mercredi 18 septembre 2019 - par C’est Nabum

La communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et fleuves descendant en icelle : 1

 

A L’antiquité

 

La ville d'Orléans qui célèbre durant 5 jours le Festival de Loire se situe le plus septentrional de la Loire et se trouve ainsi à proximité de Paris et de la Seine. De cette situation géographique, elle eut dès l’antiquité un rôle tout particulier dans le commerce. Comme le pont gaulois en bois, présent sans doute à partir de 150 avant JC, permet de le commerce avec le sud, Avaricum notamment mais aussi la lointaine Aquitaine, Céno fut rapidement un grand nœud de fret.

La relation avec la Méditerranée quant à elle est une évidence puisque deux jours de chariots suffisent pour joindre la Saône à la Loire par le seuil de Tarare.. Ainsi la ville fut le carrefour de tous les commerces durant près de deux mille ans. Naturellement la communauté des marchands s’établit dans cette cité essentielle.

La Loire avait le double avantage d’être centrale et de pouvoir se remonter au vent grâce à ses vents dominants. Ce fut ainsi qu’elle devient essentielle au commerce de l’époque et ce jusqu’à l’arrivée du chemin de fer, qui lui porta un coup fatal. Mais en attendant cet épilogue regrettable, il convient de s’offrir quelques pages d’histoire pour cette formidable aventure humaine et économique.

Tous ceux qui concourraient à cette épopée étaient alors des Nautes ou Nautoniers terme générique qui incluait les mariniers, les matelots, les propriétaires des bateaux qui naviguaient et les négociants. Quant aux affréteurs restant à terre, faisant simplement négoce, ils étaient appelés naviculari. Il est établi qu’à Lutèce une confrérie des nautes est active dès l’époque romaine. Celle d’Orléans verra le jour bien plus tard.

De l’époque Celte, nous n’avons guère de documents mais il est certain que la route de l’étain apporta en Ceno (nom de la ville en cette époque) des épices, du vin en amphore et une richesse certaine. Le port gaulois était situé à proximité du pont et à quelques 80 mètres plus au nord que la Loire actuelle. Il se déplaça vers l’est à hauteur de la rue de la tour neuve avec l’arrivée des romains tout en gagnant rapidement vers le sud avec un ensablement rapide de la rive et sans doute des travaux pour gagner sur la rivière, très large à l’époque.

Le bonimenteur raconta cette route de l’étain à sa manière ici.

=> http://www.chroniques-ovales.com/article-la-veritable-route-de-l-etain-114774957.html

Nous abordons maintenant la grande récolte des Carnutes contre la présence des marchands romains qui valut à Ceno une visite peu amicale de l’ami Jules. Les grains de la discorde en somme entre Gaulois et Romains.

 

B Comment fâcher Jules César.

 

Des marchands romains étaient venus s'installer à Ceno pour organiser l'expédition des précieuses céréales de Beauce par voie fluviale afin de les acheminer vers Rome. La Loire était remontée jusqu’à Balbigny puis deux jours de chariots permettaient de rejoindre la Saône d’où il était facile de filer en descendant le Rhône avant de tourner à gauche en arrivant sur la Méditerranée.

Les Carnutes goûtaient fort peu la présence de plus en plus envahissante de ces marchands disposant de moyens susceptibles de mettre à mal le prix du blé. Ils se mirent d'accord sur la nécessité de bouter les spéculateurs venus d'au-delà les Alpes. Les druides désignèrent deux têtes brûlées pour mener à bien l'opération : deux gars du coin, forts en gueule, hardis et habiles dans l'art de la navigation.

Le Romain est peu à son aise sur la Loire. Il préfère de très loin les voies pavées, la rectitude d'un chemin que l'on parcourt à cheval. La Loire avec ses courbes, ses chausse-trappes, ses humeurs et ses variations incessantes était bien une rivière gauloise. Les transalpins comprenaient mal cette dame Liger à laquelle ces maudits gaulois vouaient un véritable culte. Ils avaient raison de s'en méfier : la révolte viendrait de là.

Les deux lascars ligériens qui furent désignés pour porter le glaive et ainsi laisser germer la révolte avaient noms : Cotuatos de Floriacensis, pour le premier plus tard nommé « Gutuater » : « celui qui porte la parole de la colère d'une voix gutturale » et Conconnetodunos, un natif de Germaniacum

Laissons Jules en personne nous narrer la suite ; nous ne pouvons être mieux servis que par ce bon César. « C'est le 13 janvier que ces deux monstres haranguèrent quelques hommes de main. Les Carnutes, sous leurs ordres se jetèrent dans la ville pour y massacrer les citoyens romains qui s'y trouvaient pour affaires de commerce, entre autres C. Fusius Cita, estimable chevalier romain, à qui j’avais confié le commerce de grains. Ces maudits poussèrent l’ignominie jusqu’à piller tous leurs biens. » - La guerre des Gaules -

Quelque temps plus tard, César, en personne à la tête de ses légions marcha sur Céno, la ville séditieuse des Carnutes. Les habitants instruits du siège de Vellaunodunum qui s’était achevé par un véritable massacre rassemblèrent des troupes. César arriva et établit son camp devant la place ; il ordonna aux soldats de tenir aux aguets : la ville de Cénabum avait un pont sur la Loire et craignant que les habitants ne s'échappent la nuit, il fit veiller deux légions en armes.

Un peu avant minuit les assiégés sortent en silence, et commencent à passer le fleuve. César, averti par les éclaireurs, met le feu aux portes, fait entrer les légions qui avaient reçu l'ordre d'être prêtes, et s'empare de la place. Très peu d'ennemis échappèrent ; presque tous furent pris, parce que le peu de largeur du pont et des issues arrêta la multitude dans sa fuite. César pille et brûle la ville, abandonne le butin aux soldats, fait passer la Loire à l'armée, et arrive sur le territoire des Bituriges. »

César réserva à Cotuatos un traitement de faveur. Il le confia à ses hommes qui avaient eu à souffrir du harcèlement incessant des Gaulois. Il fut frappé à coups de fouets jusqu'à ce qu'il perde conscience puis une hache trancha cette tête brûlée. Quant à Conconnetodunos, en bon second rôle qu'il était, il n'eut pas droit au chapitre. Nous ne saurons rien de son sort, bien qu'il soit peu probable qu'il fût plus enviable que celui de son acolyte. Il a certainement fini esclave ou bien martyr.

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Mercredi 18 au Dimanche 22 septembre

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