samedi 14 mars 2015 - par Jean-Baptiste Maillard

La Mante Religieuse est de retour !

Jeudi 19 mars prochain, La Mante Religieuse sort en DVD. L'occasion de revenir sur ce film qui a déjà fait couler beaucoup d'encre.

On la croyait morte, six pieds sous terre, enterrée par la bien-pensance dominante. Mais non : on l'a vue, il y a peu, au bord d'un chemin... Après avoir essaimé dans les salles de France, de Lille à Toulon en passant par Lisieux, Chollet ou Saintes, au cours d'avant-premières puis de premières et après-premières homériques, après avoir usé tout l'été 2014 la salle parisienne du cinéma Saint André des Arts avec des soirées-débats qui se terminaient vers les 3 heures du matin (au point que son directeur n'en pouvait plus !), la voici qui sort en DVD.

De nombreux fans

De très nombreux fans ont été au rendez-vous, comme on a pu voir – en vidéo - sur le site qui leur est dédié, jaimelamante.com. Ils parlent d'un film « révolutionnaire  ». L'un d'eux s'exclame : « Ce film a une histoire très profonde, très réaliste, très moderne. C’est un film qui bouleverse, qui retourne l’esprit et qui se fait se poser beaucoup de questions, de belles questions.  »

Pour le Père Jean Bondu, vicaire général (n°2) du diocèse de Luçon, il s'agit d'un film « provocateur, stimulant et engageant au dialogue. On ne peut rester indifférent, dit-il, devant son héroïne, une fille paumée qui cherche un sens dans le non-sens. La rencontre d'un prêtre attentif, ouvert, bien enraciné dans sa foi, sa vie en Eglise et son amour de Dieu, va la bousculer. Elle espère "le mettre dans son lit". Il espère être plus fort que la tentation. C'est une dénonciation forte de ce qui tue l'humain et un dévoilement de ce qui peut l'élever. "Quel Dieu pourrait s'intéresser à une fille comme moi ?"  ».

Un film très pape François

S'intéresser à des gens en apparence si loin de Dieu, voilà bien l'intérêt d'un film comme La Mante Religieuse. Car c'est avant tout à eux, et non aux catholiques, qu'il est destiné. L'héroïne, Jézabel, se dit "bisexuelle, névrosée et alcoolique". Elle associe le sexe à la destruction. A sa propre destruction. « Le prêtre n'est pas enfermé dans une caricature, il se prend la déflagration de la jeune fille dont il veut recueillir les morceaux », explique aussi Frère Samuel Rouvillois, membre de la Communauté Saint Jean, conseiller spirituel du film. Et de raconter ce dialogue qu’il a eu, non sans malice : « Le prêtre n'est pas crédible. - Ah bon, tu n'en vois pas des prêtres comme ça ? - Si, j'en vois beaucoup trop. - Alors c'est parfaitement crédible. »

«  De fait, explique un spectateur, le prêtre a donné sa vie à Jézabel  ». Et de poursuivre : « je voudrais vraiment vous remercier pour ce film très profond  ». Ajoutées à cela les scènes des prostituées et des personnes de la rue, c’est assurément un film très pape François, pour les fameuses « périphéries » de l’existence. A l’heure où s’affichent les Ainsi soient-ils et autres pénibles Chemin de Croix, le public est véritablement touché par la scène où s’exprime, comme jamais au cinéma, l’amour par-dessus l’amour, le pardon par dessus le pardon, ce qu’on appelle, dans notre jargon, la miséricorde de Dieu. Alléluia ! 

Une oeuvre qui invite au débat

Pour la réalisatrice, Natalie Saracco, « la force de cette oeuvre c’est qu’elle invite au débat. La plupart des films au cinéma qui traitent de la religion sont hostiles, tandis que les autres se limitent à une histoire bien pensante ou moralisatrice. En gros il y a les films « pour » ou « contre » Dieu… Dans une société où tout doit être étiqueté, figé, codé, où il faut nécessairement appartenir à un groupe, la liberté dérange. Ce film ne nous impose pas des réponses mais nous invite à nous poser des questions y compris à l’intérieur même de l’Eglise. En cela, La Mante est très Pape François ! Le débat ne fait que commencer ! ».

Natalie Saracco ne croit pas si bien dire : à Rome, à l'heure d'un synode (rassemblement) des évêques du monde entier sur sur le thème de la famille, l'heure est au débat, notamment sur la question de l'homosexualité... de Jézabel ?



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