mardi 13 janvier 2009 - par Voris : compte fermé

Le concerto : Dialogue en trois mouvements avec un virtuose

Vivaldi et Bach sont considérés comme les maîtres du concerto. Les concertos les plus célèbres sont ceux du compositeur italien Antonio Vivaldi. C’est avec Vivaldi que la forme musicale du concerto a commencé à privilégier les parties solistes et que l’appellation moderne de concerto est née. Quant aux "Concertos brandebourgeois" de Bach, ils demeurent un modèle du genre.

Ce que l’on appelle aujourd’hui "concerto" est une composition de caractère symphonique dans laquelle un instrument soliste dialogue avec l’orchestre. Le but de l’oeuvre est de permettre au soliste de déployer toute sa virtuosité.

Mais l’histoire du concerto remonte au XVIème siècle et il n’avait pas alors pris cette forme définitive. Né à Venise, avec notamment Andrea et Giovanni Gabrielli, le concerto fait déjà "dialoguer" des voix ou des instruments : concerter, dialoguer est le sens de ces oeuvres de ce genre musical qui englobaient à cette époque les compositions vocales et instrumentales, profanes et religieuses.

Si le terme "concerto" apparut dès le XVIème siècle, ce n’est que vers le milieu du XVIIIème siècle qu’il prit sa signification actuelle. En effet, les oeuvres de Gabrielli étaient des oeuvres vocales religieuses.

Le concerto grosso fut créé à la fin du XVIIème siècle notamment par Alessandro Stradella. Il faisait alterner un petit groupe d’instruments (concertino) et l’ensemble de l’orchestre (ripieno ou tutti). Arcangelo Corelli, célèbre violoniste et compositeur, utilisa la nouvelle appellation de concerto grosso pour les douze pièces instrumentales de son opus 6.

Du concerto grosso naquit une sous-catégorie, le concerto soliste, dans lequel le concertino fut remplacé par un instrument en solo unique, ce qui accrut le contraste entre le soliste et l’orchestre.

Alors qu’au XVIIème siècle, seuls les instruments à cordes étaient utilisés (oeuvres de Corelli, Torelli, etc.), les concertos solistes seront écrits aussi pour la trompette ou le hautbois, par des compositeurs italiens tels que Torelli et Tomaso Albinoni, puis pour toute variété d’instruments solistes. 

Vivaldi développa le concerto pour le violon dont il jouait en virtuose. Les quatre concertos connus sous le titre "Les Quatre Saisons" comptent parmi les plus populaires du répertoire classique.

Bach composera les "concertos brandebourgeois", un ensemble de six concertos (BWV 1046 à 1051), qui comptent parmi les plus renommés qu’il a composés. Le qualificatif de brandebourgeois est dû à Philipp Spitta qui, suivant l’usage germanique, fait référence au dédicataire, l’oncle du roi de Prusse et margrave de Brandebourg Christian Ludwig de Brandebourg que Bach rencontra en 1719. Comme Vivaldi, Bach était un fin virtuose en plus d’être un compositeur génial. Ces deux qualités permirent au concerto de s’enrichir et de s’épanouir à l’époque baroque. Plus tard, il prendra des formes classiques ou romantiques (Beethoven inaugure le genre romantique).

Au milieu du XVIIIe siècle, le concerto grosso disparaît au profit de la symphonie, qui en avait adopté de nombreuses caractéristiques. Le concerto soliste demeura comme genre distinct et comme moyen d’expression de la virtuosité, indispensable au compositeur interprète. L’essor du piano permit à cet instrument de supplanter peu à peu le violon au premier rang des instruments solistes, avec Mozart et Beethoven. Durant la période classique, la durée du concerto s’allongea. 

A lire aussi sur Wikipedia : le concerto.

Voici quelques illustrations en vidéos du concerto :

Bach :

Le Concerto N° 1 BWV 1041 de Bach interprété par Isaac Stern en 1984.

Mozart :

Concerto pour clarinette, 1er mouvement.

Concerto pour clarinette, 2ème mouvement (adagio).

Concerto pour piano no 21. (vidéo pédagogique)


Chopin :

Concerto pour piano no1, opus 1

Un concerto pour clarinette de Korsakov

 
 



15 réactions


  • Fergus fergus 13 janvier 2009 11:06

    Encore un article intéressant, La taverne, mais pourquoi diable en limiter la portée (si j’ose dire ) à la seule musique baroque, alors que l’âge d’or du concerto a été la période classique, sans oublier les grands concertos du romantisme.

    Pêle-mêle, je pense à Mozart avec ses superbes concertos pour flûte, pour flûte et harpe, pour violon (notamment le 3 et le 5), pour piano (surtout les superbes 9, 20 et 21) et pour clarinette.

    A Beethoven avec ses extraordinaires concertos pour violon et pour piano n°5 (l’Empereur), sans oublier les n° 3 et et 4 pour piano et le magnifique triple concerto pour piano, violon et violoncelle.

