samedi 29 janvier 2011 - par Mona MEJRI

L’Arabe dans L’Espoir et Sierra de Teruel, roman et film d’André Malraux

Le point de départ de cette étude est un sentiment d’insatisfaction devant le peu d’intérêt que les critiques ont manifesté pour un personnage qui, bien que secondaire, nous paraît fondamental dans la vision qu’André Malraux a de l’autre, et plus particulièrement de l’Arabe. En effet, le lecteur de l’Espoir, comme le spectateur de sierra de Teruel, peuvent être interpellés par la présence d’un Arabe[1] dans l’escadrille España. Ce dernier est d’ailleurs l’objet de l’interrogation des paysannes dans la célèbre scène de la descente de Linares. 

En effet, dans L’Espoir (1937), comme dans le film qui en a été tiré (1938), le lecteur et le spectateur peuvent être fortement bouleversés par cette scène qui décrit dans une tonalité à la fois héroïque et funèbre le cortège des blessés portés sur des civières : 

« La première civière débouchait en face de Magnin. Quatre paysans la portaient, chacun un brancard sur l’épaule, suivis aussitôt de quatre camarades. C’était le bombardier »[2].

Cette description se poursuit par l’évocation de ce tableau fantastique où le ciel et la terre se fondent l’un dans l’autre dans des tons froids et sombres : 

« La vallée descendait de plus en plus. D’un côté, les neiges montaient jusqu’au ciel sans couleur et sans heure ; de l’autre, de mornes nuages glissaient au-dessus des crêtes. »

Mais le lecteur et le spectateur peuvent être étonnés devant ce dialogue qui se noue entre Magnin, le chef de l’escadrille, et une paysanne qui vient l’interroger sur la nationalité des blessés :

« - Qu’est-ce qu’ils sont, les étrangers ?

- Un Belge. Un Italien. Les autres Français….

- C’est la brigade internationale[3] ?

- Non, mais c’est la même chose.

- Celui qui est …. »

- Elle fit vers son visage un geste vague.

- « Français, dit Magnin.

- Le mort, il est français, aussi

- Non, arabe.

- Arabe ? Tiens ! Alors, il est arabe ?... »

Elle alla transmettre la nouvelle. » [4]

Pourquoi cette femme a-t-elle pu être surprise qu’un Arabe puisse se battre dans cette escadrille internationale pour la République Espagnole ? Puis, qui est cet Arabe ? Qu’est-ce qui l’a amené à s’engager aux côtés des Républicains ?

L’interrogation de la paysanne est reprise un peu plus loin dans le roman comme dans le film où l’on voit une autre paysanne poser la même question à Magnin : « Pourquoi qu’il est venu l’aviateur arabe ? »[5] 

Ce sont les interrogations insistantes de ces femmes qui nous ont conduite à entreprendre cette recherche par laquelle nous voudrions jeter quelque lumière sur le personnage de l’Arabe, sur sa fonction dans l’économie globale du récit et sur le modèle dont Malraux s’est inspiré pour le créer. 

