lundi 15 juin 2020 - par Régis DESMARAIS

Jean Raspail s’en est allé aux Royaumes des aventuriers

A quelques semaines de son 95ème anniversaire, Jean Raspail s’en est allé rejoindre les Royaumes de Borée. L’immensité et la splendeur de ces espaces naturels seront désormais les décors des jours et des nuits de cet écrivain raffiné et conscient de ce que l’humanité peut avoir de grand quand elle s’aime et ne se méprise pas.

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Un malentendu doit immédiatement être levé avant de parler plus longuement de Jean Raspail. Dans notre époque, si prompte à coller des étiquettes sur le dos des hommes, et malheureusement des étiquettes mensongères, il faut rétablir quelques vérités au sujet de cet auteur. Les nécrologies publiées dans la presse, pour la plupart la reprise inlassable de la dépêche AFP annonçant son décès, rapprochent Jean Raspail de l’extrême droite et mentionnent, dans ses ouvrages majeurs, Le Camp des Saints, livre suspecté de racisme. Les conséquences de cette suspicion ne sont pas anodines. 

Jean Raspail, l’extrême droite et le racisme

Rien n’est plus faux que de croire que Jean Raspail était un homme raciste et d’extrême droite. Comment croire qu’un homme amoureux de la Patagonie et des peuples premiers puisse être un homme raciste ? Jean Raspail s’est toujours défendu d’être de ceux qui détestent les autres à raison de leur couleur de peau ou de leur différence de culture. Bien au contraire, Jean Raspail était un amoureux des cultures, de la diversité des peuples car cette diversité était une richesse et sans doute une échappatoire à sa propre culture. Cet amour des différences l’a même conduit à ne pas aimer le métissage, cette autre forme de diversité qui fond un pluriel en un singulier. Cela était son droit, et sûrement une erreur, mais en aucun cas Jean Raspail ne fut un homme raciste. Il aimait trop la beauté d’un monde pluriel pour imaginer que seul valait un monde uniforme fait de la seule culture européenne. Pour justifier du racisme qu’on lui prêtait, ses détracteurs s’en rapportent à l'ouvrage Le Camp des Saints. Là encore, ce n’est que malentendu, incompréhension voire manipulation. Les mêmes malentendu et incompréhension qui ont fait dire à certains que Michel Houellebecq s’est révélé raciste après avoir publié Soumission. Le camp des Saints, qui de loin est à mon avis, l’un des plus mauvais livres de Jean Raspail, est une œuvre de fiction dans laquelle l’auteur imagine une migration massive des déshérités de la planète à destination des zones riches de la terre, en l’occurrence la France. Jean Raspail évoque l’arrivée d’une armada de vaisseaux rouillés, prêts à couler, transportant des centaines de milliers de pauvres êtres réduits à la misère la plus extrême. Dans ce livre, Jean Raspail n’use guère de métaphores : il décrit la misère telle qu’elle est, telle qu’elle s’observe, telle qu’elle défigure les corps. Les mots sont durs car ils décrivent une situation insoutenable et cette situation est celle de la déshumanisation de millions d’hommes, de femmes et d’enfants rendus miséreux par un système économique qui méprise l’humain et glorifie l’argent. Jean Raspail place le lecteur face à cette réalité douloureuse et cela est difficilement supportable. Jean Raspail se moque de ces bourgeois bon chic, bon genre, qui prône l’accueil des miséreux sans remettre en cause ce qui a conduit ces peuples à la misère. On comprend cette hypocrisie car remettre en cause ce qui a conduit à déshumaniser une part importante de l’humanité revient à remettre en cause le mode de vie de ces bourgeois aveuglés et égoïstes. Ce livre ne pouvait qu’être mal accueilli par ceux qui dénoncent le système, prônent la solidarité tout en profitant des avantages que leur procure ce système. Ce livre est un miroir brandi face au visage des donneurs de leçons qui oublient consciencieusement de se les appliquer à eux-mêmes.