    A Weber pour ses concertos pour clarinette.

    Aux romantiques avec les superbes concertos pour violon de Mendelssohn, de Dvorak, de Tchaïkovski.

    A l’école tchéque avec des oeuvres magnifiques de Myslivecek, de Benda, de Dussek,de Krumpholz, de Vranicky ou des frères Stamitz.

    A Boccherini, à Haydn, à Hummel, à Pleyel, Mercadante, Quantz, Vanhal, Rössler-Rosetti, Danzi et tutti quanti...


    • La Taverne des Poètes 13 janvier 2009 11:23

      Bonjour Fergus. Oui, j’ai voulu limiter parce que l’ampleur du sujet me faisait un peu peur. Du coup, j’ai construit l’article autour de l’idée centrale contenue dans le titre : le concerto moderne est un dialogue avec soliste en 3 mouvements (j’ai oublié de préciser : mouvement vif / mouvement lent / mouvement vif). Le mouvement lent étant souvent un adagio, genre qui a fait l’objet d’un article à part.

      Ce sont surtout les concertos baroques que le grand public connaît : les Quatre saisons de Vivaldi et les concertos brandebourgeois de Bach. Donc, j’ai pris cette base populaire pour raconter l’histoire du concerto. J’ai évoqué les concertos romantiques et classiques (avec liens vidéos aussi), quitte à chacun d’apporter des éléments en commentaires. Que de belles oeuvres dans celles que vous citez ! Mais que de temps il faudrait pour évoquer tous ces chefs-d’oeuvre.


    • La Taverne des Poètes 13 janvier 2009 11:27

      Et ce n’est pas trop le rôle d’un article d’entrer dans tous les détails...Ce qui compte, c’est de donner l’envie de découvrir et d’aimer ces oeuvres et nous aurons sans doute encore des commentaires aussi intéressants - dont les vôtres -que ceux qui ont accompagné mes précédents papiers sur la musique baroque et classique. Des commentaires qui m’ont appris des choses.


  • Fergus fergus 13 janvier 2009 13:28

    Je comprends parfaitement que vous ayez choisi de vous limiter aux concertos baroques dont je suis moi-même un gros consommateur. Je suis même allé à Gaveau il ya quelques mois pour une intégrale des concertos à plusieurs clavecins de Bach et j’attends avec impatience la Folle Journée pour déguster sans modération les « Brandebourgeois ».

    En ce qui concerne Vivaldi, il est dommage que l’on se limite généralement à l’écoute de ses "quatre saisons" qui en fait constituent 4 des 12 concertos du recueil « Il cimento dell’ armonia et dell’ invenzione ». Personnellement, j’aime beaucoup les concertos de l’opus intitulé « l’estro armonico » où se suivent en quatre groupes 1 concerto pour violon, 1 concerto pour 2 violons et 1 concerto pour hautbois. Superbe ! Magnifiques également les concertos pour mandoline, rendus célèbres dans la version de Claudio Scimone par leur utilisation dans la publicité durant les 70’s.

     

    Une curiosité : il arrive ici et là qu’un concerto se cache dans une œuvre qui n’en est pas un. Tel est le cas de la sérénade Haffner de Mozart dont les 3 mouvements centraux sont en réalité un magnifique concerto pour violon.

     

    Autre curiosité : la superbe « symphonie espagnole » d’Edouard Lalo qui est en fait un concerto pour violon en… 5 mouvements écrit pour le virtuose Pablo de Sarasate. Une œuvre incontournable !

     

    Dernière chose : les symphonies concertantes sont en fait elles aussi des concertos dont l’appellation « symphonie » est due au recours à un orchestre symphonique. Le plus bel exemple en est la « symphonie concertante pour violon et alto » de Mozart. Il en est d’autres évidemment, et parmi elles une que j’apprécie tout particulièrement :la « symphonie concertante pour piano, mandoline, trompette et contrebasse » de Leopold Kozeluh. Magnifique !

     

    Dernier point : je me suis aperçu avec horreur que dans mon précédent commentaire, j’avais oublié le concerto pour violon de Brahms mais aussi ceux de Paganini. 

     


    • La Taverne des Poètes 13 janvier 2009 14:12

      Sans oublier la "Siphonnée déconcertante" qui sera jouée - cela va de soi - à la Folle Journée smiley !

      Viva Vivaldi en effet et les "Quatre saisons" n’est pas seulement le nom d’une pizza comme d’aucuns le pensent. L’euvre de Vivaldi est vaste et, pour y trouver de beaux concertos, il suffit d’aller au marché opus !

      Quant au baroque, autant Bach est le sommet pour certaines formes musicales comme la fugue (surtout) et aussi la suite (Il n’y a pas de Bach + 2 ni + 3 : Bach en main, on a tout), autant j’admets que Vivaldi me paraît le plus brillant pour les concertos.