Dans le roman de Malraux, cet Arabe n’est pas seulement désigné par son origine ethnico-culturelle comme dans L’Etranger de Camus. Il a un nom ; il s’appelle Saïdi. Il apparaît pour la première fois au chapitre I de la IIIe partie : « Jaime, Scali, Gardet et Pol, Attignies, Saïdi, mécanicien venu des Brigades, et Karlitch buvaient en ville du manzanilla »[6], écrit Malraux. Dans cette séquence, Saïdi est le seul personnage qui fasse l’objet d’une présentation, introduite ici par l’apposition : combattant dans les Brigades internationales, ce mécanicien a rejoint les rangs de l’escadrille internationale, stationnée à Teruel, et commandée par Magnin. Le personnage bénéficie aussi d’une caractérisation morale positive : outre ses qualités de combattant - courage, efficacité, fraternité - il est doté aussi de ce que nous pourrions appeler « l’esprit d’enfance » dans lequel le journaliste américain Shade avait reconnu comme l’âme même[7] de la révolution espagnole. En effet, expliquant les raisons pour lesquelles les aviateurs, les mitrailleurs et les mécaniciens de l’escadrille « España  » se trouvaient dans ce café, le narrateur rappelle que ce jour-là, c’était la fête des enfants, et que si certains mitrailleurs étaient là pour tirer sur des pipes ou des cochons en baudruche, Gardet et Saïdi avaient d’autres motifs : ils étaient là pour offrir des confiseries aux enfants : « Tout leur argent était passé en distributions de gâteaux. »[8] Mais si l’amour de Gardet pour les enfants s’est développé sur un fond de désillusion et de scepticisme, et qu’il a pris la forme d’une valeur refuge, celui de Saïdi est à la fois plus spontané et plus profond : « Gardet aimait les enfants comme Shade les animaux, par amertume ; Saïdi les aimait par tout ce qu’il y avait en lui d’enfance, et de piété musulmane. »[9] 

Membre de l’équipage de l’avion piloté par Pujol, Saïdi fait preuve d’un grand courage, quand de retour d’une mission, l’avion sur lequel il se trouve, est attaqué par des chasseurs allemands. Mécanicien, il n’hésite pas à prendre la place du mitrailleur Gardet[10]. Bien que blessé par les balles ennemies à la « cuisse droite », il « quitte la tourelle arrière sans rien dire » [11] Mais au moment où l’avion était sur le point de s’écraser, c’est lui qui « tire les deux manettes de déclenchement » [12] pour larguer la dernière bombe, sauvant la vie de ses camarades.  Cependant la fusillade et la chute de l’avion républicain feront quand même un mort, et deux blessés graves. Le mort, c’est Saïdi lui-même dont la présence parmi les défenseurs de la République Espagnole suscite la surprise et l’interrogation des paysannes venues aux nouvelles.

Bien qu’il s’agisse d’un personnage qui apparaît d’une manière épisodique, Saïdi, à cause de sa mort sur le champ de bataille, et de l’ampleur que reçoit la scène montrant les paysans portant son cercueil, devient un personnage emblématique de la résistance de la République espagnole. Dans le film, le cercueil de Saïdi – qui a été fabriqué sur la montagne par les paysans venus au secours de blessés[13], porté à dos de mule, filmé de divers angles, occupe une place de choix dans la scène de la descente du Linares, qui est tournée selon une structure en « Z », rappelant le mouvement des foules dans Le Cuirassé de Potemkine d’Eisenstein, film que Malraux avait beaucoup admiré. .

Ce cercueil d’arabe, qui est l’objet d’une focalisation aussi bien dans le film que dans le roman, et qui suscitait la surprise des femmes espagnoles, entre en fait dans l’élaboration d’un grand symbole. En effet, la perplexité des paysannes du Linares devant ce cercueil d’Arabe sur lequel une mitrailleuse tordue imite une couronne mortuaire[14], est contrebalancée par le point de vue d’un personnage privilégié : Magnin, le chef de l’escadrille chargé de formuler le sens de cette scène tragico-épique. Aux yeux de ce dernier, la République espagnole est devenue une cause universelle depuis que des hommes venus de tous les coins du monde, ont accepté de se battre pour elle, au péril de leur vie, comme si c’était leur patrie. L’Arabe qui est le seul à avoir été tué quand l’avion s’est écrasé sur les crêtes de la Sierra de Teruel, apparaît alors à Magnin comme le symbole tragique d’une Espagne martyrisée : « L’Espagne, pense en effet Magnin, c’était cette mitrailleuse tordue sur un cercueil d’Arabe […] » [15] 

 En dépit du contexte funèbre dans lequel ce symbole apparaît, il confère cependant à la révolution espagnole un caractère universel et fait de l’Arabe lui-même un médiateur à cette universalité. L’Arabe n’incarne pas ici, comme dans L’Etranger de Camus, la figure fantasmatique de l’Autre, de l’Adversaire sur lequel Meursault tire dans un geste à la fois gratuit et absurde[16], mais la figure fraternelle d’un Alter Ego, la manifestation la plus authentique d’un universel que l’homme n’atteint qu’en assumant les valeurs de démocratie, de liberté, de fraternité et de justice.

