mardi 19 juillet 2016 - par Theothea.com

« La Poupée sanglante » Opérette, Broadway & Co à La Huchette

Le syndrome fantasque du « Fantôme de l’Opéra » se serait-il propagé par empathie contagieuse via ses propres affiches ayant essaimé à travers Paris durant ces dernières semaines ?

Voici, en effet, qu’une Comédie musicale pouvant en cacher une autre, apparaît soudain, en réplique de dimensions réduites à l’essentiel, l’adaptation à la scène d’un autre roman fantastique de Gaston Leroux intitulé « La Poupée sanglante » transformant, en la circonstance, le patrimonial Théâtre de la Huchette en une annexe de Broadway sur Seine.

JPEG - 52.6 ko
photo 1 © Fabienne Rappeneau

Et ce serait litote que d’imaginer y retrouver les simples stéréotypes de Fred Astaire, Gene Kelly, Audrey Hepburn car Edouard Thiebaut, Alexandre Jerôme et Charlotte Ruby pourraient bien y valoir avantageusement les fameux acteurs d’Hollywood à l’époque de leurs fastueuses créations chantées et dansées revenant actuellement à la vitesse du boomerang dans l’appétence du public français.

C’est, en effet, une déferlante de comédies musicales qui s’apprêtent à envahir la Capitale lors de la saison théâtrale 16-17 et il se trouve que celle de Didier Bailly & Eric Chantelauze pourrait être considérée comme l’annonciatrice, si n’est la première de cette prochaine phase « musico-chorégraphique » d’ampleur inégalée à ce jour.

Présentement, les deux co-adaptateurs « texte/musique/chansons » se partagent également la charge de pianiste (Didier Bailly) accompagnant le spectacle à l’arrière du plateau et celle de metteur en scène (Eric Chantelauze) dirigeant chirurgicalement quinze personnages avec trois comédiens selon des paramètres lilliputiens spécifiques à ce lieu prestigieux où se jouent par ailleurs sans discontinuité, depuis 1957, deux pièces cultes de Ionesco « La cantatrice chauve » et « La Leçon ».

Avec le bouche à oreille laudatif qui s’est répandu comme traînée de poudre depuis la première de « La poupée sanglante » à la mi-juin, la mythique salle de la Huchette, en ce mois de juillet, s’apparente à une capsule spatiale dont, jauge complète, on fermerait les écoutilles quelques secondes avant la clôture du compte à rebours la propulsant d’un coup d’un seul vers les étoiles des années folles.

Au pays des stars de la Huchette, c’est donc trois artistes polyvalents déjà fort expérimentés qui évoluent selon une configuration rappelant par osmose sensitive le film « Jules et Jim » alors qu’au fur et à mesure de leurs tribulations rocambolesques Charlotte Ruby, telle Christine la muse récurrente de cet imaginaire romanesque, ferait sans cesse renaître de ses cendres l’indicible noyau atomique du trio légendaire.

C’est un régal que de se laisser happer par ces aventures fantasmagoriques où le tourbillon du transformisme s’effectue à vue selon des codes vestimentaires et d’accessoires exclusivement symboliques de manière à jongler avec les rebondissements suscités par des vampires monstrueux selon des expériences de science-fiction et des meurtres cauchemardesques façon épouvante romantique, bien que les trois héros tenteraient, portés par leurs convictions, de sauvegarder à tout prix leur passion affective.

JPEG - 38.6 ko
photo 2 © Fabienne Rappeneau

C’est ainsi que chaque soir, rue de la Huchette, se forme une queue approximative façonnée au gré de la déambulation piétonnière…

A l’instar de ce serpentin opportun cherchant l’entrée d’un train fantôme qui sublimerait la fin de journée par un électrochoc artistique à la hauteur de son attente émotionnelle, voici donc une poupée qui dirait : « Oui, oui, oui… » au spectateur venu à dessein… dans un clin d’œil subliminal et complice de la rengaine musicale.

photos 1 & 2 © Fabienne Rappeneau

photo 3 © Theothea.com

LA POUPEE SANGLANTE - ***. Theothea.com - de Didier Bailly & Eric Chantelauze - mise en scène Eric Chantelauze - avec Charlotte Ruby, Alexandre Jérôme, Edouard Thiebaut & Didier Bailly au piano - Théâtre de La Huchette

JPEG - 58.8 ko
photo 3 © Theothea.com



Réagir