  • La Taverne des Poètes 13 janvier 2009 15:28

    Illustration : portrait de Vivaldi. (oubli réparé)


  • L'enfoiré L’enfoiré 13 janvier 2009 17:57

    Merci, La Taverne,

    Un poète qui aime aussi la musique et le concerto. J’adore.
    J’ai lu quelque part que les "4 saisons" de Vivaldi étaient devenu tellement connus qu’ils versaient dans trop de classicisme. Quelle erreur. S’il m’est difficile de revoir un film après trop peu de temps, voilà de la musique que je ne me lasse jamais.
    Dans la liste donnée, beaucoup de manquants, dont le Concerto n°1 pour piano de Tchaikowsky, les concertos de Rachmaninov qui font exploser la salle à chaque Concours Reine Elizabeth en Belgique. Le violon en juin 2009.



  • marcel 13 janvier 2009 17:59

    Pour compléter les oeuvres de Vivaldi évoquées par Fergus,n’oublions pas les magnifiques concerti pour viole d’amour et viole de gambe (ces derniers interprétés par Jordi Savall).

    Les 2 concerti pour 1 ou 2 mandolines sont de pures merveiles.


  • Fergus fergus 13 janvier 2009 19:02

    Comme L’Enfoiré, j’aime également beaucoup les "Quatre saisons", mais j’avoue qu’elles ont tendance à m’agacer, les pauvrettes, et cela pour la bonne raison qu’elles sont partout à l’affiche des concerts d’église, de Paris à Prague en passant par Rome. Trop, c’est trop. D’autant plus qu’à force de les jouer, le coeur n’y est plus chez les musiciens la plupart du temps.

    Concert type : "les Quatre Saisons de Vivaldi, la Petite musique de nuit de Mozart, le Canon de Pachelbel, l’Adagio d’Albinoni plus, de temps à autre, l’Ave Maria de Gounod". A croire qu’il n’existe que cela en musique classique !

    Comme Marcel, j’ai un faible pour les concertos pour une ou deux mandoline(s) de Vivaldi. Cela dit, le plus remarquable des concertos du Prêtre Roux utilisant la mandoline est celui en ut majeur P16 (P pour Pincherlé). Ce concerto est en effet multi-instruments et unique dans l’histoire de la musique puisqu’il s’adresse à : 2 mandolines, 2 théorbes, 2 flûtes, 2 salmoe, 2 trompettes marines et 1 violoncelle ! Le salmoe et la trompette marine, disparus, étant remplacés par une clarinette et un violon accordé avec une sorte d’effet de roulis. Un bijou !


    • La Taverne des Poètes 13 janvier 2009 19:41

      Merci à tous trois pour vos indications. J’ai du retard. Je n’ai pas encore terminé ma compilation des adagios suite à mon article précédent. Ensuite je comblerai mes lacunes et ma curiosité par les concertos, y compris ceux de Vivaldi dit il prete rosso, le "prêtre roux" (allusion de Fergus). A propos on dit concertos au pluriel. Le pluriel français l’a emporté dans ce cas.


    • L'enfoiré L’enfoiré 14 janvier 2009 09:06

      Fergus & Taverne,

      Il y a aussi un concerto qui me donne la chaire de poule : le concerto n°3 pour orgue de Camille Saint-Saëns. Les 3 concertos de Brahms, le concerto pour violon de Mendelssohn, Chopin et Sheman, et j’en passe. Pour l’article sur les symphonies, il y aura les énormes 9 symphonies de Malher echos à celles de Beethven.

      Ah, musique, si tu n’existais pas, il aurait fallu t’inventer.
      Dans une file de voiture, lancer un concerto et on est déjà ailleurs.
      En écrivant ces lignes, je suis à l’écoute d’un concerto pour violon. smiley
       


    • L'enfoiré L’enfoiré 14 janvier 2009 09:08

       Schuman et pas Sheman... Maudit clavier....


    • La Taverne des Poètes 14 janvier 2009 09:45

      à "L’enfoiré" : Oui, s’il n’y avait pas la musique...Sachons apprécier notre bonheur car il y a très peu de temps (à l’échelle humaine), les enregistrements n’existaient pas. Sachons apprécier aussi en pensant aux nombreuses générations qui sont nées avant les grandes oeuvres. Bon finalement, nous avons beaucoup de chance. smiley



    • La Taverne des Poètes 14 janvier 2009 09:47

      ça c’est de la voiture ! Un concerto et t’es sorti de la file ? C’est la bagnole de Fantomas !!! smiley


  • Forest Ent Forest Ent 14 janvier 2009 21:58

    Ca n’a rien à voir avec le sujet, mais, pour une de tes vidéos de Bach :

    http://www.youtube.com/watch?v=zwldKVMx7iU

    youtube propose comme "vidéo similaire" une de mes vidéos de blues et réciproquement.


Réagir