jeudi 5 mai 2011 - par Erik Gruchet

La goutte d’eau

Il pleut ce matin et sur la rambarde, la goutte d’eau qui tombe de l’auvent de toile éclate en gerbe de lumière multipliant les reflets. Dans ces temps extraordinaires que nous vivons aujourd’hui tous les potentiels peuvent s’épanouir comme roses odorantes au soleil de printemps.

Quand une période est stable est ancrée dans un temps rigide et déterminé, il est alors particulièrement difficile de changer quoique ce soit à l’ordre établi. Dans ces temps désormais passés, même des crucifixions, des miracles ou des révolutions, si ils ouvrent avec force des brèches pour laisser entrer la lumière, n’ont eu que peut d’effet immédiat sur la nature alors fixe et monolithique du monde.

Dans les temps chaotiques et en voie de liquéfaction que nous vivons maintenant il en va tout autrement. La désagrégation des systèmes de contrôle, des systèmes énergétiques artificiels, des systèmes financiers, des systèmes politiques, des systèmes biologiques et potentiellement de toute l’ancienne structure porteuse de la vie rend à chaque individu et à chaque conscience la possibilité d’être un soleil créateur ou un trou noir destructeur. Chacune de nos pensées, de nos paroles et de nos actions quotidiennes est un fil directeur qui renseigne la matrice, à l’intérieur de la chrysalide en lyse, sur le sens à donner au monde nouveau qui va naître. Il est aujourd’hui particulièrement important pour chacun de garder la tête froide et le cœur chaud pour que puisse émerger, en lui et par lui, un monde viable et renouvelé. Il n’est plus de moments sans importances, d’émotions sans conséquences. Les désirs qui imprimeront nos devenirs marqueront les temps pour les éons à venir aussi chacun doit prendre la pleine et entière responsabilité de ce qu’il produit. Nul n’est plus important, nul n’est moins important car notre présence à chacun à ce moment précis de la fin du cycle des temps anciens est nécessaire et indispensable à la co-création de ce que sera demain.

Dans ces temps de mutation énergétique les contrôleurs de l’ancienne réalité, effrayés par la désagrégation de leur pouvoir, mettront tout en œuvre pour diriger à leur avantage la psyché, les expressions et les actions des foules humaines. Les médias seront tenus à l’emphase quotidienne émotionnelle, les technologies créeront des paradis artificiels phantasmatiques, les politiques activeront les tensions et les divisions. Tout ceci prendra tellement d’excès que, pour celui qui l’observe avec impartialité, la caricature deviendra grossière et le piège absurde. Pourtant nombreux sont ceux qui s’y laisseront prendre, emportés par l’élan de la névrose égotique qui nous a conditionné pendant des millénaires et qui nous habite tous encore.

La solution de la maîtrise vient du cœur. C’est par lui et non par l’intellect que nous sommes reliés à l’énergie première, continue, inépuisable et éternelle. Si nous évitons de troubler de nos émotions contradictoires le lac de cette plénitude, la seule observation quotidienne du cœur sera le guide de nos choix. Observer son cœur dans le mouvement de la vie renseigne parfaitement sur ce qui vient de la joie paisible de l’énergie première ou ce qui est produit par l’agitation des émotions préfabriquées. Ce qui advient est la matière première, ce que nous en faisons est le produit fini et chaque création individuelle compte dans le résultat final. Chaque goutte peut être celle qui fera déborder le vase.

Erik Gruchet, Saint Pierre le jeudi 5 mai 2011



4 réactions


Réagir