La présence de ce Saïdi aux côtés des Républicains n’est pas en effet un fait du hasard. C’est un choix librement et héroïquement assumé par Saïdi. Interrogé par ses camarades de combat sur les circonstances qui l’avaient amené à prendre le parti de la République contre les Franquistes auxquels allait pourtant la sympathie de ceux qu’on appelle les Maures dans le roman, Saïdi explique :

« Quand j’ai appris que les Maures combattaient pour Franco, j’ai dit à ma section socialiste : « Nous devons faire quelque chose. Sinon, qu’est-ce que les camarades ouvriers diront des Arabes. »[17] 

Dans un état antérieur du texte, c’est Magnin lui-même qui reprend cette explication à l’intention de la nouvelle femme venue l’interroger d’une manière insistante sur le mystère de la présence de cet Arabe parmi les combattants républicains :

« Pourquoi qu’il est venu l’aviateur arabe ? 

L’une des femmes revenait vers lui avec deux autres :

-Parce qu’il était révolutionnaire.

Là-haut, les oiseaux tournaient, leurs ailes immobiles comme celles des avions.

-Et parce qu’il y a des Maures chez Franco. »[18] 

Par son engagement, Saïdi a cherché à montrer que les Arabes ne sont pas tous du côté de Franco et qu’il existait dans le monde arabe des militants progressistes que la guerre d’Espagne préoccupait au plus haut point, et qui ont choisi de se battre pour la République qui incarnait leurs idéaux moraux et politiques.

Il convient de préciser ici que ceux que l’on désigne dans le roman tantôt par le nom de « Maures »[19], tantôt par celui d’« Arabes »[20] et qui se battent dans les troupes de Franco, ne sont pas des volontaires, mais des soldats provenant de ce qu’on appelle « Les Territoires Espagnols du Maroc »[21], et qui ont été enrôlés dans l’armée franquiste. Leur nombre s’élèverait à 62000 hommes : « Tout ce dont les historiens sont relativement sûrs aujourd’hui, c’est que près de 62.000 Marocains ont été enrôlés par le Général Franco, alors commandant en chef des forces armées dans les régions du Maroc sous protectorat espagnol, pour servir dans les troupes nationalistes », lit-on dans « Les Maures de l’oubli »[22]

C’est sur eux et sur la Légion étrangère que s’appuie Franco dans sa reconquête du pouvoir comme cela est expliqué dans le roman[23]. En effet, très aguerries, les troupes maures sèment la terreur[24] sur le front, et leurs attaques contre les combattants républicains sont redoutées :  « Au-dessus des crêtes, arrivent les taches blanches des Maures » [25], lit-on dans L’Espoir ou : « La cavalerie maure ! cria un type »[26] ou bien encore : « […] ils ne pensent qu’à la seconde où apparaîtront les Maures. »[27]

Mais la geste héroïque de Saïdi vient démentir ceux qui prétendent que les Arabes se sont tous ralliés à Franco parce qu’il aurait promis de « rendre à l’Islam la mosquée de Cordoue »[28]. Il est bien vrai que pour quelques centaines d’Arabes combattant aux côtés des Républicains, il y a « douze mille Maures » ou « quarante mille »[29] , comme cela est dit dans le roman, qui se battent dans les rangs de l’armée franquiste. Mais d’un point de vue narratif, le combat, les gestes et les propos de Saïdi sont plus présents à l’esprit du lecteur et du spectateur que le mouvement collectif des troupes maures, traitées comme des silhouettes anonymes à peine distinctes les unes des autres. Inscrit dans une taxinomie positive, Saïdi jouit d’une aura symbolique devant laquelle les troupes maures, malgré leur nombre, font pâle figure.

