mardi 14 février 2006 - par Olivier FRIGOUT

Jean-Marie Pelt, de la botanique à l’écologie.

C’est en botaniste que le professeur Jean-Marie Pelt a participé aux conférences associées aux journées de l’orchidée, le premier week-end de février, à Vergèze dans le Gard. Devant un auditoire conséquent, l’éminent botaniste a emmené son public dans un voyage au coeur d’une plante sensiblement semblable à l’homme.

Parmi les espèces végétales apparues les dernières, l’orchidée est au sommet de l’évolution du règne végétal. 25 000 espèces se sont développées en à peine 10 millions d’années, multipliant les stratagèmes pour ce qui est de la reproduction sexuée. Chaque orchidée est souvent associée à une espèce d’insecte et une seule, au point que si celle-ci venait à disparaître, l’orchidée n’y survivrait pas.
Parfois, un pétale se distingue des autres en mimant l’insecte femelle pour attirer le mâle. L’orchidée parfait alors son leurre visuel en exprimant des phéromones identiques à celles de l’insecte.
D’autres vont profiter de la chute de l’insecte dans le sabot de la fleur pour lui coller sur le dos des sacs de pollen.
Une relation insecte-orchidée qui ira parfois jusqu’à une véritable symbiose, le mâle venant chercher dans la fleur les ingrédients nécessaires à la synthèse des phéromones lui permettant d’attirer les femelles.
Plus troublante encore, une relation violente, qui peut aller jusqu’à la mort d’insectes en grand nombre, dans le court laps de temps qui sépare la maturité des fleurs mâles et femelles.

Intarissable sur ces fleurs étranges, Jean-Marie Pelt l’est aussi sur l’écologie et les problèmes que pose l’activité humaine à la nature. Ses anecdotes sont pleines de tendresse, son jugement sur la recherche moderne, sans complaisance, et son regard sur l’humanité et les pays riches, grave. Mais il garde pour l’avenir encore un peu d’espoir, même s’il se sent parfois isolé tant ses confrères sont pessimistes.

Citant une dernière rencontre avec Théodore Monod, peu de temps avant sa disparition, Jean-Marie Pelt explique combien ils avaient sur l’avenir de l’homme des perceptions différentes. Condamné pour l’un, capable de rebondir pour l’autre... aucun n’aura su convaincre son ami.

Jean-Marie Pelt, malgré ses 72 ans, reste un infatigable laboureur des consciences et un semeur d’émerveillements. Un lutteur acharné aussi, qui mettra tout son poids dans des causes qu’il croit justes, et dont la défense est nécessaire à la survie de notre espèce.




Réagir