vendredi 14 janvier 2022 - par Theothea.com

« Joséphine B. » Clarisse Caplan & Thomas Armand éblouissants au Théâtre de Passy

Belle fin d'année pour Joséphine Baker. Le mardi 30 novembre 2021, elle est la première femme noire et première artiste de scène à faire son entrée au Panthéon. Tout un symbole pour celle qui a tant aimé la France.

 

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JOSEPHINE B.
© Theothea.com

  

Parallèlement à cet hommage incomparable, un spectacle musical tout à son honneur « Joséphine B » est actuellement prolongé au nouveau Théâtre de Passy jusqu'en mars 22, écrit et mis en scène par Xavier Durringer avant même qu'il sût qu'elle serait ''panthéonisée''.

En pleine crise sanitaire, Jean-Georges Tharaud, Michel Dumusois et François Dancette ont redonné vie à une salle qui était un cinéma entre 1932 et 1985. Dans cette rue de Passy très commerçante et animée, un écrin Art Déco en sous-sol aux murs de velours d'un noir profond accueille un public dense, révélateur d'une reconnaissance pour cette vedette de music-hall pas toujours adulée à sa hauteur. 

Deux jeunes comédiens vont faire revivre les années torrides d'il y a un siècle sous le rythme endiablé du Charleston au style dynamique ou du Lindy Hop danse afro-américaine née à Harlem.

 

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JOSEPHINE B.
© Pascal Gely

  

Dans un enthousiasme frénétique, ils nous restituent des fragments de ce destin exceptionnel, de la petite enfance jusqu'au début de sa ''starisation'' en venant jouer à Paris, de ses premiers pas de danse à la fameuse ''Danse Sauvage'' qui la rendra si populaire.

Accompagnée par la musique de ''J'ai deux amours'', celle qui fait irruption telle une tornade sur le plateau est irrésistiblement l'incarnation de Joséphine.   

Belle, longiligne, aux jambes interminables, Clarisse Caplan, sourire lumineux, nous séduit d'emblée. On est frappé par sa ressemblance avec l'icône aussi bien par les traits que par les mimiques ou la manière de se mouvoir.

Elle épouse parfaitement sa gestuelle déliée, et tel un effet de miroir, on voit la dégaine si particulière de Joséphine B qui chante, se contorsionne, se trémousse genoux fléchis.

  

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JOSEPHINE B.
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Avec son radieux partenaire, Thomas Armand, dans un décor modeste et imaginatif, au moyen de costumes passant successivement des vêtements en loques aux vêtements à strass, paillettes et plumes, des bribes de l'existence de Freda Josephine McDonald – alias Joséphine Baker – défilent sur fond d'animations vidéos accompagnées de belles lumières tamisées.

De naissance, elle est Américaine. Née à Saint-Louis dans le Missouri le 3 juin 1906 dans une extrême pauvreté, elle travaillera très jeune pour subvenir aux besoins familiaux, avec le père parti et une mère alcoolique dont le nouveau compagnon, également alcoolique, se révèlera violent et cognera la jeune adolescente quand les sous rapportés ne suffisent pas.

A 14 ans, elle fait plusieurs rencontres qui la poussent à devenir artiste de rue. A 16 ans, elle part tenter sa chance à New-York et intègre la troupe d'une comédie musicale.

Deux ans plus tard, alors qu'elle chante dans un célèbre club de jazz de Harlem, on lui proposera de faire la première partie d'un spectacle à Paris ''La Revue Nègre''.

 

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JOSEPHINE B.
© Pascal Gely

  

Arrivée en France sur un paquebot transatlantique, son émerveillement est bien retranscrit dans la pièce, la voilà, en octobre 1925, sur scène au théâtre des Champs-Elysées, où sa performance est vivement reconnue. Cette première apparition va lancer sa légende.

Clarisse, au corps sculptural, bracelets sur ses chevilles et ceinture de bananes, dans une pudeur extrême, gros colliers de perles couvrant ses seins nus, ébauchera juste les déhanchements de cette ''Danse sauvage'', jugée exotique et érotique avant de saluer, soudainement intimidée, un public conquis par sa spectaculaire prouesse.

Thomas Armand endosse tous les autres rôles avec une dextérité très malléable, ceux qui ont entouré la diva, galerie de personnages farfelus comme le pittoresque impresario ''Pepito'' devenu son amant et son mentor. Il se travestit, chante a capella ''J'ai deux amours '', et envoûte quand il danse avec tant de fluidité et de complicité avec sa partenaire.

La parole est distribuée en alternance par les deux protagonistes pour nous raconter les épisodes souvent dramatiques et mouvementés de cette existence sur fond d'émeutes raciales, de violences policières, de combats auprès de Martin Luther King pour défendre les droits des Noirs comme ceux de Rosa Parks qui refusa de laisser sa place à un Blanc dans un bus. La chanson ''Strange Fruits'' de Billie Holliday, réquisitoire contre le racisme et le lynchage nous émeut particulièrement.

 

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JOSEPHINE B.
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Joséphine prend son envol à 20 ans. Sur la scène du théâtre de Passy, deux interprètes bluffants au charme fou à peine plus âgés se métamorphosent pour ressusciter une époque pleine d'embûches discriminatoires mais tourbillonnante de Charleston, de swing, de jazz...

Bravo à la chorégraphe Florence Lavie permettant aux comédiens d'exécuter de véritables danses acrobatiques ou des numéros de claquettes, eux qui n'étaient pas danseurs de par leur formation. Chapeau !

Joséphine B est une pièce vibrante aux dialogues justes et touchants. Un spectacle pétillant, vif qui nous ébahit et nous régale amplement. 

  

photos 2 & 4 © Pascal Gely
photos 1-3-5-6 © Theothea.com
  
JOSEPHINE B. - ***. Theothea.com - de & mise en scène Xavier Durringer - avec Clarisse Caplan & Thomas Armand - Théâtre de Passy 

 

  

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JOSEPHINE B.
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