 Qui est donc cet Arabe, ce médiateur entre l’Orient et l’occident, ce porte-drapeau de l’universel ? 

 Enquêtant sur cet Arabe dénommé Saïdi qui a eu « la chance » (« Saïdi » signifie en arabe le bienheureux) d’entrer ainsi dans la fiction littéraire comme un personnage « positif », nous remarquions alors que les informations sur son origine étaient aussi rares que laconiques. Dans l’essai de Christiane Moatti, Le Prédicateur et ses masques,  nous lisons à la page 70 : « Un Arabe parmi les combattants : il s’appelle Saïdi. »[30] Elle précise dans la note 10 de cette même page : « Saïdi deviendra Belaïdi dans Sierra de Teruel. »[31] En fait, comme elle l’expliquera plus loin, en passant du roman au film, le personnage retrouve le nom de la personne réelle dont Malraux s’était inspiré pour le créer. Evoquant la bataille de Teruel, Christiane Moatti signale en effet à ce propos : « Y fut tué l’Algérien mécanicien Belaïdi qui reparaîtra sous son nom dans le film Sierra de Teruel ». Ainsi à la faveur de la mise en images de cet épisode de son roman, Malraux a révélé le nom de l’Algérien qui lui avait servi de modèle. 

 La publication de L’Espoir en Pléiade en 1996, fournit quelques éléments de réponse au sujet du personnage désigné d’abord comme Belaïdi, et finalement appelé Saïdi. Dans cette édition, la note accrochée à la première occurrence du nom de Saïdi [32] fournit les quelques information suivantes : « La fin tragique de ce personnage a permis de l’identifier avec le socialiste Belaïdi (R. Thornberry, André Malraux et l’Espagne, p. 83, et J. Lacouture, André Malraux p. 233), qui était un « jeune algérien, manœuvre aux usines Renault. » (Claude Pichois, « Histoire et poésie dans l’Espoir d’André Malraux », Travaux de linguistique et de littérature, VIII, 2, p. 145). Cette identification est en effet confirmée par la variante suivante : A la page 395, nous voyons Saïdi distribuer du chewing-gum aux autres membres de l’équipage. Mais dans un état antérieur du texte, le nom de Saïdi était écrit en surcharge sur celui de Belaïdi[33]

Dans la première version donc du roman, l’Arabe s’appelait Belaïdi. Ce personnage a réellement existé. Denis Marion qui a été le co-scénariste du film Espoir Sierra de Teruel, est le premier à donner, dans son livre Malraux et le cinéma[34], un visage à ce Belaïdi. On y trouve à la page 8, une photo montrant Malraux en compagnie d’un certain Belaïdi, présenté comme le Saïdi du roman.

 Edouard Waintrop nous apprend que « le prénom de ce brigadiste, connu des lecteurs de l'Espoir d'André Malraux sous le nom de Saïdi, est Mohamed Belaïdi, ouvrier mécanicien, syndicaliste et socialiste, qui s’est engagé pour montrer qu’il faut combattre le fascisme les armes à la main. « A 25 ans, ce volontaire d'origine algérienne arrive à Albacete, lieu de rassemblement et de formation des interbrigadistes. C'est là que Malraux, qui a besoin de mécaniciens pour l'escadre aérienne « España  » le recrute. »[35]