Jean Raspail n’était donc ni raciste, ni d’extrême droite. Jean Raspail était royaliste et en ce sens pouvait paraître d’un autre temps pour bon nombre de ses contemporains. Lecture faite du livre Le Camp des Saints, seuls l’inculture et l’amalgame peuvent expliquer que Jean Raspail soit qualifié d’auteur d’extrême droite. Le raccourci, royaliste est égal à extrême droite, est si facile à prendre. C’est confondre l’Action française avec le roi ; c’est oublier que le comte de Paris avait rompu avec Charles Maurras. Sans doute, Jean Raspail était royaliste car il était à la recherche d’un pouvoir personnellement désintéressé, dont le souci serait le bien du peuple et non une réélection. Il y avait de l’idéalisme dans sa vision de la personne d'un roi.

Souvenirs de Jean Raspail

De Jean Raspail, outre son œuvre, deux faits me resteront en mémoire. Le premier sera la découverte, que dans ce pays, l’honnêteté intellectuelle n’est pas le critère de sélection des « élites ». Au cours d’un entraînement à un grand oral, un haut fonctionnaire m’a demandé quels étaient mes écrivains préférés. A cette question, j’ai notamment répondu Jean Raspail. Aussitôt le visage de ce fonctionnaire s’est fermé et le conseil est tombé comme la lame de la guillotine : il ne faut pas citer Jean Raspail, surtout pas, c'est dangereux ! Conseil étonnant dans un pays qui se veut démocratique. Pourquoi ne pas citer Jean Raspail ? Parce que c’est un écrivain royaliste ! La belle affaire. Le conseil de ne pas citer Jean Raspail n’était pas lié au fait que son œuvre serait mauvaise ou frappée d’interdit ou indigne des valeurs démocratiques. Il fallait ne pas le citer en raison de ses choix politiques, choix au demeurant non interdits dans notre pays. C’est comme ça, on est démocratique si vous pensez comme la majorité au pouvoir. On me conseillait donc de mentir pour réussir un oral ; on me conseillait de sacrifier un pan appréciable de notre culture sur l’autel du conformisme de la pensée. Fichtre… Jean Raspail, sans le savoir, m’a sauvé d’un monde louvoyant et faux.

Le deuxième souvenir est une conversation avec Jean Raspail au sujet de son travail de recherche pour la rédaction de l’un des ses plus beaux et captivant ouvrages : L’anneau du pécheur. Ce livre fait se télescoper la fin de la papauté d’Avignon avec notre époque contemporaine. Le fil liant les deux époques étant la survivance d’une papauté d’Avignon schismatique jusqu’à nos jours. Jean Raspail m’avait alors confié, que dans ses recherches, il avait trouvé des traces de papes se réclamant de la papauté d’Avignon jusqu’au 17ème siècle. Ce livre, pour les passionnés de la fin de la papauté d’Avignon, est à lire en pendant de Pedro de Luna de Christian Murciaux. L’anneau du pêcheur mêle avec brio l’histoire, le sacré, le mystère et l’enquête policière. Livre extraordinaire pour un lecteur gourmand.

Un écrivain lumineux à préserver des récupérations

Jean Raspail était un écrivain cultivé. Il utilisait la langue française avec une rare élégance et sans susciter le moindre ennui, sans le moindre relent de pédanterie. Au contraire, il possédait le don d’accrocher, de ferrer le lecteur jusqu’à la fin du livre. Son idéal d’un pouvoir politique intéressé par le seul intérêt général, son idéal plus général d’un monde apaisé, d’un monde de beauté et de liberté, influençait et irriguait ses ouvrages. Ce qui frappe dans la lecture des œuvres de Jean Raspail, c’est le souffle, la grandeur, le panache de la plupart des personnages et de leur destin. Il y a quelque chose de profondément stimulant dans l’œuvre de Jean Raspail. C’est une littérature en cinémascope, la Patagonie s’y prêtait donc parfaitement. Les personnages ont toujours en eux un feu, forcément sacré, qui les pousse à s’extraire de la banalité du quotidien pour concourir aux trophées des destins à finalité légendaire et transcendantale. Il est donc dommage que Le Camps des Saint soit si souvent cité dans les articles de presse évoquant le décès de l’auteur. En effet, cet ouvrage est l’un des rares, si ce n’est le seul, dont la lecture est pénible et presque harassante. Le Camp des Saints se révèle très vite ennuyeux à lire. Sans doute trop long, sans doute trop écrit dans le souci de provoquer un choc, l’ouvrage déçoit. Jean Raspail avait pourtant déclaré que ce livre lui avait presque été dicté, comme allant de soi. Je ne doute pas que l’auteur ait eu une vision sur ce qui pourrait arriver si les exclus de la croissance mondiale venaient, légitimement, réclamés ce qui doit leur revenir. Jean Raspail, avant l'heure, avait anticipé les boat-people. Assurément, ce livre a dépassé Jean Raspail et c’est dommage car cet auteur vaut bien plus que cet ouvrage, mineur dans son œuvre. De Jean Raspail, il est urgent de lire L’anneau du pêcheur, Hurra Zaha ! (livre passionnant abordant notamment la disparition des petits Etats allemands sous l’impulsion de Napoléon Ier), Moi, Antoine de Tounens, roi de Patagonie, Qui se souvient des hommes… ou Sire.

