mercredi 28 septembre 2011 - par Theothea.com

« L’Intrus » accouple Claude Rich à Nicolas Vaude

Qui est l’intrus, si ce n’est la maladie d’Alzheimer elle-même se déguisant sous la forme tour à tour, bienveillante, inquiétante voire maléfique d’un double s’immisçant, au crépuscule de la vie, dans l’esprit d’un grand scientifique ayant précisément consacré ses recherches à tenter d’en percer les résistances ?

Selon des lignes morphologiques que la scène théâtrale semble superposer, Claude Rich, l'ancien, et Nicolas Vaude, le jeune, entrent alors en résonnance dialectique afin de donner du sens à tous ces conflits mémoriels envahissant peu à peu la tête du savant.

Lancé dans une course cérébrale, entre son ami de toujours ( Jean-Claude Bouillon) et l'ensemble des images féminines ayant composé sa vie affective et libidinale, un jeu du chat et de la souris livrant les souvenirs au scalpel de l'inventivité, confrontée aux sentiments réellement éprouvés, poursuit les méandres d'une pièce structurée à la manière d'un puzzle.

L'hypersensibilité lunaire et ludique de Claude Rich pourrait alors croiser les confins d'un goût douteux à la sauce cabaret au sein d'une réalisation hétérogène, ce sont, néanmoins, les pulsions de l'imaginaire tourneboulé par les vagues d'une pathologie incontrôlée au cœur de l'univers mental qui s'imposent aux regards empathiques du public.

Delphine Rich, la propre fille de l'immense comédien affiche un véritable plaisir de lui répliquer en multipliant, à souhait, les registres d'une perspective féminine à géométrie variable faisant écho aux multiples troubles relationnels qu'elle partage avec son propre double scénique, Chloé Berthier.

Après "Le Caïman"& "Le diable rouge", Antoine Rault apporte donc à Claude Rich, sur un plateau délirant, l'opportunité de se laisser entraîner, avec jouissance, dans le labyrinthe de l'esprit tourmenté par les forces de vie, elles-mêmes perturbées par la violence des dérèglements.

Christophe Lidon maintient ce désordre psychique à la hauteur où les contraires s'attirent dans la délectation, avec en toile de fond, la maladie d' Alzheimer devant avoir raison d’un pathétique "Je meurs de trouille".

photo © Pascalito

L'INTRUS - ***. Theothea.com - de Antoine Rault - mise en scène : Christophe Lidon - avec Claude Rich, Nicolas Vaude, Delphine Rich & Chloé Berthier - Comédie des Champs Elysées

 




Réagir