Mais comme l’escadrille manquait de combattants et que Belaïdi était prêt à se battre, Malraux le charge de la fonction de mitrailleur sur l’un des avions. « Au début, explique encore Edouard  Waintrop, Belaïdi n'est qu'un « rampant » : son travail est au sol. Mais, le 27 décembre 1936, il embarque à bord d'un Potez 540 comme mitrailleur. Au retour de mission, l'avion est intercepté et abattu par des Heinkel allemands près de Teruel. La plupart des membres de l'équipage s'en sortent, mais pas Belaïdi, qui a été criblé de balles. Quand la nouvelle parvient à Malraux, il organise les secours. » Cet épisode, il l'a immortalisé dans la dernière séquence de son film Espoir, Sierra de Teruel, où « l'on voit passer un cercueil surmonté d'une mitrailleuse tordue, comme l'était celui de Belaïdi. »[36]

Abdelatif Ben Salem rapporte de son côté que « Malraux était très attaché à Belaïdi, qu'il considérait comme l'exemple même du volontaire courageux et convaincu. » [37] Après sa mort, l’un des avions de l’escadrille « España  », un Potez, portera son nom comme le précise Allen dans « The Planes in Spain : Malraux’s Aircraft : » : « This airplaine had been given the name « Belaïdi » in honor of the gunner killed in the krach of the potez N »[38]

De nos jours, la question de la participation des Arabes à la guerre civile, aux côtés des Républicains, est mieux connue comme le montre l’article d’Ignace Cembrero : « La République aussi a eu ses Maures »[39] L’auteur y signale notamment que Malraux « eut parmi ses hommes un mécanicien et mitrailleur algérien, Mohamed Belaïdi, qu’il fit applaudir dans des meetings qu’il tint en 1937 »

En effet, revenant sur la guerre d’Espagne, les historiens ont tendance à souligner l’engagement de nombreux maghrébins dans les Brigades internationales, pour combattre aux côtés des républicains. Comme le souligne Edouard Waintrop « […]  des centaines de volontaires arabes ont combattu aux côtés des républicains espagnols entre 1936 et 1938. »[40] 

Dans son livre Islam y guerra civil española, paru en 2004 à Madrid, l’historien espagnol Francisco Sánchez Ruano nous apprend, à travers une recherche minutieuse et un luxe de détails, que le mythe qui place les « moros » (les Arabes) du côté de Franco seulement, doit être nuancé, car plus de 1000 volontaires des Brigades internationales du camp républicain provenaient de pays arabes. Le plus fort contingent de ces combattants arabes venus défendre la République Espagnole, était constitué de 500 Algériens[41].

Le sociologue tunisien Abdelatif Ben Salem qui a pris à cœur de faire connaître ces combattants inconnus que l’histoire manichéenne a eu tendance à oublier, cite parmi les personnalités, les plus attachantes, Saïl Mohamed[42], « l'ouvrier anar de la banlieue parisienne devenu le responsable politique des étrangers de la colonne Durruti »[43], Rabah Oussidhum[44], officier français d’origine algérienne et militant communiste qui rejoint les Brigades internationales ou encore Mohammad Belaïdi venu se battre dans l’Escadrille « España  », commandée par André Malraux, et qui meurt le 27 décembre 1936 quand l’avion où il servait de tireur s’écrase dans les montagnes du Teruel.

Malraux qui fait preuve d’une grande ouverture d’esprit, récusant toute vision manichéenne ou européocentrique, donne ainsi une place de choix dans son roman comme dans son film, au personnage de Saïdi. Ce dernier entre dans la fiction, auréolé de son engagement dans un combat juste, visant à faire triompher les valeurs de liberté, d’égalité et de justice sociale. 

L’Arabe de L’espoir nous indique ainsi « la voie royale » à suivre : seule l’adhésion à des valeurs universelles assure aux hommes la survie, survie à laquelle la littérature contribue beaucoup comme nous le montre le cas du « bienheureux » Saïdi.

  Mona MEJRI



[1] Beaucoup de critiques estiment que Malraux a une vision négative du monde arabo-islamique et de sa civilisation.

[2] L’Espoir, Œuvres complètes, II, Gallimard, La Pléiade, 1996, p. 406.