Jean Raspail frappait physiquement par son allure altière, son panache, cette beauté de l’homme libre qui a voyagé et vu le monde autrement que par le filtre des écrans. Son œuvre littéraire possède les mêmes qualités. Elle élève le lecteur au-dessus de la médiocrité, et de ce fait, génère beaucoup de jalousie. Il est urgent de lire Jean Raspail pour éviter qu’il ne soit ravi par un camp politique. Déjà, Le Monde, journal hautement financé par ce bienfaiteur de l’humanité qu’est Bill Gates (humour),  titre La famille nationaliste pleure la mort de Jean Raspail. L’œuvre de Jean Raspail n’est ni de gauche, ni de droite et encore moins des extrêmes. Son œuvre est profondément humaine mais d’une humanité qui ne s’est pas totalement vendue au dieu argent. En ce sens, elle peut être salvatrice pour ceux qui auraient perdu un des fondements essentiels de la vie : l’amour, l’amour de soi, de sa culture et l’amour des autres et de leur culture. Jean Raspail restera à jamais l’une des plus belles plumes de la littérature. Le Monde, dans un monde idéal, aurait dû titrer : La famille des lettres pleure la mort de Jean Raspail…

Régis DESMARAIS

 



14 réactions


  • eau-mission eau-pression 15 juin 2020 10:37

    L’anneau du pêcheur, Hurra Zaha, merci pour ces conseils de lecture.

    J’essaierai de les suivre en souvenir de mon collègue de travail qui connaissant Jean Raspail, me désignait sa silhouette quand elle se profilait derrière les fenêtres qui faisaient face à notre bureau. C’était pour me donner le goût du grand large.


  • caillou14 rita 15 juin 2020 10:38

    bof..il reste le Boulevard du même nom ?

     smiley


    • Régis DESMARAIS Régis DESMARAIS 15 juin 2020 11:23

      @rita
      Le boulevard et une œuvre littéraire conséquente. Vous avez lu quel ouvrage de Raspail ?


    • caillou14 rita 15 juin 2020 11:41

      @Régis DESMARAIS
      Vous savez les royalistes ce n’est pas ma tasse de thé, je vois qu’il en reste depuis la révolution ?
      Ils ne servent à rien, juste des parasites !


    • Régis DESMARAIS Régis DESMARAIS 15 juin 2020 11:58

      @rita
      La question n’est pas là. Nous vivons dans une démocratie et l’un des aspects de la démocratie, c’est le respect de l’opinion des autres et de leur liberté dès lors que cette liberté n’empiète pas sur les autres libertés. Les royalistes sont libres de l’être. Je pense qu’aujourd’hui, les raisons pour lesquelles Jean Raspail était royaliste sont des raisons naïves. Mais peu importe, c’était son droit. Par ailleurs, je constate que les royalistes ont toujours choisi, du moins en France, le camp de la liberté et de la République en 39/45. Ce qu’il faut comprendre, pour apprécier l’œuvre littéraire de Raspail, c’est que ce royalisme nimbé d’un idéal de bonté et d’honnêteté (je dis idéal car je ne crois pas qu’un roi, aujourd’hui, serait meilleur et plus honnête qu’un président de la République, mais cet avis n’engage que moi) influence l’œuvre de Raspail qui est souvent traversée d’un idéal d’une société non violente, honnête et en harmonie avec l’universel. La lecture de certains ouvrages de Jean Raspail procure donc un intense plaisir de voir des personnages et un monde plus apaisant et possédant plus de panache que notre quotidien. Après, il y a ce mauvais livre Le Camp des Saints, qui, s’il n’est pas un ouvrage raciste, est un livre ennuyeux et qui se contente trop d’être descriptif d’un flot migratoire sans creuser plus avant les raisons pour lesquels ces migrants ont été acculés à quitter leur pays. L’auteur évoque un peu ces raisons mais si elles avaient été plus développées, ce livre aurait été mieux compris, moins récupéré par l’extrême droite, plus utile pour dénoncer le sort fait à une part importante de l’humanité.


