vendredi 29 septembre 2017 - par

La-le dernie-ère lubi-e bien-pensant-e

L'écriture inclusive est la dernière lubie à la mode parmi les bourgeois pédagogues, ce genre de bien-pensant-e-s qui aiment bien donner des leçons de morale au reste du monde, et plus particulièrement aux petites gens. C'est d'ailleurs une lubie contradictoire car à les entendre l'orthographe serait une vieille manie de réacs fini-e-s, quelque chose d'insupportablement paternaliste, sauf quand cela les arrange (ou les dérange). A les entendre, l'écriture inclusive deviendrait obligatoire, indispensable pour développer l'égalité entre hommes et femmes.

Notons que quand celle-ci est battue en brèche par des personnes 'issues de la diversité" se basant sur leur foi religieuse, alors ce ne sera pas pareil. Ils évoqueront le respect des cultures différentes, j'en passe et des pires, méprisant au fond ces minorités qu'ils perçoivent comme incapables de réfléchir par elles-mêmes et évoluer en abandonnant des coutumes parfois problématiques avec nos valeurs.

Et l'on attend leurs demandes pressant-e-s de judiciariser les cas des contradicteurs-rices ou des enquiquineur-e-s osant exprimer leurs doutes raisonnables sur la question. ils ne manqueront sans doute pas de le faire comme à leur habitude.

Je pense que ces bourgeois pédagogues, comme tous les idéologues, ayant cela en commun avec les tous théocrates, détestent les Lettres car celles-ci contredisent leurs certitudes, développent l'indépendance d'esprit des lect-trices-eurs risquant de remettre en question leurs théories absconses. ils ne veulent que d'une littérature dans le sens de leurs convictions, une littérature servant à étayer leurs opinions.

Ils ont déjà exercé leurs méfaits pour la littérature jeunesse. En effet, de nombreux romans pour la jeunesse, dont la fameuse série du "Club des 5" ont été retraduits et réécrits dans un esprit se voulant à la fois plus "progressiste" et plus "simple", jusque donc vers un simplisme réduisant les enfants à des débiles incapables de compréhension fine. Il est de coutume de réduire des œuvres à des pamphlets militants et seulement ça. Grasset par exemple a prétendu éditer une version plus ouvertement homosexuelle du "portrait de Dorian Gray", version très lourde voire lourdingue (la faute au traducteur) aux "Cahiers rouges" (voir à ce lien).

La publicité a prétendu que cette version était celle non censurée alors que c'est Wilde lui-même qui avait juste retravaillé son matériau initial, moins construit, un peu plus court aussi...

Et dans de nombreuses bibliothèques, ces mêmes bourgeois pédagogues ont milité et continuent à militer pour retirer des collections d'ouvrages des romans et ouvrages poétiques ou de théâtre qui à leurs yeux posent problème : les auteurs un peu trop catholiques, un peu trop "clivants", tel Céline. Bien entendu, inutile de chercher des livres de Chardonne et Paul Morand dans les bibliothèques modernes, sans parler de Bernanos présenté en gros comme un repenti de l'extrême droite, ce qui l'aurait fait bondir à n'en pas douter.

C'est toujours cette même certitude qu'il faut changer la nature humaine absolument et si possible en l'y contraignant par la coercition la plus stupide, fût-elle orthographique.

 

Sic Transit Gloria Mundi, Amen

Amaury - Grandgil

illustration prise ici




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