[3] Aux côtés des républicains, des volontaires venus du monde entier, souvent des communistes, des marxistes, des socialistes ou des anarchistes, mais aussi des antifascistes plus modérés, se sont engagés dans des groupes qui ont pris le nom de Brigades internationales. Jusqu'à 5000 Américains, réunis dans la Brigade Abraham Lincoln, participent aux brigades internationales.

[4] Ibid., p. 407-408.

[5] Ibid., p. 410.

[6] L’Espoir, Œuvres complètes,  t. II, p. 360.

[7] « Il y a quelques chose que j’aime ici : les hommes sont comme des gosses. Ce que j’aime ressemble toujours à des gosses, de près ou de loin. Tu regardes un homme, tu vois l’enfant en lui, par hasard, tu es accroché […] Regarde-les : ils sortent tous l’enfant qu’ils cachent d’habitude […]. En Amérique, on se figure la révolution comme une explosion de colère. Ce qui domine tout en ce moment, c’est la bonne humeur. » Cité par John Romeiser dans son article : « Shade’s Fortress America », in Revue André Malraux Review, Directeur Robert S. Thornberry, Université d’Alberta, 19 : 1/2, 1987, p. 92.

[8] L’Espoir, Œuvres complètes, t. II, p. 361.

[9] Idem. C’est nous qui soulignons. 

[10] Ibid.p.396.

[11] Idem

[12] Ibid. P.397.

[13] « […] le cercueil, il avait été fait plus vite que les civières : l’habitude….sur le cercueil, les paysans avaient attaché une des mitrailleuses tordues de l’avion. » Ibid., p. 407. 

[14] « La mitrailleuse avait été attachée là où sont d’ordinaire les couronnes ; et tout le cortège était, à des funérailles, ce qu’était à des couronnes cette mitrailleuse tordue. » Ibid., p. 420. 

[15] Ibid., p. 409. C’est nous qui soulignons.

[16] C’est par rapport à l’Arabe que Meursault tue dans un acte gratuit, que se déploie la philosophie de l’absurde de Camus : « A cause de cette brûlure que je ne pouvais plus supporter, j'ai fait un mouvement en avant. Je savais que c'était stupide, que je ne me débarrasserais pas du soleil en me déplaçant d'un pas. Et cette fois, sans se soulever, L'Arabe a tiré son couteau qu'il m'a présenté dans le soleil. La lumière a giclé sur l'acier et c'était comme une longue lame étincelante qui m'atteignait au front. Au même instant, la sueur amassée dans mes sourcils a coulé d'un coup sur les paupières et les a recouvertes d'un voile tiède et épais. Mes yeux étaient aveuglés derrière ce rideau de larmes et de sel. Je ne sentais plus que les cymbales du soleil sur mon front et, indistinctement, le glaive éclatant jailli du couteau toujours en face de moi. Cette épée brûlante rongeait mes cils et fouillait mes yeux douloureux. C'est alors que tout a vacillé. La mer a charrié un souffle épais et ardent. Il m'a semblé que le ciel s'ouvrait sur toute son étendue pour laisser pleuvoir du feu. Tout mon être s'est tendu et j'ai crispé ma main sur le revolver. La gâchette a cédé, j'ai touché le ventre poli de la crosse et c'est là, dans le bruit à la fois sec et assourdissant, que tout a commencé. J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte où les balles s'enfonçaient sans qu'il y parût. Et c'était comme quatre coups brefs que je frappais à la porte du malheur. » L'Etranger, 1942. Gallimard.

[17] Ibid., p. 362.

[18] « Morceau de L’Espoir. Epreuves corrigées ». In Revue André Malraux Review, Directeur Robert S. Thornberry, Université d’Alberta, 19 : 1/2, 1987, p. 50. Voir Documents Annexes.

