en toile de fond, la problématique de la confrontation du collectif d’avec l’intime aurait fort bien pu servir de ligne thématique aux diverses sélections de ce 70ème Festival de Cannes, le festivalier cinéphile a eu ainsi tout loisir d’en apprécier pleinement les multiples facettes en compagnie des différents Jurys ?

  

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Cannes 70
LA FIANCÉE DU DÉSERT
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D’autant plus que remettant sans cesse l’ouvrage artistique en questionnement, nous serons de nouveau, en mai prochain, en prise avec nombre de ces prospectives que le festival de cinéma cannois porte en exigence intrinsèque afin d’élever toujours au plus haut la qualité représentative et engagée du 7ème Art.

Il est tout aussi réconfortant que les préoccupations de l’âme humaine constituent le cœur de cible de ce rendez-vous cinématographique que d’avoir la conviction de son universalité garantissant, à l’égard de ceux qui le souhaitent, cet espace privilégié où la réflexion converge annuellement de façon à faire une mise au point ambitieuse sur l’état du monde… bien que forcément relative.

 

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Cannes 70
THE VILLAINESS
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La Palme d’Or se forge ainsi, de façon symbolique, tel un fleuron emblématique en gestation concomitante avec son époque.

Que vive donc, en Mai 2018, le 71ème Festival du film international de Cannes !...

   

FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM DE CANNES 2017 

" La Palme septuagénaire " sur Theothea.com

  

  

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Cannes 70
RODIN - Jacques Doillon
avec Izïa Higelin & Séverine Caneele
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