samedi 10 avril 2010 - par Jeanne Domont

L’instinct de l’instant

Le discours sur l’art a toujours été soumis à la tension particulière que crée la transcription d’un univers symbolique (la photographie par exemple) en un autre (la parole). Comment dire ce qui se montre ?… Le rapport du langage et de l’image est un rapport infini. Non pas que la parole soit imparfaite face au visible, mais ils sont irréductibles l’un à l’autre… on a beau dire ce qu’on voit, ce qu’on voit ne loge jamais dans ce qu’on dit… Maintenir ouvert le rapport du langage et du visible, parler non à l’encontre, mais à partir de leur incompatibilité, c’est aussi une tâche infinie pour l’artiste qui tente d’expliquer son travail...

Savoir capter l’instant hors du temps, capturer ce qui échappe à l’œil, dire au-delà des mots, c’est ce que tente Charlotte Colonna, une toute jeune Corse, qui a choisi pour ses premières photos d’immortaliser sa famille.

Et là… contre toute attente de visages lisses et de jolis sourires la demoiselle nous délivre une vision psychanalytique de ses proches…

>Le résultat est baroque, ténébreux, bouleversant…Il la dépasse, il nous submerge… Les déchirures de lumières, les rictus et les cris muets nous enveloppent d’une irréductible aura de mystère qui nous trouble et nous donne le frisson…

Charlotte semble ne pas s’intéresser à la photographie en ce qu’elle révèle d’obscur et de lumineux, elle est instinctive et inspirée, sans cesse en recherche, toujours aux aguets, elle cultive l’art du geste et de la spontanéité, son style découle d’un expressionnisme tonique et libéré. Le point commun de toutes ses images c’est d’être l’image d’une image mentale, c’est-à-dire une projection de sa pensée dans le monde réel, une partie créée par son cerveau enfiévré, l’autre étant le fruit du hasard… Charlotte, elle, n’invoque que le hasard, peut-être par peur de transgresser, de trop se dévoiler… mais inconsciemment, naïvement, par son style unique et original elle nous divulgue les mouvements de son âme… « J’ai pétri de la boue et j’en ai fait de l’or » écrivait Baudelaire… loin des concepts, vierge de toute influence, comme l’alchimiste, l’artiste en devenir dévoile et transcende…

Charlotte Colonna exposera ses "Portraits dérangeants" dans le quartier du Marais à Paris courant mai...

A voir, et plus encore sur : http://cha-colonna.blogspot.com/

 



1 réactions


  • Yakaa Yakaa 10 avril 2010 21:04

    "Le résultat est baroque, ténébreux, bouleversant…Il la dépasse, il nous submerge… Les déchirures de lumières, les rictus et les cris muets nous enveloppent d’une irréductible aura de mystère qui nous trouble et nous donne le frisson…"

    Tout ça pour ça ? Ou alors dites moi que c’est un sketch ?

    Je n’y vois que quelques photos de grimaces comme en pondent souvent
    tant d’amateurs qui découvrent un appareil photo.

    Mais bon, ça réponds presque au normes d’une certaine photo plasticienne institutionnelle
    ou le discours pontifiant ne sert qu’a masquer le plus souvent une affligeante banalité du regard.


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