[19]Le gros des bataillons des “Moros” (les Maures, en référence au nom donné aux musulmans du temps de la Reconquista chrétienne), comme les surnommaient les Espagnols, était constitué de jeunes Rifains à la fleur de l’âge, voire d’adolescents de moins de 18 ans, d’extraction sociale modeste pour la plupart et originaires des villages du Nord du Maroc, entre les villes de Nador et Tétouan. » Mouna Izdine, « Les Maures de l’oubli », Maroc Hebdo International, n°809, du 10 au 16 octobre 2008, p. 53

[20] « Bien entendu, je puis être tué par les Arabes »,  dit Alvear à Scali. P. 702

[21] Le protectorat espagnol du Maroc était la partie du Maroc sous un régime de protectorat de l'Espagne. Ce dernier a été établi par le traité de Fez en 1912. Il se maintiendra jusqu'en 1956, lorsque l'Espagne et la France reconnurent l'indépendance du Maroc.

[22] Mouna Izdine, « Les Maures de l’oubli », Maroc Hebdo International, n°809, du 10 AU 16 Octobre 2008. p. 52-53

[23] L’Espoir,  Œuvres complètes, p. 100. 

[24] La cruauté des Maures est soulignée en ces termes : « Les Maures ont un goût particulier des aviateurs blessés. » L’Espoir. Appendices. « C’est la guerre ». Œuvres complètes, p. 449. 

[25] Ibid., p. 204.

[26] Ibid.p.212.

[27] Ibid.p.426.

[28] Idem, p.426.

[29] Ibid., p. 100.

[30] Christiane Moatti, Le Prédicateur et ses masques/ Les personnages d’André Malraux.  Publications de la Sorbonne, 1987. 

[31] Idem.

[32]L’Espoir, Œuvres complètes, note 8, p. 1549-1550. 

[33] Voir la variante de la page 395, a. Notes et variantes, p. 1767. Voir aussi la variante b, de la page 399.

[34]Denis Marion, André Malraux. Paris, Seghers, 1970.

[35]Edouard Waintrop,  Ces Arabes, héros perdus de la guerre d'Espagne. Portraits de combattants républicains qui ont souffert du racisme de leur propre camp. » Article paru dans Libération, mardi 13 janvier 1998, page 35.

[36] Idem

[37] Cité par Waintrop Edouard.  Idem

[38] Richard Sanders Allen, « The Planes in Spain : Malraux’s Aircraft », Revue André Malraux Review, Directeur Robert S. Thornberry, Université d’Alberta, 19 : 1/2, 1987 p. 133

[39] Voir Présence d’André Malraux, n°1, mars 2001, p. 38-40

[40] Idem

[41] Voir le compte rendu de ce livre dans Le Soir d’Algérie, du 7 mai 2009

[42] Voir la biographie de Saïl Mohamed (Ameriane ben Amezaine, 1894-1953), anarchiste algérien et pionnier de la lutte anticoloniale, dans « L’Actualité de l’Anarcho-syndicalisme », sous le titre de : « Sail Mohamed ou la vie et la révolte d’un arachiste algérien. » sur le site de la Confédération Nationale du Travail est la section française de l’Association Internationale des Travailleurs, Internationale qui regroupe les anarcho-syndicalistes du monde entier : http://cnt-ait.info 

[43] Idem

[44] « D'après sa biographie officielle, sans doute un peu arrangée pour la bolcheviser, ce soldat français né en Algérie a participé, dans les années 20, à la guerre du Rif et il a déserté pour rejoindre les Rifains. Ce qui est sûr, en tout cas, c'est qu'il est ensuite revenu en France, où il a adhéré au Parti communiste. Il a ensuite appartenu au comité « affaires coloniales » de ce parti. C'est en tant que cadre militaire qu'il rejoint les Brigades internationales en Espagne. Bombardé capitaine, il commande la compagnie Ralph Fox, qui dépend de la 14e brigade. Il est mort au combat le 17 mars 1938, à Rio Guadalupe, en Aragon. » http://cnt-ait.info 




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