  • xana 15 juin 2020 14:30

    Merci Régis Desmarais pour votre article.

    Je n’ai lu qu’un livre de Raspail « Qui se souvient des hommes », un livre d’une grande tristesse sur les peuples de Patagonie. Il était clair pour moi que l’auteur ne POUVAIT pas être un raciste, bien au contraire. Votre article me donne envie de me procurer « Le camp des saints »...


    • Régis DESMARAIS Régis DESMARAIS 15 juin 2020 15:14

      @xana
      Du point de vue littéraire, vous serez déçu par ce livre. Par contre, Jean Raspail a été d’une particulière violence dans les descriptions. Il s’agit d’un procédé littéraire destiné, le moins que l’on puisse dire, à secouer voire déranger le lecteur. Après lecture, ce procédé semble adapter car il est difficile de faire un beau texte formel en évoquant l’indicible horreur de migrants dans une misère effroyable. La beauté du texte aurait paru « insultante » par rapport au sujet. Le danger, évidemment, est de faire croire à certains lecteurs que l’auteur est un monstre. Enfin, si Jean Raspail se moque de ceux qui visiblement n’ont aucune conscience de la réalité de cette misère, et donc de ses conséquences, il est indéniable qu’il aurait été heureux que l’écrivain explore vraiment les causes de cette misère et la responsabilité de beaucoup dans cette situation. A un moment donné, il faut assumer les conséquences de ses choix ou non choix. Ce livre nous dit exactement cela mais le message est dur. 


    • sls0 sls0 16 juin 2020 01:29

      @xana
      Je l’avais lu à l’époque, je viens de le récupérer en format epub sur ce site.


  • ZenZoe ZenZoe 15 juin 2020 16:58

    J’aime bien cet article, et notamment cette phrase : ’’C’est comme ça, on est démocratique si vous pensez comme la majorité au pouvoir.’’

    Il est aussi bon en effet de rappeler que Raspail n’a pas écrit QUE Le Camp des Saints. Son Roi de Patagonie a même obtenu le Grand Prix de l’Académie Française. Un penseur différent et libre, tout ce que nos ’’intellectuels" modernes ne sont plus dans leur immense majorité.


  • Un grand patriote, cultivé et raffiné nous a quitté. Jean Raspail relevait le niveau du milieu littéraire francophone, coincé entre Le Clézio et A.Jardin depuis des lustres !


  • sls0 sls0 15 juin 2020 23:50

    J’ai lu je camp des saints dans les années 70.

    Il ne m’a pas choqué, un roman est une fiction, ça n’a pas à choquer. Surtout à l’époque.

    Vu tout les prix littéraires qu’il a eu, pas trop visible le rejet.

    Il sert d’étendard à des extrémistes, est-ce la faute du livre ?

    Dans les années 60 je lisais Tintin au Congo bien plus raciste vu de maintenant.

    Ma soeur a encore un dico de 1952, noir c’est une couleur et nègre c’est un homme à la peau noire.

    Je lisais Tintin en buvant Y a bon banania.

    80% de blacks et métis chez moi, si on cherche bien il y a même de l’indios, je ne crois pas être raciste, le dernier blanc qui est rentré chez moi ça fait plus de 2 ans.

    Un roman, une fiction. Tout comme la guerre des mondes est une fiction. Les matiens ont débarqué ? Non.

    On a été envahi par la multitude venant du delta du Gange ? Non. Une fiction.

    Bon si après des cerveaux malades interprètent, c’est le droit de tout cerveau malade.

    Oui mais ils viennent en bateau comme dans le livre, à l’époque comme maintenant pour traverser la méditerranée le bateau c’est mieux que le tricycle.

