lundi 23 janvier 2012 - par Theothea.com

« La Trilogie de la Villégiature » en Comédie Française décalée

Ce jeudi 19 janvier 2012, pendaison de crémaillère au « Théâtre éphémère » qui fêtait ainsi, au terme d'une grève opportune, la première effective de « La Trilogie de la villégiature » dans sa toute nouvelle structure de bois charpenté, destinée à ne pas outrepasser son unique année d’exploitation dans les jardins du Palais Royal… pour cause de rénovation de la salle Richelieu durant cette période.

Tout nouvelle, tout belle, cette résidence provisoire incitant au « pléonasme », puisque chacun sait le Théâtre « éphémère » par nature, aurait-elle, de surcroît, une vocation de mariages heureux, à tous les niveaux des gradins d’une Comédie Française, ainsi momentanément décalée ? 

En tout cas, la Trilogie, fondée trente ans auparavant par Giorgio Strehler à l’Odéon, en tant qu’entité théâtrale réunissant ces trois pièces thématiques de Goldoni, semble, d’emblée, donner le ton… celui d’une « villégiature » récurrente adossée aux colonnes de la « Culture », faisant face au défi revivifié par celles de « Buren ».

Vaste programme d’entre-deux qu’Alain Françon remet consciencieusement sur le métier, en préparant le retour de son « Oncle Vania » (2012), à la suite de sa « Cerisaie » (2009) & de « Les trois soeurs » (2010).

Instinctivement, Anne Kessler va jouer la mouche du coche de cette saga, en trois temps deux mouvements, qu’elle dynamite de l’intérieur, en faisant mine espiègle de batifoler autour des supputations controversées de ses proches.

A contrario, Georgia Scalliet n’aura de cesse à tenter de rationaliser les états d’âme de chacun, fluctuant au gré de susceptibilités à géométrie variable et selon le principe des vases communicants.

Danièle Lebrun, quant à elle, fraîche émoulue pensionnaire 2011, saura mettre Michel Vuillermoz dans tous ses états, en le menant par le bout du nez, sur la piste des « cavaliers servant »… la donation, tant espérée.

Et puis, Laurent Stocker et Guillaume Gallienne, lui à contre emploi de son exubérance coutumière, devront se faire violence pour ne pas tirer les couteaux, à contretemps et à front renversé par tant d’esquive féminine.

A juste titre, Florence Viala saura user de son autorité naturelle pour remettre tout son monde au pas d’une villégiature, à marche forcée ou en calèche, afin de faire honneur au rang de la grande bourgeoisie.

D’ailleurs, qui n’aurait pas connu le goût du chocolat d’Hervé Pierre au petit déjeuner, accoudé sur la terrasse si proche du ministère, ne saurait de quelle « petite madeleine » il se serait privé à tort !…

Bref, cette Trilogie a tout d’une grande farce picturale, celle de la comédie humaine disposée à ne pas compter ses petits sous pour sauver les apparences de l’Amour.

 

photo © Christophe Raynaud de lage

LA TRILOGIE DE LA VILLEGIATURE - ***. Theothea.com - de Carlo Goldoni - mise en scène : Alain Françon - avec Anne Kessler, Éric Ruf, Bruno Raffaelli, Florence Viala, Jérôme Pouly, Laurent Stocker, Guillaume Gallienne, Michel Vuillermoz, Elsa Lepoivre, Hervé Pierre, Adrien Gamba-Gontard, Georgia Scalliet, Adeline d’Hermy, Danièle Lebrun, et les élèves-comédiens de la Comédie-Française, Romain Dutheil, Guillaume Mika, Samuel Roger, Julien Romelard & Floriane Bonanni, la violoniste - Comédie Française / Théâtre éphémère 




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