    Oui mais c’est des pauvres qui viennent dans un pays riche. Avec tout ce qu’on leur a piqué ça explique notre richesse et leur pauvreté. En 73 c’était le cas, c’est toujours le cas maintenant et dans 20 ans ce sera toujours le cas, ils faut dire qu’on les a bien rincé.

    Même moi j’ai profité d’eux fin des années 70 début des années 80. Je descendais des vieilles Peugeots (pigeot) que je vendais et ça me payait les vacances sur place.


  • xana 16 juin 2020 10:32

    Pareil pour moi. Vivre dans un pays différent de celui où on est né peut aider à comprendre les autres, à condition de ne pas se retrouver avec des compatriotes. Je me souviens dans le temps avoir voyagé au Sahara, en arrivant dans un bled paumé on savait immédiatement s’il y avait des Francais d’après l’attitude des locaux (et dans ce cas on passait notre chemin). Le racisme ordinaire des coloniaux...

    Je vis dans un village roumain, et j’y suis le seul Français, je respecte tout le monde et tout le monde me respecte. Et je laisse la clé de contact dans ma voiture, personne n’aurait l’idée d’y toucher. Au pays des Tziganes...


    • foufouille foufouille 16 juin 2020 10:54

      @xana

      dans certains villages, c’est encore comme ça en france mais beaucoup moins car certains voleurs tournent en voiture autour des villages en campagne.


    • sls0 sls0 16 juin 2020 18:27

      @xana
      Je me rappelle d’un voyage en cargo d’Anvers à Léningrad, un bateau avec un problème de vibrations, j’y ai regardé et j’ai eu droit à une mini croisière.
      Au port il y avait un bus pour récupérer les marins et les emmener en ville. On est passé à coté d’un groupe à pieds. J’ai demandé au marin pourquoi le bus ne s’arrêtait pas. Il m’a répondu que c’était des marins français et qu’en général les marins français ne sont pas trop appréciés dans les ports, ce sont des dik nek (gros cou). En général le français profite d’une aura qui date d’avant 60 ans, quand on le cotoye, les avis changent.
      En général quand on me demande d’où je viens je dis d’Europe. Avec Sarko, la cote française à franchement baissé. C’est seulement quand le contact est fait que je dis français et je leur parle de Bruxelles, Rome et peut être Paris. Paris attire, c’est la France.

      De très bons souvenirs en Roumanie, à part le rejet ou plutôt renier l’existance des roms tout m’allait bien.
      Plus les gens sont pauvres à l’extérieur, plus il sont riches à l’intérieur.

      Pour ce qui est du contact avec les compatriotes, je ne cherche pas le contact, on a besoin de moi, j’aide ça s’arrête là. Il y en a 3000 sur l’ile plus 140000 qui y viennent en vacances. J’en vois très peu sauf deux. On a en commun d’avoir passé plus de temps à l’étranger qu’en France, une vision différente des choses. C’est Frédo le plus fort, 6 zones de guerre.

      Je vais de temps en temps dans un magasin dans la zone coloniale qui est très touristique. J’en vois. Je ne leur parle que quand il promènent tranquillement avec plusieurs mois de salaire local à la main. Où il y a la police touristique pas trop de problèmes, hors de vue ce n’est plus la même chose.
      Pénible des français qui se font agresser.
      J’en ai un coup aidé.
      Je les emmène chez les flics, je traduis.
      A la sortie je traduis le PV, ils font la gueule parce qu’il y a eu des coups de feu et qu’il est écrit vol simple. Ils me demandent si j’ai bien traduis. Bien sûr que j’ai bien traduis. Je leur dis que c’est pas la France ici.
      Bien content de les laisser au consulat, je n’ai même pas attendu pour le cout des deux taxis.

      Le Sahara à l’époque un peu la galère, que d’attentes mais on comprend que Monod en soit tombé amoureux. On est maso, plus on galère pour une chose, plus on l’apprécie. A l’époque le lisais beaucoup et lors des attentes parfois interminables ça occupe. J’avais toujours une dizaines de bouquins que je donnait quand j’avais fini. Le camp des saints à dû finir à Gao, en amont on attendait pas mal. Pas de bitume et du convoi à l’époque. On avait le temps de lire, à Gao il y avait du stock en bouquin à donner.
      25-30 ans plus tard je suis retourné à Gao, je n’ai pas retrouvé mon instit lecteur. Le monde change en 30 ans.


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